Ils croyaient tous gagner la guerre en trois mois. Pauvres naïfs !
Ce sont plutôt les économies occidentales et le dollar qui ont du souci à se faire.
Rien n’empêchera les pays du Sud global de commercer avec leurs propres monnaies en délaissant le dollar. Les menaces douanières de Donald Trump sont du pipeau et ne font que montrer l’inquiétude de Washington face au recul du roi dollar dans les échanges mondiaux.
En menaçant les BRICS de taxer leurs produits importés à 100 %, Trump oublie que ces pays détiennent d’importantes réserves de la devise américaine. La Chine peut brader les 1000 milliards de dollars qu’elle détient. Tout cela montre qu’on ne manie pas l’arme du protectionnisme sans effet boomerang. Poutine vient de le rappeler.
La part de l’économie américaine dans le PIB mondial ne pouvant que diminuer, l’Amérique ne pourra vivre éternellement sur le dos de l’humanité en imposant le dollar. Les Etats-Unis vivent à crédit et le monde entier, à part l’Europe aux ordres, ne veut plus casquer pour soutenir le dollar.
Mais revenons à l’économie russe
On se souvient de l’inénarrable Bruno Le Maire, ministre de l’Économie aussi nul qu’arrogant, qui croyait mettre l’économie russe à genoux en trois mois. Il comparait la France, qui ne possède aucune matière première, au pays qui est assis sur le plus fabuleux trésor géologique de la planète. C’est dire le niveau de l’artiste de Bercy.
Après trois ans de guerre et quinze trains de sanctions, la croissance 2024 en Russie est de 4 %, celle de la France est inférieure à 1 %, avec 3 300 milliards de dettes et un déficit budgétaire de 6,2 %. Le budget de la Russie est équilibré et la dette russe est insignifiante.
En pointillés rouges les prévisions du FMI suite aux premières sanctions de 2022. En pointillés bleus, les nouvelles prévisions du FMI face aux réalités de 2024 !
Et cet exploit a été réalisé malgré le vol par l’Occident, de 300 milliards de dollars appartenant à la Banque de Russie. Ce sont des milliards d’intérêts qu’on vole chaque année aux Russes.
Par conséquent ceux qui rêvent de voir l’économie russe s’effondrer font visiblement partie de la même équipe que Bruno Le Maire, celle des bras cassés.
Quand les Chinois disent que la résistance économique de la Russie est un véritable miracle après toutes les sanctions occidentales, ils ont parfaitement raison.
Oui, l’économie russe est sous tension, oui l’inflation est forte, oui le rouble baisse, oui les taux remontent, oui les faillites augmentent, oui la guerre coûte cher, mais selon trois experts russes basés en Occident, qu’on ne saurait soupçonner de partialité pro-Poutine, l’économie russe n’a perdu ni sa force ni sa stabilité. Elle peut soutenir la guerre durant de longues années.
Pour eux, il n’y a aucune chance pour que le Kremlin soit acculé économiquement.
« La situation économique va continuer de se dégrader, mais pas suffisamment pour inverser la tendance avant cinq ou six ans. Économiquement, cette guerre ne peut pas être stoppée. »
Passé le choc initial des sanctions en 2022, l’économie russe s’est vite redressée avec une industrie de l’armement qui tourne à plein régime et en s’adaptant aux nouvelles contraintes, en recherchant de nouveaux débouchés.
« À Moscou, les restaurants sont pleins, il y a toujours du vin français. C’est comme si la guerre n’existait pas. Donc personne ne conteste la politique de Poutine. »
Matières premières incontournables et soutiens de la Chine et de l’Inde ont annihilé les effets des sanctions. Moscou devient le contre-modèle de la mondialisation occidentale.
La Russie peut survivre sans les biens, les technologies et les centres financiers occidentaux
La double erreur, fatale aux Occidentaux
De même qu’il a cru à tort que l’armée russe était encore soviétisée, donc totalement dépassée, l’Occident a cru que l’économie russe était toujours étatisée et gangrenée par la corruption, comme au temps de l’URSS. Mauvaise pioche. Depuis sa prise de pouvoir en 2000, Poutine n’est pas resté les bras ballants, il a modernisé son pays sans relâche, traquant les oligarques sans foi ni loi qui dépeçaient le pays après la chute de l’URSS. Le redressement est spectaculaire.
Non seulement la Russie peut se passer de la technologie occidentale, mais elle peut compter sur la Chine pour la soutenir. Plus il y aura de sanctions, plus les Russes deviendront autosuffisants dans tous les domaines. Ils ont les cerveaux, les matières premières et un patriotisme hors du commun. Quel peuple peut en dire autant ?
Ceux qui ont pris en 2022 la Russie pour le Zimbabwe devront se faire une raison. Personne ne peut vaincre la Russie. De Gaulle le disait déjà bien avant Stalingrad.
Jamais le Général n’aurait brisé l’amitié franco-russe, jamais il ne se serait abaissé à jouer les supplétifs de Washington. Il faut avoir l’âme d’un caniche pour suivre Biden. Cette guerre n’est pas la nôtre mais elle va nous détruire.
Jacques Guillemain