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Elle ne viendra pas à Notre-Dame : de qui Ursula von der Leyen a-t-elle peur ?

(Photo by FREDERICK FLORIN / AFP)
(Photo by FREDERICK FLORIN / AFP)
Ursula von der Leyen ne se rendra pas, finalement, à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame. C’est étonnant, car les dirigeants du monde entier se pressent vers Paris pour être sur la photo. C’est « the place to be », comme on dit en bon français. Ils sont venus, ils sont tous là. Alors, pourquoi pas Ursula ?

Hyperdulie et jalousie 

Une première hypothèse pourrait être que la Vierge Marie laisse assez froide la très luthérienne présidente de l’Europe. En bonne protestante, elle est peut-être agacée par l’hyperdulie catholique.

À moins qu’elle ne nourrisse une secrète jalousie à son endroit : on se souvient qu’en 2017, Jean-Luc Mélenchon avait réclamé que le drapeau européen soit retiré de l’Hémicycle, non par crainte de le voir supplanter symboliquement le drapeau tricolore, mais au motif de sa nature… confessionnelle : il lui faisait grief de ses 12 étoiles d’or sur manteau bleu (couleur virginale, s'il en est). Il est vrai que l'auteur du dessin, un haut fonctionnaire appelé Arsène Heitz, était, paraît-il, un fervent catholique. Bien des années plus tard, celui-ci avoua avoir tiré son inspiration de la « médaille miraculeuse » au verso de laquelle on trouve douze étoiles d’or, comme celles qui couronnent la femme de l’Apocalypse… et la Vierge sur le tableau de Zurbaran. Comme la Blanche-Neige des frères Grimm, Ursula von der Leyen interroge peut-être son miroir : est-elle vraiment la reine de l’Europe ou une autre, bien au-dessus, la supplante-t-elle ?

Mule de pape 

Pourtant, on ne peut pas dire que l’Europe, et en particulier la fille aînée de l’Église, n’aient pas tout fait pour l’effacer : c’est le Président Chirac qui se battit comme un lion pour que la référence aux « racines chrétiennes » de l’Europe soit retirée, en 2004, du projet de préambule de la Constitution européenne. Après plusieurs années de lutte acharnée et de polémique, le Président français arriva à ses fins. En 2019, durant un voyage en Bulgarie, le pape François, alors qu’un journaliste italien lui tendait son livre Sauver l’Europe, avait lancé à ce propos une phrase énigmatique : « Ils n’ont pas voulu citer les racines chrétiennes, mais Dieu s’est vengé ! » De quoi parlait-il ? Faut-il y voir a posteriori une prophétie de l’incendie de Notre-Dame, mais aussi de l'impuissance destructrice frappant cette tour de Babel qu’est devenue l’Europe ? Est-ce pour cette raison que le souverain pontife s’est fait porter pâle pour l’inauguration de Notre-Dame ? C’est possible. Les papes sont parfois comme la mule du même nom dans le conte d'Alphonse Daudet : rancuniers.

Kamikaze

Mais le plus probable est qu’Ursula von der Leyen ait pris peur. Venir faire la star en France alors que l’on vient de signer le Mercosur, c’est audacieux. Voire kamikaze. Elle n’est pas effrayée par le gouvernement français. Puisque Noël est la saison des contes, après Blanche-Neige et La Mule du Pape, on peut en trouver d'autres : le ci-devant Premier ministre Michel Barnier ressemble au Sapin d'Andersen : il a été si fier d’être sorti de l’anonymat de la forêt, paré, décoré, fêté, illuminé, il n’imaginait pas que la fête serait si courte et qu’il serait brutalement remisé dans l’obscurité du grenier. Quant au toujours Président Emmanuel Macron, qu’il doive insister sur le fait qu’il ne démissionnera pas montre qu’il y a bien un sujet. Il est le petit dauphin des Lettres de mon moulin, persuadé d'être protégé par la Constitution : « Vous oubliez que je suis le Dauphin, et que les Dauphins ne peuvent pas mourir ainsi » : « Holà, je ne veux pas que la mort vienne me prendre, et je saurai bien l’empêcher d’arriver jusqu’ici… Qu’on fasse venir sur l’heure quarante lansquenets très forts pour monter la garde autour de notre lit !… Que cent grands canons veillent nuit et jour, mèche allumée, sous nos fenêtres et malheur à la mort si elle ose approcher ».

Non, ce n’est pas ces dirigeants subclaquants qu’Ursula von der Leyen redoute, elle leur a suffisamment par le passé tordu le bras… mais sans doute les agriculteurs ? Ceux-ci auraient pu l’attendre avec leur fourche, tels les croquants de jadis, « Paysans à Paris » des Contes du lundi. Car ils ne sont pas du genre, justement, à s'en laisser conter.

Gabrielle Cluzel

https://www.bvoltaire.fr/elle-ne-viendra-pas-a-notre-dame-de-qui-ursula-von-der-leyen-a-t-elle-peur/

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