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Pour écarter la censure, L. Garnier ou E. Borne ont menti aux Français !

Les fake news et les propos alarmistes de ministres sur la censure du gouvernement
Domaine public -Wikimedia Commons
Fin de la prise en charge de l’assurance maladie, arrêt du versement des retraites, diminution de la prise en charge par les Tickets-Restaurant™ de l'alimentation indirectement consommable, la censure du gouvernement allait provoquer une avalanche de catastrophes gravement préjudiciables aux Français, assuraient les partis du système. Sauf que c'était… faux ! Retour un festival de désinformation venu de haut !

La prise en charge des Tickets-Restaurant™

Laurence Garnier, la secrétaire d’État à la Consommation, avait annoncé le 9 décembre, sur France Bleu, la fin de la prise en charge des Tickets-Restaurant™ à partir du 31 décembre. Les Français, disait-elle, « ne pourront plus utiliser leurs titres restaurants dès le 2 janvier 2025 pour leurs courses de farine, beurre, huile et tous les produits alimentaires non directement consommables. Que les députés du RN et du NFP s’en expliquent devant leurs électeurs. » Une information remise en cause par BFM Business, le 12 décembre : « Oubliez tout ce que vous avez entendu sur les titres restaurant ces derniers jours, c'est de la pipe », explique Raphaël Legendre, éditorialiste de la chaîne économique. Dans son article publié sur le site de BFM Business, le journaliste explique que le projet de prolongation a été adopté au Sénat en commission et suspendu en séance... « en attendant le nouvel exécutif. Mais dès qu’il sera nommé, le vote pourra se faire et l’affaire sera pliée, poursuit Raphaël Legendre. Au pire, s’il faut attendre courant janvier, cela ne changera pas grand-chose. » Une information nuancée par le député LIOT Charles de Courson, rapporteur général de la Commission des finances, interrogé par BV. Sur le plan purement législatif, la dérogation qui élargit l'usage des tickets restaurant se termine. « La loi spéciale ne peut davantage prolonger un avantage fiscal, une réduction d’impôt, un crédit d’impôt. […], poursuit Charles de Courson. Mais une loi de finances peut de nouveau les recréer. » Moins optimiste que BFM TV, il rappelle un précédent historique : en 1925, le gouvernement Herriot n'avait pu faire voter le budget de l'année en cours qu'en juin-juillet !

Les « fake news » d’Élisabeth Borne 

Avant même le vote de la censure, le 23 novembre, l’ancien Premier ministre Élisabeth Borne alarmait sur la fin de l’Assurance maladie, sur France 2, dans l’émission Quelle Époque ! : « Si le budget de la Sécurité sociale n’est pas adopté, il n’y a aucune solution : votre carte Vitale ne marche plus, il n’y a plus de retraites. » Pourtant, la loi permet à la Sécurité sociale d’emprunter, comme explique la sénatrice Élisabeth Doineau, la rapporteur général de la commission des affaires sociales, sur Public Sénat. Cela permet de financer toutes les prestations de la Sécurité sociale. Des dispositions permettent aussi d’augmenter le plafond d’emprunt, creusant encore le déficit de la Sécu. « Bien sûr que [les cartes Vitale] fonctionneront ! », s’exclame Charles de Courson, « puisque tout cela est du domaine règlementaire, il n’y a pas de changement », précise-t-il. À l’inverse, « la diminution du taux de remboursement des médicaments, qui relève du législatif, ne se fera pas car la loi n’a pas été votée ».

Sans budget de la Sécu, « il n'y a plus de retraites », assurait Elisabeth Borne. Faux ! Le meilleur connaisseur du budget de l'Assemblée, Charles de Courson, balaie à nouveau cette menace d'un revers de main : « Grâce au vote de la motion de censure, les retraites (inférieures au SMIC, ndlr) vont bénéficier d'une augmentation de 2 %, alors que, si la loi sur la Sécu avait été votée, l'augmentation se serait limitée à 0,9 % au 1er janvier et au 1er juillet. » Un festival.

Le pouvoir a bien menti dans les grandes largeurs. Charles de Courson ne cache pas son agacement devant les propos de ces faux prophètes de malheur : « Tous les commentaires catastrophistes, tout cela n’est pas sérieux », estime le député auprès de BV. Et d'ajouter : « Il y a beaucoup de "fake news", et [...] une partie de l’opinion publique [y] croit, surtout quand c’est une ancienne première ministre qui le dit. Tout cela ruine le jeu démocratique ». Charles de Courson évoque aussi la responsabilité des réseaux sociaux qui relayent abondamment et sans recul ni contradiction les propos clairement manipulatoires du pouvoir. Heureusement que BV veille !

Gabriel Decroix

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