La politique familiale française, autrefois considérée comme l’une des plus solides d’Europe, subit aujourd’hui les conséquences d’une série de décisions qui ont miné ses fondations historiques. C’est le constat accablant dressé par Gérard-François Dumont dans une étude publiée par l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), intitulée Pour une renaissance de la politique familiale : liberté, lisibilité et pérennité
L’abandon de l’universalité : un tournant fatal
L’étude rappelle que la politique familiale française reposait historiquement sur le principe d’universalité, un pilier soutenu par un large consensus transpartisan depuis les années 1930. Ce modèle a permis à la France d’atteindre une fécondité enviable par rapport à ses voisins européens. Cependant, ce socle a été érodé progressivement, culminant en 2014 avec des réformes qualifiées de « grand soir » de la politique familiale. Ces mesures, notamment la fin de l’universalité des allocations familiales, ont provoqué une baisse significative de la natalité et accentué le vieillissement de la population
Selon l’étude, les gouvernements successifs ont préféré privilégier des économies à court terme, réduisant les aides familiales et compliquant les dispositifs existants. Les allocations, autrefois perçues comme un droit pour toutes les familles, sont désormais conditionnées par des critères de ressources, introduisant des inégalités flagrantes et des « effets de seuil ». Cette approche a sapé la confiance des ménages et rendu plus difficile le choix d’avoir des enfants, particulièrement pour les classes moyennes et supérieures, déjà fortement taxées
Impact sur la fécondité et les générations futures
Les conséquences de ces réformes ne se limitent pas à une diminution des naissances. L’étude met en lumière une rupture dans la solidarité intergénérationnelle, pourtant essentielle au fonctionnement de notre modèle social. Les familles ayant plusieurs enfants, qui représentaient un investissement pour l’avenir du pays, se retrouvent pénalisées. Résultat : une fécondité en chute libre, avec un taux de 1,676 enfant par femme en 2023, bien en deçà des projections optimistes de l’INSEE
Face à ce constat alarmant, Gérard-François Dumont appelle à une refondation complète de la politique familiale française. Ses recommandations incluent :
- La restauration de l’universalité des allocations pour garantir l’équité entre les familles.
- La simplification des dispositifs afin de renforcer leur lisibilité et leur accessibilité.
- Un soutien accru à la conciliation entre vie familiale et professionnelle, en investissant dans les modes de garde et les infrastructures adaptées.
Au-delà des frontières françaises, ce débat résonne dans toute l’Europe, confrontée à des défis similaires. Une politique familiale forte et cohérente est indispensable pour contrer le déclin démographique qui menace nos sociétés. Il s’agit non seulement de garantir la pérennité de nos modèles sociaux, mais aussi de préserver une identité culturelle européenne face à des dynamiques migratoires non maîtrisées.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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