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L’extrême-gauche veut la libération du terroriste Abdallah. Et Boualem Sansal ?

Manifestation devant la prison de Georges Abdallah. © Capture d'écran © France 3 Occitanie
Manifestation devant la prison de Georges Abdallah. © Capture d'écran © France 3 Occitanie
Tandis qu'on apprend, par la voix de son avocat, que Boualem Sansal, en détention depuis cent jours, entame une grève de la faim, l'extrême gauche mobilise ses forces pour soutenir la libération d'un certain Georges Ibrahim Abdallah.

Ce fondateur des Fractions armées révolutionnaires libanaises  (en 1979) – organisation reconnue terroriste qui a provoqué de nombreux attentats sur le sol français et au Moyen-Orient – est détenu depuis 40 ans dans les prisons françaises pour complicité d’assassinat dans les meurtres d’un attaché militaire américain et d’un diplomate israélien en 1982. Marxiste-léniniste et antisioniste, le Libanais n’a jamais renié ses convictions depuis sa condamnation. Lors de son procès, il ose : « Si le peuple ne m'a pas confié l'honneur de participer à ces actions anti-impérialistes que vous m'attribuez, au moins j'ai l'honneur d'en être accusé. » Bien qu’en détention, le terroriste reste actif politiquement, puisqu’il adhère à la « Plate-forme du 19 juin 1999 » signée par des prisonniers liés à la mouvance révolutionnaire ou anarchiste. En 2022, son avocat va même jusqu’à donner de ses nouvelles, affirmant, auprès de l’AFP : « Il va bien intellectuellement. C’est un militant, il reste sur ses positions, lit beaucoup et se tient très au courant de ce qui se passe au Moyen-Orient. On lui écrit du monde entier. »

LFI soutient Georges Abdallah

En France, un battage virulent occupe l’espace médiatique depuis plusieurs années. Depuis l’acceptation de sa demande de libération par le tribunal d’application des peines - pour laquelle le parquet national antiterroriste a fait appel -, le 15 novembre 2024, l’extrême gauche se mobilise. Dans un communiqué publié jeudi 20 février sur X, le groupe parlementaire de La France insoumise (LFI) « exprime sa solidarité envers Georges Ibrahim Abdallah » et « condamne la répression politique qui continue de s’abattre sur ses soutiens, l’interdiction de manifestations, la dissolution de collectif (sic) s’inscrivant dans un large mouvement de criminalisation de la solidarité avec la Palestine », concluant : « Plus que jamais, la lutte pour sa libération continue. » Les familles des victimes apprécieront.

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Certains députés LFI vont encore plus loin. Éric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, a rendu visite au terroriste, dans sa cellule, allant jusqu’à faire un selfie, publié le 14 février dernier sur Instagram.

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L’eurodéputée Rima Hassan n’est pas en reste, partageant elle aussi une photo en compagnie du terroriste et deux de ses textes.

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Plus à gauche encore, du côté de Révolution permanente, on a à cœur de défendre ce « militant pour la Palestine », sans jamais rappeler les atroces faits d’armes de son mouvement. Une défense qui est loin de gêner un mouvement habitué à côtoyer des terroristes comme Jean-Marc Rouillan.

Et pour Boualem Sansal ?

Boualem Sansal, intellectuel franco-algérien reconnu, lui, n’a pas cette chance. Alors qu’il approche des cent jours de détention dans une prison algérienne, la gauche française brille par son silence, voire pire : son refus de voter en faveur de sa libération, à l’image de Rima Hassan – tiens, donc – lors d’un scrutin au Parlement européen.

Accusé d’atteinte à la sûreté de l’État (!) pour ses positions critiques envers le régime, l’écrivain de 80 ans, gravement malade, risque de finir ses jours derrière les barreaux, mais son sort n'émeut pas beaucoup ceux qui soutiennent la libération du terroriste.

Il semble donc qu’un terroriste marxiste mérite plus de compassion à gauche qu’un écrivain qui dénonce les dérives autoritaires. Faut-il comprendre que, pour une partie de la gauche, les libertés ne sont défendables que lorsqu’elles servent certaines causes ? Ce deux poids deux mesures jette une lumière crue sur une gauche qui ne défend la liberté que lorsqu’elle sert ses intérêts idéologiques.

Julien Tellier

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