Chaque année, il entre plusieurs centaines de milliers d’étrangers en France. Ce qui génère un besoin de logements en France. Mais, depuis 40 ans, le secteur du logement est dirigé par la pensée de gauche complétée par l’écologie punitive. Et c’est le retour de la pénurie qui est au rendez-vous. Nos lecteurs découvriront les arcanes de cette folie dans cet article historique et technique de Julius Muzart.
Polémia
Un énorme scandale causé par la gauche
En ce moment même, se déroule sous nos yeux un scandale gravissime dont personne ne semble soupçonner l’ampleur, alors qu’il sera porteur de conséquences sur le plan social.
Notre titre est à l’indicatif, sans point d’interrogation. Et sans exagération.
Les faits : vous avez peut-être noté que, depuis quelques mois déjà, même les médias mainstream semblent découvrir que notre pays connaissait une crise du logement majeure[1]. C’est comme un chœur de pleureuses salariées qui se lamente.
Et cette séquence de « déploration » vient même d’être marquée d’un point d’orgue, le 13 février, avec le communiqué d’un collectif de 40 associations de gauche[2] qui s’empare du sujet et qui annonce déposer un recours contre l’État pour dénoncer sa « carence ». Précisons tout de suite que leur étonnement est totalement bidon.
Mais au-delà de ce détail ?
La gauche, ça ose tout, c’est à ça qu’on la reconnaît
Dans le cas présent, on voit « la gauche » jouer sans honte la partition du pompier pyromane.
Bossuet, évêque de Meaux (1627-1704) lançait cet avertissement : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »
Car on ne le dira jamais assez fort ni avec assez de détermination : la crise du logement actuelle est le produit direct de la pensée de gauche et rien d’autre.
Nous nous proposons de le démontrer
Un investissement massif ces dernières décennies
Nous venons de vivre trente années de production ininterrompue d’une avalanche de « lois sur le logement », toutes estampillées « pensée de gauche », toutes marquées par une ignorance autiste des réalités, et toutes également contre-productives.
Rien d’étonnant à cela : toutes portent la marque de fabrique de la logorrhée de gauche, que l’on résume par « les trois i » :
- incompétence,
- irresponsabilité,
- idéologie.
Le produit concret de cette séquence, ce fut notamment 30 ans de massacre délibéré des propriétaires bailleurs de logements.
Ils furent d’abord tous catalogués comme « gros possédants fortunés », tous coupables par nature. Peu importait que ce soit éloigné de la réalité.
Pour les commissaires politiques de la pensée de gauche, les propriétaires bailleurs devinrent l’équivalent de ce que furent les koulaks pour Staline : les « coupables par nature ». Ils étaient voués à l’élimination, et en attendant ils ne méritaient que taxation à merci et spoliation.
Pour aboutir à l’élimination finale, la pensée de gauche engagea un véritable mitraillage législatif que nous allons exposer, écrasant les propriétaires bailleurs sous des obligations disproportionnées et organisant une véritable spoliation
- soit en exigeant des travaux dont le coût dépassait la valeur vénale des logements ;
- soit en réduisant à zéro la valeur vénale des logements en les interdisant à l’habitation ;
- soit enfin en interdisant toute augmentation de loyer pour priver les propriétaires bailleurs des moyens d’entretenir les logements.
Notons que cette technique de gauche méprisant la plus élémentaire réalité économique avait déjà été « expérimentée » en 1948 avec la célèbre loi qui avait interdit d’augmenter les loyers au-dessus d’un pourcentage ridicule fixé par l’administration et inférieur à l’inflation. Cette brillante idée empêcha les propriétaires de pourvoir au simple entretien des immeubles.
Résultat, 30 ans plus tard, le constat s’imposa : la loi de 1948 avait « produit » le plus impressionnant parc de logements vétustes, insalubres et dangereux que la France ait connu.
Durant la période 1975-2000, les pouvoirs publics durent consacrer des montants colossaux pour réhabiliter ou démolir puis reconstruire ces immeubles.
Toute personne dotée de raison aurait tiré les leçons de ce premier désastre.
Pas la pensée de gauche !
Bétonnée dans sa conviction irréfragable que son idéologie devait rester bien plus impérative que la réalité – et probablement animée d’une foi dans la capacité de cette idéologie de produire des miracles –, la gauche française fit preuve d’une remarquable constance dans l’erreur.
Signalons que pendant cette période le mode de spoliation le plus pervers – et malhonnête – se déclina en opérations en trois temps :
- on interdisait un immeuble à l’habitation ;
- on ordonnait au bailleur de reloger les locataires à ses frais (c’est dans la loi) ;
- comme le propriétaire se trouvait incapable de le faire, la puissance publique arrivait pour « ramasser les morceaux » : elle lui proposait « généreusement » de lui racheter son logement à un prix inférieur au marché[3].
En d’autres temps, on aurait appelé cela de la prévarication.
Alors, aujourd’hui, quand on entend le chœur des Tartufes subventionnés se plaindre de l’effondrement de l’investissement dans l’immobilier de logement, il est une fois de plus évident que leur indécence n’a pas de limites.
Mais nous ne sommes pas au bout de la honte !
La gauche face à ses responsabilités
En effet, on aurait pu, à la limite, comprendre que les pouvoirs publics aient raisonné sur le mode : « ce n’est pas si grave de casser les capitalistes du parc privé, puisque nous offrons, en substitution, un parc social – donc vertueux – capable d’assurer avantageusement le logement de la population ».
Malheureusement, il n’en est rien : la puissance publique était et demeure bien incapable de remplir cet objectif. Et les associations, qui récupèrent la situation, le savent pertinemment.
Il y a pire : les gouvernements de gauche successifs ont multiplié les manœuvres d’évitement pour engager le moins possible le budget de l’État aux objectifs qu’ils prônaient et laisser à « aux autres » le soin de financer la construction de logements sociaux.
Et cette situation ne semble pas près de s’arranger.
Chronologiquement, cette imposture s’est déclinée ainsi.
Sur le logement social, les lois depuis 1990 ont été autant de manœuvres dilatoires pour ne pas engager l’État.
En 1990, la loi Besson crut pouvoir se dispenser de construire en proclamant que les logements n’étaient pas en nombre insuffisant mais qu’ils étaient mal « distribués », partant de la supposition que les relogeurs, par défaut de fibre sociale, refusaient de reloger les pauvres. Il fallait donc les y contraindre.
C’est dans cet esprit que fut créée une usine à gaz dénommée le POPS : « protocole d’occupation du patrimoine social ».
Dans chaque département fut mise en place une commission présidée par les préfets, à laquelle étaient réservés 10 % des logements disponibles, qu’elle devait attribuer aux « plus démunis ».
Les professionnels de l’époque savaient à quel point c’était bidon : ils savaient que même si on avait consacré 100 % des logements à cette commission, « ça n’aurait toujours pas fait le compte ».
Évidemment, cette poudre aux yeux législative n’arrangea rien.
En 1998, la même doxa préserva sa ligne : « réglementer et contraindre », en renforçant les dispositifs, obligeant les propriétaires bailleurs à faire des travaux sans en avoir évalué l’impact, et sur la base de principes dictés par la célèbre association trotskyste organisatrice des squats parisiens : Droit au logement (DAL).
Deux ans plus tard, en 2000, la loi Gayssot ajoutait un volet à l’opération : « faisons payer les autres ».
Une fois de plus, l’État, qui se glorifiait d’avoir pondu une loi, se dispensait d’en appliquer les termes.
Cette fois, les payeurs désignés furent les communes.
Ces dernières, qui n’avaient rien demandé, et qui n’en avaient pas prévu les moyens, se virent imposer une obligation de résultat : atteindre une proportion de 20 % de logements sociaux sur leur sol.
Personne ne s’était demandé comment elles pourraient faire juridiquement et économiquement.
C’est que l’idée de départ n’était pas constructive mais largement punitive : il s’agissait de stigmatiser les communes qui étaient accusées de n’avoir pas assez de logements sociaux, parce qu’elles ne voulaient pas loger les pauvres[4]…
En 2007, ce fut un gouvernement censé être de droite qui proposa au Parlement une loi totalement hors-sol, totalement soviétique et totalement impréparée. Peu importait au gouvernement Chirac qu’elle fût promise à l’échec : il ne s’agissait pas de légiférer, mais plutôt d’envoyer au peuple une affiche électorale.
La loi fut intitulée « droit au logement opposable ». Non seulement ce titre rendait hommage au collectif des squatteurs « politiques », mais, en outre, elle engageait la République française dans la voie de la reconnaissance des principes marxistes du droit. L’État s’autodésignait comme débiteur de la prestation « logement » à l’égard du peuple tout entier invité à faire valoir sa « créance » à l’encontre de l’État devant les tribunaux.
Ce processus d’un droit « justiciable » crée un principe : il suppose que l’État ait à sa disposition tout le parc de logements nécessaire pour répondre à une demande indéfinie, et qu’il dispose du pouvoir souverain de distribuer cette ressource par décision administrative.
Il s’agit ni plus ni moins de la mise en œuvre du principe marxiste : « à chacun selon ses besoins ».
Mais c’étaient beaucoup de mots pour ne rien dire, car tous les professionnels savaient dès cette époque que l’État ne disposait – et ne disposerait – pas des logements nécessaires pour honorer ses engagements et que la loi avait été « créée inapplicable ».
Incompétence ou idéologie ? En tout cas, en février 2025, le collectif associatif joue à présenter à l’État la « facture » de son imprudence.
La loi du 18 janvier 2013 est « simplement » venue aggraver les obligations de la loi SRU Gayssot : le taux de logements sociaux a été porté de 20 % à 25 % des résidences principales.
La loi ALUR de 2014, le Golem de Mme Duflot
La loi de 2014 est un monument à la gloire de la « pensée bobo », proposée par une virtuose de la dialectique de tribune, qui tire sa culture économique non de Marx, mais de Jean-Jacques Rousseau : un archétype du déni de réalité.
Ses principes fondateurs :
- être propriétaire est un péché originel qui ne mérite en soi aucune protection de la loi. Le propriétaire est même un outlaw qui mérite une punition. Son existence n’est tolérée que moyennant un lourd tribut et sous étroite surveillance ;
- inversement, le locataire, l’occupant, le squatteur sont « les bons ». Donc, le locataire, l’occupant, le squatteur ont droit à la considération et à la protection de l’État, quoi qu’ils fassent.
Au bout du compte, cela donne :
- la « taxation » des loyers : c’est l’État qui fixe le pourcentage d’augmentation autorisé.
- l’interdiction faite au propriétaire de donner congé à son locataire, sauf s’il prouve que sa propre situation l’exige absolument.
Et encore ! Même s’il arrive à le prouver, il devra attendre la fin du bail, quelles que soient ses propres difficultés.
L’éviction d’un occupant de mauvaise foi était déjà un véritable parcours du combattant. Dans notre pays de liberté, pour obtenir l’expulsion d’un locataire qui n’a pas payé un centime de loyer depuis qu’il est là, et a transformé l’appartement en porcherie, il faut au bas mot trois ans. Et c’est la durée de base.
La loi Duflot aggrave le statut social du propriétaire, dont elle fait un délinquant en puissance : s’il tente de faire partir l’occupant (même si celui-ci est entré en cassant la porte), il sera puni de trois ans de prison et de 30 000 euros d’amende !
Le texte a de quoi faire frémir. Et surtout de quoi décourager les propriétaires les plus téméraires de mettre un logement en location ! On voit aujourd’hui les résultats.
Entièrement dédiée à créer des contraintes supplémentaires aux propriétaires bailleurs et aux syndics, la loi ALUR Duflot est un monstre.
Un monstre de 177 articles, source de surcoûts faramineux pour l’État, les collectivités locales et les particuliers (à une époque où l’état florissant des finances publiques et de l’économie – déjà – n’attendait que cela), de complexités supplémentaires.
Un monstre d’insécurité juridique, dans lequel même les spécialistes peinent à se retrouver, avec ses articles qui renvoient à des articles qui… etc. À se demander dans quels cerveaux malades elle a mijoté.
Un monstre, enfin, d’inconséquence et d’incompétence, puisque la loi ALUR Duflot semble détenir le record de la « volatilité législative » : elle ne sera restée intacte que cinq mois et cinq jours.
Promulguée le 24 mars 2014, elle aura été reniée dans deux de ses dispositions essentielles dès le 29 août, dans le discours du tout nouveau premier ministre Manuel Valls, visiblement soulagé de s’être délesté de son imaginative ministre du Logement : on venait de lui expliquer qu’un certain nombre d’articles étaient juridiquement inapplicables.
Il s’aperçut bientôt également que la loi Duflot avait réussi l’exploit d’avoir coûté à la France un demi-point de PIB, corrélativement à la baisse brutale (moins 30 %) des projets de construction !
Les gouvernements suivants, dûment informés de ce constat d’échec budgétivore, allaient-ils donc arrêter ce coûteux massacre ?
Eh bien, pas du tout ! Ce serait mal connaître la pensée de gauche : quand l’idéologie sûre d’elle-même partage le pouvoir avec la démagogie, rien ne les arrête.
Les lois totalitaires de la gauche
Pendant 24 ans, la France a donc eu affaire à un florilège de lois à usage exclusif d’affiches électorales, élaborées dans la plus totale incompétence et l’ignorance assumée de la réalité, qui se révèlent à la fois dispendieuses et contre-productives.
Attention ! en prévision du « procès de Moscou » qui sera intenté à cet article, précisons qu’il n’a jamais été question de nier l’existence de taudis infâmes ni la nécessite pour la République de les éradiquer.
Ce dont il est question, c’est d’expliquer que les méthodes dictatoriales autant que débiles qui furent mises en œuvre par des irresponsables n’ont fait qu’aggraver la situation.
Vous pouvez installer des guillotines sur toutes les places publiques, ça ne vous donnera pas un sac de blé de plus !
Mais il en aurait fallu davantage pour faire frissonner la pensée de gauche.
Cette pensée, même quand elle a pour représentant provisoire un « Mozart de la finance », persiste à substituer l’illusion idéologique à la réalité.
Fidèle à son habitude des « lois désastres », au moment même où l’on met en évidence le déficit cruel de logements dont souffre la France, la pensée de gauche, versant « écologie punitive », ne trouve rien de mieux que de supprimer d’un trait de plume un million de logements du marché locatif tout en assurant la ruine de leurs propriétaires.
Bravo, les penseurs !
Si seulement c’était un délire alarmiste ! Mais non, et vous pouvez vérifier.
En vérité, on ne sait pas précisément combien de logements vont disparaître, mais, si vous croyez à une galéjade, reportez-vous au document officiel publié par le ministère de « la Transition énergétique »: « Par rapport à la précédente estimation portant sur le parc des résidences principales au 1er janvier 2018, la part des passoires thermiques apparaît un peu plus élevée (17,3 %, soit 5,2 millions de logements au 1er janvier 2022 contre 16,7 %, soit 4,8 millions de logements au 1er janvier 2018). »
À vrai dire, ils ne savent pas vraiment où ils en sont : un autre document de même provenance porte une autre évaluation : « Les passoires énergétiques représentent 1,6 million de logements sur les 8 millions de logements qui composent le parc locatif privé. Les logements classés E (1,9 million de logements)… »
Ce qui ressort de tout cela ressemble à un mauvais gag : les penseurs de la loi de 2021 ne savaient pas où ils allaient, mais ça ne les a pas empêchés de prendre, au doigt mouillé, des dispositions gravement destructrices ! C’est proprement hallucinant.
Et c’est aujourd’hui qu’on s’en rend compte parce que ce dispositif est entré en application le 1er janvier 2025 !
Que va-t-on faire des millions de locataires dont les propriétaires ont l’interdiction de renouveler les baux ?
Apparemment les promoteurs du massacre ont considéré que ce n’était pas leur problème.
On sait quand même que ce ne sera pas dans le parc social qui est déjà saturé, et que les gouvernements de gauche successifs se sont ingéniés (cf. ci-dessus) à ne pas financer.
Il est désespérant de constater, en février 2025, que, malgré l’acharnement des lois précédentes, la plus haute marche du podium en matière d’irresponsabilité et d’incompétence arrogante a été gravie par la dernière loi en date.
Car enfin, une loi, sans autre raison que l’ignorance et l’insouciance de l’intérêt général, sous l’invocation du slogan débile : « c’est bon pour ma planète », retire un million de logements du marché locatif alors qu’on se trouve en pleine pénurie.
Quel que soit le stade de dégradation où on se trouve, la pensée de gauche parvient toujours à faire pire.
Julius Muzart 01/03/2025
[1] Soit dit en passant, n’eût été leur fainéantise et leur habitude de l’omerta, ils pouvaient aisément le découvrir il y a longtemps.
[2] Où l’on retrouve tous les « serial pétitionneurs » habituels.
[3] On imagine bien que le propriétaire modeste d’un seul appartement (acheté à crédit pour s’assurer un complément de retraite) se trouve évidemment dans l’impossibilité d’y faire face. Contrairement à la légende diffusée par certains fonctionnaires du ministère de l’Équipement, les « gros » propriétaires étaient très minoritaires.
[4] Se référer à la presse de l’époque : Le Monde, Libération, Le Parisien.
https://www.polemia.com/crise-du-logement-la-gauche-est-coupable/