La Roumanie traverse actuellement une crise politique majeure après l’exclusion controversée du candidat nationaliste Călin Georgescu de la course à la présidentielle de mai prochain. Cette décision, prise dimanche soir par le Bureau électoral central (BEC), a provoqué de violentes émeutes à Bucarest, faisant craindre une profonde fracture démocratique dans le pays et suscitant des inquiétudes en matière de répression policière, déjà violente.
Dimanche 9 mars, des milliers de partisans de Georgescu ont manifesté devant le siège du BEC dans la capitale roumaine. Très rapidement, la situation a dégénéré : des affrontements ont éclaté entre les manifestants, qui dénonçaient un « coup d’État » électoral, et la police anti-émeute déployée en nombre. Face aux tentatives de prise d’assaut du bâtiment administratif, les autorités ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, tandis que certains protestataires ont incendié des véhicules de police.
Une exclusion controversée sur fond d’accusations d’ingérence russe
La commission électorale justifie sa décision en invoquant une décision précédente de la Cour constitutionnelle (CCR) datant de décembre dernier, laquelle avait annulé l’élection présidentielle après la victoire inattendue de Georgescu au premier tour, sous prétexte de soupçons d’ingérence russe. Toutefois, ces accusations n’ont jamais été clairement démontrées publiquement, nourrissant ainsi les doutes sur les motifs réels de l’exclusion.
En outre, Georgescu est accusé de n’avoir pas déclaré correctement ses dépenses électorales, ayant initialement affirmé n’avoir dépensé aucun fonds pour sa campagne, alors qu’une enquête a révélé des frais avoisinant le million d’euros. Pourtant, ses partisans dénoncent un traitement politique sélectif, rappelant que de nombreux partis roumains avaient déjà commis des irrégularités similaires par le passé sans jamais être exclus des élections.
« Si la démocratie tombe en Roumanie, le monde démocratique entier suivra », a déclaré Călin Georgescu dans une intervention publique, qualifiant cette exclusion d’acte de « tyrannie » imposé par une Europe devenue « dictatoriale ». L’annonce de la décision tardive un dimanche soir n’a pas empêché la rapide mobilisation populaire, dont l’ampleur rappelle les grandes heures de la révolution anti-communiste de 1989.
Face à ces événements, le gouvernement roumain envisagerait même d’instaurer l’état d’urgence afin de contrôler les troubles, mais une telle mesure pourrait au contraire intensifier la colère de la population.
Soutiens internationaux et enjeux politiques
George Simion, leader de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), premier parti d’opposition ayant soutenu Georgescu, dénonce ouvertement cette interdiction comme un prolongement du « coup d’État » électoral du 6 décembre dernier. Il appelle à un soutien international pour « restaurer la démocratie » en Roumanie. Ce message trouve un écho auprès de figures influentes, notamment le vice-président américain J.D. Vance et Elon Musk, qui ont publiquement condamné la décision du BEC.
En cas d’échec définitif de Georgescu à réintégrer la course présidentielle, Simion pourrait reprendre le flambeau, bénéficiant lui-même d’un soutien populaire important. Selon les derniers sondages, Georgescu reste le favori avec 38 % des intentions de vote, suivi par Simion à 28 %, loin devant les candidats des partis traditionnels.
Cette crise soulève ainsi une question fondamentale : la Roumanie est-elle encore en mesure de garantir une compétition électorale équitable, ou bien s’oriente-t-elle vers un autoritarisme déguisé sous couvert de lutte contre des influences étrangères ? Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir démocratique du pays.
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