par Olivier Perceval
Dimanche, le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, chef de l’organisation islamiste HTC (Hayat Tahrir Al-Cham), à la tête de la coalition qui a renversé Bachar al-Assad, a appelé à l’« unité nationale » lors d’un discours dans une mosquée de Damas, nous annonce Le Courrier International, mais il semble qu’il ait en même temps ouvert la boîte de pandore en mobilisant tous les sunnites du pays à la chasse aux alaouites.
Conséquences, des bandes armées ont convergé « dans les régions de la côte syrienne et des montagnes de Lattaquié, 745 civils alaouites ont été tués par les forces de sécurité et des groupes affiliés », a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme samedi 8 mars au soir. Tandis que 273 membres des forces de sécurité et des combattants loyaux au clan Assad sont morts, d’après le bilan de l’OSDH.
En réalité, d’après SOS chrétiens d’Orient, le bilan est encore plus lourd, on parle à présent de milliers de morts parmi lesquels des chrétiens.
Ahmed al-Charaa a promis de poursuivre les responsables de « l’effusion de sang de civils ». Ce lundi, son gouvernement a annoncé la fin de l’opération militaire dans l’ouest du pays, la qualifiant de « succès », nous prévient BFM.
On se souvient de l’enthousiasme, après qu’un groupe d’Al Qaïda, rebaptisé « Hayat Tahrir al-Cham » a fait chuter dans une progression éclair le régime de Bachar al-Assad. Enfin, le camp du bien était comblé, celui qu’on appelait le boucher était enfin remplacé par de vrais démocrates lisait-on dans la presse mainstream enthousiaste.
Caramba, encore raté, le sang coule à nouveau, et l’on assiste aujourd’hui à une cohorte de survivants venant se réfugier dans le camp militaire russe, prêt de Lattaquié.
Ainsi, comme en Irak, et partout où la coalition américano-européenne prétendument occidentale a voulu donner des leçons de démocratie dégoulinantes de moraline, on assiste au même tragique scénario.
C’est incroyable ce que les idéologies de gauche wokistes et inter-sectionnelles ont le pouvoir d’obscurcir l’observation objective des faits.
En France, notre corps diplomatique dissous n’a rien vu venir et quand-bien même quelques-uns auraient-ils prévenu le va-t’en guerre de l’Élysée, cela n’aurait eu aucun effet tant celui-ci, sur son nuage jupitérien, est préoccupé par son règlement de compte avec Poutine qui l’a tant humilié.
Et pendant que les états-majors européens se rassemblent pour constater leur impuissance à Paris, des massacres se produisent au Moyen-Orient. Et pas un de nos dirigeants, pourtant si prompts à se plonger dans la repentance à toute occasion, ne semble esquisser l’idée que notre politique en Syrie (et au Liban) se solde par un échec cuisant.
En effet, le manichéisme hystérique en matière de diplomatie est une hérésie absolue. Ce n’est pas en désignant les méchants, en éructant des insultes, que l’on règle les tensions et que l’on trouve des compromis pour éviter l’explosion. « Ils ont le cœur dur et la tripe sensible », pourrait dire d’eux le grand Bernanos.
Cette attitude permet peut-être de se conforter d’être dans le bon camp de façon provisoire, car les choses, particulièrement en Afrique et au Proche-Orient, évoluent vite, on l’a vu notamment avec la succession de changements politiques brutaux en Afrique francophone, d’où la présence française a été rejetée.
Il ne suffit pas de regarder les peuples de ces pays et leurs chefs avec une hauteur un peu méprisante et légère pour inspirer confiance.
C’est extrêmement grave ce qui se passe aujourd’hui en Syrie et ça ne peut que se terminer mal.
Face au silence du reste du monde, l’Action française apporte son soutien aux minorités chrétienne et alaouite massacrées en Syrie !!!
https://www.actionfrancaise.net/2025/03/12/massacre-en-syrie-liberateurs-ou-bourreaux/