
Italie : stabilité et pragmatisme sous Meloni
L’Italie de Giorgia Meloni, arrivée au pouvoir en octobre 2022, affiche une résilience certaine. Loin des secousses redoutées, l’économie croît modestement : +0,7 % en 2024, selon BNP Paribas, avec une prévision de +1,1 % en 2025. Le chômage, à 6,3 % fin 2024, est à son plus bas depuis 2008. Surtout, le déficit public a chuté de 7,2 % du PIB, en 2023, à 3,8 %, en 2024, grâce à une hausse des recettes fiscales (+3,9 % au 3e trimestre de l’année 2024) et une baisse des dépenses (-4,4 %). Standard & Poor’s a salué cette discipline en relevant la note souveraine à BBB+, un signal fort pour les investisseurs.
Meloni a surpris les plus sceptiques par son pragmatisme, poursuivant les réformes structurelles de Draghi tout en réduisant les cotisations sociales pour soutenir le pouvoir d’achat des classes moyennes, prévoyant 15 milliards d’euros d’allégement fiscal pour le budget de l’année 2025. En outre, la présidente du Conseil italien mise sur les fonds européens (200 milliards d’euros du plan Next Generation) pour moderniser les infrastructures et doper la productivité. Avec tous ces défis et sur un terrain semé d’embûches, Meloni évite la tempête annoncée, portée par une coalition stable et une opposition fragmentée. Les critiques de gauche peuvent bien hausser les yeux, l’arrivée de Fratelli d’Italia au pouvoir est bien loin de l’horreur annoncée.
Argentine : la tronçonneuse de Milei
En Argentine, Javier Milei a engagé une révolution économique. Élu en novembre 2023, l’homme a lancé une thérapie de choc face à une inflation galopante de 211,4 % et une pauvreté touchant 41,7 % de la population. En un an, il a ramené l’inflation à 117,8 % en 2024, avec une décélération nette : de 25,5 % par mois, en décembre 2023, à 2,7 %, en décembre 2024, sous les 3 % depuis octobre. Cette désinflation s’accompagne d’un équilibre budgétaire obtenu via une dévaluation de 54 % et des coupes massives dans les dépenses publiques. Le PIB rebondit (+3,9 % au 3e trimestre de l’année 2024), sortant le pays de la récession. Milei, rejetant le « socialisme » kirchnériste, impose un libéralisme audacieux.
Ce succès a un coût, mais les résultats émergent. La pauvreté, grimpée à 52,9 % au premier semestre 2024, chute à 38,1 % au second, selon l’INDEC, soit 6,9 millions de personnes sorties de la précarité. L’extrême pauvreté passe de 18,1 % à 8,2 %. La désinflation et des salaires réels en hausse (+145,5 %, contre 117,8 % d’inflation) expliquent ce progrès. Mais ce tableau reste fragile. Les données, limitées aux grandes villes, occultent les zones rurales. Toutefois, le président Milei reste largement populaire, avec 50 % d’opinions favorables - au moment où, en France, Emmanuel Macron atteint péniblement les 27 %.