
De « Versailles de l'Ouest » à ville coupe-gorge
Car si la municipalité peut se targuer de voir les chiffres de la délinquance baisser, le sentiment d’insécurité, qui devrait faire l’objet d’un rapport municipal ultérieur, lui, reste bien réel. Dans les rues de la ville, des collectifs se mobilisent ainsi pour demander un sursaut face au trafic de stupéfiants et aux violences. Bagarre dans la rue, attaques au couteau, rodéos urbains… Ces derniers jours encore restent marqués par de nombreux faits divers. À cela s’ajoutent d’importants problèmes de circulation. En janvier, Nantes intégrait ainsi le Top 10 des villes les plus embouteillées de France, devant Lyon, pourtant bien plus densément peuplée. Création de larges pistes cyclables, sens uniques, travaux sur la voirie… La ville est devenue un enfer pour bon nombre d’automobilistes. « Avant Nantes, c’était un peu le "Versailles de l’Ouest". Mais maintenant, les familles bourgeoises ne veulent plus s’y installer », note un habitant.
Résultat : plusieurs familles choisissent de déménager. Certains optent pour Angers, située à seulement 90 kilomètres. Ville à taille humaine, Angers offre à ses habitants « tous les services d’une métropole, sans en avoir les inconvénients », se réjouit Christophe Béchu, maire Horizons de la commune, interrogé par La Tribune Dimanche. Son adjoint à la Jeunesse et à la Vie étudiante souligne qu’une étude de « notre équipe des Noxambules à Angers nous a rapporté, lors du dernier bilan, que des étudiants nantais leur disaient venir à Angers pour sortir car à Nantes, c’était trop dangereux. Nantes est devenu le contre-exemple à suivre dans bien des domaines. » Mais Angers commence également à connaître les mêmes maux que Nantes. Christophe Béchu, qui réfléchit à armer sa police, le concède lui-même : « Nous sommes confrontés à des phénomènes nouveaux d’insécurité. » À titre d’exemple, ce lundi 14 avril, un militaire a été retrouvé blessé à la gorge dans le centre-ville d’Angers. La « douceur angevine », si chère à Joachim du Bellay, serait-elle en passe de disparaître également ?
« On va finir comme Nantes ! »
À Bordeaux, même constat. « Si ça continue comme ça, on va finir comme Nantes ! », s’alarme un Bordelais, contacté par BV. Cet habitant de longue date se souvient de l’époque où la capitale girondine avait la réputation d’être une cité bourgeoise tranquille. Mais aujourd’hui, la « Belle endormie », aux mains des écologistes, montre un tout autre visage. « Ça a beaucoup changé, note ce Bordelais. Déjà, le fait d’avoir amené le tramway en centre-ville a apporté beaucoup de délinquance. Désormais, il y a une vraie insécurité à Bordeaux, même en centre-ville ! » « À cela s’ajoute l’immigration qui ne cesse d’augmenter sur le territoire de la commune », poursuit-il. Cet habitant de Bordeaux « ne se sent désormais plus en sécurité ». Il en veut pour preuve les récents faits divers en plein cœur de la ville. « Mon fils s’est d’abord fait voler son vélo. Puis on lui a volé sa trottinette alors qu’elle était à l’intérieur d’un centre de sport fermé ! » Cette délinquance - +10 % sur la période de 2020 à 2023 - conduit des familles à opter pour le déménagement. « Dans mon entourage, je commence à voir des familles qui décident de vendre leur résidence principale à Bordeaux pour se mettre en location à la campagne, au calme. C’est un vrai phénomène ! », nous indique ce Bordelais.
Les familles ne sont pas les seules à fuir ces villes. Les entrepreneurs et industriels hésitent également à s'y installer. Interrogé, lundi, par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les freins à la réindustrialisation de la France, Olivier Andriès, patron de Safran, annonçait ainsi : « Pour moi, il n’est plus question, aujourd’hui, d’investir en France dans une ville qui est détenue par une majorité écologiste. » En cause, un mauvais accueil réservé à Rennes, ville socialiste, au groupe tricolore en février 2024. « On a été surpris d’être critiqués par les écologistes à Rennes, qui ont mis en cause la majorité municipale à Rennes. [...] Les écologistes nous ont jeté des tomates, sur le thème : "c’est scandaleux, c’est l’avion, ils vont polluer, et puis c’est militaire, c’est pas bien" », explique le DG de Safran.