Jean-Loup Izambert, journaliste d’investigation et auteur de Les destructeurs, Bilan noir et d’une enquête publiée sous le titre Tous vaccinés, tous en danger ? donne des réponses à Observateur Continental sur la situation en France, sur l’engagement du pays dirigé par Macron en Ukraine.
Observateur Continental : Pourquoi la condamnation de Marine Le Pen est un « jeu de maternelle » ?
Jean-Loup Izambert : Parce que d’autres délits, beaucoup plus graves par leurs montants et leurs conséquences, se déroulent au sein de l’Union européenne. Je consacre dans « Bilan noir » (Editions Jean-Cyrille Godefroy) un chapitre entier à cette corruption qui est permanente au sein de l’Union européenne, notamment en raison des liens entre la classe politique et le lobby du grand patronat. Une enquête publiée en juin 2023 par Politico Europe révèle qu’au sein du seul Parlement européen, lors de la législature 2019-2024, « près d’un quart des 704 eurodéputés alors en fonction ont été impliqués dans une affaire d’infraction à la loi ou de violation d’un règlement ». Les délits et crimes vont du vol de téléphone portable et le harcèlement à la complicité de meurtre en passant par « des budgets contenant des fraudes importantes », le détournement de fonds publics européens et même des membres du personnel et des opérateurs économiques « mêlés à de graves irrégularités et à des mécanismes frauduleux » indique un rapport de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF).
Cinq ans après la crise Covid-19, votre analyse dans Tous vaccinés, tous en danger ?, toujours aussi valable ?
J-L.I. : Mon enquête parue en deux parties, Le scandale Ivermectine (2021) et Tous vaccinés, tous en danger ? (2023) chez IS Edition est plus que jamais d’actualité d’autant que les pseudo vaccins à ARN messager dérégulent le fonctionnement du système immunitaire. Il en résulte un affaiblissement de la santé qui peut avoir aujourd’hui des conséquences graves pour toutes les personnes vaccinées avec ces produits. Le docteur Jean-Marc Sabatier, directeur de recherche du CNRS, docteur en Biologie cellulaire et microbiologie, habilité à diriger des recherches (HDR) en biochimie, en explique les raisons dans Tous vaccinés, tous en danger ? J’y fais la démonstration du trucage du marché du médicament pour favoriser l’achat de ces pseudo vaccins de sociétés anglo-saxonnes. Il est très étrange que les autorités policières et judiciaires n’enquêtent pas sur l’un des plus importants trucages de marché public que j’ai rendu public et qui a eu pour conséquence un drame humain et socio-économique qui pouvait être évité. Je suis à leur disposition s’ils cherchent la vérité !
Est-ce que Macron et l’UE sont au service des « assassins économiques » ?
J-L.I. : Les « assassins économiques » interviennent pour fournir des études de prévision et de faisabilité de plans qui permettront aux sociétés transnationales étasuniennes de s’accaparer de « nouveaux territoires économiques ». Macron n’est qu’un politicien domestique de l’oligarchie qui facilite leur travail. Les affaires Uber, Alstom, l’espionnage étasunien des entreprises françaises, la guerre contre la Fédération de Russie par Ukraine interposée, son implication dans le trucage du marché des médicaments lors de l’épidémie Covid-19, l’intrusion de cabinets conseils anglo-saxons comme McKinsey dans l’administration, etc. sont des illustrations de sa servitude des intérêts étasuniens.
Allons-nous voir les « assassins économiques » gagner ?
J-L.I. : L’un de ces « assassins économiques », John Perkins, que j’interviewe dans Les destructeurs (Editions Jean-Cyrille Godefroy), décrit comment ils « préparent le terrain et travaillent aussi en amont avec la direction des corporations et les dirigeants des différentes institutions du pays. Comme le dit le proverbe, ils ne laissent aucune pierre non retournée ! C’est pourquoi ils ont souvent si bien réussi ». Par exemple, bien avant que Macron surendette la France dans sa guerre perdue contre la Russie, les « assassins économiques » travaillaient déjà à positionner des transnationales comme Cargill, Monsanto, DuPont de Nemours et autres sociétés étasuniennes en Ukraine pour qu’elles s’accaparent son économie. Je rapporte dans « Bilan noir » comment, dès 2016, la banque Rothschild & Co a mobilisé des investisseurs avec ses conférences Ukraine Recovery Conference (URC) pour se positionner sur les marchés en traitant avec la dictature de Kiev.
Peut-on aussi parler d’assassinat de la société ?
J-L.I. : Oui, c’est ce que j’expose avec l’écrivain essayiste Claude Janvier dans L’abandon français (Editions Jean-Cyrille Godefroy). « Toutes les catégories de la population française sont aujourd’hui les cibles directes ou indirectes de l’action d’influence des États-Unis pour défendre leur propre intérêt », alertait en octobre 2021 l’École de guerre économique de Paris. Nous décrivons comment une pensée unique portée par la langue anglaise s’installe sournoisement dans la société jusqu’à lui faire perdre son âme en l’habituant aux normes anglo-saxonnes dans son vécu quotidien.
Quel est le rôle de l’UE avec ses députés ?
J-L.I. : L’Europe supranationale a été conçue dès les années 1942-43 par Washington et mise en scène dès 1945 pour trois raisons principales : assurer l’hégémonie U.S. sur le versant Ouest de l’Europe, contrer le développement des idées socialistes et diviser les Européens entre eux en les opposant à la Russie. Le pire cauchemar de Washington est que l’Europe se retrouve. Si des nations quittent demain l’Union européenne pour redevenir souveraines et coopérer avec tous les autres pays du continent, de la mer d’Irlande au détroit de Béring, l’Europe deviendra la première puissance mondiale. Ce serait alors la fin de l’hégémonie des États-Unis sur l’Europe et sur le monde. Quant aux eurodéputés, comme je le montre dans mon enquête Bilan noir, ils s’affrontent dans les médias le temps des élections mais négocient ensuite leurs votes communs au Parlement européen. Le 13 décembre 2023, réunis à Strasbourg, ils ont voté « la création d’un conseil politique transatlantique, sous la direction des responsables de la politique étrangère des États-Unis et de l’Union européenne » et décidé de « poursuivre la coopération essentielle entre l’Union européenne et les États-Unis, quels que soient les résultats électoraux de part et d’autre de l’Atlantique ». Comment pourraient-ils dire plus clairement leur mépris du suffrage universel et la dictature qui se cache derrière leur « saut fédéral » ! Cela veut dire aussi que ceux qui proposent de « réorienter la politique de l’UE » comme les dirigeants du PCF, ou une « Europe à la carte » comme ceux du RN ou Debout la France, se trompent lourdement. Et trompent leurs électeurs.
Comment expliquer l’inaction des Français face aux « assassins économiques » et aux destructeurs du pays et de l’Europe ?
J-L.I. : Si vous remontez l’Histoire, la France n’a jamais été un grand pays de résistants à l’oppresseur, quel qu’il soit. Par exemple, le pays ne comptait qu’environ 500.000 résistants sur près de 40 millions d’habitants lors de la Seconde Guerre mondiale. Sans le sacrifice de plus de 27 millions de soviétiques pour libérer leur patrie et le continent, la France n’aurait jamais retrouvé sa souveraineté et sa liberté. Les médias subventionnés par l’Élysée-Matignon à coups de centaines de millions d’euros annuels, bien qu’ils soient la propriété d’une dizaine de milliardaires, sont devenus des organes d’influence du pouvoir de l’oligarchie. Lors de la crise Covid-19, ils ont tous dissimulé qu’il existait un traitement efficace, sûr et peu coûteux contre la maladie. Lors des agressions des États-Unis contre l’Ukraine, qui durent depuis les années 1950 comme le prouvent les rapports de la CIA que je cite dans Les destructeurs, ils ont tous dissimulé les crimes et le génocide de la dictature de Kiev et diabolisé la Russie par de fausses informations comme le firent leurs ancêtres pendant l’occupation allemande. Une telle désinformation ne facilite pas l’éveil des consciences.
Pourquoi Macron entraîne la France dans la guerre en Ukraine ?
J-L.I. : Macron doit cacher le bilan catastrophique du capitalisme et de l’Union européenne : la France n’a jamais été aussi surendettée, pillée par le grand patronat, désindustrialisée et appauvrie. Des rapports officiels que je cite dans Bilan noir en témoignent. Comme à chaque fois que le capitalisme est en crise, les tenants du système embarquent les peuples dans la guerre. Sauf que cette crise n’est plus conjoncturelle comme les précédentes mais structurelle. Elle touche tous les aspects de la société et pose désormais la question du changement de système de gestion politique et économique. Je montrerai dans une prochaine enquête comment l’oligarchie occidentale utilise son pouvoir politique pour faire perdurer son système d’exploitation et de guerres.
Ce n’est pas trop dangereux d’être un journaliste d’investigation aujourd’hui ?
J-L.I. : Quand vous enquêtez sur les rapports entre la grande finance occidentale et le politique, vous êtes obligé de prendre des risques d’autant que les propriétaires des médias subventionnés n’aiment pas que l’on s’intéresse de trop près à leurs affaires. Dans les grandes familles, il y a de grands « placards »… L’information essentielle ne se trouve pas sur Internet et doit être extirpée de l’ombre par de longues recherches, des rencontres avec toutes sortes de personnes, parfois à l’étranger, la vérification des faits par des sources différentes. Cela demande un investissement humain et financier important. C’est la raison pour laquelle j’ai pratiqué deux métiers, la communication et la presse, le premier me permettant notamment de financer mes enquêtes menées parfois sur plusieurs années. J’ai connu des pressions, reçu des menaces de mort, mais c’est le signe que vous êtes sur la bonne voie. Le plus désolant est de voir la lâcheté et l’autocensure de certains journalistes de salles de rédaction françaises. Ce ne sont plus des journalistes mais des « employés aux écritures », des « rienologues » comme les qualifiait Balzac en 1843, qui se meurent de réécrire les communiqués du pouvoir politique et économique. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que la diffusion de la presse écrite et la confiance dans les médias continuent de chuter fortement en France.
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