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La meilleure chose que Trump puisse faire maintenant est de se retirer de la guerre Russie-Ukraine

Ces deux derniers jours, l’administration Trump a publié des rapports extrêmement contradictoires sur les progrès réalisés dans le cadre de son initiative visant à conclure un accord de paix mettant fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Soit ils progressent bien et sont proches du succès, comme l’a commenté le vice-président J.D. Vance, soit ils prendront fin dans les prochains jours si les parties belligérantes restent obstinées et leurs positions irréconciliables, comme l’a déclaré hier le secrétaire d’État Rubio.

Trump lui-même, dans ses diverses déclarations aux journalistes, est passé d’une position à l’autre et inversement, nous laissant tous dans l’expectative quant à ses véritables intentions. Toutefois, il y a suffisamment de raisons de croire que l’administration annoncera qu’elle quitte les pourparlers et qu’elle passera à d’autres questions de politique étrangère inscrites à son ordre du jour. J’exposerai brièvement ces raisons ci-dessous.

Ce que je n’aborderai pas, c’est ce que signifie pour toutes les parties en guerre, y compris les Européens, le fait que les États-Unis se lavent les mains de cette guerre. Washington va-t-elle quand même poursuivre son rapprochement avec Moscou et assouplir les sanctions ou va-t-elle imposer de nouvelles sanctions plus sévères à la Russie ? Cessera-t-elle tout financement et toute livraison d’armes à l’Ukraine, ou autorisera-t-elle les Européens à acheter ses armes pour les livrer à Kiev ? Les indices indiquant l’une ou l’autre de ces éventualités sont encore insuffisants pour se risquer à une supposition.

Ces derniers jours, j’ai fait remarquer les contradictions dans les positions sur l’issue préférée de la guerre entre les « durs » Marco Rubio et le général Kellogg d’une part, et Steve Witkoff, plus favorable à la Russie, d’autre part.

D’après les rapports sur ce qui s’est passé hier à Paris, il semblerait que la ligne de Kellogg sur l’issue de la guerre en Ukraine ait pris le dessus. Cela laisserait les Russes en possession de la partie des oblasts (provinces) de l’est de l’Ukraine qu’ils occupent actuellement, figeant la ligne d’engagement là où elle se trouve actuellement. Elle établirait un protectorat européen sur la partie la plus occidentale de l’Ukraine, probablement avec des « bottes sur le terrain ». Enfin, elle laisserait intact le régime kiévien, violemment anti-russe, et maintiendrait un État souverain croupion ukrainien au milieu.

Cette solution à la guerre semble avoir prévalu sur la solution alternative proposée par l’émissaire personnel de Donald Trump, Steve Witkoff, qui semblait s’être rangé du côté du scénario russe de fin de guerre dans lequel Moscou obtient les quatre oblasts de l’Est dans leur intégralité, et pas seulement ceux à l’est de la ligne de confrontation, où l’Ukraine déclarerait sa neutralité, où la présence de troupes ou d’infrastructures étrangères serait interdite, et où la taille de l’armée ukrainienne serait spécifiée dans l’éventuel traité de paix, ainsi que des dispositions garantissant le respect des droits des russophones vivant dans le croupion ukrainien.

Je vois le soutien envers la solution Kellogg dans ce qui s’est passé à Paris à l’invitation d’Emmanuel Macron. Les Américains, menés par Rubio et Witkoff, se sont assis d’un côté de la table, tandis que les négociateurs ukrainiens se sont assis avec les représentants européens de l’autre côté. En apparence, les Européens ont été invités à ces pourparlers parce qu’une paix définitive ne sera possible que si, à son terme, les Européens la soutiennent et acceptent de lever leurs propres sanctions à l’égard de la Russie.

A l’issue des discussions, les Européens se sont déclarés satisfaits d’y avoir participé, estimant qu’il était important de parvenir à un alignement de vues avec les Américains. Les Américains, quant à eux, ont déclaré que la contribution des Européens avait été « constructive ». Ils estiment avoir persuadé les Européens d’accepter les réalités de la situation, à savoir les résultats du champ de bataille, sans autre précision

Bien que les participants aient déclaré que la question des garanties de sécurité pour l’Ukraine n’avait pas été abordée, c’est-à-dire les spécificités des propositions européennes visant à mettre des « bottes sur le terrain » en Ukraine, le fait même que les Européens aient été satisfaits de la teneur de la discussion indique une victoire pour la position de Kellogg contre la position de Witkoff, favorable à Poutine.

Nous n’avons pas entendu les négociateurs ukrainiens, mais ils n’ont pas dû être satisfaits des dispositions de la solution Kellogg concernant la disposition du territoire ukrainien actuellement sous occupation russe. Kiev rejette catégoriquement toute concession territoriale à la Russie.

Pour ces raisons, je pense qu’un compromis 50-50 entre ce que veulent les Européens et Kiev et ce que veut Moscou est tout à fait irréalisable. Les désirs des parties belligérantes s’excluent mutuellement et aucune n’acceptera le compromis proposé par l’administration Trump. La seule question est de savoir qui, de Kiev ou de Moscou, sera le premier à rejeter publiquement le compromis, risquant ainsi de provoquer la fureur de Trump.

Dans ces conditions, je m’attends à ce que Trump se retire de la guerre en Ukraine d’ici une semaine. Lorsque le vainqueur d’une guerre est clairement visible, il est irréaliste et futile d’exiger de lui qu’il renonce aux objectifs qui l’ont poussé à déclencher cette guerre, à savoir maintenir les États membres de l’OTAN hors d’Ukraine et garantir le respect des droits de l’homme des russophones vivant en Ukraine. Il est encore plus absurde d’attendre du vainqueur qu’il capitule devant le perdant, comme l’exigent Kiev et l’UE, et qu’il renonce à tous les gains territoriaux obtenus sur le champ de bataille.

Gilbert Doctorow 

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

https://lesakerfrancophone.fr/la-meilleure-chose-que-trump-puisse-faire-maintenant-est-de-se-retirer-de-la-guerre-russie-ukraine

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