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Le RN est devenu le parti préféré des seniors! Panique en Macronie

© Jordan Florentin
© Jordan Florentin
Les plus de 60 ans, en France, ont trois caractéristiques historiques : ils représentent, dans un pays qui vieillit et ne fait plus d'enfants, près de 30 % de la population française (27 % en 2021, et en augmentation depuis), ils ont un niveau de vie un peu plus élevé que les actifs et, par leur civisme et leur poids démographique, ils représentent la moitié de l'électorat et constituent le socle électoral du macronisme.

Le grand basculement des seniors

Mais cela, c'était avant. Avant ces dernières années, où un grand basculement s'est produit. Un double grand basculement : d'une part, sur le plan financier, les seniors ne sont pas des nantis (la retraite moyenne, à 1.512 euros par mois, a baissé entre 2017 et 2022 et si le taux de pauvreté des plus âgés est dans l’ensemble de 9,9 %, contre 16,2 % pour les moins de 60 ans, il s’élève à 15 % parmi les seniors en perte d’autonomie, selon les chiffres de la DREES) ; d'autre part, sur le plan électoral, les élections européennes et législatives de 2024 ont été marquées par une forte progression du vote RN à plus de 30 %, une progression également constatable chez les seniors, qui représentaient pourtant un plafond de verre, pensaient les observateurs.

Les raisons du basculement vers le RN ? Le réflexe identitaire

Une étude signée Stéphane Fournier, doctorant en science politique et analyste politique à l’institut Cluster17, publiée par la fondation Jean-Jaurès, analyse les raisons de cette évolution électorale majeure. D'abord, la marginalisation continue des partis traditionnels LR et PS, naguère seuls « partis de gouvernement » et qui ne disposent plus, aujourd'hui, que d'un petit groupe parlementaire ; ensuite, l'échec du macronisme qui avait fait le pari de réunir ces retraités des deux rives tout en leur promettant sérieux économique et « qu'ils n'aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes » ; enfin, le positionnement du RN, qui s'est défait des positions économiques repoussoirs (sortie de l'UE, retraite à 60 ans) pour se concentrer sur les questions identitaires (immigration, insécurité, islamisation). Selon Stéphane fournier, « parmi les deux axes majeurs de clivage structurant les comportements électoraux – l’identitaire et le socio-économique –, le RN a concentré son offre politique sur le premier et les électeurs ont suivi. Autrement dit, l’axe identitaire semble avoir été prééminent lors de la séquence 2024, révélant une sorte de "droitisation de la droite" ».

Crispation des seniors sur un point : l'islam !

L'étude montre que les seniors se distinguent de l'ensemble de la population, et notamment des jeunes électeurs, sur la perception de l'islam. Sur les 14 questions du sondage concernant l'autorité, « il y a peu d’écart entre les réponses des plus de 65 ans et les réponses de la population moyenne, sauf sur deux questions qui concernent le rapport à l’islam. [...] 84 % des plus de 65 ans se disent favorables à l’interdiction du voile à l’université, contre 72 % en moyenne et contre 49 % des 18-24 ans ». Même écart sur la question des repas halal à la cantine.

Les moyens de cette pompe aspirante RN ? Les cathos et... CNews !

L'étude, solide sur les chiffres (elle repose sur un échantillon de 25.000 personnes représentatives), est tout aussi intéressante pour son versant qualitatif, via les entretiens individuels qui ont été conduits. Elle souligne l'importance de l'identité catholique dans ce reflexe identitaire des seniors (si la « matrice catholique » est bien en voie d'effacement, selon Fourquet, elle l'est logiquement un peu moins chez les seniors). Surtout, elle analyse le rôle de CNews « comme élément à la fois d’agrégation du nouvel électorat nationaliste et comme facteur de politisation d’un électorat de droite qui semble trouver ici le médium répondant à ses préoccupations ». La chaîne agirait « non pas tant comme un convertisseur d’électeurs mais plutôt comme un "accélérateur de particules" ».

Et maintenant ?

L'étude s'achève en posant la question fatidique : « Marges de progression ou plafond de verre » chez les seniors n'ayant pas encore basculé ? Si elle souligne le fort attachement des retraités aisés à LR et à Ensemble, on peut tout de même parier sur un effritement continu au bénéfice du RN. D'abord pour des raisons économiques et fiscales : la soudaine envie du macronisme de taxer les retraités par la suppression de l'abattement de 10 % va laisser des traces. Ensuite, la mélenchonisation de la gauche, ces dernières années, poussera les électeurs centristes à voter RN en cas de duels LFI/RN, eux qui se sont sentis floués par le vote barragiste ayant amené Mélenchon aux portes du pouvoir. Enfin, la question identitaire, dont l'étude confirme qu'elle constitue le socle commun de toutes les droites, ne pourra que profiter au RN : l'aventure Retailleau apportant aujourd'hui de l'eau (et demain des électeurs) au moulin RN, comme Zemmour hier.

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