Dans les rues, ce jour-là, fleurissent les étals éphémères, les mains anonymes qui distribuent du muguet, prolongeant une tradition populaire aussi ancienne que le jour lui-même. Cette liberté contraste singulièrement avec le sort réservé aux artisans et commerçants de proximité : le fleuriste ou le boulanger pourront certes lever le rideau, mais à condition de le faire seuls, sans leurs employés. Pas question d’ouvrir pleinement, même face à une demande bien réelle.
Car oui, en vertu de l’article L3133-4 du Code du travail, le 1er mai est un jour férié obligatoirement chômé. Même si le salarié est volontaire. Même s’il est payé double. Même si l’activité est de proximité, de tradition, et qu’elle répond à une demande évidente. L’État dit non. Et cela suffit.
Dogmatisme et déconnexion du réel
Récemment, en Vendée, plusieurs boulangers en ont fait les frais, rappelés à l’ordre pour avoir simplement voulu répondre aux attentes de leurs clients ce jour-là. Cette situation absurde illustre parfaitement le décalage entre la loi et les réalités du terrain.
Ce dogmatisme rigide, hérité d’une époque où l’on pensait encore pouvoir régenter les consciences à coups de lois, a vécu. Il n’a plus sa place dans une société où les aspirations ont changé, où travailler un jour férié peut être un choix, une opportunité, parfois même une nécessité. Empêcher un salarié volontaire de travailler n’a rien de social. C’est une injonction au nom d’une idéologie qui confond protection et infantilisation.
Le gouvernement lui-même semble en avoir conscience. La ministre du Travail, Catherine Vautrin, dans un éclair de lucidité, a reconnu sur les ondes qu’il fallait sans doute « faire évoluer la loi ». Mais combien de 1er mai faudra-t-il sacrifier sur l’autel de la bienséance bureaucratique avant que la raison ne l’emporte ?
Ce que nous demandons est simple. Pas une révolution, une réforme. Une dérogation, encadrée, pour les métiers de proximité, sur la base du volontariat et d’une juste rémunération. Rien de plus. Juste un peu de bon sens dans un système qui en manque cruellement.
Machine à perdre
Le Premier ministre nous a récemment dit que les Français ne travaillent pas assez, mais dès qu’un citoyen ose dire « je veux travailler », on lui intime de rentrer chez lui. Pendant que certains, en marge du cadre légal, peuvent poursuivre une activité temporaire en toute tolérance. Deux poids, deux mesures. Une injustice manifeste.
En réalité, ce gouvernement, comme tant d’autres avant lui, alimente la machine à perdre. Cette mécanique absurde qui consiste à bloquer ceux qui veulent avancer, à punir ceux qui souhaitent contribuer, à empêcher ceux qui veulent simplement exercer leur liberté.
Cette machine broie les élans, méprise les réalités du terrain, et finit par désespérer ceux qui, pourtant, n’aspirent qu’à participer à la vie économique et sociale de ce pays.
Le travail, la transmission, l’effort… Ce ne sont pas des concepts abstraits. Ce ne sont pas des valeurs d’un seul jour. Ce sont les ressorts concrets d’une société qui avance, les piliers d’une France qui croit encore à la valeur de l’engagement. Refuser à un citoyen le droit d’exercer son activité, c’est nier une part de son identité, de sa dignité.
Il est temps de dire stop à cette logique perdante. Il est temps de rendre aux Français le droit de choisir. Y compris celui de travailler, le 1er mai. Avec fierté. Avec respect. Avec liberté.