Amélie de Montchalin, la ministre qui taxe plus vite que son ombre affirme qu’elle ne sera pas la ministre qui va augmenter les impôts sauf ceux des retraités !
La ministre Amélie de Montchalin (39 ans) affirme ne pas vouloir augmenter les impôts, car cela pénaliserait le pouvoir d’achat de la classe moyenne, mais en même temps elle pense augmenter les impôts des retraités, déjà fragilisés sur le plan économique, en supprimant leur abattement de 10 % pour frais… Elle sait faire du Macron ! Cela donne l’impression qu’il existe pour elle des citoyens à deux vitesses.
Dès que quelque chose va mal dans le domaine financier, de nombreux politiques, journalistes et intellectuels montrent immédiatement du doigt les retraités et affirment qu’ils sont responsables en grande partie du déficit accumulé par les gouvernements successifs : ils « coûtent trop cher » ! Le retraité est en train de devenir « la » variable d’ajustement d’un système en faillite.
Toujours à la recherche d’argent, Amélie de Montchalin, ministre déléguée aux Comptes publics, a rouvert la chasse aux retraités :
« Je pense à titre personnel qu’on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement. Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez. »
Elle oublie totalement que Emmanuel Macron avait déjà ciblé les retraités en 2018 malgré ses promesses de campagne [1] :
« Aux plus aisés des retraités, je demanderai cet effort pour avoir un système plus intelligent pour leurs enfants et leurs petits-enfants » ; « Leur effort permet de récompenser le travail » ; « Chaque actif pourra mieux vivre de son travail ».
En effet, au 1er janvier 2018, un grand nombre de retraités ont subi sur leur revenu brut une hausse significative de 1,7 % de la Contribution sociale généralisée (CSG). Cette hausse avait alors pour but d’augmenter le revenu des actifs en demandant aux retraités de mettre la main à la poche ! Cette hausse n’a pas été compensée pour eux, contrairement aux salariés qui ont bénéficié de la suppression d’une partie des cotisations chômage et maladie. Un retraité avec une pension de 2 000 euros a alors perdu 408 euros par an alors qu’un actif avec un salaire de 5 000 euros a vu sa rémunération augmenter de 888 euros. Cette mesure a été une atteinte importante au pouvoir d’achat des retraités. Voir l’article Macron des bois, celui qui vole les petits retraités ! ou l’article 3200 milliards de déficit : Eugénie Bastié cible les retraités.
Quelques années auparavant, en 2014, le gouvernement de François Hollande avait déjà instauré la fiscalisation de la majoration de 10 % accordée aux retraités ayant élevé trois enfants ou plus. Cette mesure visait déjà à augmenter les recettes de l’État et à réduire le déficit de la Sécurité sociale, notamment celui des caisses de retraite. Selon les estimations, environ 5,8 millions de Français ont été touchés par cette mesure. Certains retraités, auparavant exonérés d’impôt sur le revenu, ont ainsi dû commencer à payer des impôts, et d’autres ont vu leurs cotisations sociales, comme la CSG et la CRDS, augmenter.
En 2013, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait mis en place la « Contribution Additionnelle de Solidarité pour l’Autonomie » (CASA). Cette nouvelle taxe au taux de 0,3 % s’applique sur les pensions de retraite. Les retraités les plus modestes en sont exonérés. En instaurant cette contribution, l’État cherche à renforcer la solidarité entre les générations, notamment en faisant participer les retraités au financement de la dépendance et l’autonomie des personnes âgées. Environ 7,5 millions de retraités sont concernés par cette taxe. Elle devait rapporter au gouvernement 350 millions d’euros en 2013, puis 700 millions d’euros en 2014.
Il ne faut pas non plus oublier la désindexation des retraites par rapport aux salaires qui a été actée en 1987 et confirmée en 1993 sous le gouvernement d’Édouard Balladur, ce qui a conduit à une baisse progressive du pouvoir d’achat des retraités par rapport aux actifs. Avant cette date, les pensions de retraite étaient revalorisées en fonction de l’évolution du salaire moyen, ce qui permettait aux retraités de maintenir leur niveau de vie par rapport aux actifs [2].
Sans parler des années de gel ou de revalorisations symboliques à 0,3 %… Au final, les retraités s’appauvrissent lentement mais sûrement, alors même qu’ils représentent une génération qui a beaucoup travaillé et cotisé. Ils sont particulièrement touchés par l’ensemble de ces mesures, car ils vivent souvent avec des revenus fixes sans possibilité d’améliorer leur fin de mois comme certains actifs. Ce n’est pas en affaiblissant les plus fragiles que l’on redresse une nation. La baisse du niveau des pensions doit-elle être la seule réforme des retraites ?
Dans sa recherche de solutions pour réduire la dette, Madame Amélie de Montchalin cible particulièrement l’abattement de 10 % pour frais des retraités sous prétexte qu’ils ne travaillent plus et qu’ils n’ont donc plus de frais.
Elle ne semble pas savoir que cet abattement avait été instauré en 1978 sous le gouvernement de Raymond Barre est aussi une reconnaissance symbolique et d’équité du fait que les retraités ont cotisé toute leur vie et qu’ils touchent une pension souvent bien plus modeste qu’un salaire. Il servait également à compenser les frais supplémentaires que les retraités pouvaient rencontrer, notamment en matière de santé. Cet abattement est donc un élément crucial pour aider les retraités à mieux gérer leurs finances.
D’autre part, dire qu’un retraité n’a « plus de frais » est un raccourci trompeur : les frais changent, mais ils ne disparaissent pas. Beaucoup d’entre eux, déjà fragilisés par l’inflation et l’isolement, soutiennent encore financièrement leurs enfants, petits-enfants ou même leurs parents. Ils paient des soins non remboursés, doivent adapter leur logement au vieillissement, ou encore assumer seuls le coût de la vie quotidienne avec leur seule pension. La remise en question de cet abattement est perçue par beaucoup de retraités comme une mise en accusation injuste et profondément blessante. C’est une forme d’âgisme [3], surtout si d’autres groupes ne sont pas affectés de manière similaire.
Si cette mesure était adoptée, elle ne frapperait pas uniquement les plus riches, mais également les retraités de la classe moyenne, ceux qui vivent entre deux seuils : trop « aisés » pour être aidés, trop « pauvres » pour faire face et qui sont fatigués d’être la vache à lait qui doit toujours faire plus d’efforts. Cette « tonte » devrait rapporter 4,5 milliards d’euros par an.
Il y a des peuples qui vénèrent leurs anciens. Et d’autres qui les abandonnent au silence.
La manière dont une civilisation traite ses anciens est un baromètre de sa santé morale et sociale. Lorsqu’une société commence à marginaliser ceux qui l’ont construite, à les reléguer dans l’oubli ou à les considérer comme des poids, c’est un signe fort qu’elle se coupe de ses racines. Une société qui rejette ses anciens est une société en décadence… en train de mourir !
Il est inquiétant de constater combien les personnes âgées, pourtant piliers de nos familles, de nos histoires et de notre mémoire collective, sont de plus en plus marginalisées, invisibilisées dans l’espace public, sous-représentées dans les médias, souvent isolées ou précarisées, elles sont trop souvent perçues comme un « coût » plutôt que comme une « richesse humaine et sociale ». Le vieillard, autrefois source de sagesse, est aujourd’hui une anomalie statistique, une ligne dans un budget, un chiffre dans les dépenses de santé.
Les retraités sont en train de devenir les « nouveaux boucs émissaires » de la dette publique. Cette idée se retrouve dans de nombreux discours politiques et médiatiques. L’attaque de Mme Amélie de Montchalin contre les retraités n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres. En effet, dans les médias, il n’est pas rare de lire que « les retraites coûtent trop cher », « que les seniors doivent faire des efforts pour les générations futures », « qu’ils ne servent plus à rien pour la société »…
Il est temps de nommer clairement ce que nous voyons : les personnes âgées sont reléguées en marge de l’espace public, confinées à des institutions souvent déshumanisées, tenues à l’écart des décisions et réduites à des chiffres dans des bilans budgétaires. On parle d’elles comme d’un « poids », jamais comme d’un « atout ». Et pourtant ces hommes et ces femmes ont travaillé, cotisé, élevé des générations, transmis des savoirs, maintenu la mémoire collective vivante.
Derrière le « bouc émissaire retraité », le gouvernement cache souvent son incapacité à réformer le système fiscal dans sa globalité, à mieux répartir les richesses, ou à s’attaquer à d’autres niches beaucoup plus coûteuses, mais politiquement sensibles (optimisation fiscale, aides aux grandes entreprises, régimes spéciaux, journalistes, intermittents du spectacles, etc.). Alors oui, faire porter le poids de la dette sur les retraités – tout en opposant les générations entre elles – est une stratégie politique commode, mais profondément injuste et dangereuse pour la cohésion sociale.
Il ne peut y avoir de futur solide si on piétine les fondations.
« Comme le rappelle un célèbre proverbe africain, “un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Chaque ancien que nous laissons dans l’oubli est une page de notre histoire que nous arrachons” ».
À travers l’histoire de l’humanité, les anciens ont toujours occupé une place essentielle. Ils incarnaient la mémoire collective, la sagesse acquise par l’expérience, et servaient souvent de guides dans la prise de décision et la transmission des savoirs. Il ne peut y avoir de futur solide si on piétine les fondations. Une société qui marginalise ses vieux ne fait pas preuve de progrès, elle montre les signes d’une décadence. Elle choisit l’oubli au lieu de la mémoire.
Les rides sont des traces de courage. Elles sont les marques d’une vie de travail, d’engagement voire de sacrifice. Et pourtant, aujourd’hui, les visages marqués par le temps sont ceux que l’on rend responsables d’une dette publique qu’ils n’ont pas créée.
En remettant en cause l’abattement fiscal de 10 % accordé aux retraités, certains responsables politiques désignent une nouvelle cible facile : les aînés. Derrière les discours technocratiques sur « l’efficacité » ou « l’équité fiscale », on oublie que ce sont des millions de retraités modestes qui risquent de voir leur impôt augmenter, parfois pour la première fois de leur vie. Cette mesure semble aller à l’encontre des valeurs de respect, de reconnaissance et de solidarité qui devraient guider nos politiques.
Le rejet des anciens peut être perçu comme une forme d’injustice sociale. Après une vie de contributions à la société, les personnes âgées méritent respect, soutien et reconnaissance. Les négliger ou les marginaliser est contraire aux principes d’équité et de justice intergénérationnelle. En revanche, lorsque les jeunes générations valorisent et soutiennent les aînés, cela crée un environnement où toutes les générations peuvent prospérer et se sentir appréciées. Le sentiment qui grandit chez les retraités est une forme de ras-le-bol, peut-être même de trahison : après des décennies de cotisation et de labeur, beaucoup s’attendaient à une forme de reconnaissance ou de tranquillité… pas à devoir « encore payer la facture ».
Ces mesures, souvent injustes et cruelles, évoquent l’image sinistre d’une horde de charognards, assoiffés d’argent, fondant sur un troupeau vulnérable sans qu’aucune force ne s’élève pour les protéger et défendre ce qui reste de leur dignité. Dans cette tragédie, seuls résonnent les échos d’une époque révolue, où la solidarité semblait encore possible. Comment bâtir l’avenir si l’on piétine ceux qui nous ont offert le présent ?
« Il est urgent de comprendre que, selon les mots de Cicéron, « la vieillesse, loin d’être un fardeau, est une couronne de dignité et de sagesse ». Défendons cette dignité aujourd’hui, avant qu’elle ne disparaisse demain. »
« Respecter nos anciens, c’est respecter notre avenir »
Johan Zweitakter
[1] Il avait affirmé en 2016 dans son livre Révolution : « qu’il ne souhaite pas remettre en cause les droits des retraités actuels » et « il ne s’agit pas de revenir sur les droits acquis. Les retraités ont construit leur vie et leur projet en fonction d’un cadre. On ne doit pas le bouleverser rétroactivement ».
En 2017, le candidat Emmanuel Macron promettait que « dans les cinq ans qui viennent je maintiens le pouvoir de tout, je ne touche pas à la retraite de celles et de ceux qui sont aujourd’hui des retraités. Leur retraite sera préservée, il n’y aura pas de perte de pouvoir d’achat, c’est essentiel ».
La même année dans l’émission BourdinDirect il affirmait aussi que « dans les 60 milliards d’économies, il n’y a pas d’allègements des pensions de retraite. Je ne veux pas faire d’économie sur le dos de ceux qui sont à la retraite ».
[2] D’après Didier Blanchet : « Avec une croissance des salaires réels de 1,5 % par an, le pouvoir d’achat relatif du retraité [indexé sur les prix] enregistre un recul cumulé de 14 % au bout de 10 ans de retraite, de 26 % au bout de vingt années, de 36 % s’il survit jusqu’à ses 90 ans… Rappeler cela n’est pas plaider pour un retour aux règles d’indexation plus favorables qui ont prévalu jusqu’aux années 1980. Il s’agit juste de rappeler que ce levier de l’évolution des droits après liquidation a déjà été beaucoup utilisé ».
Nota : une pétition contre « la suppression de l’abattement de 10 % pour les retraités et futurs retraités » a été mise en ligne sur la plateforme des pétitions de l’Assemblée nationale.
[3] L’âgisme est un terme utilisé pour décrire la discrimination, les préjugés ou les stéréotypes dirigés envers les personnes en raison de leur âge, généralement envers les personnes âgées. Il s’agit d’une forme de biais social qui peut avoir des conséquences négatives sur les individus et les sociétés dans leur ensemble.
https://ripostelaique.com/les-retraites-nouveaux-boucs-emissaires-de-la-dette-francaise.html