Alors que son interlocuteur évoquait l’abandon par la gauche des préoccupations réelles des Français, François Bégaudeau s’est montré d’un avis radicalement opposé. « Les seuls qui parlent vraiment de la question de l'immigration, ce sont les gens de gauche, a-t-il affirmé, sans se départir de son sérieux. En fait, les gens de droite ne parlent pas de la question de l'immigration. Ils parlent d'une seule chose qui est : dans quelle mesure est-ce que les Noirs et les Arabes vont me compliquer la vie à moi, petit Blanc de France. C'est un tout petit bout de la lorgnette ! ».
Selon l’auteur, la gauche fait bien de ne pas lier immigration et insécurité, car cela conduirait inévitablement à « incriminer le prolétaire migrant », à « stigmatiser », et ça, « ça n'est pas possible », bien évidemment. « Je ne le ferai pas, sinon je me déjugerais », lance-t-il, confessant à demi-mot son déni idéologique du réel.
La relativisation des souffrances des « petits Blancs »
Si notre homme se refuse à incriminer le « migrant », il n’a pas la même prévenance envers ses concitoyens. Monsieur Bégaudeau n’a en effet que mépris pour ces Français inquiets par l’immigration de masse. « Il y a qu'à écouter les gens quand on s'attarde dans un PMU (…) moi, j'en ai dans ma famille donc je vois à peu près à quoi ça ressemble… », dit-il, sans même chercher à masquer son dégoût. Selon l’écrivain, il ne faudrait pas prendre trop au sérieux le « stress » de la population face à la flambée de l’insécurité. « Vous qui vous inquiétez de savoir si vraiment la submersion migratoire va liquéfier la culture française, liquéfier nos vies, violer nos femmes, multiplier la délinquance… calmez-vous un peu ! », s’exclame-t-il. Si le malheur des Sénégalais et des Nigérians semble profondément perturber François Bégaudeau, les souffrances de ses semblables le laissent de marbre. L’émoi de ces derniers face à l’ensauvagement de leur pays ne serait qu’une « petite panique pseudo-identitaire et raciste de petits Blancs paniqués ». « Le fait migratoire en France donne aux petits Blancs occidentaux privilégiés que je suis et que nous sommes un mini aperçu de la violence du monde. »
En voilà un joli sophisme. Un mal devrait donc être accepté et banalisé au seul motif qu’il existe ailleurs dans le monde ? Avec une telle approche relativiste, on pourrait aussi délégitimer la lutte contre le racisme, la pauvreté, les inégalités sociales, ou toute autre cause chère à Monsieur Bégaudeau.
L’insulte facile
Mais en dépit de ses indigences et de ses échecs cuisants dans tous les domaines, la gauche parvient encore à conserver son magistère moral. La droite, elle, aurait tout faux. « Retailleau est un guignol sur l'immigration, poursuit Bégaudeau, manifestement très remonté contre le ministre de l’Intérieur. C'est vraiment nul de parler des choses de cette façon-là, c'est vraiment en parler comme une dame patronnesse de Vendée qu’il est resté. Les gens disent que c’est un homme d’État, c’est pas un homme d’État ! »
Mais s’il est traité de « guignol » et de « médiocre » par François Bégaudeau, notre ministre de l’Intérieur n’a pas à se plaindre. Pascal Praud avait eu droit à des mots nettement plus durs. En avril dernier, l’écrivain avait qualifié l’animateur télé de « facho », « abject » et « raciste », lors d’une soirée organisée à Paris pour le lancement de son nouvel essai. Une outrance haineuse qui illustre assez bien l’attitude xénophile de la gauche mondaine : dur avec son prochain, doux avec son lointain.