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Le Ponzi des retraites ? Oui, mais qui a mangé le capital ?

Encore et toujours, le débat revient sur les retraites, car bien sûr, nos dirigeants incapables d’anticiper les évolutions démographiques entendent faire payer leur incompétence au peuple français.

Vu les sommes en jeu, ils pourront ainsi permettre aux grands fonds de pension de bien se goinfrer.

Seulement, ce discours joint l’infamie à l’ignorance et mérite une charge sabre au clair pour clouer ces gens au pilori de leurs mensonges.

Les retraites par répartition, schéma de Ponzi qui fait peser le poids sur les actifs est une ignorance de ce que sont les âges de la vie.

Mais l’exprimer en France, pour ceux informés de l’histoire de notre pays, requiert une dose particulière d’infamie.

Et, bien sûr, pour joindre l’indignité à l’infamie, le discours nous vient des administrateurs d’État qui portent une responsabilité particulière dans les difficultés financières.

Bayrou invite les jeunes à se révolter en dénonçant le système de retraites qu’il qualifie d’arnaque. Merci monsieur le Premier ministre, mais, comme le disait, monsieur Chalamont, dans « le président », je vais avoir à exprimer les plus vives réserves. Vous voudrez bien me le pardonner.

Vu votre vie politique terriblement active, vous n’avez sûrement pas eu le temps de découvrir Margareth Mead et sa phrase sur le premier signe de civilisation : Pas le feu, pas la pierre taillée, mais la découverte d’une fracture soignée. Les animaux incapables de se déplacer meurent dans la nature. Au contraire, une personne est restée près du blessé pour le nourrir, le protéger et veiller sur lui.

Voilà ce que les anthropologues considèrent comme la première caractéristique de l’homme, celle qui le distingue de la bête.

Je comprends, monsieur le Premier ministre, j’ose vous citer une anthropologue, américaine de surcroît, veuillez me pardonner de tant vous en demander et bien sûr, vous l’ignorez !

En tout cas, si vous connaissez cette citation, vous l’avez oubliée au moment de vous exprimer, mais c’est normal, une telle vision de l’homme est incompatible avec les « VALEURS » du macronisme.

Désolé, la civilisation consiste justement à savoir nous occuper des plus faibles : les enfants, les vieux, dans un geste forcément désintéressé, sauf à détruire tout vivre-ensemble.

Mais, comme le disait E. Macron en 2017 : « C’est notre PROJET ».

Exact, c’est votre projet, détruire toutes les solidarités, le sens du commun pour écraser des individus enfermés dans leur solitude comme une prison subtile.

Dans la réalité, des trois âges de la vie : enfance, adulte, vieillesse, un seul porte le fardeau de la société et, je vous aide, monsieur Bayrou, c’est celui que vous avez identifié. Oui, les actifs produisent et font vivre les deux autres. Effectivement, les actifs peuvent se révolter contre le fait d’être humain, mais nier notre nature ne va pas nous mener loin.

J’ai traité le sujet dans certains de mes livres[i], mais, si mes faibles compétences littéraires ne sauraient vous convaincre, je vous invite à regarder le sort des vieux dans « La Terre » de Zola.

Alors, bien sûr, nous pourrions en revenir à la poudre d’héritage comme on la nommait du temps de Louis XIV et de l’affaire des poisons. Seulement, à l’époque, le pouvoir pouvait encore s’indigner de telles indignités, votre gouvernement propose la loi sur l’euthanasie. Oserais-je le parallèle ?

En attendant, vous aurez compris, monsieur, que notre nature humaine nous commande la solidarité, même si cela retire une opportunité de bénéfice pour vos amis des grands fonds financiers qui paient les campagnes.

Mais, admettons-le, nous parlons là de morale, aussi accessible à un homme qui a menti sur l’affaire Bétharram que la théorie quantique à ma modeste personne. Revenons donc, aux choses simples, à la comptabilité, aux dettes et aux sommes dues.

Cela devrait être plus compréhensible pour un auxiliaire du macronisme.

D’où vient notre système de retraites ? Il n’est pas sorti d’un chapeau au détour de l’histoire. En réalité, à force de combats et de luttes politiques, les travailleurs français ont fini par obtenir ce droit.

Historiquement, l’État accorde à partir du XVIIe siècle des retraites à des catégories de fonctionnaires de plus en plus larges. Son rythme d’activité, sa permanence rendent un tel salaire différé tenable.

Au contraire, les entreprises, par nature plus volatiles, se prêtent mal à un tel plan sur l’avenir et j’invite ceux désireux de remettre en cause cette affirmation à se renseigner sur le sort des employés du groupe Maxwell[ii].

Au XIXe siècle, l’État combat les revendications ouvrières pour créer des sociétés de secours mutuel, car comme aujourd’hui, la pression sur les salaires impose d’empêcher toute organisation collective. (Comme quoi, le macronisme n’a rien de neuf ! Et nous en connaissons le résultat si nous lui permettons de déployer tout son projet.)

A force de lutte, les syndicats obtiendront enfin le droit de fonder ces fameuses sociétés et les cotisations deviendront obligatoires pour forcer à une épargne de précaution contre les accidents de la vie.

Une large partie des systèmes de retraites est alors par capitalisation. Seulement, deux chocs, viendrons spolier les salariés :

La guerre de 14 et l’inflation y afférente ruinent la valeur des actifs. (Qui a dit que pour payer les dettes des États occidentaux, l’inflation pourrait être une solution ?)

Surtout, la France occupée par les Allemands, les actifs des caisses de retraites permettent au gouvernement de Vichy d’acquitter une partie des indemnités d’occupation punitives fixées par le gentil monsieur Hitler (comme le disaient certains dans les années trente). La France ne récupérera jamais ces sommes auprès des Allemands, car, comme l’explique Madame Lacroix-Ruiz, les frères Dulles voulaient maintenir leurs liens d’affaires avec l’Allemagne. Les gouvernements de la Libération devront maintenir les réformes de Vichy et la retraite par répartition. Pendant ce temps, les membres du célèbre comité des forges, au lieu de se rendre à Londres, s’enrichissaient en travaillant avec les Allemands et ses actifs (sauf de bien trop rares cas) furent bien protégés[iii]. Surtout le délicieux champagne TAITINGER (Monsieur Jouyet, ou sa sûrement très tendre épouse, me comprendra !)

Donc, permettez-moi une fois de plus un discours de haine : quiconque ose en France prétendre à établir un système de capitalisation doit commencer par nous expliquer comment l’État remboursera le peuple de France pour les sommes déjà spoliées ! Oui, ces beaufs franchouillards que vous n’aimez pas, mais à qui vous avez fait les poches. Avec tout mon MÉPRIS, monsieur le Premier Ministre !

Passer de la retraite par répartition à la retraite par capitalisation revient à faire payer DEUX fois une génération, on comprend que recharger le piège tente la macronie, mais le procédé est grossier.

D’autant plus que le déficit du système de retraites est parfaitement négligeable[iv] !

Sur 168 mds de déficit public en 2024[v], il représente 1,7 mds. Le reste est dû au manque de gestion de l’État qui a explosé entre 2017 et aujourd’hui ! Monsieur Bayrou pourrait peut-être solliciter un commentaire de Mozart ?

Les retraites, c’est à peine l’épaisseur du trait ! Un escroc osant utiliser ce procédé finirait en prison pour de longues années… ou ministre de la macronie. Il n’y a pas de véritable problème de retraites aujourd’hui et il n’y en aurait aucun si toutes les mesures n’avaient pas été prises pour le créer.

Notamment à coup d’exemption de charges fiscales pour éviter de reconnaître les dommages causés par l’Euro à notre économie !

Alors, bien sûr, on pourrait admirer le système de l’Agirc-Arco, qui adosse un système par répartition, à une large réserve destinée à couvrir d’éventuelles crises. Seulement, constatons que malgré ses vertus, ce système fait surtout l’objet des attentions de l’administration étatique. Non pas comme Chimène regardant Rodrigue, mais comme le cannibale envers son dîner.

Dès lors, toute délégation pour permettre de constituer un système de retraite par capitalisation revient à un chèque en blanc pour constituer avec la sueur des travailleurs français une tirelire qui sera vidée à la première demande d’un lobby ami du pouvoir.

Alors, bien sûr, il ne faut jamais dire jamais, les peuples peuvent se laisser convaincre et je suis convaincu qu’un certain socialisme, fait d’actif d’état sera nécessaire. La modernité, les machines, la robotique vont briser le lien entre travail et production physique, si ce n’est de services. Dès lors, comment rétablir la distribution envers l’ensemble du corps social ? La solution passe par une société de revenu universel !

Mais, sera-t-il possible de le financer par des impôts ? Les détenteurs de capital ont toujours contrôlé le pouvoir politique et ils peuvent le déplacer ou l’aliéner. Eh oui, la propriété, c’est le droit d’Usus et d’Abusus, donc celui de détruire son capital si l’envie en prend au propriétaire. Les délocalisations nous ont démontré que sans contrôle du capital, les impôts ne sont qu’une aumône consentie par les grandes fortunes.

L’État désireux de servir un revenu universel doit donc cesser de mendier. Il doit pouvoir imposer. Et justement, la robotique va transformer une large partie de la production en rente dont la nature se prêtera bien à la gestion étatique.

Inutile de confisquer, il suffira de construire l’actif et ensuite, le système fonctionnera tout seul, si…

Si, les gens chargés de l’administrer sont dignes de confiance. Dommage, la corruption du monde actuel nous a démontré que dans ce domaine, nous pouvons attendre le pire.

Seule la terreur la plus abjecte pourra contenir les administrateurs dans leur devoir. Ceux-ci devront donc se voir imposer un contrat spécial avec l’État. En contrepartie des avantages et des privilèges afférents à la gestion de l’actif d’État, ils se verront imposer un code pénal suffisamment terrifiant pour garantir que la corruption coûte cher, et cesse d’être rentable.

Autant vous le dire, monsieur le Premier ministre, je doute que vous ayez la valeur morale pour intégrer un tel système !

NB : Pour ceux désireux, de voir comment un tel système politique pourrait fonctionner, je vous invite à consulter mes livres :

Jules Seyes - Histoire des familles impériales (Collection) - Atramenta

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