Pour ses premiers pas dans le glacial studio, la quadragénaire a pu compter sur le soutien de deux de ses prédécesseurs, Laurent Delahousse et Julian Bugier, qui, en bons camarades, avaient accepté de faire le déplacement. « Laurent m’a dit : "tu sais que tu vas être seule", c’est ce qui va te changer », l’a ainsi avertie le présentateur de 20h30 le dimanche. Mais Léa Salamé semble consciente de cette difficulté et admet avoir encore besoin de temps pour prendre ses marques. « Je vais m’entraîner tout l’été à dire "Madame, Monsieur, bonsoir" devant la glace sans rire, ça va être mon challenge personnel, car jamais je ne pensais le dire un jour », a-t-elle confié.
La prise en otage de l’information
L’appréhension de l’ancienne présentatrice de la matinale de France Inter est bien compréhensible. Les défis qui lui incombent à ce poste clef sont en effet nombreux : apporter davantage d’honnêteté intellectuelle à un traitement de l’information souvent biaisé, mettre fin au militantisme habituel sur les sujets de l’immigration ou de l’écologie, cesser de fermer les yeux sur les événements contredisant la doxa… En clair, il s’agit de davantage respecter le téléspectateur.
Hélas, les ambitions de France TV semblent tout autres. Dans la droite lignée de Delphine Ernotte, qui a avoué vouloir donner à voir une version fictive de la réalité (« On ne représente pas la France telle qu’elle est mais telle qu’on voudrait qu’elle soit »). Laurent Delahousse semble lui aussi militer pour un journalisme très éditorialisé. « Je sais que tu vas bouger les lignes, changer les codes et apporter ta patte », a-t-il ainsi lancé, admiratif, à sa consœur. Cette dernière lui a d’ailleurs donné raison en affirmant qu’elle remplirait sa mission de journaliste en y apportant « [s]on ton, [s]on histoire et [s]on parcours ». Ça promet.
À l’annonce de l’arrivée de Mme Salamé au poste tant convoité de présentatrice du JT de France 2, la presse bien-pensante s’était félicitée de la nomination d’une « femme d’origine libanaise au 20 Heures ». Est-ce donc à cela que nous devons nous attendre, dorénavant ? Une actualité analysée par le prisme de l’histoire familiale et du parcours personnel de Léa Salamé ? Une information traitée d’un point de vue franco-libanais ?
Au lieu de se regarder le nombril, cette petite caste bobo ferait bien d’entendre les plaintes du peuple français. Ce dernier ne s’est jamais autant méfié des médias. Et pour cause ! Il a bien compris que l’objectivité des journalistes était un leurre et que leur récit ne correspondait souvent pas à la réalité qu’il vivait au quotidien.
En conséquence, les Français s’informent de plus en plus grâce aux réseaux sociaux ou à l’aide de médias alternatifs qui rendent fidèlement compte des faits. Et l’arrivée au JT de France 2 de Léa Salamé ne va sans doute pas changer cet état de fait.
Jean Kast