
Plus tard dans la journée, le président américain Donald Trump rencontrera l’ancien président ukrainien Volodymyr Zelensky pour discuter des résultats du sommet de la semaine dernière entre Trump et le président russe Vladimir Poutine. À l’issue de ce sommet, les deux parties ont déclaré que la guerre en Ukraine devait prendre fin par un accord de paix global. Cela exigera à nouveau que l’Ukraine renonce à certains territoires et devienne un pays neutre.
Zelensky tentera d’inciter Trump à revenir sur sa position précédente. Trump avait auparavant exigé un cessez-le-feu immédiat de la Russie sur la ligne de front actuelle. Mais après avoir essayé, il s’est rendu compte qu’il n’avait aucun moyen d’y parvenir. Trump a dû accepter les positions de la Russie car il n’y avait pas d’autre moyen de mettre fin à la guerre en Ukraine.
Trump est connu pour changer facilement d’avis d’une discussion à l’autre. Cette fois-ci, cependant, je pense qu’il respectera son accord avec Poutine.
Zelensky sera invité à demander la paix avec la Russie, quelles que soient les conditions imposées par cette dernière.
Après son entretien avec Zelensky, Trump rencontrera plusieurs Premiers ministres, chanceliers et présidents européens. Ils veulent que la guerre continue, ce qui nécessite que les États-Unis restent impliqués.
Leur principal sujet de discussion et leur principale demande porteront sur une «garantie de sécurité» pour l’Ukraine qui, selon eux, nécessitera l’implication et le soutien des États-Unis.
Interrogé à ce sujet lors d’une interview, l’envoyé américain en Russie, Stephen Witkoff, a donné une réponse polie :
«Les États-Unis sont potentiellement prêts à donner des garanties de sécurité au titre de l’article 5, mais pas de la part de l’OTAN, directement de la part des États-Unis et d’autres pays européens», a déclaré Witkoff dans une interview à Fox News Sunday».
Dans ce contexte, «sont potentiellement prêts à donner» doit être traduit par «Il n’y a aucune chance que cela arrive !».
Il y a deux ans, j’avais déjà abordé la question des garanties de sécurité pour l’Ukraine :
«L’Ukraine est désormais clairement en train de perdre la guerre. Elle devra bientôt signer un accord de capitulation en guise de cessez-le-feu, avec la Russie.
Mais qui ou quoi peut garantir qu’un tel accord sera respecté ?
L’adhésion à l’OTAN n’est plus une option. (…)
Une garantie de sécurité totale et directe de Washington à Kiev est également impossible. Elle créerait un risque élevé de guerre directe entre les États-Unis et la Russie, qui deviendrait rapidement nucléaire. Les États-Unis ne voudront pas prendre ce risque. (…)
La puissance de la Russie rend même une tentative de garantie de sécurité pour l’Ukraine similaire à celle d’Israël trop coûteuse pour les États-Unis et donc tout simplement impossible.
Il n’y a qu’un seul pays au monde qui puisse garantir la paix en Ukraine et la sécurité de ses frontières. Ce pays, c’est la Russie !
Mais une telle garantie sera bien sûr assortie de conditions. Soit l’Ukraine les accepte, soit elle ne sera jamais à l’abri d’ingérences extérieures.
C’est tout simplement une réalité avec laquelle l’Ukraine a dû et devra vivre».
Alastair Crooke suggère (vidéo) que l’accord de paix entre la Russie et l’Ukraine suivra les grandes lignes de l’accord d’Istanbul négocié en mars 2022 entre l’Ukraine et la Russie. Sous la pression de l’Occident, l’Ukraine s’était alors abstenue de le signer.
L’accord d’Istanbul comprenait des garanties de sécurité (soulignées par nos soins) :
«L’accord prévoit : (…)
2. États garants possibles : Grande-Bretagne, Chine, Russie, États-Unis, France, Turquie, Allemagne, Canada, Italie, Pologne, Israël. L’adhésion libre d’autres États au traité est proposée, en particulier la Fédération de Russie propose la Biélorussie. (…)
4. L’Ukraine ne rejoint aucune alliance militaire, ne déploie aucune base militaire étrangère ni aucun contingent, et ne mène des exercices militaires internationaux qu’avec le consentement des États garants. Pour leur part, les États garants confirment leur intention de promouvoir l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.
5. Les États garants et l’Ukraine conviennent qu’en cas d’agression, d’attaque armée contre l’Ukraine ou d’opération militaire contre l’Ukraine, chacun des États garants, après des consultations urgentes et immédiates entre eux (qui doivent avoir lieu dans un délai maximal de trois jours), dans l’exercice du droit de légitime défense individuelle ou collective reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations unies, fournira (en réponse à une demande officielle de l’Ukraine et sur la base de celle-ci) une assistance à l’Ukraine, en tant qu’État neutre permanent attaqué, en prenant immédiatement les mesures individuelles ou conjointes qui peuvent être nécessaires, notamment la fermeture de l’espace aérien au-dessus de l’Ukraine, la fourniture des armes nécessaires, le recours à la force armée afin de rétablir et de maintenir ensuite la sécurité de l’Ukraine en tant qu’État neutre permanent.
Toute attaque armée (toute opération militaire) et toutes les mesures prises en conséquence seront immédiatement signalées au Conseil de sécurité. Ces mesures cesseront lorsque le Conseil de sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales.
Le mécanisme de mise en œuvre des garanties de sécurité pour l’Ukraine, sur la base des résultats de consultations supplémentaires entre l’Ukraine et les États garants, sera réglementé dans le traité, en tenant compte de la protection contre d’éventuelles provocations».
Encore une fois :
«… cette garantie sera bien sûr assortie de conditions. Soit l’Ukraine les acceptera, soit elle ne sera jamais à l’abri d’ingérences extérieures».
Donc oui, l’Ukraine peut bénéficier de «garanties de sécurité». Mais les conditions de ces garanties seront fixées par le principal garant, qui doit être la Russie.
Trump semble l’avoir compris. Combien de temps faudra-t-il aux «dirigeants» européens pour le comprendre ?
source : Moon of Alabama