« Ce n’est pas l’État qui dépense, ce sont les Français. »
Le déficit de la France, par exemple : il est abyssal, c’est très grave et c’est la dernière chance. On ne peut objectivement lui donner tort, même si nous ne sommes pas à la veille de la mise sous tutelle. Mais Bayrou, lui, y est-il pour quelque chose ? Non. « Ce n’est pas l’État qui dépense, ce sont les Français. » Ah. Avant-hier, sous Hollande, on disait : « C’est pas cher, c’est l’État qui paie. » Aujourd’hui, sous Macron et Bayrou : « C’est très grave, ce sont les Français qui dépensent. » Pile, je gagne, face, tu perds. Salauds de Français ! Et lui, personnellement, François Bayrou, qui a voté ou soutenu la plupart des budgets déficitaires des quarante dernières années, qui a soutenu Macron par deux fois (et parmi les premiers, en 2017), est-il responsable de quelque chose ? Vous n’y pensez pas.
L'UE garante de notre souveraineté
Ce problème en appelle un deuxième. Sommes-nous un pays souverain ? François Bayrou tourne autour du pot (il fait ça très bien). Il a tout de même (Darius Rochebin lui rendra cette justice au cours de l’interview) reconnu que 60 % de la dette française était possédés par des créanciers étrangers. Jusqu’à maintenant, quiconque pointait cette perte de souveraineté était taxé de complotisme… Et sur l’immigration, alors ? Sommes-nous souverains ? Bayrou monte sur ses grands chevaux : la France a adopté une législation qui permet de suivre les migrants. C’est bien, mais pour les expulser, alors ? On ne saura pas. Et comment retrouver notre souveraineté en matière d’immigration ? Le Premier ministre n’hésite pas : grâce à l’Union européenne. Il fallait oser cette absurdité.
L'immigration n'est pas un sujet
Sur des sujets cosmétiques (les jours fériés, par exemple), François Bayrou est prêt à discuter. Mais sur l’essentiel, rien : Sonia Mabrouk lui pose la question de l’AME, des allocations pour les immigrés, des subventions aux associations. Tout cela coûte un argent de dingue. Et là, ce ne sont pas les Français qui dépensent… François Bayrou « n’est pas d’accord pour qu’on fasse de l’immigration la cause de la situation du pays ». Bon. On n’en parlera pas, alors. Tout au plus saura-t-on que le Premier ministre veut maîtriser les entrées et les sorties du territoire (mais bon, c’est impossible : voir plus haut).
Retour en 2027 ?
Il y a bien une toute petite chose qui est digne d’intérêt, dans cet invraisemblable naufrage. François Bayrou a proposé beaucoup de mesures, certaines inapplicables, d’autres timides, d’autres encore hors de propos, mais qui ont pour (seul) mérite d’exister. Or, le Premier ministre le sait, il est quasiment certain de tomber, et son gouvernement avec lui, lors du vote de confiance du 8 septembre prochain. Alors, pourquoi ce catalogue ? On peut malheureusement (et c’est donc le seul intérêt de cet entretien dominical) y voir une « carte postale » du Premier ministre qui se prépare à partir pour mieux essayer de revenir en 2027. Quelle catastrophe !