A-t-il décidé enfin de supprimer l’AME (1,2 milliard d’euros engloutis dans une pompe aspirante à immigration au profit de gens qui n’ont jamais cotisé) ? Nenni ! Bayrou finasse, fait des concessions minuscules, avance à pas de fourmi, contraint et forcé. « Il y avait, par exemple, dans la liste des soins, de la balnéothérapie. Ce n’est pas normal, ce n’est pas raisonnable que le pays ne prenne pas soin de l’équilibre [entre Français et étrangers]. » Miracle ! Ce bon sens, cette différence entre les nôtres et les autres, comme disait le fondateur du Front national, les Français l’attendent depuis quarante ans. Elle vient tard, in extremis, de la part d’un Premier ministre désormais dos au mur et la tête sur le billot, condamné à la démission à très court terme. Et cette proposition ne concerne qu’une minuscule partie des frais. Trop peu, trop tard.
Le coup de pied de l'âne de Sarkozy
Il aura donc fallu que la menace soit vitale pour faire reculer l’homme qui n’a pas toujours choisi avec courage le parti du redressement de la France, comme le rappelle sans tendresse excessive, façon coup de pied de l’âne, l’ancien Président Nicolas Sarkozy. « François Bayrou a voté pour Ségolène Royal en 2007, puis pour François Hollande en 2012 », rappelle-t-il dans un entretien au Figaro publié ce 2 septembre. Bayrou fut ensuite le soutien indéfectible de Macron durant ses deux quinquennats. « Cela le rend donc comptable du bilan du socialisme et, donc, de la situation financière du pays », rappelle l’ancien Président, non sans préciser qu’il s’est opposé à la réforme des retraites comme à la réduction du nombre des fonctionnaires.
Unique au monde, l’AME compte parmi les pompes aspirantes les plus ahurissantes que la France a mises en place : les étrangers aux revenus faibles, c’est-à-dire la quasi-totalité d’entre eux, bénéficient d’une couverture de 100 % de leurs frais médicaux ! Détourner la solidarité nationale pour aider le monde entier, à commencer par ceux qui violent nos frontières ? Ils l'ont fait. La France est devenue l’État le plus généreux du monde pour les sans-papiers, a établi l’iFRAP d’Agnès Verdier-Molinié. Un marqueur du mondialisme militant, irresponsable et obtus.
Pourquoi se priver ? Selon un rapport sur l’aide médicale de l’État publié en décembre 2023 par l’ancien ministre Claude Évin et le conseiller d’État honoraire Patrick Stefanini à la demande des ministres de l’Intérieur et de la Santé, entre 2009 et 2023, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 121,7 % ! De son côté, « le coût financier de l’AME a augmenté de 79,3 % en euros courants, entre 2009 et 2022 (soit +428 millions d’euros), et de 46,3 %, sur la même période en euros constants (+250 millions d’euros) », écrivait encore l’iFRAP. Le coût des familles des assurés, les ayants droit, explosent.
Les efforts demandés aux Français étaient prématurés
Bayrou s’est évidemment attiré les sarcasmes de Bardella, interrogé dans la foulée sur RMC : « À quelques jours d'une chute probable du gouvernement, il s'achète une mansuétude à l'égard du Rassemblement national, je ne suis pas dupe. Il reste encore beaucoup de soins à supprimer avant d'arriver à un sentiment de justice. »
Reste la morale de l’histoire. À quelques jours de l’échéance, Bayrou fait avec cette proposition de réduction symbolique de l’AME un aveu. Les efforts demandés aux Français étaient prématurés. Il y avait devant la porte de l’État français bien des dépenses à balayer, à commencer par cette subvention symbolique, particulièrement nocive pour le pays. Pendant que Bayrou, à la tête d’un État en faillite, accorde in extremis une concession millimétrique, Trump coupe à nouveau 5 milliards de dollars dans l’aide internationale des États-Unis et ramasse les milliards des droits de douane imposés à ses partenaires, tandis que Milei réduit à la tronçonneuse les dépenses publiques de l’Argentine. Comme Barnier, comme ses prédécesseurs, le capitaine Bayrou ne cherche pas à sauver les passagers et l’équipage : il aura préféré couler le navire et son propre destin plutôt que d’éviter l’iceberg. La mondialisation pratiquée par des fous.