Le mode opératoire décrit par les enquêteurs témoigne d’une extrême brutalité. Le très jeune agresseur, chez qui les experts affirment avoir décelé une « psychopathie émergente », aurait agi en menaçant ses victimes avec un couteau, multipliant les coups portés à la tête, les morsures et les étranglements pour parvenir à ses fins. À l’une d’entre elles, il aurait lancé : « S**ce-moi ou je te bute. »
D’abord interpellé et placé dans un centre éducatif fermé après une première agression, le collégien en classe de quatrième aurait profité d’une sortie autorisée afin de rendre visite à sa famille pour récidiver, s’attaquant à une mère et sa fille. Le parquet de Cergy a, depuis, mis au jour une quatrième tentative d’agression sexuelle, là encore caractérisée par des menaces de mort et une violence inouïe, rapporte le quotidien.
Un phénomène en augmentation
Stupéfiant, le phénomène des agresseurs adolescents ultra-violents demeure pourtant « loin d’être marginal », selon le gouvernement qui a publié, en juin dernier, un rapport sur « les mineurs auteurs d’infractions sexuelles ».
Le document révèle que 58.500 mineurs ont été mis en cause, entre 2017 et 2024, pour des crimes et délits à caractère sexuel. En 2024, selon l’étude, plus d’un enfant sur quatre mis en cause dans ces affaires l’était pour viol, et un sur trois pour agression sexuelle. Entre 2017 et 2024, le nombre de mineurs mis en cause dans une affaire comprenant au moins une infraction à caractère sexuel connaît une progression marquée. Cette hausse, presque ininterrompue au fil des années, traduit une aggravation continue : de 8.900 mis en cause, en 2017, on passe à 15.700, en 2024, soit une augmentation de 77 % ! Des chiffres qui inquiètent l’association de lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants, Colosse aux pieds d’argile, qui rappelle que près d’une victime mineure sur deux est agressée par un autre mineur.
Des violeurs d’une jeunesse stupéfiante
Autre tendance alarmante : l’âge des auteurs, de plus en plus jeunes. Selon le rapport, pour les agressions sexuelles, les 13-15 ans représentent 45 % des mis en cause parmi la population des mineurs qui font l'objet d'une procédure, devant les moins de 13 ans (37 %) et les 16-17 ans (18 %). Pour les viols, les 16-17 ans sont plus nombreux (32 %) que les moins de 13 ans (24 %), tandis que les 13-15 ans concentrent 44 % des affaires sur la période 2017-2024. Quant aux victimes, le rapport souligne qu’elles sont très majoritairement mineures (93 %), mais que 7 % d’entre elles sont des adultes.
Et la Justice ?
La Justice peine à suivre le rythme de l'ensauvagement. Sur les 24.012 affaires d’infractions sexuelles poursuivables entre 2017 et 2024, seuls 14.900 mineurs ont été effectivement renvoyés devant la Justice. Entre 2017 et 2023, 7.900 condamnations ont été prononcées, soit un millier par an. L’agression sexuelle domine très largement, représentant plus de 70 % des jugements rendus pour infractions sexuelles.
Mais la réponse pénale est aux abonnés absents. La prison est bien la peine la plus fréquemment prononcée (57 %), comme s’en targuent juges et magistrats. Mais dans huit cas sur dix, elle est assortie d’un sursis total.
Pour le reste, ce sont 41 % de peines alternatives - sanctions éducatives ou peines de substitution - qui sont censées faire prendre conscience au jeune criminel de la gravité de ses actes. La fermeté affichée par les condamnations s’érode donc largement au moment de l’application des peines. La violence sexuelle au sein de la jeunesse n’a plus rien d’exceptionnel. Reste à savoir si l’État choisira d’y opposer enfin la fermeté… ou de continuer à vouloir « l'accompagner ».