Comme les Algériens...
Rima Hassan a accordé un entretien fleuve au média Thinkerview. Interrogée sur les méthodes du Hamas, elle répond : « Le 7, j’ai déjà eu l’occasion de le dire, c’est un mode opératoire terroriste. » Elle relativise aussitôt : « Mais je veux dire, c’est comme les Algériens quand ils font péter des cafés de Français en Algérie. Car arrive un moment où le FLN se dit "on est à plus de cent ans de colonisation, on se fait massacrer, on a près d’un million de martyrs, ces Français n’ont pas l’air de comprendre qu’on veut notre indépendance". » Et la députée européenne LFI de conclure : « Je crois qu’il faut resituer ces mouvements. L’AFC de Nelson Mandela a été aussi classée terroriste. »
C’est très clair, et même parfaitement explicite : pour Rima Hassan, une action terroriste s'explique dans un certain contexte, où « il n'y a pas d'autre issue », ce sont ses mots. Et, surtout, elle dresse le parallèle entre les massacres du Hamas et ceux du FLN. Oui, le FLN, en Algérie, était un groupe terroriste. Elle en convient bien volontiers. Oui, les exactions qu’ils ont commises contre les pieds-noirs et les harkis en Algérie étaient similaires à celles du 7 octobre en Israël.
De fait, comment ne pas reconnaître dans le modus operandi du Hamas celui du FLN hier : le 20 août 1955, aux prémices de la guerre, une attaque du FLN vise simultanément une quarantaine de lieux dans le Nord constantinois. À Philippeville, À Sétif et ailleurs, des familles, notamment des jeunes femmes et des enfants, furent massacrés et mutilées comme dans les kibboutz, début octobre… déjà au cri d’Allah akbar. Ce n’était pas seulement des meurtres, c’était un massacre assumé, scénarisé, même si - à l’époque, il n’y avait pas de caméra GoPro - inscrit dans la stratégie de la terreur.
Fine mouche
Rima Hassan est fine mouche. Elle voit - avec une intelligence stratégique - dans la comparaison avec le FLN un argument pour excuser le Hamas. Elle ne réfute pas l’évidente similitude ; au contraire, elle s’en sert. Elle s’appuie sur l’extrême bienveillance de la France à l’endroit du FLN, auquel le pire a été pardonné. Use de la même rhétorique, du même champ lexical - colon, colonisé, oppression, résistance, martyrs... - pour dédouaner. Cela permet d’annihiler la capacité de réaction aux événements d’aujourd’hui : FLN et Hamas, même combat. Si la cause des premiers est juste, celle des derniers, aussi. Et pour eux, aussi, la fin justifie les moyens (même les plus abominables).
Le 8 mai 2024 - jour de fête nationale, pour la France, ce n’est pas neutre - elle tweetait : « Ce que fait Israël à la Palestine n’est pas très différent de ce que la France faisait à l’Algérie. » Israël est un pays colonisateur, la France est un pays colonisateur, donc Israël et la France, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.. Une démonstration binaire à grosses cases dont il suffit ensuite de tirer le fil : si « ce que fait Israël à la Palestine n’est pas très différent de ce que la France faisait à l’Algérie », ce qu’a fait le Hamas aux Israéliens n’est pas très différent de ce qu’a fait le FLN aux Français. Mêmes exactions, mêmes méthodes atroces. On a tout accepté sans moufter du FLN. Pourquoi ne ferait-on pas preuve de la même mansuétude envers le Hamas ? Elle hybride pour mieux relativiser. Ceux qui ont brossé dans le sens du poil le FLN - vous vous souvenez de Gérald Darmanin, avec sa gerbe de fleurs devant le monuments des « martyrs du FLN ? - sont pris à leur propre piège.
Reconnaissons au moins à Rima Hassan une certaine honnêteté que d’autres, ficelés dans leur tartufferie, n’ont pas. Au moins, la chose est dite : le Hamas et le FLN, même combat. Un combat aux crimes injustifiables.