Un mot inventé vient de criminaliser près d'un tiers d'un pays. Le saviez-vous ?
Probablement pas. J'ai attendu. Pendant des semaines, scrutant l'actualité, vérifiant les dépêches, attendant patiemment qu'un regard se pose enfin sur ce « fait » qui me semble, par sa radicalité, son abjection, contenir toute l'origine du problème. J'ai espéré qu'un éditorialiste, qu'un correspondant, qu'une voix se lèverait pour dire l'inadmissible. Rien. Le silence s'est installé, méthodique, toujours sidérant, à moins que cela ne soit considéré que comme anecdotique.
La loi n° 13273, adoptée par la Verkhovna Rada le 21 août et signée par le président Volodymyr Zelensky le 29 août 2025 [1], n'a suscité aucun émoi dans nos médias : pas un éditorial, pas une enquête, pas même une seule brève indignée incorporée à la hâte dans le fil de l'actualité. Rien ne presse, rien ne semble indigner donc nos correspondants à Kiev. Ont-ils encore des yeux pour voir, des sources irréfutables pour s'informer ? Oui, peut-être, mais ils manquent de voix ou plutôt de raison pour alerter.
Ce silence n'est pas une simple distraction, mais est devenu un usage, presque une coutume journalistique – il est complicité et, au final, fait ce qu'il cherche à faire : « désinformer ». Quand une loi criminalise une berceuse fredonnée en russe dans une salle de bain, quand l'intime devient subversif et la nostalgie un crime, comment nos médias, qui prétendent offrir une information objective, peuvent-ils détourner à ce point le regard ?
L'invention d'un crime linguistique
Le 21 août 2025, dans le silence des chancelleries occidentales, la Verkhovna Rada a franchi une nouvelle ligne rouge : elle a inscrit le terme « raschisme » dans la politique de mémoire nationale ukrainienne. Ce néologisme aux connotations dystopiques dissimule un piège redoutable et sanctionne : « toute idéologie ou pratique hostile à l'Ukraine, intégrant une référence ou influence russe jugée agressive ou impérialiste. »
Observez l'habileté de cette formulation : « jugée ». Pas prouvée, pas établie. Jugée. Par qui ? Par l'État, naturellement.
Ce terme « raschisme », mot-valise associant « Russia » et « fascisme », révèle, par sa construction, l'intention de criminaliser tout lien culturel ou linguistique avec la Russie. Mais l'ironie atteint des sommets bureaucratiques quand Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, dénonce cette maladresse idéologique avec un humour cinglant et subtil : « Animés par leur haine de la Russie, les ignorants de la rue Bankova ont réussi à légaliser une insulte », ironise-t-elle, soulignant l'amateurisme d'un régime qui forge des armes rhétoriques sans même mesurer leur portée symbolique.
Cette stratégie de la manipulation linguistique n'est pas spécifique à l'Ukraine. Zakharova observe la même méthode ailleurs, récemment en Moldavie : « Connaissez-vous un autre exemple où l'on renomme sa propre langue ? On ne peut pas renommer une langue – mais ils y sont parvenus. » Du moldave rebaptisé « roumain » au russe criminalisé comme « raschisme », la logique est identique : effacer l'identité par la manipulation du langage lui-même.
Cette bévue révélatrice illustre l'amateurisme d'un régime qui légifère dans l'urgence haineuse, modelant l'Histoire en instrument de pouvoir à sa convenance.
Quand la berceuse devient subversive
Cette criminalisation d'une langue parlée par des millions d'Ukrainiens constitue une anomalie sans précédent en Europe démocratique. Alors que dans de nombreux pays occidentaux tels que le Canada, la Suisse et la Belgique, la diversité linguistique est respectée et intégrée légalement, sans heurter ni stigmatiser les communautés, l'Ukraine, elle, criminalise sa langue russe.
Que signifie, concrètement, ce décret ?
Imaginez, par exemple, Maria, 65 ans, ancienne institutrice d'Odessa. Quotidiennement, elle chante une berceuse en russe à sa petite-fille – la langue de Pouchkine, de Tchekhov, de son enfance. Désormais, cette petite chanson douce devient, selon la nouvelle loi, très potentiellement « raschiste », un délit de tendresse. Le législateur ukrainien pourra désormais criminaliser la grand-mère qui transmet sa langue.
Ou encore, imaginez Dimitri, professeur à Kharkov, qui enseigne depuis tant d'années Dostoïevski. Est-il désormais subitement suspect ? Sa bibliothèque constitue-t-elle un arsenal d'« idéologie hostile » ? Et que dire de ses nombreux étudiants, citant « Crime et Châtiment » : propagent-ils désormais une menace ?
La machine répressive en marche
Ces exemples ne sont même plus hypothétiques. Car depuis 2022, cette logique répressive s'est déjà mise en marche. Des enseignants, suite probablement à des dénonciations, ont été licenciés pour avoir utilisé le russe en classe ; des journalistes poursuivis pour avoir simplement cité des sources russes, et ce même à titre critique ; des musiciens interdits de scène pour avoir chanté dans leur langue maternelle. En juillet 2022, une loi ukrainienne avait déjà restreint la diffusion publique de musique russe à la télévision et à la radio, créant une « liste blanche » officielle d'artistes russes autorisés – uniquement ceux ayant publiquement condamné l'agression russe. Les contrevenants s'exposaient à des amendes et à des poursuites administratives, aux conséquences parfois tragiques.
Mais l'absurdité atteint des sommets encore inexplorés : en septembre 2025, Iaroslav Yourtchichine, président de la commission liberté d'expression à la Verkhovna Rada propose d'interdire les films d'animation pour enfants « Masha et Michka » – regardés par 18 millions d'abonnés ukrainiens – parce qu'ils contiennent... un samovar et une balalaïka. Yourtchichine dénonce spécifiquement les « éléments de militarisation » : les épisodes où Masha porte une casquette d'officier soviétique et un casque de tankiste, ainsi que l'ours qu'il interprète comme « symbole russe créant chez les enfants une impression positive de la Russie ». Des instruments de musique suspects deviennent armes de guerre, des histoires pour enfants se transforment en propagande. Voilà où mène le « raschisme » : criminaliser la culture populaire elle-même, transformer l'innocence en menace et la tendresse en délit.
L'Ukraine interdit désormais l'importation de livres imprimés en Russie, et les citoyens russes ne peuvent plus imprimer de livres en Ukraine, sauf à condition d'acquérir la nationalité ukrainienne. Les œuvres d'auteurs russes contemporains sont particulièrement visées. Les enseignants et bibliothécaires doivent respecter ces restrictions, sous peine de sanctions. Des prêtres orthodoxes ont été poursuivis ou contraints de quitter leurs monastères pour avoir utilisé le russe lors de leurs offices. Les médias ukrainiens sont tenus de ne diffuser qu'en ukrainien, et plusieurs journalistes locaux ont été accusés de « trahison » pour avoir simplement interviewé des responsables russes ou cité des médias russes, même à titre critique.
L'État de suspicion généralisée
Le flou entretenu de ce décret n'est certainement pas une maladresse : il est prémédité et calculé — un appel à peine voilé aux délateurs empressés qui savourent leur pouvoir de dénonciation. Ainsi, chaque russophone devient suspect par essence, chaque référence culturelle russe devient potentiellement criminelle. L'État ukrainien institutionnalise, désormais légalement, la suspicion comme méthode de gouvernement – transformant chaque citoyen russophone en coupable potentiel.
Ironiquement, cette radicalisation dépasse et surprend toutes les normes de l'usage des langues. Rappelons que, par ailleurs, la Fédération de Russie, malgré le conflit, n'a jamais interdit l'ukrainien sur son territoire ni criminalisé sa culture comme « idéologie hostile ». La Russie, multiculturelle et multilingue, protège et soutient régionalement toutes ses langues, même les plus minoritaires.
Les Facéties de Zelensky
Cette logique trouve sa parfaite illustration dans la diplomatie schizophrénique de Kiev. À Washington, Zelensky, revêtu exceptionnellement d'un costume, sourit, acquiesce, évoque réconciliation et valeurs européennes. À Kiev, tout s'inverse : ses députés votent la division, des lois qui fracturent le pays.
Cette duplicité stratégique a cependant été évoquée dans les débats internationaux. En 2023, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie a documenté des cas précis d'enseignants, de journalistes et de personnalités publiques ukrainiennes poursuivis pour avoir utilisé le russe en public.
Le « raschisme » triomphe, le culturicide est devenu irréversible : la diplomatie n'est que sournoiserie et devient paravent pendant que la loi s'installe et institutionnalise la persécution.
Mais derrière cette duplicité se cache une vérité nue : Zelensky cherche à sauver sa peau. Acculé par ses parrains occidentaux d'un côté, pressé par les extrémistes de l'autre, il n'a plus d'issue que la surenchère. Chaque décret radical, chaque loi liberticide devient une bouée de sauvetage provisoire – non pour son peuple, mais pour lui-même.
Cette radicalisation n'est pas accidentelle, elle est la logique de l'ultranationalisme. Les parrains occidentaux, ceux de la coalition des volontaires, veulent persuader le monde de leur vision unipolaire, portés par leurs convictions polarisantes. Ils distribuent, au détour de chaque déclaration, leur slogan préféré : « La paix par la force. » Est-ce cela, entendre la modération, sans s'interroger sur les causes réellement profondes du conflit, notamment linguistiques et culturelles ?
Zelensky joue un théâtre de paix qui, en réalité, entretient la guerre. Qu'importent les conséquences : il poursuivra, même au prix du dernier Ukrainien. Et si l'Ukraine interne exige toujours plus de radicalisation, il signe le décret qui consacre la rupture. Discrètement. Froidement. Le crime est acté.
La Chronique Annoncée d'une Trahison Historique
Cette dérive s'enracine dans une succession de promesses balayées, reniées, piétinées, traçant une trajectoire vertigineuse et irrationnelle. Maria Zakharova décrit cette destruction méthodique comme des « mines à retardement » : manipulation du parlement, financement d'ONG déstabilisatrices, révisionnisme, confusion historique – toujours la même logique : imputer les fautes de l'ex-URSS à la seule Russie ethnique – autant d'étapes qui conduisent inexorablement à la criminalisation de la culture russe.
Les fondations trahies (1991-1994)
Qui ose se rappeler que le référendum d'indépendance de 1991 promettait une Ukraine respectueuse de ses minorités ? « L'Ukraine a adopté une constitution non-alignée et non nucléaire. Des lois garantissant l'usage de la langue russe aux citoyens russophones ont été adoptées. C'étaient les véritables garanties de sécurité pour l'Ukraine », rappelle Zakharova. Kiev a progressivement anéanti ces promesses à travers une centralisation autoritaire. Le Mémorandum de Budapest de 1994 garantissait les droits linguistiques des russophones en échange de la renonciation nucléaire ukrainienne. Ces droits furent méthodiquement piétinés.
L'ingérence occidentale (2004-2014)
La Révolution orange fit affluer capitaux et technocrates atlantistes, déconnectés des réalités locales. Maïdan 2014, né d'une colère populaire contre la corruption, scella la rupture avec son slogan répété comme une incantation : « Qui ne saute pas est un Moskal ! » — ce terme profondément péjoratif et déshumanisant désigne les russophones comme des êtres inférieurs, quasi sous-humains. Les manifestants, récupérés et instrumentalisés par les plus radicaux avec le soutien de la CIA et dans la perspective d'une intégration à l'OTAN, éructaient en cadence dans une véritable chorégraphie de haine sur les pavés glacés de Kiev. Ce mouvement, initialement spontané, fut rapidement infiltré par des groupuscules néonazis et avalé par un agenda occidental, financé notamment par des réseaux comme ceux de Soros. Ensuite, le coup d'État de Maïdan entériné, Kiev bombarda dès avril 2014 sa propre population du Donbass – bombardements documentés par l'OSCE, avec environ 14 000 morts, dont de nombreux civils, et cela bien avant l'opération militaire russe.
L'escalade légalisée (2015-2025)
Les accords de Minsk, censés protéger l'autonomie orientale, furent sabotés. Merkel l'avoua en décembre 2022 : « Les accords de Minsk de 2014 étaient une tentative de donner du temps à l'Ukraine. » Entre 2019 et 2024, les lois linguistiques effacèrent progressivement la culture russe de l'espace public – mesures jugées par la Commission de Venise comme « disproportionnées » et contraires aux standards européens de protection des minorités. Cette escalade culmina avec les lois de 2022 sur la musique et les livres russes, puis la systématisation des poursuites contre enseignants, journalistes et religieux russophones. Le « raschisme » de 2025 consacra légalement cette logique d'exclusion.
Les Experts Géopolitiques de la Division
Cette course à l'escalade dépasse la seule responsabilité ukrainienne. Zbigniew Brzezinski, dans Le Grand Échiquier (1997), l'avait déjà théorisé : l'Ukraine comme « pivot géopolitique » destiné à affaiblir la Russie. Cette doctrine n'est pas restée théorique ou hypothétique, elle nourrit les thinktanks de la CIA et conseille le Pentagone : chaque administration américaine, depuis Bush jusqu'à Biden, a appliqué cette grille de lecture géostratégique, transformant l'Ukraine en laboratoire d'affaiblissement continu de la Russie. S'appuyant sur l'État profond américain, les néoconservateurs ont méthodiquement financé les révolutions de couleur, formé une génération de « Young Leaders » atlantistes aujourd'hui au pouvoir, et exploité le révisionnisme historique pour maintenir un chaos permanent aux frontières russes.
Cette tactique sournoise trouve une confirmation troublante dans l'observation de Zakharova sur les dirigeants occidentaux actuels : « C'est de la haine qu'ils éprouvent envers nous, une haine qui, toutes ces années, était enfouie quelque part, et qui maintenant éclate pleinement. » Elle souligne l'expression physique de cette hostilité : « Je me souviens du visage de Victoria Nuland, sous-secrétaire d'État américaine, littéralement déformé à l'évocation de la Russie. » Cette haine a trouvé ses relais les plus zélés.
La complicité du silence occidental
Paradoxalement, presque personne ne s'en soucie : cette politique ukrainienne viole pourtant les principes que l'Union européenne défend ailleurs. Multilinguisme, protection des minorités, dialogue interculturel : ces valeurs, si chères à Bruxelles, sont ici bafouées. L'UE, qui sanctionne la Hongrie pour ses lois sur les ONG financées de l'étranger, ferme les yeux sur une Ukraine qui criminalise une langue parlée par plus de 30 % de sa population.
Le cynisme culmine lorsque Kiev ose, sans nuances, qualifier de « terroristes » les civils russophones du Donbass, qu'elle bombarde depuis 2014, avec l'appui de bataillons néonazis avérés (Azov, Aidar, Secteur Droit) intégrés dans ses forces régulières. La Russie, acculée par cette escalade encouragée par l'OTAN et face aux bombardements intensifiés dès le 16 février 2022, a justifié son intervention comme une protection des populations russophones.
L'Engrenage Fatal
Un État qui traque près d'un tiers de ses citoyens pour leur langue ne construit pas la démocratie : il programme et perpétue la guerre civile tout en réveillant les instincts délateurs les plus vils, offrant aux conformistes l'occasion rêvée de régler leurs comptes linguistiques. Une nation qui fait de sa mémoire un tribunal permanent ne prépare pas la réconciliation : elle institutionnalise la vengeance.
Le « raschisme » n'est pas qu'un mot, c'est un système : suspicion d'État, culpabilité héréditaire, peur légalisée. C'est la méthode des régimes désignant des populations entières comme intrinsèquement dangereuses.
L'ironie atteint ici des abîmes de l'absurde jusque-là inexplorés en Europe : Kiev criminalise le « raschisme » (Russia + fascisme) tout en intégrant officiellement dans ses forces régulières des bataillons ouvertement néonazis, arborant wolfsangel, soleil noir et autres symboles fascistes historiques. Un régime qui dénonce le fascisme russe imaginaire tout en décorant des combattants aux insignes néonazis réels. Stepan Bandera, collaborateur nazi, devient héros national, pendant que fredonner une chanson en russe devient potentiellement criminel. Cette inversion autoritaire révèle la nature profondément perverse d'un système qui combat ses propres démons en les projetant sur l'autre.
Cette radicalisation précède le conflit actuel : les lois linguistiques de 2019, l'interdiction des partis d'opposition – tout existait avant février 2022. L'argument « c'est la guerre » ne peut justifier des politiques antérieures à cette guerre, enracinées dans une idéologie revancharde qui a rendu ce conflit inévitable.
La Fuite en Avant Perpétuelle
Cette radicalisation trouve sa confirmation tragique dans l'attitude ukrainienne face aux pourparlers de paix. Moscou pose comme condition préalable à la paix la reconnaissance des causes profondes du conflit – notamment le sort des populations russophones et la révision des lois linguistiques discriminatoires. Zelensky refuse catégoriquement tout retour en arrière, y compris sur le harcèlement de l'Église orthodoxe ukrainienne. Pourquoi ?
Cette intransigeance révèle le piège dans lequel Zelensky s'est enfermé : prisonnier des éléments ultranationalistes qui ont noyauté son régime, il ne peut plus reculer sans risquer sa survie politique. L'UE et l'OTAN, incapables de reconnaître leur défaite géopolitique, poussent Kiev vers cette radicalité suicidaire plutôt que d'admettre l'échec de leur stratégie d'affaiblissement de la Russie. Ces régiments ultranationalistes, disposant d'une influence politique démesurée, utilisent la guerre comme levier pour verrouiller toute idée de paix.
Washington et Bruxelles préfèrent sacrifier l'Ukraine sur l'autel de leur orgueil plutôt que de négocier en reconnaissant les faits. Chaque sommet, chaque déclaration atlantiste enfonce un peu plus Kiev dans l'impasse, renvoyant systématiquement la diplomatie dans les cordes au profit d'une escalade militaire aux conséquences toujours plus tragiques pour l'Ukraine.
La paix exigerait de reconnaître précisément ce que cette alliance occidentale refuse d'admettre : que leur projet de démembrement de la Russie a échoué ; que leur instrumentalisation de l'Ukraine a créé une tragédie ; que leurs « valeurs démocratiques » ont couvert une oppression institutionnalisée. L'Ukraine se retrouve ainsi condamnée à une fuite en avant perpétuelle, incapable de faire la paix parce qu'incapable – avec ses parrains occidentaux – de regarder ses propres responsabilités.
Regarder la Réalité en Face
Ignorer cette dérive, comme le font les médias occidentaux, c'est se rendre complice de sa perpétuation. Comment expliquer ce silence face à une loi qui transforme ces citoyens fredonnant une chanson en suspects potentiels ? Reconnaître cette escroquerie légalisée obligerait l'Occident à admettre que ses « alliés » se conduisent comme des régimes autoritaires.
L'effroi naît de cette évidence : nous assistons, tétanisés, à la fabrication méthodique d'une tragédie. Cette loi ne pacifiera rien – elle nourrira les ressentiments les plus profonds, transformera chaque interaction quotidienne en soupçon, chaque transmission culturelle en acte subversif. Les russophones, sans voix, déjà martyrisés, s'enfonceront dans une détresse encore plus grande, abandonnés par un Occident qui préfère fermer les yeux.
La résolution de ce conflit exige la reconnaissance des faits, non leur occultation.
Il faudra restaurer les droits linguistiques garantis par le Mémorandum de Budapest, dénoncer la fabrication d'ennemis intérieurs comme méthode de gouvernement, et reconnaître que la paix naît de la justice, non de l'oppression institutionnalisée. L'Occident devra appliquer ses propres standards démocratiques de manière cohérente, plutôt que de les suspendre pour des raisons géopolitiques et idéologiques.
Tant que cette réalité ne sera pas regardée en face, l'Ukraine restera enchaînée à un engrenage qui broie les citoyens en suspects, la culture en crime, la mémoire en poison. La tragédie se nourrira d'elle-même, perpétuellement alimentée par ceux qui, des deux côtés de l'Atlantique, prospèrent dans la division et font commerce de la haine.
L'Histoire jugera. Peut-être dans dix ans, ou plus tard, voire jamais, et alors nous sombrerions dans le pire des scénarios dystopiques, malheureusement plausible, où l'humanité serait égarée et définitivement perdue. Et d'ici là, combien de vies auront déjà été, et seront encore, brisées par cette machine à fabriquer des ennemis intérieurs ? Le système ukrainien, soutenu par des pactes douteux, porte en lui les germes de sa propre destruction. C'est fatal, triste et indéniable : on ne peut gouverner indéfiniment un tiers de sa population par la peur et l'éducation à la haine sans que notre humanité tout entière ne s'effondre.
Cassandre G, été 2025
Sources :
[1] UNN, "Zelensky signed a law officially introducing the term rashism", 29 août 2025 ; Euromaidan Press, "Ukraine legally defines rashism as totalitarian ideology", 29 août 2025.
https://unn.ua/en/news/zelenskyy-signed-a-law-officially-introducing-the-term-rashism
https://euromaidanpress.com/2025/08/29/for-first-time-ukraine-legally-defines-rashism-as-totalitarian-ideology-combining-russian-communist-and-nazi-practices/?utm_source=chatgpt.com#google_vignette
https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/raschisme-et-culturicide-comment-l-263186