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LR divisé sur la participation au gouvernement Lecornu : vers des débauchages ?

Capture d'écran
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Retailleau sait-il cheffer et a-t-il suffisamment cheffé, selon le verbe fétiche de Chirac ? C'est la question qui se pose, à l'issue du Bureau politique de samedi qui a acté un soutien « texte par texte » au gouvernement Lecornu, mais sans participation, les conditions n'étant pas réunies.

Retailleau a l'appareil et la base avec lui

On peut penser que Retailleau a laissé des plumes, dans la mauvaise pièce qui se joue depuis des jours autour de Lecornu, mais sa décision d'acter une rupture dans la participation, après un an de responsabilités à Beauvau, se défend. Et elle est relativement habile : le retour de Le Maire, la dénonciation des mensonges de l'exécutif sont cohérents et parlent à l'électorat. Retailleau pourra arguer qu'il est allé jusqu'au bout de ce qui lui était possible, sans jouer la politique du pire, mais qu'avec la tambouille Lecornu destinée à amadouer le PS, participer aurait été se renier. Fort de tout ça, et furieux de ne pas avoir été prévenu de la reconduction de Lecornu, Retailleau a, selon Le Parisien, clairement posé les enjeux lors du Bureau politique : « Ce gouvernement ne tiendra pas longtemps, il ne tient que sur la bonne volonté du PS. Ce ne sont pas des couleuvres qu’on devra avaler mais des boas. Si on accepte la participation, c’est le dernier acte de dissolution dans le macronisme. » Clair pour l'avenir, révélateur sur le compagnonnage passé avec les macronistes...

Retailleau a aussi pris soin de prendre à témoin les adhérents, qui l'ont plébiscité, dans un courriel : « Depuis un an, j’ai moi-même tout tenté pour contribuer à la stabilité du pays. Mais depuis dimanche, les choix totalement déconnectés du président de la République apparaissent comme une fuite en avant qui désespère les Français, écrit-il. Ma conviction, c’est que la droite ne peut pas participer à un gouvernement qui incarnera le macronisme finissant. » Et ses adversaires reconnaissent que Retailleau a la base pour lui : « On sait d’avance que ça sera un raz de marée en faveur [des positions] de Retailleau, mais ce n’est pas notre problème », assure l'un d'eux, dans Le Monde. Quoi qu'il en soit, dans un parti normal, tout le ban et l'arrière-ban auraient dû suivre le chef : cohérent avec ses valeurs, avec son électorat, avec les LR du Sénat, dont l'incontournable Larcher qui a estimé qu'il n'y avait plus de possibilité de « participation digne ». Et, surtout, parfait en termes de kairos. Le moment ou jamais de quitter le Titanic. Mais voilà, c'était sans compter sans certains députés LR...

Ces députés LR tentés par les sirènes de Lecornu et Macron

La tension lors du Bureau est venue du refus de certains députés LR de suivre la ligne Retailleau, craignant pour leur réélection en cas de dissolution. Et possiblement déjà approchés (voire débauchés) par Lecornu et Macron ! On croit rêver : être tenté et passer au macronisme en 2017, au temps du macronisme flamboyant, cela se comprenait. Mais là, alors que même ses partisans, même ses débauchés de la première heure, comme Édouard Philippe, le fuient... Faut-il être aussi aveugle que lui pour penser que quelques jours ou quelques semaines de plus éloigneront le châtiment des urnes qui se profile d'autant plus violent que durent ces combines ? Et, surtout, avec leurs malheureux 45 députés, pensent-ils tomber plus bas ? Alors que la figure de Retailleau leur promet de meilleurs sondages ? Cette fronde des députés LR est irrationnelle, vu la situation. En tout cas, le débauchage des LR n'est pas un fantasme d'éditorialiste : la sénatrice Muriel Jourda, citée par Le Parisien, a mis les pieds dans le plat : « Est-ce que certains députés ont déjà été approchés par le Premier ministre ? » Et du côté des traîtres inconséquents, l'ambition ne se cache même pas. L'un d'eux est formel : « La position du parti n’engage personne » !

Vincent Jeanbrun, futur ministre de Lecornu ?

En tout cas, une figure controversée de LR se détache, dans ce bal des possibles débauchés : celle de Vincent Jeanbrun, cet élu de L'Haÿ-les-Roses rendu célèbre lors des émeutes consécutives à la mort de Nahel pour avoir subi une violente agression jusque dans son domicile privé. Depuis, il s'est montré un bon petit soldat Macro-compatible, très anti-RN, notamment face à Jordan Bardella. Et, disons-le, assez inconsistant. Or, par le poids de ses mots et le choc de la photo de samedi, Vincent Jeanbrun a clairement fait un coming out lecorniste.

Comment peut-on voir, dans cette reconduction hasardeuse de Lecornu, un gage de « stabilité » ? Bien sûr, Jeanbrun sera un parlementaire « à la hauteur ». Et pourquoi pas un ministre, puisque Lecornu peine à en trouver et ne veut plus de têtes de gondole ! C'est l'heure des seconds rôles. Ou des seconds couteaux. Confirmation de la promotion de Jeanbrun dans l'orbite macroniste a été donnée par le choix de la première visite de l'ex-nouveau Premier ministre : le commissariat de... L'Haÿ-les-Roses, chez Vincent Jeanbrun, avec Vincent Jeanbrun sur la photo, pile poil à côté de Nuñez, à la place du ministre de l'Intérieur démissionnaire ! Ce n'est même pas subliminal. La suite au prochain épisode...

Frédéric Sirgant

https://www.bvoltaire.fr/lr-divise-sur-la-participation-au-gouvernement-lecornu-vers-des-debauchages/

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