Plutôt le retour au socialisme en lambeaux que la parole redonnée aux Français. C’est à cette survie paniquarde que s’est prêté hier Laurent Wauquiez, patron des députés LR, qui a appelé son groupe à ne pas voter la censure demain pour éviter une dissolution et de nouvelles législatives. Cette faute démocratique discrédite son auteur. Son irresponsabilité met aussi un terme à l’ambition qu’avait Bruno Retailleau de faire des Républicains un mouvement alternatif crédible au macronisme. Certes, le président LR a expliqué pour sa part qu’il censurerait le gouvernement, jeudi, s’il était député. François-Xavier Bellamy et David Lisnard sont aussi sur cette position.
Cependant, l’absence d’autorité de Retailleau sur sa formation parlementaire le rend spectateur du naufrage de son parti. L’histoire de l’effondrement des LR retiendra que la droite de gouvernement, jugeant le programme RN dangereux car socialiste, aura apporté le soutien de ses députés à une politique dictée par Olivier Faure (PS) et la CFDT à Sébastien Lecornu, pour prix de son sursis comme premier ministre. Outre la suspension des retraites, le gouvernement prévoit 14 milliards d’euros de hausses d’impôts, notamment sur les plus riches, et un programme d’économie réduit au minimum (25 milliards). A moins que les députés LR ne retrouvent très vite la raison en refusant d’acter leur suicide politique, ils s’apprêtent à participer à un putsch parlementaire conduit par un PS fantomatique (10% des députés) représentant une idéologie en faillite ayant fait 1,7% à la dernière présidentielle. La démocratie sera la première victime.
Les Français sont les derniers otages oubliés. Il est urgent de les délivrer d’une classe politique qui a perdu le Nord. Cette caste ne pense qu’à une chose : sauver sa peau en maintenant l’étouffoir sur la société éruptive. Alors que le progressisme est comptable des désastres économiques et civilisationnels accumulés en son nom depuis des décennies, son retour par chantage parlementaire illustre la déchéance d’un système sclérosé et la plaie de l’aveuglement dans la conduite de la politique. L’effondrement du macronisme, avatar de la sociale-démocratie en déroute, a pour effet paradoxal de redonner de l’autorité à des idées tordues. On savait Emmanuel Macron prêt à tout pour s’accrocher à son pouvoir monarchique. Le voir néanmoins se résoudre à enterrer la seule réforme de son quinquennat pour sauver son énième gouvernement dit sa radicalité. Un homme dangereux s’est retranché à l’Elysée. Il est soutenu, dans un pacte de corruption tacite, par des députés qui, comme s’en est félicité Lecornu jeudi dernier, représentent « une majorité absolue qui refuse la dissolution », c’est-à-dire qui craignent une victoire plus que probable du RN. La débandade des LR incitera-t-elle enfin Retailleau à couper les ponts avec ceux de son groupe qui veulent se diluer dans le moribond « bloc central » et qui l’entrainent dans leur traitrise ? Beaucoup de temps a été perdu. Marine le Pen peut dire merci à ses pitoyables adversaires. Ils la défendent si bien.
Mes interventions sur Ligne Droite (8h45-9h) et CNews (14h-15H)
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