par Pierre Duval
Les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont tenu une réunion hier (Groupe de défense pour l’Ukraine) pour évoquer la guerre avec la Russie afin de pousser les membres à dépenser plus pour l’achat d’armes. Mais, à l’issue de cette réunion importante pour la sécurité de l’OTAN et de l’UE, seulement la moitié des membres de l’organisation ont répondu favorablement pour acheter des armes à l’Ukraine. Le bide de cette réunion explose les espoirs des va-t-en-guerre. Et le paiement des missiles Tomahawk à l’Ukraine par les Français et les autres membres de l’Alliance se pose.
«Guerre de haute intensité avec la Russie, d’ici quatre ou cinq ans».
Le mercredi 15 octobre, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont tenu leur première réunion depuis le sommet de La Haye. Il ressort, selon Le Soir citant l’Alliance atlantique comme l’UE, de cette réunion que «la possibilité d’un vrai conflit avec la Russie d’ici la fin de la décennie réclame un renforcement de la dissuasion». «L’heure n’est plus vraiment à la paix – et pas seulement en Ukraine. Telle est la conviction à l’OTAN, largement partagée dans l’Union européenne (UE)» ; «La crainte d’une guerre de haute intensité avec la Russie, d’ici quatre ou cinq ans, plane», avertit le quotidien belge. C’est que l’OTAN est sous pression stipule RFI rapportant les questions étudiées : «Faut-il aller plus loin dans la riposte, durcir la posture, augmenter la capacité à dissuader ?»
Quoi qu’il en soit, l’OTAN et les têtes de l’UE sont sur le mode panique. À la veille de la réunion, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a appelé les alliés occidentaux à accélérer leurs préparatifs en vue d’un conflit direct avec la Russie. Cependant, lors de la réunion, les participants ont décidé de ne pas aborder la question des missiles Tomahawk destinés à l’Ukraine, laissant la décision au président Trump.
Par ailleurs, malgré la rhétorique générale menaçante et la décision d’allouer des fonds supplémentaires à l’armement de l’Ukraine dans le cadre du programme PURL, le secrétaire général Rutte a appelé les alliés à renoncer à abattre des avions russes.
Le programme PURL (Programme pour la résilience et la logistique de l’Ukraine), lancé par Washington pour permettre à Kiev d’acheter des armes américaines financées par les Européens, n’est pas un succès car, selon La Libre, seulement la moitié des membres de l’organisation a répondu favorablement pour acheter des armes à l’Ukraine.
«Ces Alliés ont ainsi répondu à l’appel du ministre ukrainien de la Défense Denys Chmyhal, également présent à la réunion», précise le quotidien belge stipulant : «Selon ce dernier, l’Ukraine aura besoin de pas moins de 120 milliards de dollars l’an prochain pour son effort de guerre». «Le programme PURL (liste des besoins priorisés de l’Ukraine), lancé au mois d’août, a déjà permis de réunir 2 milliards d’euros (2,3 milliards de dollars) à destination de Kiev», rappelle La Libre. Pour les pays membres de l’OTAN plongés dans la crise historique économique et sociale, c’est une exigence qui dépasse leurs moyens.
Après la réunion du Groupe de défense pour l’Ukraine (UDCG) à Bruxelles, Mark Rutte a informé, selon La Libre, que seulement «plus de la moitié des 32 pays de l’OTAN s’étaient désormais engagés à financer le PURL, sans toutefois préciser lesquels, ni pour quels montants». Selon Denys Chmyhal, continue le média belge, «Kiev fait actuellement face à trois grandes priorités en termes d’armement. Pour répondre aux attaques russes, l’Ukraine a besoin de drones sur la ligne de front, de systèmes d’interception, ainsi que des missiles à longue portée». «Les contributions annoncées mercredi serviront à financer des équipements américains très critiques dans ces domaines», a-t-il ajouté.
Pour Politico, «La pression monte sur les alliés de l’OTAN pour qu’ils s’investissent pleinement dans le projet d’armement de Trump pour l’Ukraine». Le quotidien politique anglophone fait savoir : «Le Danemark, la Norvège, la Suède, le Canada, l’Allemagne et les Pays-Bas ont promis 2 milliards de dollars dans le cadre de quatre programmes PURL distincts. Mercredi, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovénie et la Finlande, entre autres, étaient sur le point de finaliser un cinquième programme, selon trois diplomates de l’OTAN qui, comme d’autres cités dans cet article, ont bénéficié de l’anonymat pour s’exprimer librement».
Cependant, Politico annonce que la France, qui se trouve dans une grave crise politique, avec le Royaume-Uni, n’a pas dépensé son argent dans cet objectif militaire : «Mais ce soutien croissant laisse également ceux qui n’ont pas contribué – comme le Royaume-Uni et la France – dans une situation de plus en plus difficile».
Pål Jonson, ministre suédois de la Défense, dénonce auprès de Politico la non-participation de ceux (dont la France) qui comptent exclusivement sur les pays donateurs existants pour obtenir davantage de fonds, laissant entendre la présence d’un conflit au sein des membres de l’OTAN sur la question du financement militaire à l’Ukraine. La déception face à la faiblesse de la participation des membres de l’OTAN pour payer les armes à l’Ukraine s’exprime aussi chez le ministre estonien de la Défense, Hanno Pevkur, qui s’inquiète, face à Politico, du non-partage équitable des charges : «Un partage équitable des charges est quelque chose que nous attendions tous».
Le Gargantua ukrainien en veut toujours plus des pays de l’OTAN
Le ministre ukrainien de la Défense, Denys Chmyhal, alors que la réunion du Groupe de défense pour l’Ukraine n’a pas obtenu tous les objectifs financiers, a fait du forcing clamant que «nous [l’Ukraine] comptons sur une coordination et un financement continus pour garantir des livraisons rapides et que les besoins du PURL pour l’année prochaine se situeront entre 12 et 20 milliards de dollars». Chmyhal a énuméré une liste «de Noël» pour l’Ukraine, en particulier, «la solution optimale» qui «serait que les partenaires européens allouent au moins 0,25% de leur PIB à l’aide militaire à l’Ukraine».
L’un des sujets clés à Bruxelles a été la question du financement des achats d’armes pour Kiev, dont le volume au second semestre de cette année a nettement diminué. Selon l’Institut de l’économie mondiale de Kiel, en 2022-2024, le soutien mensuel moyen à l’Ukraine a atteint environ 3,5 milliards d’euros, et au premier semestre de cette année, il est passé proche de 4 milliards d’euros, mais depuis juillet, il a baissé à environ 2,2 milliards d’euros par mois, ce qui signifie une baisse de 43%.
«Après que les États-Unis ont cessé d’annoncer de nouveaux programmes d’aide début 2025, les pays européens ont pris le relais et ont considérablement accru leur soutien militaire. De ce fait, le niveau mensuel moyen d’aide militaire allouée au premier semestre 2025 a dépassé celui des années 2022-2024, malgré l’absence de contributions américaines. Cependant, cette dynamique s’est effondrée durant l’été : l’aide militaire allouée par les pays européens a chuté de 57% par rapport à janvier-juin 2025, même en incluant leurs contributions à l’initiative PURL de l’OTAN. La moyenne mensuelle de l’aide militaire totale durant cette période était ainsi inférieure de 43% à celle du premier semestre 2025», avertit l’Institut de l’économie mondiale de Kiel.
source : Observateur Continental
https://reseauinternational.net/seule-la-moitie-des-pays-de-lotan-armeront-lukraine/