
La classe politique flageolante n’a qu’une peur : être « débordée par les extrêmes ». Les « extrêmes » sont, aux yeux de ceux qui s’accrochent au pouvoir, ces Français qui fuient la sociale démocratie naufragée et le centrisme immobile, pour rejoindre majoritairement le courant national. Le théâtre politicien va consister, cette semaine, à tenter d’éviter, par des compromis parlementaires, le recours à la censure du gouvernement qui appellerait à des législatives trop risquées. C’est dans cette époque en sursis qu’il faut comprendre les manœuvres dilatoires des députés, mais aussi les recours ultimes aux mensonges et censures venus du gouvernement et des autorités publiques. Invité le 20 octobre sur LCI, le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez assurait ainsi devant Darius Rochebin, à propos des clandestins : « Je ne veux pas donner de chiffres pour ne pas nourrir la polémique ».
Il situait néanmoins le nombre « entre 200.000 et 300.000 ». Le mercredi, pressé par Sonia Mabrouk sur Europe 1, Nunez concédait 700.000 sans papiers, dont 466.000 bénéficiaires des aides médicales gratuites (AME). Le soir-même, sur LCI, Bruno Retailleau, son prédécesseur, déclarait : « Il y a près d’un million de clandestins en France ». Or cette dissimulation d’une réalité dit la corruption intellectuelle de l’actuel ministre de l’Intérieur, qui assure également : « Entre immigration et insécurité, je n’établis pas de liens ». Mais les faits sont têtus : deux des quatre cambrioleurs du Louvre, arrêtés samedi soir via la Seine-Saint-Denis, s’apprêtaient à rejoindre l’Algérie et le Mali. Ces mensonges d’Etat persistent à prendre les gens pour des imbéciles. Ces procédés sont aussi improductifs que la dernière décision de la commission paritaire des publications et agences de presse, qui a retiré l’agrément public pour la revue de droite La Furia, de Laurent Obertone, la privant de certaines facilités. France Soir, trop persifleur, a déjà subi ce même traitement proche de la censure.
La bêtise est ce qui ressort de cette caste aux abois. Elle ne produit rien, sinon toujours plus de défiance. L’exposition, sur la délicate Place Vendôme, d’une énorme grenouille gonflable, cul en l’air, est aussi le résultat de ce système en vase clos, qui s’autoprotège et s’autocongratule. Sur les panneaux expliquant le message d’Alex Da Corte, le « créateur » de cette laideur verte, il est écrit : « L’œuvre incarne l’intérêt de l‘artiste pour la manière dont les icônes culturelles absorbent et révèlent nos angoisses collectives ». Inutile de préciser que ceux qui voient dans ce baratin pompeux un foutage de gueule supplémentaire font partie, pour la pensée mondaine, de ces « extrêmes » qu’il s’agit de faire taire. Mais ce monde faux touche à sa fin tant il est ridicule. La Justice aurait-elle perçue l’irritation de l’opinion ? En ayant condamnée vendredi la meurtrière de Lola, 12 ans, à une peine de perpétuité incompressible, la Cour d’Assises de Paris ne s’est pas laissée aller à la victimisation de Dahbia Benkired, Algérienne sous OQTF au passé tortueux. Lors de son arrestation en 2022, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, avait pourtant expliqué (RTL, 18 octobre) que l’accusée était « manifestement connue comme victime de violences conjugales en 2018 ». Serait-ce la fin de la culture de l’excuse ?
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