
Cette dame s’est plainte de nombreuses fois à ses enfants pendant un an. Tout paraissait si bien à l’Ehpad. Tout le monde était si gentil. Ses enfants ont cru que si leur mère avait des hématomes sur le visage, c’est qu’elle se cognait à la barrière du lit. Ou alors, qu’elle perdait un peu la tête. Jusqu’au jour où ses hématomes étaient si graves que ses filles ont décidé de mettre une caméra cachée dans sa chambre.
Leur mère se plaignait d’être battue par un homme mais la direction disait qu’il n’y avait pas d’homme. C’est en regardant les vidéos que les enfants ont découvert qu’il y avait bien un homme dans l’Ehpad, la nuit. Elles l’ont dit à la direction.
La direction a avoué que oui, il y avait bien un homme, la nuit. Mais « si gentil, si dévoué, si aimé de tout de monde ! Et même, il adore votre mère !… » Ben voyons. C’est comme ces terroristes dont les voisins affirment ensuite qu’ils étaient si gentils, si serviables qu’on n’aurait jamais cru qu’ils agiraient de manière aussi horrible.
Au même moment, la dame est tombée de son lit, elle est restée plus d’une heure par terre, elle s’était cassé le col du fémur. Et sur une vidéo, on voit « l’homme » la tirer par les cheveux, la traîner par terre en l’insultant puis la jeter sur son lit sans ménagement.
Pour couronner le tout, il la traitait de sale pute.
La dame ne pourra plus jamais marcher de sa vie, en raison de ces mauvais traitements.
Il y a eu un procès, au cours duquel on n’a pas pu visionner la vidéo car c’était trop violent. La cour a juste fait écouter les sons. L’homme a écopé de cinq ans de prison dont trois ferme, et a été interdit définitivement de travailler dans un Ehpad. C’est un peu doux comme sanction. On aurait pu espérer plus sévère.
Sous l’Ancien Régime, on lui aurait arraché les ongles un à un, on l’aurait sévèrement battu et on l’aurait jeté dans un cul-de-basse-fosse. Mais sous l’Ancien Régime, il n’y avait pas d’Ehpad. Les vieux vivaient rarement très vieux et leurs familles les gardaient chez elles, la plupart du temps avec joie et affection et dans la simplicité. Mais les temps ont changé, comme on dit.
Et il y a tous les jours des affaires comme celle-ci qui sortent. Dans toute la France des pensionnaires d’Ehpad sont maltraités, insultés et des femmes sont agressées sexuellement.
Comme cette femme de 94 ans qui se plaint d’avoir été agressée sexuellement et qui n’est pas en état de donner les détails.
Ou cette autre femme qui a eu accès à un escalier qui aurait dû être fermé et ne l’était pas. Elle s’est cassée en mille morceaux.
Cette femme encore qui, tombée, a vomi au sol. Quand le soignant est venu, il a essuyé par terre avec la couverture et… a remis la couverture sur le lit. Après, on dit que les personnes âgées sentent mauvais.
À croire que des diversitaires ou des gens rendus malades d’un syndicalisme outrancier veulent faire payer la vie dorée que ces personnes sont supposées avoir eue avant d’entrer en Ehpad.
Et il n’y a pas que les coups et les gifles. L’impossibilité de s’occuper comme il se doit d’un pensionnaire faute de personnel équivaut à de mauvais traitements.
Par exemple cette femme âgée qu’on n’a pas eu le temps de coucher. Elle a passé toute la nuit dans son fauteuil. Surtout, elle est restée treize heures dans une couche répugnante.
Ou cette autre à laquelle on avait mis une minerve, on se demande bien pourquoi. Sans sa fille venue la voir et qui a desserré la minerve, elle aurait pu s’étouffer.
On devrait contraindre les Ehpad à prendre le personnel en nombre suffisant. Car on ne peut pas, hors mauvais traitements bien sûr, jeter la pierre entièrement aux aides-soignants.
Certains Ehpad sont gérés comme des boîtes à fric. Au dépens de nos anciens, qui deviennent victimes du plus vite, plus vite, à l’heure de leur vie où ils sont moins rapides en raison de leur âge et aimeraient prendre un peu de temps. Et avoir si ce n’est de l’affection, au minimum du respect.
Les aides-soignants ont très peu de minutes pour changer les pensionnaires trop nombreux, les laver, les coucher. L’un d’eux raconte qu’il a treize minutes pour enlever le pyjama, laver sommairement, mettre une couche, habiller, descendre pour le déjeuner.
Ils ont peu ou pas de temps pour les faire manger ou les aider à manger. Au bout d’un moment, on enlève les assiettes, même pleines. Beaucoup de pensionnaires sont donc déshydratés, dénutris. Tout le monde se souvient de cet Ehpad très cher, qui faisait des économies sur la nourriture… notamment sur le nombre de biscottes au petit-déjeuner !
Pour leur faire prendre leurs remèdes, on écrase souvent ceux-ci avec la nourriture, la rendant infecte.
La rentabilité dans les Ehpad est un concept détestable. Le pensionnaire devient un numéro dans la boîte à fric, il doit tout supporter sous peine d’être tapé, et ne pas coûter trop cher. La famille est souvent loin et, malgré elle, inefficace.
Sans parler de ces Ehpad où les « clients » sont piqués définitivement, ni vu ni connu je t’embrouille.
Et il y aurait en France 700 000 personnes âgées seules, sans amis, sans famille. Leurs derniers jours risquent fort de ne pas être drôles du tout.
D’ailleurs, nous avons tous du souci à nous faire. Pour les nôtres et pour nous-mêmes. Car nous sommes tous menacés par ces fins de vie misérables, tout à fait sordides, totalement dépourvues d’humanité.
Sophie Durand