Des centaines de coups de téléphone sans résultat
En 2015, quand le Breton a ouvert son entreprise, il a pris un véhicule électrique, l’a déclaré au service de la voirie de Paris et pensait ainsi bénéficier des places de stationnements gratuites. Il a reçu quelques amendes injustifiées au début. Il a mis cela sur le compte des délais de traitement du dossier et a toujours préféré payer. En 2022, il a changé d’utilitaire électrique et, ne recevant plus aucune amende, s’est dit que le problème était réglé. Il a fait un changement d’adresse en bonne et due forme quand, la même année, il est revenu s’installer à Auray, en continuant à traiter ses commandes dans Paris, soit sur rendez-vous, soit dans l’urgence. Il n’a jamais reçu d’avis de contravention depuis des années, ni de relance, ni quoi que ce soit d’autre.
Pour comprendre et pour pouvoir contester ce racket, Gérald Guégan a passé des centaines de coups de téléphone. Il a entendu un paquet de fois les Quatre Saisons de Vivaldi. Il a envoyé des rafales de courriels. Il s’est même déplacé physiquement dans les services concernés, pour tomber sur des portes closes, sur lesquelles un panneau proposait sobrement : « Contactez-nous par mail »… Des mails auxquels il n’a, évidemment, jamais obtenu de réponse.
On lui demande juste de raquer
Un jour, l’administration a été touchée par la grâce. Gérald Guégan a reçu un courriel du Trésor public lui demandant d’appeler un numéro de téléphone… qui n’a bien sûr jamais répondu. Depuis, rien. Plein d’une froide colère contre le monstre (non moins froid) du fonctionnariat obèse, le couvreur attend depuis six mois qu’on lui explique ce qui s’est passé. A-t-il été victime d’une usurpation d’identité ? D’un contractuel anonyme qui a flashé sa plaque sans lui demander son avis ? D’un préposé pressé qui, sans avis ni relance, a directement ajouté des lignes de créance sur un diabolique tableur Excel ? Il ne sait pas. Il ne sait rien. On lui demande juste de raquer.
Des contribuables comme lui, il y en a partout, en France. De braves citoyens, de braves contribuables, étranglés de taxes, prélevés à chaque étape de la vie de leur entreprise, des fois qu’ils aient l’idée saugrenue de faire des bénéfices. C’est Ouest-France (« Ouesteufrance », dit-on là-bas) qui a révélé cette affaire… et qui précise que la mairie de Paris n’a pas répondu aux sollicitations des journalistes. Peut-être devraient-ils laisser un message, puis se déplacer pour qu’on leur demande d’envoyer un courriel – en faisant attention à se garer sur un emplacement prévu à cet effet, naturellement.