Le Forum de la Dissidence organisé par Polémia et dédié à l’alarmisme climatique s’est tenu à Paris ce samedi 15 novembre 2025. Découvrez l’intervention de Raphaël Ayma, figure de la jeunesse militante de droite, qui a évoqué le rapport de la jeunesse engagée à l’écologie. Entre réalité du réchauffement climatique et monopole de la gauche sur la question écologique, un discours très intéressant sur les enjeux militants d’aujourd’hui et de demain.
Polémia
Il se trouve que, comme vous disait Floriane, je suis militant identitaire dans une structure activiste qui s’appelle Tenesoun, en Provence. C’est l’un de ces nombreux groupes militants qui parsèment le pays, où en général on est engagé surtout sur les questions d’identité, d’immigration, d’opposition au grand remplacement. Mais il se trouve qu’on a une particularité, et c’est pour cela que je vous parle aujourd’hui : mes premières médiatisations, les premières fois où j’ai été contacté par des journalistes en tant que porte-parole de cette structure, ont concerné l’écologie, pour une raison assez amusante. Tenesoun est un mouvement qui possède des locaux politiques, des sièges, une sorte de local-bar, un en Provence, un autre dans le Vaucluse, mais aussi deux potagers. Cela peut sembler curieux pour une structure politique, mais nous avons ces potagers parce que nous sommes dans une logique de circuits courts et de localisme. Ces potagers intriguent les journalistes, qui se demandent : « Que font ces fachos à faire de la permaculture ? »
Ces potagers nous servent notamment à alimenter notre local, qui possède une cuisine. Les fruits et légumes qui y poussent sont ensuite utilisés dans la cuisine du local.
Je vais commencer par une incise personnelle pour vous raconter comment j’ai vécu la vague climat. J’ai 23 ans, et lorsque les marches pour le climat débutent — ces grandes mobilisations qui ont lieu en 2018-2019, c’est-à-dire à peu près à la période des gilets jaunes — je suis au lycée en Provence. Je vais prendre cela de plein fouet, comme tous les gens nés en 2002. Je vais voir mon lycée bloqué plusieurs jours, avec des manifestations où les jeunes participent à l’appel de Greta Thunberg et à celui d’une tribune écologiste signée par des personnalités diverses, de Kassovitz à Carla Bruni, qui avaient alerté après un rapport du GIEC annonçant une hausse des températures.
Il est important de comprendre que, pour ma génération, ces marches pour le climat ont été un rituel d’initiation politique. Au lycée, je vois mes camarades se mobiliser pour le climat, alors même qu’il y a une mobilisation sociale importante avec les gilets jaunes. Je vais avouer qu’à cette époque, je ne comprends pas trop ce phénomène. Je viens d’un village rural, et chaque fois que je prenais le bus pour rentrer chez moi, ce n’était pas l’engagement écologiste que je voyais, mais le combat social de la France périphérique, les gilets jaunes sur les ronds-points. Quand je vois cette jeunesse d’Aix-en-Provence se mobiliser massivement, je me dis que ce sont des enfants de bourgeois qui ignorent totalement les gilets jaunes, mais s’engagent pour le climat. Avec le recul, j’ai pu analyser que c’était un phénomène profond dans ma génération.
Je vais vous donner quelques chiffres pour que vous mesuriez la prégnance de la question écologiste dans ma génération. Ipsos établit dans un sondage que plus de 79 % des moins de 25 ans se disent préoccupés par le changement climatique. Ce n’est pas négligeable. Si l’on regarde les clivages de classe ou de diplôme, il n’y a qu’une différence minime : les jeunes diplômés bac +3 sont préoccupés à 91 %, et les jeunes ayant un niveau inférieur au bac à 70 %. Dans les deux cas, plus des deux tiers des jeunes ressentent cette préoccupation. Ce sentiment écologiste a un terme que l’on a beaucoup entendu dans les médias, et que l’on a tendance à dénoncer à droite : l’écoanxiété. Au lever de main, presque tout le monde connaît ce terme.
Les écologistes se sont appuyés sur ce sentiment, parfois pour des raisons légitimes, pour forger une sorte de sentiment générationnel, expliquant que ma génération adopterait certains comportements sociaux en réaction à cette anxiété écologique. L’exemple le plus connu — évoqué dans les conférences précédentes — est le non-désir d’avoir des enfants, qui est, je crois, l’une des conséquences politiques les plus graves, et l’un des exemples de pourquoi il faut proposer une écologie de droite. Si la gauche s’en charge, on se retrouve avec des mesures antivie. Je vous citerai Salomé Saqué, qui avait expliqué qu’il fallait banaliser le sentiment de ne pas vouloir d’enfant. On a vu aussi des tribunes dans Le Point allant dans ce sens. Il y avait une vidéo très connue dans ma génération, publiée par Konbini, où une femme témoignait : elle voulait vivre sans enfant et était allée jusqu’à la stérilisation volontaire, parce qu’à ses yeux avoir un enfant représentait une charge carbone, une attaque contre la planète.
Ce sentiment d’écoanxiété n’est pas négligeable politiquement, puisqu’il a des conséquences concrètes dans la vie des gens. La question est de savoir comment prendre ce sentiment et l’orienter politiquement. Je crois qu’on ne peut pas simplement opposer à ma génération — sincèrement engagée dans l’écologie — une démarche climato-sceptique, si vous me permettez le terme.
Comme je vous le disais, je viens de Provence, dans le sud-est de la France. Il y fait plus chaud et plus beau qu’à Paris. Et en Provence, la prise de conscience écologique est très concrète, loin de l’image d’une préoccupation de bourgeois des centres-villes. Je vais vous donner deux exemples, l’un personnel, l’autre politique, avec des conséquences directes.
Le premier exemple : un ami viticulteur. Pour ceux qui travaillent dans le vin, vous savez peut-être que les vendanges se font de plus en plus tard. Dans mon village, dans un petit village qui s’appelle Pourrières, spécialisé dans le vin — on y fait du rosé, si l’on considère que c’est du vin — les viticulteurs sont intimement écologistes. Ils ne le sont pas comme Europe Écologie – Les Verts, ni comme les bobos de centre-ville, mais ils réclament des mesures politiques sur l’écologie.
Deuxième exemple : les syndicats de riziculteurs en Camargue. La Camargue est au niveau de la mer. Or, les Saintes-Maries-de-la-Mer perdent environ un mètre de plage par an. C’est visible, la mairie en témoigne, les habitants aussi. La montée de l’eau, plus salée, asphyxie les cultures et tue les rizières. Les riziculteurs ont interpellé les autorités publiques à ce sujet.
Avez-vous déjà entendu parler d’André Siegfried et de la théorie des sols ? C’est une intuition que j’ai sur la question écologique. André Siegfried, auteur du XIXᵉ siècle, est un précurseur de la sociologie électorale, qui a inspiré Jérôme Fourquet. Siegfried a écrit un tableau politique sous la IIIᵉ République, analysant le vote en Vendée selon la nature du sol : granit au nord, calcaire au sud.
Le granit, avec ses bocages, favorise la dispersion de l’habitat, la ruralité, la grande propriété foncière, les corps intermédiaires : l’Église, les notables, les nobles. Cela incline à voter à droite : “le granit produit le curé”. Le calcaire, qui favorise des habitats plus resserrés, plus urbains, incline à voter à gauche : “le calcaire produit l’instituteur”.
C’est intéressant, parce que cela montre que la géologie, l’environnement, conditionnent les modes de vie et donc les comportements électoraux. Faire l’impasse sur un changement écologique, c’est se condamner à ne pas pouvoir prévoir les changements possibles de comportements politiques.
Nous parlions tout à l’heure de l’écoanxiété. J’aimerais vous proposer une perspective : il est intéressant de comparer les questionnements identitaires que l’on peut avoir sur d’autres sujets — immigration, grand remplacement — avec l’écoanxiété. Je crois que ces deux sentiments évoluent sur un même plan sentimental et psychologique. Cette peur d’une fin de quelque chose d’existant rappelle notre propre inquiétude quant à une possible disparition de notre peuple.
Ces deux sentiments peuvent être définis par une notion intéressante : la solastalgie. La solastalgie, selon la définition donnée par Glenn Albrecht, philosophe australien, est une forme de souffrance ou de détresse psychique ou existentielle causée par des changements environnementaux et sociaux passés. Il avait d’abord utilisé ce concept pour évoquer les populations indigènes aborigènes qui, en Amazonie ou en Tasmanie, voyaient disparaître leurs forêts, leurs terres. Des militants écologistes ont ensuite récupéré cette notion pour la mettre sur le même plan que l’écoanxiété.
Je crois que l’on ne doit pas demander à ma génération de choisir entre le combat contre le réchauffement et le combat identitaire. Ma génération ressent à la fois l’inquiétude écologique et l’inquiétude identitaire. Il faut donc proposer une solution politique à ces deux préoccupations.
J’en viens à parler un peu de la gauche. Vous savez que la gauche adore étudier ce que nous faisons. Ils ont des journalistes qui passent leur temps à cela, des universitaires qui cherchent à définir les contours de notre pensée. Certains écrivent sur ce qu’ils appellent l’écofascisme : pour eux, dès que la droite parle d’écologie, c’est de l’écofascisme. Ils identifient trois rapports possibles de la droite à l’écologie.
Le premier serait un rapport climatosceptique : utiliser la question écologique pour s’opposer à l’idée de réchauffement, ou en tout cas analyser scientifiquement pour refuser le discours écologiste ambiant. Le deuxième serait une approche décroissante, qu’on retrouve plutôt chez Alain de Benoist et d’autres racines philosophiques : évoquer l’écologie pour proposer la décroissance. Le troisième, plus marginal, est la solution techno-enthousiaste : croire que la technique réglera les problèmes, qu’il suffit d’attendre les progrès technologiques et qu’il n’y a donc pas lieu d’agir immédiatement.
La gauche met le doigt sur quelque chose : il n’y a pas de quatrième voie dans leur schéma. Or je crois que parler d’écologie n’implique pas, pour la droite, d’accepter le matraquage médiatique et le chantage idéologique qu’on lui oppose. Quand on demande à la jeunesse d’arrêter de faire des enfants, quand on demande au « prolo blanc » de jeter sa voiture diesel et de ne plus entrer en centre-ville, quand on culpabilise les Européens — qui ne sont pas les plus grands émetteurs de carbone comparés à la Chine ou aux États-Unis — de produire moins, de se désindustrialiser, on utilise un levier idéologique pour culpabiliser. Là, oui, on peut parler d’alarmisme climatique.
Mais cela ne nous dispense pas d’avoir une véritable proposition politique en matière d’écologie. D’abord parce que l’écologie ne se résume pas, même selon les experts, à la question du réchauffement. Aujourd’hui, il y a effectivement une hausse des températures globales à laquelle je souscris. Mais il y a surtout — et c’est l’éléphant au milieu de la pièce — la question de la pollution, sous toutes ses formes.
On parle souvent de natalité à droite, en chargeant le féminisme ou l’alarmisme climatique, en expliquant que Mai 68 aurait découragé les Européens de faire des enfants. Mais on évoque beaucoup moins les raisons structurelles de la dénatalité. Or l’une d’elles vient directement de nos modes de consommation : microplastiques, PFAS, perturbateurs endocriniens, polluants internes présents dans notre nourriture, notre eau, qui stérilisent structurellement les Européens et les Occidentaux. Ce n’est pas un fantasme. Et il y a des solutions politiques à proposer : alternatives dans la consommation, réglementation, interdictions ciblées, etc.
Il y a également une pollution moins visible mais tout aussi décisive : la bétonisation. On a évoqué les épisodes de sécheresse et de canicule dans le Sud. Nous avons, là-bas, des problèmes concrets de résilience en eau. À Aix-en-Provence, ville des mille fontaines, les fontaines sont coupées jusqu’en novembre à cause des sécheresses. En Corse, certaines communes tombent en panne d’eau avec l’arrivée des touristes et doivent expérimenter la réutilisation des eaux usées. La désalinisation, quant à elle, pollue davantage : pour un litre d’eau potable, cinq litres de déchets. Des hydrogéologues en Corse travaillent sérieusement sur ces questions.
La bétonisation empêche l’irrigation des sols. Aix-en-Provence, encore une fois, est beaucoup trop bétonnée. C’est une ville très vulnérable aux épisodes de chaleur et de sécheresse. Toutes ces questions sont des racines sur lesquelles on doit construire un programme écologiste de droite. L’écologie de droite, contrairement à celle de gauche, doit se fonder sur le concret et le réel de la vie quotidienne.
La gauche n’aborde jamais la question de l’amélioration de la qualité de vie, trop focalisée sur un discours catastrophiste abstrait. Je crois que notre famille politique a la vocation, en raison de sa vision de l’homme, à proposer des initiatives qui améliorent la qualité de vie et de consommation. Et politiquement, ce serait plus efficace que ce que propose la gauche.
Pour aller plus loin, je crois que nous avons un enjeu majeur : une très mauvaise intégration des profils scientifiques à droite. L’écologie est un domaine où l’on peut faire appel à des architectes, des urbanistes, des géologues, des environnementalistes, et plus largement à des personnes ayant des formations scientifiques, qu’il faut évidemment cadrer philosophiquement. Mais à droite, ces profils sont peu intégrés. C’est un trait récurrent : nous avons beaucoup de juristes et d’historiens, mais nous perdons les ingénieurs, les géologues, les spécialistes des sciences du vivant.
J’aimerais conclure cette conférence, avant de laisser place aux questions, par un appel : si, dans cette pièce, certains d’entre vous ont une sensibilité écologiste et souhaitent participer à la conception d’un programme écologiste de droite, et si vous avez des formations ou des compétences scientifiques — en architecture, en urbanisme, en ingénierie, en hydrologie, en biologie, que sais-je — venez me voir à la fin. L’écologie est le domaine de tous les possibles, et surtout celui de la réinvention du monde. Abandonner cette puissance politique, ce mythe de la réinvention du monde, et le laisser à la gauche serait dramatique. Il y a urgence à fournir à la droite, dans les canaux militants comme institutionnels, les outils pour affronter la gauche sur un terrain où elle semble aujourd’hui légitime.
Un participant pose alors une question scientifique. Il explique que les organismes de recherche, en France, sont verrouillés par la gauche, tout comme le journalisme. S’il n’y a pas de chercheurs de droite, dit-il, c’est parce que les institutions ne les acceptent pas.
Je n’ai aucune intention de nier le monopole de la gauche sur les universités. Le microcosme universitaire impose effectivement un plafond de verre : il est presque impossible d’y progresser si l’on a des opinions identitaires, nationalistes ou patriotes. On se heurte inévitablement à la marginalisation. Mais quand j’évoquais les scientifiques, je pensais surtout à « l’esprit scientifique », en opposition à l’esprit littéraire. Certains ont les deux ; ce n’est pas mon cas, je suis plus littéraire que scientifique. Mais il y a selon moi un déficit d’intégration de ces esprits scientifiques dans notre camp. Peut-être ont-ils aussi tendance à moins s’intéresser à la vie civique et aux affaires du monde, mais peut-être aussi que nous ne leur offrons pas la place qu’ils méritent.
Dans mon expérience militante, je connais pourtant de jeunes identitaires qui « virent au vert », comme dit l’article, et qui ont des formations scientifiques : géologues, mathématiciens, physiciens. Ils partagent nos opinions et sont prêts à aider. C’est un problème récurrent : à droite, nous avons souvent une approche philosophique des sujets, mais moins de compétences techniques pour formuler des programmes concrets. En économie, par exemple, nous produisons des conférences de philosophie économique, mais très peu d’analyse économique concrète. C’est similaire en écologie : nous avons des slogans, des arguments théoriques expliquant que l’écologie serait intrinsèquement de droite, mais nous avons du mal à concevoir des programmes. Cela se traduit même chez les mouvements institutionnels.
Le Rassemblement national, par exemple, avait promis un livret sur l’écologie, dirigé par Hervé Juvin et Andréa Kotarac, via leur microparti interne « Les Localistes ». Ce livret n’a jamais vu le jour, pas plus que celui sur l’économie. L’écologie implique parfois de prendre des décisions électoralement impopulaires. La santé des gens est un enjeu d’intérêt général. Quand le RN vote sur les PFAS ou le téflon, et suit les consignes de certains lobbies agricoles, cela se fait parfois au détriment de l’intérêt général pour des raisons électoralistes ou clientélistes. L’écologie impose parfois des décisions impopulaires — c’est un fait.
Un participant pose ensuite une autre question, en expliquant que le catastrophisme touche d’autres domaines, notamment l’usage excessif des outils numériques, qui abîme le cerveau. Selon lui, les IRM montrent l’évolution des structures cérébrales. Il évoque aussi un autre problème : la représentation politique. Il demande si le regard électoraliste n’est pas complètement archaïque. Son intervention exprime l’idée que nous serions dans une impasse et qu’il faut reconstruire un imaginaire et une organisation, fondés sur l’action des jeunes, une conscience planétaire et des initiatives locales dont la jeunesse serait le moteur principal.
Je réponds que je n’ai pas abordé ce point dans la conférence parce qu’il me semblait évident : l’écologisme tel qu’il est présenté aujourd’hui est un mondialisme vert. Il y a un défaut d’analyse qui consiste à dire que puisque le problème est global, la solution doit l’être également. Cela peut mener à des décisions globales, certains évoqueraient même une forme de dictature planétaire. Je prends l’inverse : les identitaires, les nationalistes et les patriotes sont les plus légitimes à parler d’écologie, car s’il existe un enjeu fondamentalement local — et même anti-mondialiste — c’est bien l’écologie. Le localisme est une doctrine que nous devons défendre. Il faut produire en France, produire en Europe. Consommer des produits venus de Chine est une aberration écologique.
Vous évoquez l’imaginaire. C’est effectivement un point crucial. L’écologie tire sa force de sa capacité à proposer un imaginaire. C’est pourquoi elle a tant de succès dans la jeunesse. La gauche a le monopole de la réinvention du monde. Quand elle parle d’écologie, elle convoque des images de cités vertes, d’aménagements nouveaux, d’immeubles recouverts de végétation. Elle explique que dans le monde écologiste de demain, la vie sera belle. Nous, nous avons peu de choses à opposer, et parfois nos positions anti-écologistes nous font ressembler à des figures passéistes défendant les dernières industries à charbon. C’est une défaite idéologique d’avoir perdu l’horizon de la réinvention du monde.
La lutte n’est donc pas seulement programmatique. Elle consiste moins à démontrer que la gauche se trompe qu’à construire un imaginaire écologiste de droite. On peut évoquer, par exemple, la vision archéo-futuriste de Guillaume Faye, qui propose une écologie non décroissante, conciliant tradition identitaire et modernité technique. Cela permettrait de rénover et d’avancer sans tomber dans l’ascétisme décroissant.
Vous évoquiez l’électoralisme : les partis politiques seront toujours menottés par des calculs électoraux. Peut-être qu’une véritable refondation écologique à droite ne viendra pas des partis, mais de mouvements sans ambitions électorales : des think tanks, des associations comme Academia Christiana, des mouvements identitaires comme Tenesoun. D’ailleurs, je serais bien en peine de citer aujourd’hui un seul militant identitaire qui se dirait clairement climatosceptique.
Un autre intervenant prend la parole. Il dit avoir apprécié le point de vue du jeune intervenant et propose un commentaire de bon sens : selon lui, l’écologie est profondément, par nature, une idée de droite. C’est une aberration que la gauche s’en soit emparée. Il reconnaît des exagérations dans le discours climatique, mais insiste sur d’autres problèmes très réels : l’épuisement de l’énergie et des matières premières, qui entraînera des conséquences majeures pour notre avenir économique et social ; la disparition des espèces, qui n’est pas un fantasme. Il conclut que le discours écologiste est profondément vrai et justifié, et qu’il est de droite.
Je réponds que la disparition des espèces, et plus largement la perturbation des écosystèmes, a des conséquences graves. On perd toujours les batailles qu’on ne livre pas. Si nous avons perdu l’écologie, alors qu’elle pourrait être philosophiquement de droite, c’est parce que nous n’avons pas livré la bataille. Aujourd’hui encore, nous ne la livrons pas. Les trois rapports identifiés par la gauche — décroissantisme, climatoscepticisme ou techno-enthousiasme — sont insuffisants. La décroissance n’est pas un programme mais une réalité qui s’imposera mécaniquement avec l’épuisement des ressources. L’opposition systématique au discours écologiste ne parle pas à la jeunesse. Le techno-enthousiasme est une illusion qui nous dispense d’agir.
Vous évoquiez aussi la pollution numérique, les effets du tout-écran sur le cerveau, le rythme de vie, la qualité de vie : ce sont des sujets concrets. Je reviens à cette notion de qualité de vie : une écologie de droite doit être centrée sur cela. Concernant l’extinction des espèces, on peut rappeler qu’il n’y a pas que l’immigration humaine : il y a aussi les espèces invasives, comme les frelons asiatiques, qui posent de graves problèmes. On peut être identitaire pour nos propres espèces européennes. Dans ma première interview sur l’écologie, j’avais d’ailleurs répondu au journaliste que mon combat consistait à sauver à la fois les Européens et les pandas.
Raphaël Ayma
Intervention lors du Forum de la Dissidence du 15 novembre 2025 – Publiée sur notre site le 01/12/2025
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