Quand « Noël devient une fête nationaliste »
« Savez-vous qu’il existe un lien entre les nazis et nos chers marchés de Noël ? », commence le journaliste. Non, nous ne savions pas, mais avait-on envie et besoin de le savoir ? Rien n’est moins sûr, à l’heure où tout est prétexte pour mettre à bas nos traditions. On apprend donc que si les marchés de Noël sont nés au Moyen Âge dans le Saint Empire romain germanique, en Autriche à Vienne en 1294, avant de connaître une multiplication exponentielle pendant la révolution industrielle au cours de laquelle, les gueux – encore eux- commençant à les fréquenter en nombre, les élites auraient décidé de les délocaliser en périphérie. Vous l’aurez compris, les marchés de Noël sont presque aussi vieux que le monde, mais s’ils sont aujourd’hui aussi répandus, c’est, selon ce journaliste de France Info, le fait des nazis : « C’est dans les années trente que les marchés de Noël reviennent en force. Avec la dictature nazie, Noël devient une fête nationaliste. Les marchés de Noël permettent de promouvoir l’héritage allemand. » Et voilà, c’est rapide, clair et concis. De là à comprendre que Noël est une fête nationaliste et les marchés du même nom en sont les fers de lance, il n'y a qu'un pas...
De quoi dégoûter ceux qui voudraient y aller !
« À cette époque, la crise économique fait rage, pour les nazis, les marchés de Noël permettront alors de stimuler l’économie avec des produits made in Allemagne », d’où la décision de les faire revenir en centre-ville. Goebbels a même inauguré l’ouverture du marché de Noël de Berlin en 1934, raconte le journaliste. France Télévisions aurait donc jugé que l’information donnerait envie d’y emmener ses enfants ? En diabolisant les marchés de Noël, c’est toute l’économie qui en vit qui risque d’en pâtir ! Sur le site Zen Orga, on apprend que « les marchés de Noël génèrent environ 10 milliards d’euros de retombées économiques par saison en France. Paris la Défense accueille plusieurs centaines de milliers de visiteurs sur 6 semaines. Colmar, avec ses cinq villages thématiques, dépasse le million de visiteurs cumulés. Strasbourg reste la référence absolue, avec deux millions de visiteurs chaque année. » C’est loin d’être négligeable ! D’ailleurs, le chroniqueur explique bien, dans ce papier tiré d'un podcast, que les marchés de Noël sont aujourd’hui en équilibre entre une tradition populaire et une véritable industrie. Combien de personnes ces marchés font-ils vivre ? Combien d’enfants font-ils rêver ? Combien de villes plus ou moins grandes font-ils rayonner ? On se demande bien pourquoi le service public a trouvé judicieux et pertinent de relier tout cela au nazisme !
Quel est l'objectif d'une telle vidéo ?
L’émission s’appelle pompeusement « Et c’est plus clair ». Ce qui n’est pas très clair, en revanche, c’est l’objectif d’une telle vidéo. Pourquoi, quand celui de Strasbourg a connu déjà un attentat en 2018, faisant cinq morts et onze blessés, quand on y a encore trouvé cette année une arme cachée, quand celui de Magdebourg en Allemagne a été attaqué l’année dernière, diaboliser en plus ces marchés ? Alors que « le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a appelé les préfets à maintenir une vigilance maximale sur les marchés de Noël, notamment en raison du risque terroriste », comme le rapporte 20 Minutes, on ne peut que se poser la question de l'opportunité de ce genre de vidéo.
Le plus formidable, dans l’affaire, c’est que la vidéo est le fruit d’un partenariat entre le CFJ (Centre de formation des journalistes) et France Info : la relève est assurée et Nicolas risque d’être ainsi longtemps gâté avec ses propres deniers !