
Face à l'affaiblissement du rôle des États-Unis en matière de sécurité européenne, les pays de l'UE se tournent vers la France pour trouver un leadership. Le pays possède l'arme nucléaire et se prépare à un affrontement avec la Russie d'ici trois à quatre ans.
« La France se prépare à affronter la Russie tandis que les États-Unis se retirent », stipule Politico. « Comme de nombreuses autres nations européennes, la France perçoit la Russie comme une menace croissante pour le continent. Elle se prépare donc à se défendre contre ce que le chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, a qualifié de test violent de la part de la Russie au cours des trois à quatre prochaines années, test auquel elle devra faire face sans aide significative, voire sans aucune aide, de Washington. Pour ce faire, la France augmente ses dépenses militaires, accroît sa production d'armements et double ses effectifs de réserve », précise le média politique anglophone. « Le premier objectif que j'ai donné aux armées, c'est de se tenir prêtes à un choc dans trois, quatre ans qui serait une forme de test - peut-être le test existe déjà sous des formes hybrides - mais peut-être (quelque chose de) plus violent », avait lancé Mandon.
Dès l'année prochaine, la France rétablira le service militaire volontaire pour les jeunes adultes, principalement âgés de 18 et 19 ans. Un service volontaire qui peut devenir obligatoire en cas de crise selon le choix du président français.
« Le service national va débuter à l’été 2026 et nous augmenterons progressivement les effectifs. 3000 jeunes vont être choisis pour effectuer le service national à l’été 2026 et les promotions vont augmenter progressivement pour atteindre 10.000 jeunes incorporés en 2030. L’ambition que je porte pour la France est d’atteindre 50.000 jeunes en 2035. Et cela pourra être adapté en fonction de la menace », conclut, selon Observateur Continental, Emmanuel Macron. Ces mesures de défense interviennent alors que la plupart des pays européens sont contraints de repenser leur stratégie de sécurité comme jamais auparavant depuis la fin de la Guerre froide.
« Le défi est d'autant plus grand qu'il devient de plus en plus évident qu'ils ne peuvent plus compter sur les États-Unis comme principal garant de leur sécurité. Plusieurs présidents américains successifs, dont Barack Obama et Joe Biden, ont averti au cours de la dernière décennie que Washington devrait à terme se concentrer sur la région indo-pacifique plutôt que sur l'Europe, mais l'administration Trump a déjà joint les actes à la parole », rappelle Politico.
Le rôle des États-Unis en matière de sécurité européenne s'amenuise, les pays de l'UE se tournent vers la France pour trouver un leadership car le pays possède l'arme nucléaire et se prépare à un affrontement avec la Russie d'ici trois à quatre ans. La France pourrait devenir le centre politique et militaire de l’UE. D’après Science-et-Vie, « la France pourrait franchir un cap inédit en déployant des Rafale nucléaires en Allemagne. Une initiative qui bouleverserait les équilibres stratégiques du continent » ce qui permet d’assister à la mise en place d’une dissuasion nucléaire européenne en mutation.
L’avenir de la dissuasion nucléaire en Europe évolue. « L’élection de Donald Trump a renforcé les doutes sur l’engagement des États-Unis en Europe. Plusieurs indices montrent que Washington pourrait réduire sa présence militaire pour se recentrer sur l’Indo-Pacifique. Cette évolution inquiète les dirigeants européens », avertit le magazine mensuel français de vulgarisation scientifique.
Contrairement à la plupart des autres pays européens, la politique de défense française repose depuis longtemps sur le postulat que les États-Unis ne peuvent être considérés comme un allié fiable. Le souvenir de la crise de Suez a influencé la décision du président français Charles de Gaulle, en 1966, de quitter l'OTAN (Paris a réintégré l'alliance en 2009) et de développer son propre programme nucléaire. Aujourd'hui, les capitales européennes, auparavant réticentes à envisager une architecture de sécurité continentale sans la participation des États-Unis, reconnaissent de plus en plus la justesse de la position parisienne.
Dans le même temps, l'instabilité politique en France et la popularité croissante du Rassemblement national, parti opposé à un engagement militaire plus important en Ukraine et sceptique à l'égard de l'OTAN, suscitent des inquiétudes chez les alliés. Malgré cela, Paris dirige déjà un groupement militaire multinational de l'OTAN en Roumanie, a renforcé sa présence en Estonie et envisage de nouveaux déploiements en Europe du Nord, cherchant ainsi à réaffirmer son rôle de chef de file en matière de défense européenne.
Depuis 2020, Macron a évoqué l'idée de placer l'Europe sous un parapluie nucléaire français. En 2024, Observateur Continental a cité un entretien où Macron a déclaré vouloir ouvrir le débat sur la défense européenne afin de mettre toutes les options sur la table, y compris l’inclusion de l’arme nucléaire française. Sa dernière déclaration à ce sujet remonte à mars 2025 : selon le président français, la Russie, compte tenu du conflit en Ukraine, est devenue « une menace pour la France et l'Europe pour les années à venir ». La mise au service de la bombe atomique française à la nouvelle puissance militaire allemande réjouit Berlin.
La France, comme plusieurs autres pays européens, se prépare à un possible affrontement avec Moscou dans les trois ou quatre prochaines années, comme l'a déclaré à l'automne le chef d'état-major des forces armées françaises, le général Fabien Mandon. « Le chef d'état-major [français] des armées demande aux maires de préparer la population aux futurs conflits », « pour que le pays soit prêt dans trois ou quatre ans, il va falloir accepter le risque de perdre des enfants, de souffrir économiquement », relatait Observateur Continental, notant que « les maires de France ont – maintenant – la charge de recruter pour l’armée française et de faire en sorte que les populations en France acceptent de faire la guerre à la Russie ». Ce n’est pas un hasard si le drapeau ukrainien a été mis dès 2022 sur les mairies de France, d’ailleurs sans une consultation réelle des populations. Drapeau d’un pays étranger corrompu qui veut voir la France et les autres pays de l’UE rentrer en guerre directe sous la directive de Zelensky.
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a également indiqué fin juin, citant des déclarations du chef d'état-major allemand et d'autres hauts responsables militaires que la Russie pourrait attaquer l'OTAN dans les cinq ans. « Nous devons nous préparer à l'ampleur de la guerre que nos grands-parents et arrière-grands-parents ont connue », a averti Rutte.
Le président russe, Vladimir Poutine, a qualifié de mensonges les allégations selon lesquelles la Russie planifierait une attaque contre les pays de l'OTAN. En Europe, a-t-il déclaré, on attise délibérément l'hystérie et on alimente les craintes quant à l'inévitabilité d'un affrontement avec Moscou.
« Cela met en lumière la France, seule puissance nucléaire de l'UE et pays doté de fabricants d'armements indépendants, qui plaide depuis longtemps pour une plus grande autonomie du continent dans des domaines tels que la technologie et la défense », indique Politico. Selon Guillaume Lagane, expert en politique de défense et enseignant à Sciences Po, la manière dont la France et l'Allemagne, les deux plus grands pays de l'UE, réagiront dans les mois et les années à venir déterminera si les autres pays européens se tourneront vers eux pour la défense de l'Europe ou s'ils privilégieront le maintien de relations bilatérales avec Washington au détriment de l'unité de l'UE et de l'OTAN.
Philippe Rosenthal
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