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  • Unité spirituelle et multipolarité planétaire par Georges FELTIN-TRACOL

    Le penseur français René Guénon (1886 – 1957) ne suscite que très rarement l’intérêt de l’université hexagonale. On doit par conséquent se réjouir de la sortie de René Guénon. Une politique de l’esprit par David Bisson. À l’origine travail universitaire, cet ouvrage a été entièrement retravaillé par l’auteur pour des raisons d’attraction éditoriale évidente. C’est une belle réussite aidée par une prose limpide et captivante.

    René Guénon est le théoricien de la Tradition primordiale. de santé fragile et élevé dans un milieu catholique bourgeois de province à Blois, il fréquente tôt les milieux férus d’ésotérisme et y acquiert une somme de savoirs plus ou moins hétéroclites tout en développant une méfiance tenace à l’égard de certains courants occultistes tels le théosophisme et le spiritisme. Côtoyant tour à tour catholiques, gnostiques et francs-maçons, René Guénon édifie une œuvre qui couvre aussi bien la franc-maçonnerie que le catholicisme traditionnel et l’islam.

    En effet, dès 1911, René Guénon passe à cette dernière religion et prend le nom arabe d’Abdul Waha-Yaha, « le Serviteur de l’Unique ». Puis, en 1931, il s’installe définitivement au Caire d’où il deviendra, outre une référence spirituelle pour des Européens, un cheikh réputé. David Bisson explique les motifs de cette implication orientale. Guénon est réputé pour sa fine connaissance des doctrines hindoues. La logique aurait voulu qu’il s’installât en Inde et/ou qu’il acceptât l’hindouisme. En quête d’une initiation valide et après avoir frayé avec le gnosticisme et la franc-maçonnerie, l’islam lui paraît la solution la plus sérieuse. Même s’il demande aux Européens de retrouver la voie de la Tradition via l’Église catholique, ses propos en privé incitent au contraire à embrasser la foi musulmane.

    Réception de la pensée de Guénon

    Les écrits de René Guénon attirent les Occidentaux qui apprécient leur enseignement clair, rigoureux et méthodique. David Bisson n’a pas que rédigé la biographie intellectuelle de l’auteur de La Crise du monde moderne. Il mentionne aussi son influence auprès de ses contemporains ainsi que son abondante postérité métaphysique. La revue Le Voile d’Isis – qui prendra ensuite pour titre Études Traditionnelles – publie avec régularité les articles du « Maître » qui « constituent […] une sorte de guide grâce auquel les lecteurs peuvent s’orienter dans le foisonnement des traditions ésotériques en évitant les contrefaçons spirituelles (théosophisme, occultisme, etc.) (p. 146) ». Guénon se montre attentif à examiner à l’aune de la Tradition le soufisme, l’hindouisme, le taoïsme, le confucianisme, etc., « ce qui permet […] d’évaluer le caractère régulier de telle ou telle branche religieuse. Ainsi, la doctrine tantrique est-elle déclarée conforme et, donc, “ orthodoxe ” au regard des principes posés par la Tradition. De même, la kabbale est considérée comme le véritable ésotérisme de la religion juive et remonte, à travers les signes et symboles de la langue hébraïque, jusqu’à la source de la tradition primordiale (p. 147) ». Il élabore ainsi une véritable « contre-Encyclopédie » spiritualiste et prévient des risques permanentes de cette « contrefaçon traditionnelle » qu’est la contre-initiation.

    C’est dans ce corpus métaphysique que puisent les nombreux héritiers, directs ou putatifs, de René Guénon. David Bisson les évoque sans en omettre les divergences avec le maître ou entre eux. Il consacre ainsi de plusieurs pages à l’influence guénonienne sur l’islamologue du chiisme iranien et traducteur de Heidegger, Henry Corbin, sur le sociologue des imaginaires, Gilbert Durand, sur le rénovateur néo-gnostique Raymond Abellio et sur les ébauches maladroites – souvent tendancieuses – de vulgarisation conduites par le duo Louis Pauwels – Jacques Bergier. David Bisson s’attache aussi à quelques cas particuliers comme le Roumain Mircea Eliade.

    Au cours de l’Entre-deux-guerres, le futur historien des religions affine sa propre vision du monde. Alimentant sa réflexion d’une immense curiosité pluridisciplinaire, il a lu – impressionné – les écrits de Guénon. D’abord rétif à tout militantisme politique, Eliade se résout sous la pression de ses amis et de son épouse à participer au mouvement politico-mystique de Corneliu Codreanu. Il y devient alors une des principales figures intellectuelles et y rencontre un nommé Cioran. Au sein de cet ordre politico-mystique, Eliade propose un « nationalisme archaïque (p. 252) » qui assigne à la Roumanie une vocation exceptionnelle. Son engagement dans la Garde de Fer ne l’empêche pas de mener une carrière de diplomate qui se déroule en Grande-Bretagne, au Portugal et en Allemagne. Son attrait pour les « mentalités primitives » et les sociétés traditionnelles pendant la Seconde Guerre mondiale s’accroît si bien qu’exilé en France après 1945, il jette les premières bases de l’histoire des religions qui le feront bientôt devenir l’universitaire célèbre de Chicago. Si Eliade s’éloigne de Guénon et ne le cite jamais, David Bisson signale cependant qu’il lui expédie ses premiers ouvrages. En retour, ils font l’objet de comptes-rendus précis. Bisson peint finalement le portrait d’un Mircea Eliade louvoyant, désireux de faire connaître et de pérenniser son œuvre.

    Le syncrétisme ésotérique de Schuon

    Contrairement à Eliade, la référence à Guénon est ouvertement revendiquée par Frithjof Schuon. Ce Français né en Suisse d’un père allemand et d’une mère alsacienne se convertit à l’islam et adopte le nom d’Aïssa Nour ed-Din. En Algérie, il intègre la tarîqa (confrérie initiatique) du cheikh al-Alawî. Instruit dans le soufisme, Schuon devient vite le cheikh d’une nouvelle confrérie. Dans sa formation intellectuelle, Guénon « apparaît comme un “ maître de doctrine ” (p. 160) ». On a très tôt l’impression que « ce que Guénon a exposé de façon théorique, Schuon le décline de façon pratique (p. 162) ».

    En étroite correspondance épistolaire avec Guénon, Schuon devient son « fils spirituel ». cela lui permet de recruter de nouveaux membres pour sa confrérie soufie qu’il développe en Europe. D’abord favorable à son islamisation, Schuon devient ensuite plus nuancé, « la forme islamique ne contrevenant, en aucune manière, à la dimension chrétienne de l’Europe. Il essaiera même de fondre les deux perspectives dans une approche universaliste dont l’ésotérisme sera le vecteur (p. 172) ». Cette démarche syncrétiste s’appuie dès l’origine sur son nom musulman signifiant « Jésus, Lumière de la Tradition ».

    Frithjof Schuon défend une sorte d’« islamo-christianisme ». Cette évolution se fait avec prudence, ce qui n’empêche pas parfois des tensions avec l’homme du Caire. Construite sur des « révélations » personnelles a priori mystiques, la méthode de Schuon emprunte « à plusieurs sources. Principalement fondée sur la pratique soufie, elle est irriguée de références à d’autres religions (christianisme, hindouisme, bouddhisme, etc.) et donne ainsi l’impression d’une mise en abîme de l’ésotérisme compris dans son universalité constitutive (p. 203) ». En 1948, dans un texte paru dans Études Traditionnelles, Schuon, désormais fin ecclésiologue, explique que le baptême et les autres sacrements chrétiens sont des initiations valables sans que les chrétiens soient conscients de cette potentialité. Cette thèse qui contredit le discours guénonien, provoque sa mise à l’écart. Dans les décennies suivants, il confirmera son tournant universaliste en faisant adopter par sa tarîqa la figure de la Vierge Marie, en s’expatriant aux États-Unis et en intégrant dans les rites islamo-chrétiens des apports chamaniques amérindiens.

    Avec René Guénon, Frithjof Schuon et leurs disciples respectifs, on peut estimer que « la pensée de la Tradition semble de façon irrémédiable se conjuguer avec la pratique soufie (p. 175) ». Or, à l’opposé de la voie schuonienne et un temps assez proche de la conception de Mircea Eliade existe en parallèle la vision traditionnelle de l’Italien Julius Evola, présenté comme « le “ fils illégitime ” de la Tradition (p. 220) » tant il est vrai que sa personnalité détonne dans les milieux traditionalistes.

    Ayant influencé le jeune Eliade polyglotte et en correspondance fréquente avec Guénon, Evola concilie à travers son équation personnelle la connaissance ésotérique de la Tradition et la pensée nietzschéenne. De sensibilité notoirement guerrière (ou activiste), Julius Evola se méfie toutefois des références spirituelles orientales, ne souhaite pas se convertir à l’islam et, contempteur féroce des monothéismes, préfère redécouvrir la tradition spécifique européenne qu’il nomme « aryo-romaine ». Tant Eliade qu’Evola reprennent dans leurs travaux « la définition que Guénon donne du folklore : ce n’est pas seulement une création populaire, mais aussi un réservoir d’anciennes connaissances ésotériques, le creuset d’une mémoire collective bien vivante (p. 269) ». Mais, à la différence du jeune Roumain ou du Cairote, Evola n’hésite pas à s’occuper de politique et d’événements du quotidien (musiques pop-rock, ski…). Quelque peu réticent envers le fascisme officiel, il en souhaite un autre plus aristocratique, espère dans une rectification du national-socialisme allemand, considère les S.S. comme l’esquisse d’un Ordre mystico-politique et collabore parfois aux titres officiels du régime italien en signant des articles polémiques.

    Tradition et géopolitique

    Tout au cours de sa vie, Julius Evola verse dans la politique alors que « Guénon n’a cessé de mettre en garde ses lecteurs contre les “ tentations ” de l’engagement politique (p. 219) ». Les prises de position évoliennes disqualifient leur auteur auprès des fidèles guénoniens qui y voient une tentative de subversion moderne de la Tradition… De ce fait, « la plupart des disciples de Guénon ne connaissent pas les ouvrages du penseur italien et, lorsqu’ils les connaissent, cherchent à en minorer la portée (p. 220) ». Néanmoins, entre la réponse musulmane soufie défendue par Guénon et la démarche universaliste de Schuon, la voie évolienne devient pour des Européens soucieux de préserver leur propre identité spirituelle propre l’unique solution digne d’être appliquée. Ce constat ne dénie en rien les mérites de René Guénon dont la réception est parfois inattendue. Ainsi retrouve-t-on sa riche pensée en Russie en la personne du penseur néo-eurasiste russe Alexandre Douguine.

    Grande figure intellectuelle en Russie, Alexandre Douguine écrit beaucoup, manifestant par là un activisme métapolitique débordant et prolifique. Depuis quelques années, les Éditions Ars Magna offrent au public francophone des traductions du néo-eurasiste russe. Dans l’un de ses derniers titres traduits, Pour une théorie du monde multipolaire, Alexandre Douguine mentionne Orient et Occident et La Grande Triade de Guénon. Il y voit un « élément, propre à organiser la diplomatie inter-civilisationnel dans des circonstances de ce monde multipolaire, [qui] réside dans la philosophie traditionaliste (p. 183) ».

    Pour une théorie du monde multipolaire est un livre didactique qui expose la vision douguinienne de la multipolarité. Il débute par l’énoncé de la multipolarité avant de passer en revue les principales théories des relations internationales (les écoles réalistes, le libéralisme, les marxismes, les post-positivismes avec des courants originaux tels que la « théorie critique », le post-modernisme, le constructivisme, le féminisme, la « sociologie historique » et le normativisme). Il conclut qu’aucun de ces courants ne défend un système international multipolaire qui prend acte de la fin de l’État-nation.

    Mais qu’est-ce que la multipolarité ? Pour Alexandre Douguine, ce phénomène « procède d’un constat : l’inégalité fondamentale entre les États-nations dans le monde moderne, que chacun peut observer empiriquement. En outre, structurellement, cette inégalité est telle que les puissances de deuxième ou de troisième rang ne sont pas en mesure de défendre leur souveraineté face à un défi de la puissance hégémonique, quelle que soit l’alliance de circonstance que l’on envisage. Ce qui signifie que cette souveraineté est aujourd’hui une fiction juridique (pp. 8 – 9) ».  « La multipolarité sous-tend seulement l’affirmation que, dans le processus actuel de mondialisation, le centre incontesté, le noyau du monde moderne (les États-Unis, l’Europe et plus largement le monde occidental) est confronté à de nouveaux concurrents, certains pouvant être prospères voire émerger comme puissances régionales et blocs de pouvoir. On pourrait définir ces derniers comme des “ puissances de second rang ”. En comparant les potentiels respectifs des États-Unis et de l’Europe, d’une part, et ceux des nouvelles puissances montantes (la Chine, l’Inde, la Russie, l’Amérique latine, etc.), d’autre part, de plus en plus nombreux sont ceux qui sont convaincus que la supériorité traditionnelle de l’Occident est toute relative, et qu’il y a lieu de s’interroger sur la logique des processus qui déterminent l’architecture globale des forces à l’échelle planétaire – politique, économie, énergie, démographie, culture, etc. (p. 5) ». Elle « implique l’existence de centres de prise de décision à un niveau relativement élevé (sans toutefois en arriver au cas extrême d’un centre unique, comme c’est aujourd’hui le cas dans les conditions du monde unipolaire). Le système multipolaire postule également la préservation et le renforcement des particularités culturelles de chaque civilisation, ces dernières ne devant pas se dissoudre dans une multiplicité cosmopolite unique (p. 17) ». Le philosophe russe s’inspire de certaines thèses de l’universitaire réaliste étatsunien, Samuel Huntington. Tout en déplorant les visées atlantistes et occidentalistes, l’eurasiste russe salue l’« intuition de Huntington qui, en passant des États-nations aux civilisations, induit un changement qualitatif dans la définition de l’identité des acteurs du nouvel ordre mondial (p. 96) ».

    Au-delà des États, les civilisations !

    Alexandre Douguine conçoit les relations internationales sur la notion de civilisation mise en évidence dans un vrai sens identitaire. « L’approche civilisationnelle multipolaire, écrit-il, suppose qu’il existe une unicité absolue de chaque civilisation, et qu’il est impossible de trouver un dénominateur commun entre elles. C’est l’essence même de la multipolarité comme pluriversum (p. 124). » L’influence guénonienne – entre autre – y est notable, tout particulièrement dans cet essai. En effet, Alexandre Douguine dessine « le cadre d’une théorie multipolaire de la paix, qui découpe le monde en plusieurs zones de paix, toujours fondées sur un principe particulier civilisationnel. Ainsi, nous obtenons : Pax Atlantide (composée de la Pax Americana et laPax Europea), Pax Eurasiatica, Pax Islamica, Pax Sinica, Pax Hindica, Pax Nipponica, Pax Latina, et de façon plus abstraite : Pax Buddhistica et Pax Africana. Ces zones de paix civilisationnelle (caractérisées par une absence de guerre) ainsi qu’une sécurité globale, peuvent être considérées comme les concepts de base du pacifisme multipolaire (p. 130) ».

    Les civilisations deviennent dès lors les nouveaux acteurs de la scène diplomatique mondiale au-dessus des États nationaux. Cette évolution renforce leur caractère culturel, car, « selon la théorie du monde multipolaire, la communauté de culture est une condition nécessaire pour une intégration réussie dans le “ grand espace ” et, par conséquent, pour la création de pôles au sein du monde multipolaire (p. 127) ». Mais il ne faut pas assimiler les « pôles continentaux » à des super-États naissants. « Dans la civilisation, l’interdépendance des groupes et des couches sociales constituent un jeu complexe d’identités multiples, qui se chevauchent, divergent ou convergent selon les articulations nouvelles. Le code général des civilisations (par exemple, la religion) fixe les conditions – cadres, mais à l’intérieur de ces limites, il peut exister un certain degré de variabilité. Une partie de l’identité peut être fondée sur la tradition, mais une autre peut représenter des constructions innovantes parce que dans la théorie du monde multipolaire, les civilisations sont considérées comme des organismes historiques vivants, immergés dans un processus de transformation constante (p. 131). » Par conséquent, « dans le cadre multipolaire, […] l’humanité est recombinée et regroupée sur une base holistique, que l’on peut désigner sous le vocable d’identité collective (p. 159) ». Ces propos sont véritablement révolutionnaires parce que fondateurs.

    Piochant dans toutes les écoles théoriques existantes, le choix multipolaire de Douguine n’est au fond que l’application à un domaine particulier – la géopolitique – de ce qu’il nomme la « Quatrième théorie politique ». Titre d’un ouvrage essentiel, cette nouvelle pensée politique prend acte de la victoire de la première théorie politique, le libéralisme, sur la deuxième, le communisme, et la troisième, le fascisme au sens très large, y compris le national-socialisme.

    Cette quatrième théorie politique s’appuie sur le fait russe, sur sa spécificité historique et spirituelle, et s’oppose à la marche du monde vers un libéralisme mondialisé dominateur. Elle est « une alternative au post-libéralisme, non pas comme une position par rapport à une autre, mais comme idée opposée à la matière; comme un possible entrant en conflit avec le réel; comme un réel n’existant pas mais attaquant déjà le réel (p. 22) ». Elle provient d’une part d’un prélèvement des principales théories en place et d’autre part de leur dépassement.

    Une théorie pour l’ère postmoderniste

    Dans ce cadre conceptuel, le néo-eurasisme se présente comme la manifestation tangible de la quatrième théorie. Discutant là encore des thèses culturalistes du « choc des civilisations » de Samuel Huntington, il dénie à la Russie tout caractère européen. Par sa situation géographique, son histoire et sa spiritualité, « la Russie constitue une civilisation à part entière (p. 167) ». Déjà dans son histoire, « la Russie – Eurasie (civilisation particulière) possédait tant ses propres valeurs distinctes que ses propres intérêts. Ces valeurs se rapportaient à la société traditionnelle avec une importance particulière de la foi orthodoxe et un messianisme russe spécifique (p. 146) ». Et quand il aborde la question des Russes issus du phylum slave – oriental, Alexandre Douguine définit son peuple comme le « peuple du vent et du feu, de l’odeur du foin et des nuits bleu sombre transpercées par les gouffres des étoiles, un peuple portant Dieu dans ses entrailles, tendre comme le pain et le lait, souple comme un magique et musculeux poisson de rivière lavé par les vagues (p. 302) ». C’est un peuple chtonien qui arpente le monde solide comme d’autres naviguent sur toutes les mers du globe. Son essence politique correspond donc à un idéal impérial, héritage cumulatif de Byzance, de l’Empire mongol des steppes et de l’internationalisme prolétarien.

    Alexandre Douguine fait par conséquent un pari risqué et audacieux : il table sur de gigantesques bouleversements géopolitiques et/ou cataclysmiques qui effaceront les clivages d’hier et d’aujourd’hui pour de nouveaux, intenses et pertinents. Dès à présent, « la lutte contre la métamorphose postmoderniste du libéralisme en postmoderne et un globalisme doit être qualitativement autre, se fonder sur des principes nouveaux et proposer de nouvelles stratégies (p. 22) ».

    Dans l’évolution politico-intellectuelle en cours, Douguine expose son inévitable conséquence géopolitique déjà évoquée dans Pour une théorie du monde multipolaire : l’idée d’empire ou de « grand espace ». Cette notion est désormais la seule capable de s’opposer à la mondialisation encouragée par le libéralisme et sa dernière manifestation en date, le mondialisme, et à son antithèse, l’éclatement nationalitaire ethno-régionaliste néo-libéral ou post-mondialiste. Dans cette optique, « l’eurasisme se positionne fermement non pas en faveur de l’universalisme, mais en faveur des “ grands espaces ”, non pas en faveur de l’impérialisme, mais pour les “ empires ”, non pas en faveur des intérêts d’un seul pays, mais en faveur des “ droits des peuples ” (p. 207) ».

    L’auteur ne cache pas toute la sympathie qu’il éprouve pour l’empire au sens évolien/traditionnel du terme. « L’Empire est la société maximale, l’échelle maximale possible de l’Empire. L’Empire incarne la fusion entre le ciel et la terre, la combinaison des différences en une unité, différences qui s’intègrent dans une matrice stratégique commune. L’Empire est la plus haute forme de l’humanité, sa plus haute manifestation. Il n’est rien de plus humain que l’Empire (p. 111). » Il rappelle ensuite que « l’empire constitue une organisation politique territoriale qui combine à la fois une très forte centralisation stratégique (une verticale du pouvoir unique, un modèle centralisé de commandement des forces armées, la présence d’un code juridique civil commun à tous, un système unique de collecte des impôts, un système unique de communication, etc.) avec une large autonomie des formations sociopolitiques régionales, entrant dans la composition de l’empire (la présence d’éléments de droit ethno-confessionnel au niveau local, une composition plurinationale, un système largement développé d’auto-administration locale, la possibilité de cœxistence de différents modèles de pouvoir locaux, de la démocratie tribale aux principautés centralisées, voire aux royaumes) (pp. 210 – 211) ».

    La démarche douguinienne tend à dépasser de manière anagogique le mondialisme, la Modernité et l’Occident afin de retrouver une pluralité civilisationnelle dynamique à rebours de l’image véhiculée par les relais du Système de l’homme sans racines, uniformisé et « globalitaire ». L’unité spirituelle des peuples envisagée par René Guénon et repris par ses disciples les plus zélés exige dans les faits une multipolarité d’acteurs politiques puissants.

    Georges Feltin-Tracol

    • Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique. La Russie et les idées politiques du XXIe siècle, avant-propos d’Alain Soral, Ars Magna, Nantes, 2012, 336, 30 €.

    • Alexandre Douguine, Pour une théorie du monde multipolaire, Ars Magna, Nantes, 2013, 196 p., 20 €.

    • David Bisson, René Guénon. Une politique de l’esprit, Pierre-Guillaume de Roux, Paris, 2013, 527 p., 29,90 €.

    http://www.europemaxima.com/

  • La Grèce de Tsipras s’écrase devant l’Union Européenne

    C’est par une déclaration du ministre grec des Finances Yanis Varoufakis que la rédition du gouvernement grecque d’extrême gauche est officialisée : « Nous ne sommes pas des populistes, nous n’avons pas promis des choses irréalisables. […] Nous sommes prêts à repousser l’application de certains engagement électoraux si cela s’avère nécessaire à donner la confiance à nos partenaires. […] Nous voulons rembourser notre dette jusqu’au bout. Mais nous demandons à nos partenaires de nous aider pour relancer la croissance en Grèce. Plus rapide sera la stabilisation de notre économie, plus rapide sera le rythme de notre remboursement ».

    Alexis Tsipras, comme tous les partis d’extrême gauche, montre ainsi son allégeance totale à la grande finance internationale. Côté français, la preuve en a toujours été faite par Jean-Luc Mélanchon et le parti communiste, qui tout en disant vouloir défendre les travailleurs et les plus pauvres, continuent de chérir et de défendre les armes de la grande finance : euro, espace Schengen…

     

    Aube Dorée, parti dit neo-nazi de Grèce et dont le chef de file et plusieurs de ses députés sont incarcérés, a toutes ses chances dans les années à venir, car Syriza était le dernier exutoire de la colère avant lui. D’autant plus qu’en emprisonnant plusieurs de ses responsables, les gouvernements successifs contribuent à en faire des martyrs.

    http://www.medias-presse.info/la-grece-de-tsipras-secrase-devant-lunion-europeenne/27640

  • Zemmour s’adresse à l’UMP : « Si vous voulez éliminer le FN, reprenez le programme sur l’immigration du RPR des années 80-90″

    Débat animé sur le FN. Eric Zemmour rappelle que ceux qui veulent se débarrasser du Front National doivent d’abord résoudre le problème de l’immigration…

    http://www.medias-presse.info/zemmour-sadresse-a-lump-si-vous-voulez-eliminer-le-fn-reprenez-le-programme-sur-limmigration-du-rpr-des-annees-80-90/27664

  • Éloge du colonel Olrik par Jean-Jacques LANGENDORF

    Éloge du colonel Olrik, homme de goût, de savoir et d’action, chef du 13e Bureau pour la sûreté de l’État, directeur des services d’espionnage de l’Empire, conseiller de l’empereur Basam Damdu.

     

    Dès la deuxième image du premier album des aventures de Blake et Mortimer, il s’impose, souverain et élégant. Entouré par un état-major d’hommes jaunes et déférents, issus d’un croisement nippo-himalayen, il inspecte chars lance-flammes et fusées à charges nucléaires dans le grand arsenal de Lhassa. Arrêtons-nous d’abord sur sa capote vert foncé, au col de vison, aux épaulettes discrètes, d’une coupe parfaite, œuvre du premier tailleur de la capitale tibétaine. Examinons ensuite sa toque de fourrure, dont la face supérieure est doublée de satin rouge, marquée de l’étoile dorée. Mais il y a autre chose encore, qui suscite immédiatement sympathie et respect : son visage aux traits fins et aristocratiques, sa lèvre supérieure bordée d’une fine moustache à la Clarke Gable, sa chevelure jais et son haut front d’intellectuel que nous pourrons admirer lorsque il condescendra à enlever son couvre-chef. Revêtu de son uniforme, nous ne nous lasserons jamais de le contempler. Le voilà debout, près des énormes roues d’un bombardier, des jumelles sur sa poitrine, des sangles supportant un ceinturon qui retient un étui à revolver ou, plus exactement, à Browning, à ses pieds un petit bijou de M.G. 42. Cette fois, c’est une casquette bordée de jaune qui remplace la toque de fourrure. Quant aux bandes, également jaunes, du pantalon de cheval gris souris, mais un gris souris tendre, très tendre, qui virerait presque au rose, elles sont l’apanage de l’officier d’état-major de la grande armée impériale. À n’en pas douter, nous avons là un colonel tsariste, style 1904 – 1905, observant la progression des tirailleurs japonais lors de la bataille de Taampin, avec toutefois l’anormale présence de soldats nippo-himalayens derrière lui. Mais aussi un aristocrate, la manière dont il tient son fume-cigarette l’attestant à satiété. Dans toutes les circonstances de la vie d’ailleurs, circonstances qui lui sont souvent contraires, il ne se départit pas de cette correction vestimentaire, qu’il erre dans le désert (culotte de cheval, bottes d’équitation, chemise de coupe coloniale), qu’il vaque à ses affaires dans les souks du Caire (costume blanc, chemise noire, cravate jaune tendre, feutre mou), qu’il enquête sur l’île atlantique de Sao Miguel (complet bleu foncé à fines rayures, chemise assortie, mais d’un bleu plus léger, nœud papillon), qu’il séjourne à Paris pour s’y occuper de questions météorologiques (à nouveau complet bleu mais sans rayures, chemise blanche, noeud papillon bordeau), qu’il inspecte les catacombes de la Ville-Lumière (complet brun, chemise crème, cravate noire pointillée de jaune, feutre beige). Et que dire de sa robe de chambre rouge, à gros pois blancs, revêtue au débotté ? Mais je m’arrête là pour ne pas tomber dans la revue de mode…

     

    Pour mieux saisir le niveau, on serait tenté de dire l’altitude, où se situe cette élégance, et derrière cette élégance, le personnage, il suffit de la comparer à la déliquescence vestimentaire des adversaires hargneux et acharnés du colonel, le professeur Mortimer et le capitaine Blake. Tous deux sont les rois de la confection, du prêt à porter et, certainement, des soldes. Voyez Mortimer qui, sur la quatrième de couverture, adresse un aguichant « hello » à ses lecteurs qu’il tient – fatale erreur – pour des admirateurs. Quelle tenue ! Celle du comptable d’une firme de sous-préfecture importatrice de pneus. La chemise s’affaisse sur une ceinture qui cerne un indécent bedon. La disharmonie entre un veston caca d’oie et un pantalon lie de vin, qui se prolonge par des souliers de souteneur napolitain, constitue une insulte à l’œil. Et quelle est cette manière de faquin de s’adresser à son public, la pipe au bec ? À condition de revêtir l’uniforme, Blake s’en sort mieux, sauf s’il porte ces indécents shorts coloniaux, qui lui descendent jusqu’aux genoux. En tenue civile, cependant, il fleure le sous-officier qui, voulant échapper aux regards de ses supérieurs, se glisse subrepticement vers un lieu mal famé.

     

    Au-delà du vestimentaire, c’est ensuite le courage, la tranquille intrépidité d’Olrik, qui retiennent notre attention. D’emblée, ils s’affirment sous nos yeux, lorsqu’avec l’élégant chasseur « L’Aile    Rouge », il poursuit le « Golden Rocket », le laid bombardier dans lequel les Dioscures britanniques s’efforcent de lui échapper. Un vrai pilote, qui court sus à l’ennemi et qui ne craint jamais d’affronter les situations les plus périlleuses. Ainsi, lorsqu’il se fait passer pour un prisonnier anglais échappé afin de pouvoir s’introduire dans la base secrète des Britanniques, qui contrôle le détroit d’Ormuz, dans laquelle il sabotera la station de pompage fournisseuse d’énergie, puis s’enfuyant, dissimulé sous une tenue de scaphandrier, alors que les services de sécurité de la base sont à ses trousses. Il n’a pas son égal pour se glisser là où on l’attend le moins, car son ingéniosité est sans limite et cette ingéniosité quelqu’un qui est revenu à plusieurs reprises de derrière les lignes soviétiques en possède une bonne dose. Pour répondre aux nécessités du moment, pour s’introduire là où il veut s’introduire, il se fera éminent archéologue allemand, spéléologue, chef d’une tribu barbare, agent à bord d’un sous-marin, égoutier, bourgeois cossu, locataire d’un élégant appartement parisien, et j’en passe.

     

    L’étude de ses actes et de ses pensées me permettent de conclure que le personnage est un remarquable stratège. Ce n’est pas pour rien que Basam Damdu, qui connaît les hommes, et mieux encore les généraux – hommes qui se situent nettement au-dessus des hommes – lui confie la conduite des opérations devant permettre de réduire la base secrète, nid redoutable abritant les derniers parangons de la démocratie agonisante, qui plus est parangons agressifs, prêts à se défendre. Et il va s’acquitter de sa tâche d’une main de maître ! D’ailleurs, ayant achevé sa mission de sabotage dans la base, ayant tout risqué (et gagné) avec une admirable détermination, ayant échappé à la mer qui avait menacé de l’engloutir, échoué sur une plage, que je situe sur l’actuelle côte iranienne, entre les bourgades de Gerk et de Serik, vêtu d’un méchant pantalon qui vient à peine de sécher, d’un maillot de corps, digne des vacances payées d’un syndicaliste du Front populaire, il accueille les éléments aéroportés de l’armée nippo-himalayenne. Le général qui les commande l’informe aussitôt de l’estime dans laquelle on le tient, au sommet, et même au sommet du sommet : « Colonel, par ordre spécial de Sa Majesté, toutes les troupes disponibles ont été mises à votre disposition sous votre commandement direct. » Immédiatement, l’interpellé se penche sur la carte, prend ses dispositions tactiques, ordonne l’attaque, écarte les remarques pusillanimes d’un général : « Oh ! Certes, l’opération coûtera du monde, mais l’enjeu en vaut la peine. » Puis il songe à son uniforme, car il ne sait que trop ce qu’il lui doit : « Et maintenant, Messieurs, permettez-moi d’aller revêtir une tenue digne de mon grade ». L’opération échoue, en raison de l’intervention du super-avion Espadon (d’une beauté fulgurante; trop beau pour avoir été conçu par le professeur Mortimer comme on veut nous le faire croire) mis au point par les Britanniques. Mais n’est-ce pas là un épisode qui symbolise le drame de ces généraux aux capacités supérieures, de ces esprits éminemment tactiques et stratégiques qui, vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ont succombé à la supériorité facile des Alliés, parce que matérielle ?

     

    La base du détroit d’Ormuz ! De ce rocher, jumeau de Gibraltar, situé près du cap Mussendon, situé par 57° de longitude Est et 26° 8 de latitude Nord, si j’en crois la belle carte publiée par le Bombay Marine Office après les expéditions organisées en 1821 et 1825, parlons-en ! Et parlons-en parce qu’il a joué un rôle non négligeable dans mon existence. Lors du périple du début des années 1960 entrepris par Gérard Zimmermann et moi-même à la recherche des vestiges des monuments croisés au Proche-Orient, fatigués de tant d’architecture romane et gothique dans des lieux insolites, un appel s’est fait entendre en nous, germanique dans sa simplicité : Nach Osten ! Nach Osten ! Alors, vers cet Osten nous avons roulés : Ankara, Sivas, Erzerum, Tabriz, Téhéran, puis une inflexion vers le Sud, puis le Sud-Ouest : Persépolis, Isfahan, Schiraz, puis encore un peu plus vers le Sud-Ouest : Bender Bouchir (où Wassmuss assuma les fonctions de consul duReich avant 1914) en traversant une guerre brutale, d’ailleurs occultée jusqu’à nos jours, dont nous avons à peine pris conscience. Enfin, par des pistes ne méritant pas ce nom, sans cartes, virage en direction du sud-est, vers ce détroit d’Ormuz jacobsien et mythique, dans un paysage affichant effectivement, à peu de choses près, les caractères de celui du Secret de l’Espadon. Mais nous n’atteindrons jamais le lieu magique, l’armée impériale non pas de Basam Damdu mais de S.M.I. le Chah, ayant lancé à nos trousses deux jeeps et une automitrailleuse (l’automitrailleuse du Secret ?) afin de mettre un terme à cette ballade inconsciente dans une région alors aux mains des rebelles tengistanis, ceux-là mêmes soulevés par Wassmuss durant la Première Guerre mondiale.

     

    Le temps allait nous apprendre que nous étions allés chercher bien trop loin ce qui se trouvait à portée de mains. À cette époque-là, un frisson parcourait le dos de tout Suisse lorsqu’on évoquait devant lui les noms de Dailly et de Savatan, les deux forteresses enfouies dans la montagne dont l’artillerie barrait la cluse de Saint-Maurice pour arrêter un ennemi venant aussi bien du Sud que de l’Ouest. On savait qu’elles existaient et qu’elles étaient colossales, des générations s’étant appliquées à creuser et aménager le roc, mais on ne savait rien de plus car tous ceux qui y avaient servi, ou y servaient encore, étaient tenus au secret le plus absolu. Or un jour, la guerre froide devenue paix chaude, un certain nombre d’élus furent autorisés à les visiter. Je découvris alors que c’était là, et pas ailleurs, que se trouvait, reproduite 1 : 1, la base secrète de l’Espadon, avec le dédale de ses couloirs, son funiculaire, la salle des turbines (mêmes couleurs, même pavage du sol), ses monte-charges, ses dortoirs, ses emplacements pour mitrailleuses, sa tourelle abritant des pièces de 15, sa salle de commandement. C’est tout juste si, au détour d’une casemate, on n’apercevait pas les silhouettes sinistres de Blake et de Mortimer. Une différence toutefois : lorsqu’on jette un coup d’œil par un périscope, ce n’est pas la côte d’Oman, les îlots à demi engloutis par une mer de plomb fondu sur laquelle vogue un dhauwque l’on aperçoit, mais des cimes altières empanachées de neige avec, au loin, la surface irisée, piquetée de petites voiles blanches, du Léman.

     

    L’homme d’action et d’aventure n’habite que dans l’action et dans l’aventure. Que lui importe le lieu. Tout lui est bon : la tente du bédouin, l’habitacle d’un char, la chambre d’hôtel, le lupanar, les catacombes, la tranchée, le palais, la chaufferie, la geôle même, lorsque les choses tournent mal, voire la chambre de torture. Pour cette raison, il est impossible de déterminer la nature de l’habitat d’Olrik alors que celui de ses contempteurs n’est, hélas, que trop bien situé, dans la Londres bourgeoise. Tout y est ridicule. Les collections prétentieuses – tête de pharaon, objet mayas, masques africains – puent le faux à plein nez. La cheminée, cerclée de briques, crache des flammes trop puissantes pour être honnêtes. Quant à Mme Benson, la gouvernante, sa simple vue nous ouvre une perspective effrayante sur le quotidien de nos deux pourchasseurs d’Olrik. Je ne connais rien de plus ridicule que l’image où ils apparaissent côte à côte, Blake en robe de chambre et Mortimer dans un pyjama sorti en droite ligne d’une boîte d’épinards à la crème. En contemplant le visage de renard chiffonné de Blake, on comprend pourquoi ce dernier, en dépit d’exploits vrais ou fictifs, n’a jamais dépassé le grade de capitaine. Quant à l’ahurissement facial de Mortimer, un ahurissement permanent, il nous autorise à mettre sérieusement en doute ses capacités scientifiques, bien imprécises d’ailleurs. Ingénieur nucléaire ? Archéologue ? Paléologue ? Constructeur d’avions ? Spécialiste en armements ? De toute manière, un dilettantisme de mauvais aloi. De nouvelles recherches, portant sur leur jeunesse, n’ont fait que confirmer ce climat d’étouffement petit-bourgeois dans lequel se meuvent les deux « héros ». Le père de Mortimer, fonctionnaire colonial à Simla, au pied de l’Himalaya, s’est conduit sa vie durant comme un parfait imbécile, quant à la mère – pas trop mal tournée ma foi ! – elle a tout pour ne pas résister aux tentations du bovarysme. Nous avons évoqué la grotesque vision des Dioscures en pyjama et robe de chambre dans leur home douillet. Mais il y a plus grotesque encore : la première rencontre des deux jouvenceaux sur un marché de Bombay, Mortimer sauvant la vie de Blake en train de se faire étriper par un malabar pundjabi, puis tous deux sauvés à leur tour de l’ire populacière par l’intervention… du mahatmaGandhi… ! Un charmant dieu tutélaire pour présider aux existences doucereuses des futurs professeur et capitaine.

     

    Imaginons, en contrepoint, ce qu’ont été l’enfance et l’adolescence d’Olrik, de vieille noblesse balte. Des heures solitaires sur une falaise de la Baltique, battu par les rafales, des lectures orientées par un oncle qui avait servi dans la Garde prussienne, et qui avait promis qu’il se vengerait un jour de la Révolution et des Spartakistes, du tir sur des bouteilles jetées à la mer, de la chasse, un duel à l’épée à douze ans, pour une broutille, avec un adversaire auquel il sectionna l’oreille. Plus tard, un séjour en Angleterre où il apprit entre autres à fabriquer de la fausse monnaie, un stage dans la Waffen S.S. qui l’initia au drill impitoyable, physique et intellectuel, de Bad Tölz puis un passage dans le commando « Brandenburg » (sabotages et enlèvements derrière les lignes soviétiques), enfin quelques mois dans la Légion étrangère, aussitôt après la guerre, avant qu’un envoyé du Grand Basam Damdu, qui passait par hasard à Sidi Bel-Abbès ne discerne ses mérites et ne l’engage au service de son maître. Puisque j’ai évoqué ses lectures, je vais donc aller jusqu’au bout car, mieux que tout autre chose, elles dessinent la silhouette morale d’un homme de sa trempe : Thucydide, Hobbes, Machiavel, Clausewitz, Rühle von Lilienstern, Lawrence d’Arabie, Colmar von der Goltz, le premier Jünger, Ludendorff, René Quinton pour ne citer que ceux qui en lui ont laissé des traces profondes. Examinons un peu les lectures de Mortimer, en laissant de côté les obligatoires ouvrages et revues scientifiques : les insipides romans de Sarah Summertown, un temps sa maîtresse, Memories of India de Baden-Powell, les idylles de Jane Austen, les poèmes de Pope. En ce qui concerne Blake, même en cherchant longuement, on ne découvrira pas grand’ chose : des règlements de service, Conan Doyle, le Livre de la Jungle (dont la leçon lui apparaîtra toutefois obscure), des guides de voyage, la Campagne de Mésopotamie de Townsend, surtout parce que son père avait été fait prisonnier à Kut al-Amara avec lui, et des recueils de mots croisés. À petits esprits, petites lectures…

     

    Pour ramener les choses au point essentiel disons qu’Olrik qui, tel un nouveau Sisyphe, remet sans cesse l’ouvrage sur le métier, ouvrage ensuite défait par les Dioscures, a atteint les sommets de la solitude tragique, qui est celle de l’aventurier car l’échec constitue la trame, la texture même, de son existence. Les rongeurs, les insectes, viendront un jour à bout du tigre royal, lui infligeront une blessure dont ils se repaîtront ensuite. Blake et Mortimer (petites idées, petit appartement, petites assurances, petites pantoufles, petits idéaux), appartiennent définitivement à cette catégorie. Dans une certaine mesure, alors que le type « Olrik » n’a cessé de se raréfier, les Dioscures scellent le triomphe du type humain qui a fini par dominer en Europe (et ailleurs) tel que, vers 1900, un Constantin Leontjev nous l’a annoncé dans un livre prophétique, L’Européen moyen, idéal et instrument de la destruction universelle : « Tous les auteurs nous présentent l’idéal de l’avenir comme quelque chose qui leur ressemble, c’est-à-dire le bourgeois européen. Quelque chose de moyen : ni un paysan, ni un seigneur, ni un guerrier, ni un prêtre, ni un Breton ou un Basque, ni un Tirolien ou un Tcherkesse, ni un marquis vêtu de velours et coiffé de plumes, ni un trappiste en robe de bure, ni un prélat en brocard… Non ! Ils se contentent tous de leur appartenance au minable type culturel moyen auquel ils sont redevables de leur position dans la société et de leur genre de vie, prétendant au nom du bonheur universel et de leur comportement diriger le monde du haut comme celui du bas.

     

    Apparemment, ces gens ignorent et ne comprennent pas les lois de la beauté car précisément le type moyen est toujours et partout le plus inesthétique, le moins expressif, le moins intense et le moins noble, moins héroïque que des types humains plus complexes et plus extrêmes. »

     

    Nous lisons aussi, à travers ces lignes, qui proclament le triomphe « moral » de Blake et Mortimer, le constat de décès de l’aventurier en général et d’Olrik en particulier.

     

    Jean-Jacques Langendorf

     

    • D’abord mis en ligne sur Le Polémarque, le 3 juin 2011.

    http://www.europemaxima.com/

  • Farage : "M. Juncker, vous voulez envoyez un message à la Russie, est-ce que vous plaisantez ?"

  • État Islamique : L’apocalypse au nom d’Allah – 2e partie

    I. La Dévotion

    En novembre, l’État islamique a diffusé un publi-reportage faisant remonter ses origines à Ben Laden. Abu Musa’b al Zarqawi, le cruel chef d’al-Qaeda en Irak de 2003 jusqu’à sa mort en 2006, y est considéré comme un géniteur plus récent. Deux autres chefs de guerre lui ont succédé avant l’arrivée de Baghdadi, le calife. Ayman al Zawahiri, le chirurgien ophtalmologiste égyptien au look d’intellectuel, successeur de Ben Laden à la tête d’al-Qaeda, n’y est pas mentionné.

    Zawahiri n’a pas prêté allégeance à Baghdadi et il est de plus en plus détesté par ses camarades djihadistes. Son absence de charisme aggrave son isolement. Dans les vidéos, il apparaît biaiseux et ennuyeux. Mais la scission entre al-Qaeda et l’État islamique a mis du temps à se concrétiser et elle explique en partie la soif de sang hors norme de ce dernier.

    Le religieux jordanien Abu Muhammad al Maqdisi, compagnon de Zawahiri, est lui aussi isolé. A 55 ans, il peut se targuer d’être l’architecte d’al-Qaeda et le plus important des djihadistes méconnus du lectorat moyen de journaux américains. Sur la plupart des questions en matière de doctrine, Maqdisi et l’EI sont d’accord.

    Tous deux appartiennent à la branche djihadiste du sunnisme appelée Salafisme, dans les pas “d’al Salaf al Salih”, les “pieux ancêtres”. Ces derniers ne sont autres que le Prophète lui-même et ses premiers partisans, que les salafistes honorent et prennent en modèle sur tous les aspects de la vie, que ce soit pour faire la guerre, pour coudre, pour organiser la vie de famille et même pour les soins dentaires.

    Maqdisi a formé Zarqawi, ce dernier a fait la guerre en Irak grâce aux conseils du vieil homme. Avec le temps, son fanatisme à dépassé celui de son mentor qui lui en a finalement fait le reproche. En cause, le goût de Zarqawi pour les mises en scènes sanglantes et, sur le plan doctrinal, la haine qu’il nourrissait envers les autres musulmans et qui l’amenait à les excommunier et à les tuer.

    Dans l’Islam, la pratique du “takfir”, l’excommunication, est théologiquement périlleuse. “Si un homme dit à son frère – tu es un infidèle -” le Prophète affirme alors “que l’un des deux est dans le vrai.“ Si l’accusateur se trompe, ses fausses accusations font de lui un apostat. La punition pour l’apostasie est la mort. Et Zarqawi a étendu de manière inconsidérée l’éventail des comportements jugés “infidèles” pour les musulmans.

    Maqdisi a écrit à son ancien élève qu’il devait faire preuve de prudence et “ne pas lancer d’excommunications généralisées” ou “déclarer les gens comme apostats à cause de leurs pêchés“. La distinction entre un apostat et un pêcheur peut paraître subtile, mais c’est un point de désaccord essentiel entre al-Qaeada et l’EI.

    Dénier au Coran et aux récits de Mohammed leur caractère sacré relève clairement de l’apostasie. Mais Zarqawi et l’État qu’il a engendré considèrent qu’il existe beaucoup d’autres actes susceptibles de sortir un musulman du cadre de l’Islam. Ceci inclut la vente d’alcool ou de drogue, le port de vêtements occidentaux, le fait de se raser la barbe, de voter à des élections même si c’est pour un candidat musulman, ou encore d’être trop peu regardant sur l’apostasie des autres.

    Être chiite, comme c’est le cas pour beaucoup d’Arabes irakiens, entre bien sûr dans cette catégorie. En effet, l’EI conçoit le chiisme comme une nouveauté, et innover en matière de Coran, cela équivaut à remettre en cause sa perfection originelle. (L’EI déclare que les pratiques courantes du chiisme telles que l’adoration des mausolées d’imams ou les auto-flagellations publiques ne se fondent sur aucune base issue du Coran ou de la vie du Prophète).

    Cela signifie qu’environs 200 millions de chiites sont voués à la mort. Sont également concernés tous les chefs d’États musulmans qui ont élevé la loi des hommes au-dessus de la Sharia voulue par Dieu, en imposant le respect de textes profanes.

    Suivant la doctrine “takfiri”, l’État islamique est déterminé à purifier le monde en tuant un grand nombre de personnes. Il est difficile de connaître l’étendue exacte des massacres perpétrés dans ces territoires en raison du manque de rapports objectifs qui en émanent, mais les messages postés sur les médias sociaux de la région laissent penser que les exécutions individuelles s’opèrent de manière plus ou moins continue et qu’il y a des exécutions de masse tous les 15 jours.

    Les musulmans “apostats” sont les victimes les plus courantes. Les chrétiens, à condition de ne pas s’opposer à ce nouveau gouvernant, ne font pas l’objet d’exécutions systématiques. Baghadadi les laisse vivre à condition qu’ils payent une taxe spéciale connue sous le nom de “jizya” et reconnaissent leur sujétion.

    Il s’agit là d’une pratique coranique qui ne fait pas débat.

    En Europe cela fait des siècles que les guerres de religion ont cessé et que les hommes ne meurent plus en grand nombre pour cause de différents théologiques. C’est peut-être la raison pour laquelle les Occidentaux ont accueilli avec un tel déni et une telle incrédulité les informations relatives aux croyances et aux pratiques de l’État islamique. Beaucoup refusent de croire que ce groupe soit aussi dévot qu’il le prétend ou aussi rétrograde et apocalyptique que le laissent entendre ses déclarations et ses actes.

    Leur scepticisme est compréhensible. Par le passé, les Occidentaux accusaient les musulmans de suivre aveuglément les anciennes écritures, ce qui affligeait certains universitaires. Chez ces universitaires, comme le défunt Edward Saïd, la manière occidentale de présenter les choses ne constitue jamais qu’une autre manière de dénigrer les musulmans.

    Ces universitaires exhortent à plutôt se pencher sur les conditions d’émergence de ces idéologies : mauvaises gouvernances, changements des mœurs sociales, humiliation de vivre sur des terres estimées pour leur seule valeur pétrolifère.

    Aucune hypothèse expliquant l’avènement de l’État islamique ne saurait être complète sans la prise en considération de ces facteurs. A contrario, se concentrer uniquement sur ces derniers, sans prendre en compte l’idéologie, relève d’une autre forme de partialité occidentale : si l’idéologie religieuse ne compte pas beaucoup à Washington ou à Berlin, alors c’est sans doute la cas à Mossoul ou à Raqqa…

    Lorsqu’un bourreau masqué dit ”Allahu akbar” tout en décapitant un apostat, il arrive, parfois, qu’il le fasse pour des motifs religieux.

    Beaucoup d’organisations musulmanes “mainstream” agissent en ce sens, affirmant que l’État islamique est, en fait, non-islamique. Il est bien sur, rassurant, de savoir que la grande majorité des musulmans ne voit aucun intérêt à remplacer les films Hollywoodiens par les vidéos d’exécutions publiques en guise de divertissements hebdomadaires.

    Mais, comme me le confiait l’universitaire Bernard Haykel, directeur de recherche du département de théologie à l’université de Princeton, les musulmans qui nient le caractère islamique de l’État du même nom, sont généralement “gênés et politiquement corrects, ayant une vision angélique de leur propre religion“.

    Une vision qui néglige “tout ce que leur religion a exigé tant sur le plan historique que juridique“. Nombre de négations de la nature religieuse de l’État islamique sont, m’a t-il dit, enracinées dans une “tradition chrétienne inter-religieuse absurde“.

    Tous les universitaires que j’ai pu interroger à propos de l’idéologie de l’État islamique m’ont renvoyé vers Haykel. A moitié Libanais, Haykel a grandi au Liban et aux États-Unis et lorsqu’il s’exprime derrière son bouc à la Méphistophélès, il a une pointe d’accent étranger indéfinissable.

    Selon Haykel, les rangs de l’État islamique sont profondément imprégnés d’une ferveur religieuse. Les citations coraniques sont omniprésentes. “Même les fantassins en débitent sans arrêt” dit-il. “Ils empoignent leurs caméras et répètent leur doctrine de base de façon mécanique, et ils font ça tout le temps“.

    Il considère les déclarations selon lesquelles l’État islamique aurait déformé les textes de l’Islam comme grotesques et n’étant soutenues que par une ignorance délibérée.

    “Les gens veulent absoudre l’Islam” dit-il, “à la manière d’un mantra : l’islam est une religion de paix. Comme s’il y avait une telle chose dans l’Islam! C’est ce que font les musulmans et la manière dont ils interprètent leurs textes. Ces textes sont partagés par tous les musulmans sunnites, pas juste par ceux de l’État islamique. Et ces types sont donc aussi légitimes à le faire que n’importe qui d’autre.“

    Tous les musulmans reconnaissent que les premières conquêtes de Mahomet ne furent pas un long fleuve tranquille, que le Coran est imprégné des lois de la guerre et que les règles conduisant la vie du Prophète ont été calibrées pour répondre à des temps troublés et violents. Selon l’hypothèse de Haykel, les combattants de l’État islamique sont véritablement figés aux temps de l’islam des origines dont ils reproduisent pieusement les standards guerriers.

    Ce comportement inclut un certain nombre de pratiques que les musulmans actuels préfèrent ne pas reconnaître comme faisant intégralement parties de leurs textes sacrés. Mais ”esclavage, crucifixions et décapitations ne sont pas des actes que les djihadistes sont allés chercher dans la seule tradition médiévale.” Les soldats de l’État islamique sont “en plein dans la tradition médiévale et ils la font ressurgir à grande échelle dans le temps présent.“

    Le Coran précise ainsi que la crucifixion constitue le seul châtiment autorisé pour les ennemis de l’Islam. La taxe sur les chrétiens trouve son fondement dans le Surah Al-Tawba, le neuvième chapitre du Coran qui enseigne aux musulmans qu’il faut combattre les chrétiens et les juifs “jusqu’à ce qu’ils payent la jizya en acceptant leur soumission et se tiennent tranquilles“. Le Prophète, que tout musulman considère comme un exemple, a imposé ces règles et possédait des esclaves.

    Les dirigeants de l’État islamique se sont mis en devoir de s’inspirer strictement de Mahomet et ont fait ressurgir des traditions qui étaient endormies depuis des centaines d’années. “Ce qui est frappant chez eux, ce n’est pas seulement leur interprétation littérale, mais aussi le sérieux avec lequel ils lisent les textes” dit Haykel. “Il y a là une assiduité, une gravité obsessionnelle que les musulmans ne possèdent pas normalement“.

    Avant l’émergence de l’État islamique, le seul groupe ayant tenté de suivre durant les 200 dernières années le modèle prophétique avec une fidélité aussi radicale était les Wahabites du XVIIIe siècle arabe. Ils s’emparèrent de ce qui constitue aujourd’hui une grande part de l’Arabie Saoudite où l’héritage de leur stricte pratique s’observe encore dans une version édulcorée de la Sharia.

    Haykel note une différence importante entre les deux groupes : “La violence des Wahabites n’était pas débridée. Ils étaient entourés d’autres musulmans et ils ont conquis des terres qui étaient déjà islamiques, ce qui retenait leur bras.

    L’EIIL, au contraire, revit pleinement l’Islam des origines“. Les premiers musulmans étaient encerclés par les non-musulmans, et l’État islamique, au regard de sa tendance à l’excommunication, se considère dans la même situation.

    Si al-Qaeda voulait réhabiliter l’esclavage, il ne l’a jamais dit. Et d’ailleurs pourquoi l’aurait-il fait? Le silence sur l’esclavage est probablement le reflet d’une pensée stratégique qui vise à s’attirer la sympathie du public. Lorsque l’État islamique a commencé à réduire des gens en esclavage, certains de ses partisans ont tiqué. Néanmoins, le califat a continué à pratiquer l’esclavage et la crucifixion sans hésitation.

    “Nous conquerrons votre Rome, briserons vos croix et prendrons vos femmes comme esclaves” a promis leur porte-parole Adnani lors de ses fréquentes déclarations d’amour à l’Occident. “Si nous n’avons pas assez de temps pour y parvenir, alors nos enfants et petits-enfants y parviendront et ils vendront vos fils sur les marchés aux esclaves“.

    Au mois d’octobre Dabiq, le magasine de l’État islamique, publiait un article intitulé “Le retour de l’esclavage avant l’Heure‘, le sujet était de savoir si les Yazidis (les membres d’une secte kurde ancestrale qui emprunte des éléments à l’Islam et qui a été attaquée par les forces de l’État islamique dans le Nord-Est de l’Irak) étaient des musulmans dévoyés et donc voués à la mort, ou seulement des païens et, en cela, bons pour l’esclavage.

    Un groupe de travail d’érudits de l’État islamique a été mandaté par le gouvernement pour traiter cette question. S’ils sont païens, écrit l’auteur anonyme de l’article :

    “Les femmes et les enfants yazidis doivent être partagés, conformément à la Sharia, entre les combattants de l’État islamique ayant participé aux opérations du mont Sinjar (dans le Nord-Est de l’Irak).

    …Réduire en esclavage les familles des infidèles (kouffars) et prendre leurs femmes comme concubines constitue un aspect clairement établi de la Sharia et quiconque le contesterait ou le moquerait, de fait, contesterait ou moquerait les versets du Coran et les paroles du Prophète… Et il serait exclu de l’Islam comme apostat”.

    http://fortune.fdesouche.com/377287-etat-islamique-lapocalypse-au-nom-dallah-2e-partie

  • sondage : François Hollande et Manuel Valls continuent de chuter

    Le problème avec l’émotion en politique, c’est qu’elle est volatile, instable. Elle ne dure pas. C’est une erreur de trop compter sur elle. Il vaut mieux une idéologie bâtie sur la raison qui séduira par sa lucidité et s’inscrira sur le long terme que la captation émotionnelle qui est faite de bonds éphémères.

    Il était évident que les attentats de Paris allaient fédérer une France anxieuse avec ses gouvernants, aussi impopulaires étaient-ils devenus. Seulement l’après-Charlie est là, le choc dépassé et les griefs de la population sont de retour.

    François Hollande continue de perdre les points de popularité acquis après attentats de janvier: selon un sondage BVA-Orange-iTELE* publié ce samedi 14 mars 2015.

    Le président de la République perd 3 points de popularité par rapport à février et 7 points par rapport à janvier, n’affichant ainsi plus que 27% de bonnes opinions.

    La popularité de son Premier ministre Manuel Valls recule aussi de 2 points par rapport à février et de 4 points par rapport à janvier.

    *Sondage réalisé du 10 au 11 mars auprès de 1.166 personnes représentatives de la population française interrogées par internet. Méthode des quotas.

    http://fr.novopress.info/

  • Quelques réflexions sur le PCF

    Un lecteur du Salon beige tient un blog consacré à ses lectures et aux analyses qu'il en fait. Il a lu récemment "Liquider les traîtres – La face cachée du PCF 1941-1943" , écrit par le Professeur d’Université d’histoire Jean-Marc Berlière et par le Chargé de recherches au CNRS Franck Liaigre, appartenant tous deux à l’équipe de recherche du CESDIP (ministère de la Justice / CNRS).

    Il nous en propose une analyse personnelle, que vous pourrez retrouver sur son blog http://www.rdlvgc01.fr/mes-petites-syntheses-reflexions-ou-notes-de-lectures.html , dans le chapitre « Livres » de la Partie 6 (« Compléments ») de ce document. Voici ci-dessous les quelques réflexions que lui a inspirées le sujet :

    "1). Je suis avant  tout excédé par le fait que ce soit les Communistes qui ont lancé, —et ont été, et sont toujours, une colossale  caisse de résonnance—, les mensonges et diffamations sur Pie XII et les Juifs, et que ce soit eux qui « fassent les beaux » ; alors que sur le sujet des Juifs, comme sur toutes les leçons qu’ils n’arrêtent pas de donner à tout le monde sur la Seconde Guerre Mondiale, s’il y en a bien qui, de fait, devrait « faire profil bas », ce sont bien eux —les Communistes—, (ainsi que, mais pour des raisons différentes, quelques autres petits partis comme celui de Doriot —lui-même ancien communiste—, mais ces derniers au moins, pour le cas où il en resterait encore de résidus, ne font pas croire qu’ils ont été des héros dans le combat contre les Nazis). 

    2). Et je suis toujours aussi étonné par le comportement des Partis, en particulier par des Partis comme l’UMP et le Centre Droit, vis-à-vis du Front National. Et c’est au final un « post » d’aujourd’hui sur le Salon Beige qui m’a fait décider d’envoyer mes notes de lectures telles quelles, sans prendre le temps d’éliminer les redondances dans certains de mes commentaires en renvois de bas de pages. Ce « post » du SB  indique que Monsieur Juppé semblerait préférer s’allier avec le PCF qu’avec le Front National !

    Je n’ai pas d’opinion précise sur le Front National, mais ce qui m’a toujours surpris c’est que tous les Partis, ou presque, hurlent contre une alliance avec le Front National, et avec le plus souvent les mêmes arguments. Et ces mêmes Partis trouvent normal que le Parti Socialiste, voire le Centre Gauche, s’allie(nt) avec le Parti Communiste et avec des Partis Trotskistes et autres Marxistes. Or si l’on compare les monstruosités commises par ces Partis Marxistes, ils en ont fait au moins autant qu’Hitler et le Nazisme : en fait encore bien plus de victimes par le Marxisme que par le Nazisme ; quant aux méthodes, tortures et souffrances provoquées, etc., je ne crois pas que l’on puisse faire pire qu’Hitler et les Nazis, mais s’il était possible de faire encore pire, Lénine, Trotski, Staline, Mao, Pol Pot, etc., et les Marxistes l’auraient fait. Ce sont des faits ; c’est l’histoire qui nous l’apprend.

    On peut admettre, ce serait leur choix, que des Partis comme l’UMP et le Centre Droit, etc., ne veuillent pas s’allier avec le Front National, mais pas, me semble-t-il, pour les raisons qu’ils en donnent. Il n’y a, depuis longtemps, probablement pas plus de un pour cent de Nazis en France —est c’est déjà trop—, et rien ne dit qu’ils soient au Front National ou qu’ils soient tous au Front National, or le Front National représente bien plus qu’un pour cent de la Population Française ! En revanche le Parti Socialiste s’est allié et a gouverné avec le Parti Communiste Français, et s’est allié avec des Trotskistes, quand notamment les pourcentages de la Population Française qui avaient choisi de voter pour ces Partis Marxistes étaient très significatifs. L’UMP, etc., peut/peuvent s’interdire de s’allier avec le Front National, mais alors le Parti Socialiste, etc., aurait/auraient dû, et devrait/devraient, incomparablement plus s’interdire de s’allier avec le PCF et les autres Partis Marxistes.

    Enfin, (voir notamment le livre évoqué ci-dessus), pour reparler du Nazisme et de la Seconde Guerre Mondiale, le PCF (Parti Communiste Français) et les Communistes ont été, de fait, eux, d’authentiques « collabos », et encore pire : ils ont été des complices/alliés d’Hitler et des Nazis en France de 1939 à 1941 —ils ont trahi la France—, et qu’à partir de 1941 ils se sont battus en France pour l’URSS et pour le Communisme mais pas pour la France et les Français ! À partir de 1941, comme avant, le PCF a toujours été motivé par les services à rendre à l’URSS et au Communisme et non pas motivé par le service pour la France et les Français. De plus, quand il a combattu les Nazis, c’est avec une efficacité bien plus faible que ce qu’il prétend, et que l’on continue à nous faire croire."

    Marie Bethanie  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html