Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Retraites : combattre la réforme de Macron, mais refuser le blocage syndical.

    images.jpg

    L'avis de Jean-François Touzé
    Ambigüe, incomplète, inéquitable, bancale, la réforme du système de retraites concoctée par Jean-Paul Delevoye sous l'impulsion à la fois molasse et hasardeuse d'Emmanuel Macron doit être combattue.
    Elle doit être combattue parce que la mise en place d'un système par points dont personne ne peut aujourd'hui présumer de la valeur aura inévitablement pour effet d'entraîner une baisse du niveau de retraite de nombreux Français.
    Elle doit être combattue parce que le plan Delevoye ne donne aucune assurance quant au financement futur des pensions. 
    Elle doit être combattue parce qu'elle relève d'une simple velléité comptable et non d'un projet socialement juste, économiquement pérenne et nationalement efficace 
    L'universalité des retraites et la fin des régimes spéciaux (mais quid des régimes autonomes?) vont certes dans la bonne direction, mais ces mesures de bon sens et de justice que la droite nationale n'a cessé depuis des décennies de réclamer ne sont mises en avant par le gouvernement que pour masquer le caractère punitif pour de très nombreux Français de la réforme.
    Pour autant, les nationaux ne peuvent en aucun cas soutenir le mouvement de grèves massives et attentatoires à nos libertés qui se prépare à partir du 5 décembre. Une fois de plus, Marine Le Pen en prenant le parti des syndicats politisés de gauche et d'extrême gauche se fourvoie, confondant l'accessoire et l'essentiel, et privilégie ce qu'elle croit être sur le court terme son intérêt partisan au détriment de celui, dans la longueur et la profondeur du temps, de la France et des Français.
    Les Syndicats rouges, par idéologie autant que par défense de leurs privilèges organisationnels et catégoriels, se préparent à bloquer le Pays et à prendre, une fois de plus, les Français en otages pour une période indéterminée à l'approche de Noël. Pour contrer cette manœuvre inacceptable, le Parti de la France demande que soient prises dès le 5 décembre des mesures de réquisition et appliqué un vrai service minimum dans les transports et les services publics.
    Nous demandons aussi que la question vitale de la réforme des retraites soit soumise à référendum (loi constitutionnelle de 1995 étendant le champ référendaire aux questions sociales et économiques) afin que, loin d'être tranché par une classe politicienne et syndicale clanique, le nœud gordien des retraites soit défait par le peuple tout entier.
    Si cette réforme devait être rejetée par les Français — et tout porte à croire qu'elle le serait — un plan nouveau, courageux et responsable, de sauvegarde de nos retraites tant sur le plan du niveau des pensions que sur celui du financement du système, excluant les régimes spéciaux, consolidant la répartition tout en permettant la complémentarité volontaire, pourrait, grâce à la légitimation populaire acquise, être adopté dans la concertation dans le cadre législatif.
  • YANN BARTHES, LA TYRANNIE DES BIEN-PENSANTS / Le clash avec Valeurs actuelles

  • [VIDÉO] Budget égalité hommes-femmes : 834 millions d’€ partent à l’étranger !

    « Le budget consacré à l’égalité hommes-femmes de 2020 s’élève à 1,116 milliards d’euros. Sauf que cet argent n’est pas destiné uniquement à la France : les 3/4 partiront à l’étranger, soit 834 millions d’€. Le but : aider des associations, surtout en Afrique. »
    Le 20h de TF1

    Voir la video

  • L’Union européenne est-elle sous domination allemande ? Eric Zemmour est-il fiable ?

    L’Union européenne est-elle sous domination allemande ? Eric Zemmour est-il fiable ?

    L’outil préféré d’Eric Zemmour est l’emporte-pièce, cet instrument tranchant servant à découper dans un matériau en feuille, sous l’effet du choc ou de la pression, des pièces d’un contour donné, synonyme de découpoir (Larousse). Ses aphorismes sont nombreux et parfois répétitifs (Macron, c’est Louis-Philippe ; la politique, c’est choisir son ennemi ; J’aime les préjugés : moi je pense qu’ils sont la science de nos ancêtres et que sans préjugés la vie serait moins douce et moins agréable ; la puissance publique n’est forte que parce qu’il y a des frontières…).

    Depuis quelques mois, Eric Zemmour à plusieurs reprises s’en est pris à l’histoire édifiante du couple franco-allemand moteur de l’Europe en affirmant que, loin de l’image idyllique, l’Union européenne est passée sous domination allemande.

    Il n’est pas question ici de traiter de la question de façon exhaustive (les couples symboliques d’une réconciliation -Charles de Gaulle/Konrad Adenauer, VGE/Helmut Schmidt, François Mitterrand/Helmut Kohl ; la réunification en 1989 qui a formidablement changé les perspectives  et bien que cette réunification ait fait partie, dès le début, de la charte fondamentale de la RFA ; l’incapacité française à rétablir les comptes publics…) mais plutôt d’évaluer le bien-fondé de cette assertion zemmourienne.

    Trois sources vont nous aider : un débat (La Grande Confrontation sur LCI  le 13 mai 2019 lors de la campagne électorale pour les élections européennes) entre Daniel Cohn-Bendit (DCB) et Eric Zemmour (EZ) ; un débat récent, le 14 novembre sur CNews entre EZ et l’économiste Christian Saint-Etienne (CSE). Enfin deux entretiens de Margrethe Vestager avec la presse. Margrethe Vestager était commissaire européen à la concurrence dans la précédente Commission européenne (2014-2019) et a gardé cette prérogative (tout en devenant vice-présidente avec des attributions élargies) au sein de de la nouvelle Commission devant encore être confirmée par l’Assemblée européenne.

    Un intérêt subsidiaire de revenir aux échanges entre E.Zemmour et Daniel Cohn-Bendit  est de faire ressortir l’absence quasi-totale de consistance et de cohérence du discours de l’écolo-macronien, qui a paraît-il l’oreille du télévangéliste de l’Elysée ce qui ne laisse pas d’être inquiétant.

    Lors de ce débat, E.Zemmour ayant insisté sur la place du libre-échange comme idéologie fondamentale de l’Union européenne, DCB opine :

    « vous avez raison le libre-échange doit être régulé écologiquement et socialement ».

    Cela relance EZ :

    « C’est formidable. Pendant 20 ans vous [NDLR : il parle de lui-même] dites que le libre-échange nous mène droit dans le mur et on nous répond que « vous êtes ringard », « c’est du repli sur soi », « c’est honteux, ça nous rappelle les heures les plus noires de notre histoire et ça va nous mener à la guerre ». Et au bout de 20 ans, les ravis de la crèche européenne disent : « ah ben oui, peut-être que vous avez raison » ! Deuxième problème : quand on dit que l’Europe exporte, c’est du baratin. L’Allemagne exporte. L’Allemagne est obsédée par ses exportations. Ils ont 200 milliards d’euros d’excédent. Les autres sont des nains [NDLR : excédent annuel moyen de la balance commerciale de l’Allemagne : 250 milliards d’euros ;déficit annuel moyen de la balance commerciale de la France : 50 milliards d’euros.]. Nous sommes dépendants des intérêts commerciaux de l’Allemagne. Les allemands sont terrorisés à l’idée que Trump leur mette des taxes sur leurs voitures. Donc ils lui passent tout. Les allemands sont obsédés par leurs exportations de voitures. En vérité, nous sommes les otages de la puissance exportatrice allemande ».

    Réponse faiblarde de DCB (qui ne dénie pas ce que vient de dire EZ) :

    « Aujourd’hui, l’Union européenne a créé aujourd’hui l’Airbus des batteries, c’est-à-dire ils lancent avec un investissement important une batterie européenne qui sera le cœur de l’avenir de la production industrielle automobile. C’est pour défendre une industrie entière pas seulement l’industrie allemande ».

    Ce que DCB évoque comme une décision de l’UE est en réalité un projet dont le lancement a été demandé de toute urgence par Carlos Tavarès, patron de PSA et président de l’Association des constructeurs automobiles européens, lors de son audition à l’Assemblée nationale française le 28 mars 2018.

    En outre, voilà ce qu’a déclaré Margrethe Vestager dans un entretien au Figaro le 3 novembre. Elle répond à la question

    « Nous n’avons pas de programmes destinés à créer des champions européens… Certains le préconisent. Qu’en pensez-vous? ».

    Réponse :

    « Nous ne devons pas avoir un tel programme. Si des entreprises veulent fusionner, qu’elles soient publiques ou privées, européennes ou pas, cela ne peut être notre choix, c’est le leur ».

    Et poussée par une nouvelle remarque (Guy Verhofstadt appelle aussi à la création de champions européens, en particulier dans le numérique), elle ajoute :

    « Cette façon de voir les choses est très vieille école. L’industrie européenne, ce ne sont pas que des entreprises géantes. C’est un écosystème composé d’entreprises de toute taille, et c’est l’une des raisons de la résilience de l’économie européenne ».

    Pas vraiment bon pour la crédibilité de DCB.

    Et d’ailleurs, DCB, toujours poussé par EZ en particulier à propos des téléphones mobiles, reconnaît une faillite européenne :

    « Il y a eu une faillite à plusieurs niveaux. Je ne suis pas quelqu’un qui ne dit pas qu’il y a eu des tas d’erreurs dans la construction européenne, c’est vrai. Mais ce qui est intéressant aujourd’hui, admettons, je fais mon mea culpa, le libre-échange souvent a été exagéré et on n’a pas compris assez vite, à par des exceptions, la nécessité de régulation sociale et écologique. Mais ce qu’on comprend aujourd’hui et c’est ce qui est intéressant, c’est que l’espace qui peut nous garantir aujourd’hui des différentes productions, pas simplement le cycle, les batteries, le cuir, c’est la protection européenne. Si EZ veut me faire dire que j’ai dit des tas de conneries dans ma vie, mea culpa, c’est vrai » [NDLR : on peut regretter le phrasé de DCB aussi décousu que sa pensée, mais c’est du verbatim…].

    S’ensuit alors une discussion sur l’euro. EZ retrouve le goût de l’aphorisme : « L’euro est un Deutsche Mark sous-évalué » à quoi DCB répond plutôt étrangement : « L’euro protège toutes les monnaies » [NDLR : Mais de quelles monnaies parle-t-il donc ? On ne le saura pas]. Et il continue : « Il faut réagir à l’extraterritorialité du dollar. SI les USA pénalisent les entreprises européennes, il faut que l’UE taxe les entreprises américaines ». Réplique d’EZ : « Mais ça existe, c’est la loi de blocage de 1996. Mais l’Allemagne ne veut pas de rétorsions ». Et DCB d’opiner : « Vous avez raison sur un côté. Des fois même vous, vous dites des choses justes. Aujourd’hui, il y a une angoisse allemande avec les USA ». Et enfin, DCB admet que, sur le sujet de l’ouverture éventuelle de nouvelles négociations commerciales avec les USA, « le seul pays à avoir dit non était l’Allemagne ». On est donc effectivement bien loin de l’entente idyllique.

    La suite du dialogue enfonce toujours un peu plus DCB. Deux exemples :

    • A propos du poids comparé des deux secteurs industriels. EZ : « Il y a encore une industrie française, mais elle est marginale vis-à-vis de l’Allemagne». Réponse de DCB : « Mais non, mais non » ; EZ argumente : « 10% du PIB pour l’un, 20% pour l’autre ». DCB ne répond rien [NDLR : pourcentages exacts. Mais aussi : industrie allemande = 31% de l’industrie de l’UE ; industrie française = 11% de l’industrie européenne].
    • A propos des exportations agricoles. DCB : « Il y a une grande exportation agricole française. Elle n’exporte pas à perte ». Malheureusement pour lui, il y avait des participants avertis dont un agriculteur qui lui explique : « Le coût d’une tonne de blé en France est de 120€. Quel a été le cours international pendant 6 mois ? 96€». DCB essaie d’argumenter : « Mais je veux dire que si vous pensez à long terme, euh, euh, euh, il n’y a pas d’exportation négative » (sic). L’agriculteur : « Vous parlez des céréales. Or les céréales sont tenues par cinq personnages dans le monde. Et nos coopératives en France, c’est comme en Europe, sont à la merci de 3 personnes ». DCB essaie de feinter : « Non, c’est pas ça. Je vous donne l’exemple du lait ». L’agriculteur impitoyable : « Alors parlez du lait ». DCB poussé dans ses retranchements : « Le problème du lait dans le monde, c’est que le prix du lait est fixé par la Nouvelle-Zélande. Comme en fait l’herbe pousse rapidement et mieux [re-sic !],le prix du lait qui est 1% de la production mondiale est fixé par la Nouvelle-Zélande. Elle est que 1% mais parce que [un blanc puis il continue]et la viande est définie par Chicago [re-re-sic].C’est là où vous avez raison, c’est là qu’il faut changer. Oui, il faut tout changer ». EZ intervient : « Pourquoi se mettre dans la main du marché mondial ? ». Et DCB impérial : « Parce que le marché intérieur n’existe pas », alors même que le Marché commun a été conçu comme un marché intérieur et c’est d’ailleurs même le titre du poste de Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.

    Le face-à face-sur CNews le 14/11 entre Eric Zemmour et Christian Saint-Etienne permet aussi d’assez bien valider l’assertion zemmourienne. Christian Saint-Etienne (CSE) est un économiste distingué, ayant travaillé à l’OCDE et au FMI, capable d’être iconoclaste et n’ayant pas hésité à publier La fin de l’euro en 2009.

    Son jugement sur la qualité de construction de l’euro est sans appel :

    « L’euro a été construit sans les institutions politiques qui lui permettent de survivre. Une monnaie, ce n’est pas une question technique, c’est intrinsèquement politique. Le problème de l’euro, c’est qu’il n’y a pas d’état souverain derrière. Il y a au contraire 19 états qui en plus sont d’accord sur de moins en moins de choses ».

    Pour lui, « au début, l’euro était un pari ouvert et officiel, le pari de Jacques Delors qui savait qu’on aurait besoin d’un état. Il lui semblait évident que l’état suivrait  derrière ».

    Mais, en économiste cherchant des solutions à la situation de facto, il pose la question :

    « Comment faire un substitut d’état (si on ne peut pas, l’euro ne tiendra pas) ? Par une politique intergouvernementale. Et comment tenir face à la compétition entre la Chine et les USA ? Il y aurait deux options : l’option fédérale, mais le fédéral, c’est donner le pouvoir à une instance qui sera dominée par les pays du nord [CSE ajoute plus loin : « Je ne suis pas prêt à laisser la souveraineté de la France à des élites techniques qui en plus sont souvent défaillantes »] ; l’option intergouvernementale. Dans l’intergouvernemental, la France garde sa souveraineté. Je n’appelle pas à un budget au sens (fédéral) des USA. J’appelle à un budget pour investir dans la science et les technologies militaires, pour donner à l’Europe des capacités d’intervention au plan mondial. Il faut un noyau dur intergouvernemental à 9 pays, Allemagne, France, Autriche, Italie, Espagne, Portugal, Benelux, c’est-à-dire l’empire de Charlemagne ou l’Europe à l’ouest du limes romain ».

    EZ : « Vous me trouverez toujours s’il s’agit de plonger dans la nostalgie napoléonienne. SI Napoléon avait gagné, on n’en serait pas là. Mais malheureusement il a perdu » [NDLR : EZ serait-il un grand affectif qui s’ignore… ?].

    CSE : « On peut faire un noyau dur sans la guerre ».

    EZ : « C’est le premier de nos désaccords. Vous connaissez le mot de de Gaulle : La France s’est faite à coups d’épée. Je pense que tout dans l’histoire s’est fait à coups d’épée ».

    CSE : « Ce que les Allemands ne veulent pas, c’est un budget de redistribution qui les conduirait à payer pour les déficits de la France. Mais en juillet 2018, le ministre allemand de l’économie a proposé à la France la création d’un fond de 10 milliards d’euros sur l’intelligence artificielle. Pas de réponse 18 mois après. Par rapport à un Macron qui dit qu’il veut faire l’Europe, pourquoi n’y a-t-il pas eu de réponse française ? ».

    CSE de souligner aussi le désaccord profond entre Allemagne et France :

    « Au point où nous en sommes sur le plan historique, divergence entre le nord et le sud de l’Europe et affaiblissement continuel de la France dans un cadre auquel nous ne sommes pas adaptés et qui a en partie contribué à la désindustrialisation de notre pays, je regrette que la France n’ait pas le courage de parler très franchement à l’Allemagne et de lui dire : soit on est ensemble, on met en place des éléments de politique de défense, de politique stratégique, et on avance réellement ; je prends le SCAF, l’avion du futur qu’on essaie de partager avec les allemands. On a commencé il y a six mois, on a pris six mois de retard. Parce que la compétence est française et ils veulent prendre le contrôle. Je suis prêt dans ce cas-là à dire aux allemands : soit vous nous laissez le leadership, on avance et on signe le contrat. Soit c’est terminé ».

    Et CSE de conclure :

    « Je pense qu’on est arrivé à un moment qui sur le plan politique et stratégique est tellement majeur qu’il faut accepter de provoquer une crise extrêmement grave avec l’Allemagne pour remettre les choses d’aplomb. Et si on n’y arrive pas, alors, effectivement, je pense qu’on arrivera à l’éclatement de la zone euro…. Un pays faible ne peut pas sortir de l’euro. Si la France le voulait, elle ne le pourrait pas. En revanche, l’Allemagne peut sortir. Donc, si à un moment donné, pour des raisons politiques, je n’exclus pas une séparation entre le sud et le nord de la zone euro, mais à ce moment-là, c’est l’Allemagne qui doit sortir avec les pays qui l’accompagnent ».

    CSE, à propos de l’euro, se réjouissait quand même du rôle grandissant de cette monnaie comme monnaie de réserve international. Il est interrompu par EZ : « L’euro, c’est 20% ». « C’est déjà pas mal » répond CSE. « Mais le Deutsche Mark faisait 15. Donc, en fait, c’est la même chose, on a lancé un gros Deutsche Mark » rétorque EZ en forme.

    Laissons le dernier mot à Margrethe Vestager qui, dans un autre entretien au Point publié le 13 novembre, a encore splendidement confirmé cette idée zemmourienne d’un désaccord profond entre l’Allemagne et la France qui au départ paraissait si incongrue. Elle indique :

    « A la Commission, nous avons élaboré une nouvelle stratégie avec la Chine pour nous assurer que nous pouvions défendre une concurrence juste à l’égard de nos entreprises qui souhaitent conquérir le marché chinois. Malheureusement, un des outils que nous proposons – la réciprocité dans l’accès aux marchés publics- est refusé par plusieurs Etats membres du conseil européen ».

    Remarque du Point : « Parmi les Etats qui bloquent, il y a l’Allemagne ? ». Margrethe Vestager confirme : « Oui, il y a un petit nombre d’Etats qui bloquent ».

    Et au final ? La construction européenne vue comme une grande absence de vision à long terme et une longue litanie de mauvaises décisions ; et un diagnostic zemmourien plutôt conforté, même si ce n’est pas réjouissant. Mais il faut bien reconnaître à Eric Zemmour le talent d’appuyer toujours là où ça fait mal.

    https://www.lesalonbeige.fr/lunion-europeenne-est-elle-sous-domination-allemande-eric-zemmour-est-il-fiable/

  • Emmanuel Macron, mauvais joueur ?

    macron14juillet.png

    N’étant pas un opposant compulsif à tout ce que dit et fait le président de la République, je suis évidemment plus sensible aux erreurs qu’il commet que ceux qui n’attendent et n’espèrent rien de lui. Et j’éprouve une sorte de saisissement face à ses rechutes quand tous avaient pu constater ses progrès, au moins dans son oralité spontanée et sa perception des Français.

    Mais patatras ! tout, à nouveau, est remis en cause.

    Visitant le nouveau site de l’université à Amiens, en répondant à des étudiants, Emmanuel Macron a déclaré : « En ce moment, notre pays, je trouve, est trop négatif sur lui-même. »

    Il faut comprendre : donc, sur moi-même et ma présidence.

    Je pourrais rétorquer qu’un pays n’a jamais tort mais ceux qui le dirigent. Et m’en tenir là. De la même manière, en usant d’une comparaison judiciaire, qu’un jury criminel qu’on n’a pas convaincu n’est coupable de rien, la faute incombant seulement à l’accusation qui n’a pas su entraîner les citoyens dans son sillage.

    Mais il me semble qu’une réflexion plus approfondie mérite d’être menée, tant cette opinion critique du Président renvoie à des considérations politiques et psychologiques qui la rendent au moins inopportune.

    On peut admettre, si la notion de tempérament collectif d’un peuple a du sens, que les Français ont une veine davantage râleuse et protestataire que satisfaite et optimiste. Le verre est généralement plutôt à moitié vide qu’à moitié plein. Je suis un échantillon représentatif de cette morosité et je ne m’en flatte pas.

    Ce point acquis, reste que la situation de la France, aujourd’hui, sur beaucoup de plans, est plus que préoccupante. On n’a pas besoin de ce qui s’annonce le 5 décembre pour énoncer cette évidence qu’au quotidien une majorité de citoyens partage. Elle est d’autant plus angoissante qu’elle mêle des peurs politiques et sociales, le constat d’une autorité défaillante de l’État, de désordres et de violences jamais maîtrisés, à des inquiétudes lancinantes sur notre identité et la sauvegarde de notre modèle de vie collective.

    Rien qu’à cause de ce tableau si dégradé de notre République, le président aurait pu et dû s’abstenir, en tout cas ne pas donner l’impression qu’il manquait de fair-play démocratique, qu’il était en quelque sorte un mauvais joueur et qu’il éprouvait comme une forme de dépit à l’égard de cette nation qui ne reconnaissait pas la qualité de son pouvoir.

    Avec le risque qu’une personnalité, aujourd’hui, pourrait apparaître aisément comme plus « compétente »« plus proche des gens que lui », en l’occurrence récemment François Baroin (Le Figaro).

    Je veux bien croire que la fulgurance de sa victoire en 2017 et son caractère absolument inédit l’avaient sans doute mal préparé à ce délitement progressif. Décidément, ces Français sont incorrigibles qui oublient si vite ce qu’ils avaient donné l’impression, sinon d’adorer, du moins de vouloir plus que les plats réchauffés de tous les politiciens classiques. On leur avait promis pourtant le nouveau monde et ils renâclent parce que, depuis 2017, à part une embellie d’un an, on les a fait patauger dans l’ancien !

    Le Président – peut-être l’explication centrale de son propos ? – ressent probablement comme une injustice le fait d’avoir tenté de se discipliner : abandon de ses foucades spontanées moquant les Français, de ses attitudes trop décontractées ici ou là, morceaux de bravoure du grand débat national, repentance renouvelée, conscience tardive du caractère durable et profond de ce qui avait mobilisé les gilets jaunes, contrition pour avoir manqué de respect et d’écoute dans sa pratique présidentielle et injonction à son gouvernement de changer de méthode. Et tout cela, apparemment, pour rien !

    Cette hypothèse n’est pas sans pertinence si on se penche sur la personnalité du Président dont un portrait récent, fouillé, contrasté, sans complaisance, au fond glaçant, montre à quel point le mépris lui vient facilement au point de se désintéresser, selon lui, des médiocres qui l’entourent puisqu’il est et fait tout, ne gardant de l’estime et de l’affection que pour les rares ayant cru en lui dès la première seconde (Le Point).

    Imaginons ce qu’a pu susciter sur et en un tel caractère le scandale de n’être pas apprécié à sa juste valeur par le peuple qui serait « trop négatif » et les plumitifs des médias qui l’ont obligé à abandonner la parole économe au profit d’un verbe surabondant et sur tout !

    Je ne désespère pas du président de la République. S’il veut bien ne pas détruire, par des provocations qui lui échappent, une construction patiemment volontariste de lui-même, il ne sera pas perdu pour un meilleur avenir et notre démocratie.

    D’autant plus que, consensus inouï à son sujet, tous le créditent d’avoir le courage de ne jamais fuir.

    Ce n’est pas rien.

    Extrait de : Justice au Singulier

    Philippe Bilger

    https://www.bvoltaire.fr/emmanuel-macron-mauvais-joueur/