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culture et histoire - Page 1030

  • Patriotisme et Idéologies

    Ivan Blot, conférence du 21 mars 2017

    ♦ Le patriotisme est la reconnaissance d’un héritage, ce que n’est pas une idéologie.

    Le patriotisme n’est pas une idéologie. Contrairement à un préjugé tenace, le patriotisme n’est pas une idéologie. Le patriotisme est l’amour de la mère patrie. Dit-on d’un enfant qui aime ses parents qu’il a une idéologie ? Ce serait absurde. Le patriotisme relève des sentiments. On peut le justifier intellectuellement, par exemple en montrant que tout ce qu’on est vient de l’héritage des parents et de la nation, à commencer par la langue maternelle.

    On est le produit d’un héritage culturel national. On peut, à titre individuel, le rejeter mais le rejet ne peut être que partiel et il est souvent stérile. Qu’auraient été Victor Hugo, Goethe ou Dostoievski sans leur héritage national ?

    Le sociologue américain Robert Putnam montre que l’héritage national partagé permet l’amélioration des relations humaines. Il a montré que plus la diversité culturelle est forte, plus la défiance entre les individus est grande. On sait scientifiquement aujourd’hui que la fraternité est inversement proportionnelle à la diversité. Les promoteurs de la diversité détruisent donc sans s’en rendre compte les rapports humains pacifiques et sont sans dans les faits promoteurs de violence. Et il est vrai que les sociétés les plus pacifiques du monde, les moins criminogène sont les plus homogènes culturellement comme l’Islande ou Singapour. Le patriotisme s’appuie sur l’homogénéité culturelle et il est lui-même facteur de paix sociale.

    Patriotisme et idéologie

    Le patriotisme peut se mêler à des idéologies, laïques comme religieuses. Il peut aussi se heurter à des idéologies comme on le voit dans l’Occident actuel. Un Etat démocratique libre ne saurait interdire telle ou telle idéologie sauf s’il est avéré qu’elle est criminelle. C’est le cas des idéologies révolutionnaires parce qu’elles prônent la violence. Mais un tel Etat peut difficilement admettre l’absence de patriotisme car il peut exiger des citoyens de « mourir pour la patrie ». Il doit combattre les idéologies qui s’opposent au patriotisme comme le socialisme ou le libéralisme de types cosmopolites ou comme l’islamisme radical, lui aussi cosmopolite. Une démocratie est fondée sur le patriotisme, ce qui n’est pas essentiel sous une dictature où l’attachement au dictateur sert de lien social principal. On l’a vu dans l’ancienne Yougoslavie où l’unité était fondée sur l’allégeance au maréchal Tito et à son parti unique communiste. Dès que la dictature a disparu, l’Etat a éclaté au profit de nations comme la Croatie ou la Serbie.

    Combattre l’antipatriotisme n’est pas combattre une opinion. C’est combattre une attitude délinquante où un citoyen s’arroge le droit de ne pas défendre ses compatriotes, notamment en cas de guerre avec l’étranger.

    Il faut voir d’où viennent les idéologies modernes. Elles sont liées à ce que Heidegger appelle le Gestell, vue du monde dérivée des Lumières du 18e siècle. Sous Louis XIV, il n’y avait pas de conflits idéologiques au sens moderne du terme. Les idéologies ont en commun les quatre points suivants :

    A/ effacement de Dieu devant de nouvelles idoles, dont l’égo qui cherche à justifier ses caprices par la notion des droits de l’homme. Au nom de ceux-ci, on cherche à abattre les traditions. Par exemple, au nom des droits de l’homme, la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) a cherché à interdire les crucifix dans les écoles italiennes (cette interdiction a été levée suite à une plainte en appel de l’Italie). Au nom des droits de l’homme, on a voté le mariage homosexuel en France. Au nom des droits de l’homme, on rend difficile l’expulsion des immigré clandestins, etc. (hyper individualisme) ;

    B/ l’argent devient la valeur suprême et la discrimination par l’argent est la seule admise entre les citoyens (matérialisme) ;

    C/ l’homme devient une matière première interchangeable : cette dérive est défendue par les idéologies socialistes et libérales, sauf exceptions ;

    D / tout ce que la technique permet de faire doit être autorisé, contre toute norme morale au besoin. Les racines traditionnelles doivent être balayées.

    Heidegger a été mal vu lorsqu’il a affirmé que le fascisme, le communisme et le libéralisme, trois versions du modernisme, étaient métaphysiquement la même chose (voir la synthèse des idées de Heidegger par le philosophe Alexandre Douguine). Ces idéologies étaient politiquement différentes, bien sûr, mais pas métaphysiquement. Elles déifient la technique et les masses, transforment l’homme en matière première et écartent toute transcendance au profit du seul utilitarisme, qu’il soit un utilitarisme au service des caprices de l’individu, au service d’une classe révolutionnaire ou d’une race ou d’une nation : dans tous les cas, l’utilitarisme se substitue à l’éthique. L’essence de l’homme est bafouée et on est dans « l’oubli de l’être » et la vie inauthentique. Néanmoins, le patriotisme, amour de la patrie, qui n’est pas utilitariste et repose sur le sens de l’honneur, peut historiquement être associé à telle ou telle idéologie.

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  • Nos ancêtres les Gaulois ?

    L’expression « nos ancêtres les Gaulois » décrit-elle une réalité, ou bien est-elle une simple façon de parler, un slogan, à la manière du « Madame Bovary, c’est moi » de Flaubert, ou du « Ich bin ein Berliner » du président Kennedy ?

    Quand on lui demandait à quoi ressemblait un Gaulois, Braudel répondait : « Regardez-moi. » Cette réponse suggère que les invasions ultérieures, jusqu’à nos jours, n’ont pas entraîné de substitution de population depuis que les Celtes sont arrivés des montagnes d’Europe centrale à partir du VIIIe siècle avant notre ère, apportant l’usage du fer. Mais si les Celtes ont subjugué les habitant du pays qui devait devenir la Gaule, ils ne les ont pas remplacés. À quoi ressemblait l’homme de Cro-Magnon ? À cette question, on peut aussi répondre : « Regardez-moi ! » Cette observation souligne l’ambiguïté de cette quête des origines : sommes-nous d’abord les descendants d’une ethnie, ou les héritiers d’une civilisation ?

    Or, de la civilisation celtique, nous n’avons à peu près rien retenu. Le vocabulaire français n’en contient que quelques mots, dont le sens est souvent incertain. On a beau attribuer aux Gaulois le goût du bien boire, du bien manger et de la bonne querelle, il faut avouer que ce sont des usages fort répandus de par le monde. On nous dit qu’ils fabriquaient des tonneaux et se servaient de savon. C’est sympathique, mais un peu léger pour établir une filiation avec les mœurs des Français d’aujourd’hui. Rares sont ceux qui grimpent sur les dolmens, une torche à la main, ou profitent de la pleine lune pour cueillir du gui dans les arbres.

    Il faut ajouter que les Celtes se répandirent largement ailleurs qu’en Gaule : leur langue existe encore en Bretagne, mais aussi en Irlande et au pays de Galles. Ils ont donné leur nom à la Galice en Espagne, à la Galicie en Pologne, à la Galatie en Asie mineure. Et à la Gaule, bien entendu. Celle-ci était celte tout entière, mais n’avait pas, tant s’en faut, le monopole de la celtitude.

    Il faut enfin noter que c’est la version latine du nom de la Gaule qui a survécu, et non sa version celte. C’est logique : nous ne connaissons guère les Gaulois que par les Romains. Et c’est en devenant province romaine que la Gaule s’est séparée du reste du monde celtique. La langue des Gaulois a disparu, y compris, ce qui est le plus frappant, les noms propres, qu’il s’agisse des noms de personne ou des noms de lieu. Leurs descendants portent des prénoms bibliques, germaniques ou gréco-latins – le tout fondu dans le calendrier chrétien. Depuis des siècles, on s’appelle Jean ou Marie, Charles ou Berthe, Hercule ou Apolline. Mais jamais Ambiorix ou Vercingétorix.

    Les Gaulois sont donc bel et bien nos pères. Mais il faut avouer que nous avons été de mauvais fils.

    Les chroniques de Pierre de Laubier sur l’« Abominable histoire de France n° 1 » sont diffusées chaque semaine dans l’émission « Synthèse » sur Radio Libertés.

    http://eurolibertes.com/histoire/nos-ancetres-gaulois/

  • Une universitaire démonte la Légende noire de l'Inquisition en Espagne

    Maria Elvira Roca Barea, issue d’une famille républicaine et franc-maçonne, s’affirme non croyante. Cette universitaire a travaillé depuis de longues années sur toutes les accusations lancées contre l’Eglise catholique, sur son rôle en Espagne, et sur l’Inquisition. Elle vient de publier un livre sous le titre Imperiofobia y leyenda negra, « Empirophobie et légende noire ».

    6a00d83451619c69e201b8d270c1f8970c-250wi.jpgPremière légende : l’idée que la Réforme aurait fait de la religion une affaire privée en même temps que la Contre-Réforme aurait permis à la religion de conserver son rôle social.

    « Il n’y a rien de plus faux que cette affirmation. C’est précisément l’inverse. Quel est le pays d’Europe occidentale qui a aujourd’hui comme chef d’Etat le chef de l’Eglise ? La Grande-Bretagne. Dans quel pays a-t-il été impossible jusqu’à il y a peu d’occuper une charge publique sans appartenir à la religion nationale ? En Grande-Bretagne et dans d’autres pays protestants. Cela veut dire que le protestantisme s’est constitué en Eglises nationales et que de ce fait la dissidence religieuse s’est transformée, non en délit religieux mais en délit contre la nation, contre l’Etat. Il en a été ainsi au Danemark et dans les Etats luthériens du Saint Empire germanique. (…) C’est précisément dans le monde catholique que le délit religieux continue d’être religieux et n’est pas considéré comme portante atteinte à l’Etat ».

    C’est ce qui a notamment justifié le maintien d’une loi contre le « blasphème » au Royaume-Uni jusqu’en 1976. 

    « L’Inquisition a existé, évidemment qu’elle a existé, mais c’était une institution de petite envergure, qui n’a jamais eu les moyens d’influencer de manière décisive la vie des pays catholiques ».

    Elle donne l’exemple du roman Lazarillo de Tormes, condamné par l’Inquisition mais qu’on pouvait acheter partout et qui 20 ans après sa parution, était étudié dans toutes les universités espagnoles.

    « L’Inquisition était une institution très bien organisée, bien mieux réglementée que n’importe quel autre institution de son temps, et où la religion continuait d’être affaire de religion et non de l’Etat. On s’occupait des délits qui sont au encore aujourd’hui des délits, tels les délits contre l’honnêteté : le proxénétisme, la pédérastie, la traite des Blanches, le faux-monnayage, la falsification de documents… elle avait un champ d’action très large. Le fait de se constituer de manière très organisée, réglementée et stable sur le plan judiciaire pour traiter des dissidences religieuses, a évité les massacres que celles-ci ont provoqués du côté protestant. Nous connaissons toutes et chacune des sentences de mort qui y furent prononcées. Elles sont très bien documentées dans une étude du Pr Contreras et du Danois Henningsen. L’Inquisition a jugé 44.000 causes au total depuis 1562 jusqu’à 1700, avec au final 1.340 morts environ. Et voilà toute l’histoire. Calvin a envoyé au bûcher 500 personnes en vingt ans seulement, pour hérésie. Quand on s’intéresse aux faits barbares qui se sont produits côté protestant, il n’y a pas de comparaison, entre autres choses parce que le calcul des morts qu’a pu provoquer l’intolérance protestante ne peut se faire que de manière approximative, puisque dans la plupart des cas, il n’y eut ni jugement, ni avocat, ni droit de la défense : ce fut par le procédé barbare du lynchage, rien de plus. Cela ne s’est jamais produit dans les zones catholiques, jamais ».

    « Ce qu’il faut voir, c’est comment été gérée cette intolérance religieuse dans les différents endroits. Elle fut beaucoup plus civilisée est beaucoup plus compréhensive dans la partie catholique, et donc en Espagne. En Angleterre, ainsi que dans les principautés luthériennes protestantes au nord de l’Europe, les persécutions à l’encontre de la population furent atroces. Il y eut aussi tout le phénomène de la chasse aux sorcières, absolument démentiel, qui a provoqué des milliers de morts. Cela ne s’est pas produit dans le monde catholique et cela ne s’est pas produit en Espagne parce qu’il y avait d’Inquisition qui a évité cette barbarie ».

    « Il nous est resté cette idée que Martin Luther n’avait pas d’autre choix que de rompre avec l’Eglise parce que l’Eglise était intolérante. Non, c’étaient eux, les intolérants. Les princes protestants ont imposé des conversions forcées. S’ils ne te tuaient pas, ils te confisquaient tes biens. Si tu ne partais pas, tu devais te convertir. Les catholiques ne toléraient-ils pas les protestants ? Sans doute, mais les protestants toléraient encore moins les catholiques ».

    par Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2017/03/une-universitaire-d%C3%A9monte-la-l%C3%A9gende-noire-de-linquisition-en-espagne.html

  • Le numéro 45 de Synthèse nationale est sorti

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  • Sortie du nouveau numéro d'Eléments

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    Au sommaire du N°165 d'Eléments

    Entretien exclusif avec l'auteur de La France périphérique
    Christophe Guilluy : « La diabolisation du FN est un révélateur de classe sociale »

    Dossier : Le parti des médias en accusation
    • La chute de l’empire médiatique
    • Entretien avec Ingrid Riocreux : le journalisme décodé
    • Toute la vérité sur la « post-vérité »
    • Le nouvel Index : du Decodex à Desintox
    • Travail, famille, paillettes
    • Rencontre avec Robert Ménard
    • Entretien avec Claude Chollet
    • Nos chers, très chers médias

    Et aussi...
    • Les catholiques face à la question identitaire, par Alain de Benoist
    • Présence de Dominique de Roux : les souvenirs de Jacqueline de Roux
    • Les Mémoires de Michel Marmin
    • La tentation populiste
    • Antigone, la tragédie des tragédies
    • David Bowie, le caméléon de la pop
    • Houellebecq, le Père Ubu à l’hypermarché
    • Walter Benjamin, révolutionnaire conservateur, etc.

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  • La destruction des livres sous la Révolution française.

    Je prépare actuellement une nouvelle série de cours sur la Révolution française pour mes classes de Seconde mais sous des angles différents de ceux qui sont généralement abordés par l’Éducation nationale : sous l'angle social, sous l'angle environnemental, sous l'angle « sociétal » et familial, sous l'angle patrimonial, entre autres. Ainsi, je m'intéresse en ce moment au sort des livres et des bibliothèques, thème assez méconnu et pourtant très révélateur, non seulement des excès, mais de la nature même de la Révolution. 

    Dans son ouvrage « Livres en feu », Lucien X. Polastron signale que « le déclenchement de l'hécatombe de livres remonte au 2 novembre 1789, lorsque toutes les possessions ecclésiastiques et religieuses passent « sous la main de la Nation », laquelle a un vrai besoin de se renflouer sans les moyens structurels d'organiser la spoliation. Pour les terrains, les immeubles et les ciboires incrustés de rubis, l'affaire est simple et la capital quantifiable. Mais les bibliothèques ? (…) Qu'est-ce donc ? Pour la nation un poids mort indéchiffrable, pour les fonctionnaires une directive empoisonnée, mais avant tout le symbole de la tyrannie aux yeux des agités. » Il est tout de même étonnant que les intellectuels qui se targuent continuellement de prôner la liberté d'expression la plus large ne s'émeuvent pas de cette « biblioclastie » qui a ravagé notre pays et livré aux flammes et aux artificiers fabricants de balles des millions d'incunables, de manuscrits anciens et enluminurés, de livres reliés et des collections de correspondances diplomatiques ou philosophiques...

    Les pertes furent immenses et une partie de l'héritage livresque et intellectuel du Moyen âge et de la Renaissance, mais aussi du temps des Lumières en France, fut irrémédiablement perdu alors. Malgré les appels de l'abbé Grégoire à préserver ce capital, le pillage, la dispersion et la destruction continuèrent, « la Révolution hésite entre vengeance et « régénération ». A un Boissy d'Anglas, qui dit dans Quelques idées sur les arts : les Français, « il ne s'agit donc pas de leur enseigner à se passer [se priver], mais à jouir », répond un Urbain Domergue, puriste d'Aubagne propulsé chef de la Bibliographie : « Portons le scalpel dans nos vastes dépôts de livres et coupons tous les membres gangrenés du corps bibliographique. » Cet ardent visionnaire ne propose pas de brûler les ouvrages mais de les envoyer se faire acheter par les ennemis du pays pour causer chez eux « le vertige et le délire ». » Cela explique que certains ouvrages publiés en France avant la Révolution se retrouvent aujourd'hui en Russie ou en Angleterre, et qu'une partie importante de ce patrimoine sauvé des flammes et de la bêtise républicaine continue sa vie loin de la métropole et de ses lecteurs...

    Nombre de livres finiront en charpie pour... faire la guerre : « Non, la République de ces quelques années n'avait nul besoin de savants. En revanche, il lui fallait des livres, de plus en plus : la guerre contre l'Europe consomme des quantités industrielles de gargousses et la pénurie de papier est chronique. On tire donc du dépôt des Cordeliers 15 000 in-folio en l'an VI et VII, car les grands formats sont préférés des artificiers. » Il est difficile après cela d'évoquer la Révolution comme une période culturellement heureuse et libre : si la destruction n'empêche pas la production, nombre d’œuvres nées de ces années-là n'en finissent pas moins aussi au feu car ne convenant pas aux maîtres du jour, et leurs auteurs sous l'acier de la guillotine...

    Et aujourd'hui ? En fait, nos sociétés sont-elles moins destructrices ? Il est permis d'en douter quelque peu au regard des « désherbages » souvent anarchiques des bibliothèques et des CDI français, sans négliger ceux qui ont des motivations plus explicites, au nom d'un « politiquement correct » de mauvais aloi quand il s'agit de littérature et d'idées : j'avais, il y a une vingtaine d'années, dénoncé (comme d'autres) l'épuration d'une bibliothèque de lycée accomplie par une documentaliste visiblement politisée qui avait mis au rebut quelques dizaines de livres qui n'avaient pas eu l'heur de lui plaire, y compris un ouvrage de Soljenitsyne... Mais, sans doute, n'était-ce là que la partie émergée de l'iceberg, et il est difficile de trouver un écrit de Jacques Bainville ou de Reynald Secher dans les universités et établissements scolaires, sauf rares exceptions : cette terrible sélection « éducative », qui écarte tant d'auteurs considérés comme « mal-pensants », est aussi un moyen de cantonner la réflexion à un cadre qui, s'il convient à l’Éducation nationale, n'est guère satisfaisant pour l'intelligence et le libre débat intellectuel et historique.

    Faut-il, pour autant, désespérer ? En fait, malgré la tendance actuelle à la dématérialisation et l'apparent désintérêt des jeunes générations pour le livre papier, ce dernier ne disparaît pas et, il faut le souhaiter, ne disparaîtra pas parce qu'il reste et restera, pour nombre de nos contemporains et de ceux à venir, ce nécessaire écrin de feuilles qu'il est possible de tourner pour découvrir de nouvelles sensations, de nouveaux champs de réflexion, et d'imaginer, à l'autre bout du monde, parfois dans une autre langue, lu par d'autres lecteurs. C'est aussi un petit carré de résistance, que l'on se passe parfois sous le manteau, et dont quelques pages permettent l'évasion intellectuelle qui favorise l'action, y compris politique. Bien sûr, les livres peuvent aussi receler des fruits empoisonnés, et provoquer des désastres : mais leur absence serait bien plus grave encore, car elle signifierait la fin d'une transmission des savoirs et des polémiques à travers les âges et les générations, et l'asséchement des esprits et des âmes...

    Jean-Philippe Chauvin

    http://nouvelle-chouannerie.com/