Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1275

  • Du divorce des peuples et des États

    C'est la grande affaire de la décennie et il y en aura pour longtemps si nous consentons à vider l'Oumma stérile pour la ressusciter vigoureuse au couchant du monde. Ils sont des millions à subsister sans avenir en zone verte, qui n'inventent rien et ne se gouvernent qu'à coups de sabre, pour envisager de continuer leur vie hors de la cage islamique. Au changement de paradigme (les printemps arabes), le signal fut donné et la foule s'est mise en mouvement. Comme chez les lemmings, on marche sans savoir pourquoi puisque tout le monde marche. On se guide au soleil comme ils se sont tous guidés depuis l'aube des temps, depuis les Grands Puants de la steppe mongole jusqu'aux Bougres et Ogres de nos livres de peur ! Mais le pays du bout du monde est déjà occupé, peut-être hostile... carrément hostile . Certes des ancres ont été lancées sous la forme de communautés musulmanes structurées et financées par les pays islamiques qui devraient stabiliser les requérants d'asile avant de les dynamiser, mais les territoires utiles sont densément peuplés et le plus souvent d'infidèles progressivement convertis à une xénophobie discriminée.

     

    Si les cultes étranges n'indisposent pas les indigènes - ça met de la couleur - la captation provocante de l'espace public les hérisse : prières de rue à même la chaussée, hommes en chemise de nuit vaquant à leur oisiveté, femmes niées dans leur féminité, égorgements rituels, justice coutumière réglant presque exclusivement le sort du sexe faible, violences gratuites, coupoles et minarets grandissant pour dominer la ville.

    Alors quand les instances communautaires relayées par les pouvoirs nationaux appellent à intégrer des centaines de milliers, peut-être au total des millions de "réfugiés", à l'intérieur du périmètre européen, il y a divorce entre le pouvoir et les peuples administrés. Non tant dans le nombre - l'Europe en a reçu bien plus au XX° siècle - que dans sa composition. Bienvenue aux chrétiens dans toutes leurs chapelles, aux animistes, aux yézidis, zoroastriens, bábistes, baha’is, karaïtes, mandéens, yarésanis, alévis et même aux derviches tourneurs, et à tous autres qui ne sont pas gouvernés par la foi mais tracent leur chemin autant qu'ils le peuvent dans la dignité, l'honneur et le respect d'autrui à travers des jours empruntés à l'Inexplicable. 

    Pour les chiites, alaouites, kharidjites, sunnites et wahhabites, on va réfléchir, leur propension historique à massacrer tout ce qui précède laisse à désirer ! D'autant qu'ils constituent 90% des "réfugiés" !

    Le pouvoir central européen charge en soutes des centaines de milliers d'individualités économiques à divers motifs techniques (démographie, relance économique, main d'oeuvre déclassée, cotisations sociales). Les Européens d'occident ont fait le tour de la question et ne veulent plus de musulmans, si tant est qu'ils gardent encore longtemps ceux qui s'enkystent dans nos sociétés avec des mœurs rejetées, à moins de les mettre en médinas, en ghettos et les faire visiter aux cars de touristes chinois ; les Européens orientaux sont saturés d'images et d'informations sur tous les désordres provoqués à l'Ouest pour ne pas vouloir faire la même expérience, ayant parfaitement compris le système de petits pas de l'innocence à l'hégémonie. Et puis il y a la litanie des attentats aboutis ou tentés et l'attaque très médiatique de Charlie-Hebdo à Paris. D'où les réactions tranchées des pouvoirs tchèques, hongrois, slovaques...

    Qu'on se comprenne bien. On peut apprécier la grande civilisation des Omeyades et ses vestiges espagnols, comme on peut admirer les bains turcs de Budapest. Grenade est un enchantement et ce que l'on dit de son royaume force le respect. Mais l'abrutissement des foules d'aujourd'hui par un pseudo-clergé maniant l'alarme et l'anathème jette à nos portes des cohues impossibles à trier entre fanatiques et pacifiques, tous bien tranquilles jusqu'au permis de séjour, devenant pour certains conquérants jusqu'à l'insupportable une fois installés.

    Les gouvernants européens sentent bien le hiatus entre les peuples et eux-mêmes, et gomment ou déforment autant que possible les origines ethno-culturelles des "migrants", mais ils sont ligotés par la doxa laïque qui les empêchent de trier. S'y ajoute une morgue naturelle à l'endroit des gens du commun bien incapables, selon eux, de comprendre le niveau des enjeux. L'oligarchie mercantile se prend pour une aristocratie et méprise le peuple souverain capable de mal voter en plus ! Ce divorce peut provoquer n'importe quoi. Certains pays que l'on attendait moins dans ce registre, comme le Danemark, cherchent à anticiper la fracture irrémédiable en durcissant de manière visible la gestion des flux migratoires. Ils placardent dans les journaux du Proche Orient des avis de découragement (comme ci-dessous), et militarisent leur frontière.

    Par chance, un reportage parmi les réfugiés en transit dans les pays de l'Est nous apprend qu'ils veulent éviter la France, pays "compliqué" (code du travail), pauvre, endetté, dangereux et sale par endroit (clic) ! Ouf, on aura eu chaud dans notre crasse socialiste ! Ce qui n'entamera pas l'hostilité populaire tant le battage médiatique en faveur de ceux-là est intense. Les gens ressentent un danger avant de constater de visu l'aggravation de l'occupation du sol ou son absence, mais leur opinion se fonde sur ce ressenti avant de se voir confirmée par les réalités, rarement infirmée car on n'aime pas s'être trompé.

    Le ressenti populaire peut s'exprimer par des manifestations xénophobes, et des contre-manifestations xénophiles de commande, mais on ne peut craindre l'émeute à ce stade. C'est une autre paire de manches en ce qui concerne l'élection aux prébendes politiques. Le mécontentement met en péril l'établissement des routards de la politique qui font carrière dans l'extraction des suffrages. Les élections régionales en France, qui jusqu'ici ne présentaient que peu d'intérêt pour le citoyen, peuvent devenir le coin qui s'enfoncera dans le tronc vermoulu de la nomenklatura. 

     

    La manipulation du scrutin qui fut décrétée en 2004 avec une prime au premier pour barrer la route au Front national dans les hémicycles de province se retourne contre les apprentis-sorciers quand le Front mariniste passe en tête le premier tour ! Et déjà, les principes s'effritent chez les rationnaires de la République qui cherchent par tout moyen à sauver leur "profession". Le braquage des logements aidés et des caisses sociales opéré par le gouvernement au profit des nouveaux immigrés peut déclencher un tsunami, si le Front ne trébuche pas sur une provocation, ou si le Menhir ne rallume pas les fours, voire pire en matière de raison d'Etat. Mais se garder de leurs amis comme de leurs ennemis est leur affaire, pas la nôtre. S'ils gagnent une seule région, ce sera la faute à la région. S'ils en gagnent deux ou plus, c'est toute la classe politique à table qui sera mise en cause. Le divorce alors sera patent !

    http://royalartillerie.blogspot.fr/2015/09/du-divorce-des-peuples-et-des.html

  • Tous « logés » à la même enseigne

    «C’est pas moi, c’est lui» : devant des Français consternés,  droite et gauche s’accusent mutuellement de faire le jeu du FN, se renvoient la responsabilité de l’empathie croissante au sein de l’électorat pour les idées nationales. Invité à réagir aux  propositions du rapport du président de l’assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone et de l’historien de gauche Michel Winock (proportionnelle, septennat non renouvelable, réflexion sur la fusion du Sénat et du Conseil économique…), le sénateur LR Roger Karoutchi s’est étranglé. « Monsieur Bartolone, qui a passé sa vie à nous reprocher de courir derrière le FN, ça ne le gêne pas de proposer un mode de scrutin qui mettrait 100 députés FN à l’Assemblée nationale. On n’est plus à une contradiction près. Franchement ça va quoi… » a-t-il lancé sur Public Sénat.  De son côté M. Bartolone réagissant à la polémique Morano sur la France pays historiquement de race blanche  expliquait jeudi sur RTL qu’il ne fallait pas  oublier que c’est  la  «droite»,  «toute la bande (sic) qui était avec (Mme  Morano) et qui l’a amenée à tenir ces propos». «A force de courir (derrière) le Front National, c’est la plus stupide qui s’est fait prendre.»

    Nous pourrions aussi demander à l’humaniste Claude Bartolone ce qui l’amène,  lui et ses amis,  à cet acharnement, cette obsession,  cette fureur même,  consistant  à nier  les différences et les caractéristiques ethniques quand elles concernent notamment les Européens.

    Comme le notait Philippe Delbauvre (voxnr),  «il y a une incohérence à célébrer les peuples premiers comme les indiens, soient-ils d’Amazonie ou d’Amérique du nord, tout en refusant de célébrer les autres races. Il me semble que c’est un noir qui a évoqué sa négritude. Faudrait-il pratiquer l’autodafé de ses ouvrages pour ce motif ? (…) L’idée qu’il existe au monde un homme unique est une faute. N’importe quel étudiant en licence d’ethnologie le sait.  Les ouvrages universitaires en disent assez long sur le sujet.»

    Cette  mauvaise foi  éclatante, cette duplicité étaient aussi bien présentes  à l’occasion des réponses apportées mercredi par  Bernard Cazeneuve, dans les locaux de  l’assemblée nationale,   aux questions  qui lui ont été posées par  Bruno Gollnisch  dans le cadre de  l’audition  du Ministre de l’Intérieur sur les questions migratoires.

    Un article paru hier dans l’Ardennais (Union-Ardennais), sous la plume de madame Valérie Léonard, relate d’ailleurs de manière bien partiale et tronquée cette audition. Notamment la question posée par le député européen frontiste à M. Cazeneuve , à savoir si les reconduites forcées à la frontière se faisaient aux frontières limitrophes de la France (prenant le cas de Charleville-Mézières qui parle à de très nombreux Français comme ville frontière avec la Belgique), permettant aux clandestins de revenir très facilement le lendemain par un autre chemin.

    Se voulant spirituel,  ce ministre a manié l’ironie en  croyant   bon de préciser que Charleville-Mézières n’était pas en Belgique mais en France, ce qui était justement la question que lui était posée : reconduite à nos propres frontières ou dans les pays d’origine? La journaliste de l’Ardennais   parle dans sa manchette du «grand moment de solitude» de Bruno Gollnisch  lors de cette réponse du ministre. « Pour un peu de partialité, et plutôt que de régurgiter sans vérifier les cancans qu’on lui fournit» a souligné le dirigeant FN,  nous invitons  Mme Léonard à consulter la vidéo de cette audition dont  l’extrait a été diffusé hier sur ce blogue.  Ainsi, «chacun pourra se faire juge de la frontière entre la précipitation ou le parti-pris» précise Bruno, qui a  une parfaite connaissance de cette région  de notre beau pays et  dont le défunt ancêtre, Edmond Gollnisch, fut  jadis maire de Sedan…

    Il s’agit aussi de remarquer que M. Cazeneuve  n’a  pas su répondre sur le fond, de manière claire et précise (et pour cause)  aux questions portant sur la réalité effective du chiffre des reconduits à la  frontière. Un récent rapport du Conseil d’Etat  établissait  que 90% des déboutés du droit d’asile restaient en fait chez eux chez nous.

    A la vérité le bilan  de M.  Cazeneuve à la tête du ministère de l’Intérieur,  de Calais à Marseille, sur le front de la lutte contre l’insécurité comme sur celui de de l’immigration clandestine,  est aussi  médiocre que celui  de son (de ses) prédecesseur(s).

    Pour être tout à fait  juste, M. Cazeneuve a un sens bien à lui  des priorités, comme  lors du  14 Juillet, lorsqu’il avait fait arrêter  « préventivement » plusieurs responsables et militants FN parisiens par crainte de sifflets durant le passage du chef de l’État sur les Champs-Élysées. A contrario comme le rapportait  Valeurs Actuelles  il  s’était  montré « totalement incapable d’user de ces mêmes mesures préventives — cette fois justifiées — à l’encontre des écolocasseurs de Dijon, Toulouse ou Nantes fichés par ses services ( Conséquence : des dizaines de policiers blessés, dont certains à l’acide, des rues entières dévastées, des monuments aux morts profanés, des murs recouverts de tags appelant au meurtre : Flics, porcs, assassins, Un flic, une balle, justice sociale… Ce fut déjà le cas, le 19 juillet, pour la manifestation propalestinienne de Barbès, à Paris, qui a dégénéré en émeute… malgré son interdiction ».

    Bernard Cazeneuve  incarne de fait la figure assez caricaturale du  militant franc maçon antinational  qui comme M. Valls ne manque pas de recevoir  les différentes  obédiences des fils de la veuve au ministère.  C’est avec la satisfaction que l’on imagine qu’il a entendu  la déclaration du  ministre de l’Education « nationale »,  Najat Vallaud-Belkacem, le 27 septembre  l’occasion   le 5ème Dîner de la Grande Loge de France (GLDF) :  «Je sais ce que la République et l’Ecole doivent à la Franc-Maçonnerie depuis deux siècles, comme le droit à la contraception doit beaucoup à la GLDF. » Hélas nous aussi nous le savons et en voyons les  sinistres résultats…

    Des propos auxquels font écho les propres déclarations  du ministre de l’Intérieur sur cette « laïcité  (qui) porte en elle l’espérance de l’affranchissement de l’homme, par le dépassement de tous les dogmatismes ». Et qui assène  qu’évoquer les racines chrétiennes de la France, c’est « faire une relecture historique frelatée » qui a « rendu la France peu à peu nauséeuse ». C’est en tout cas « brader l’héritage laïque de la France ».

    Ce n’est  pas peu dire que cette laïcité là,  hors-sol, arme de destruction massive de l’identité française, n’est pas la nôtre et qu’il serait bien inspiré d’écouter plutôt une républicaine comme l’essayiste Makila Sorel,  membre du haut comité à l’intégration, jusqu’à la dissolution il y a trois ans par François Hollande,  qui écrivait : « Nous devons rompre avec l’idéologie victimaire qui inspire toute notre politique d’intégration et qui a échoué : On demande aux peuples Européens de disparaître, c’est une entreprise terrifiante ! »

    Une entreprise terrifiante  dont il est encore temps de se libérer.

    http://gollnisch.com/2015/10/02/tous-loges-a-la-meme-enseigne/

  • Du nouveau sur Louis XIV

    Le Figaro Magazine - 11/09/2015

    300e anniversaire de la mort du Roi-Soleil. 

         « Dieu seul est grand, mes frères... », proclamait Massillon en prononçant l'oraison funèbre de Louis XIV. Evoquant le roi guerrier, l'oratorien y blâmait l'« art funeste d'apprendre aux hommes à s'exterminer les uns les autres ». Au lendemain de la disparition du monarque, la parole se libérait, observe Joël Cornette : « Nul prince n'a obtenu plus de louanges pendant sa vie, ni essuyé plus de reproches après sa mort. » Dans un ouvrage paru dans la célèbre collection des « Journées qui ont fait la France », l'auteur, un spécialiste du Grand Siècle, étudie les réactions qui se sont manifestées après le décès du roi, le 1er septembre 1715, et confronte ce bilan à chaud à celui que peut dresser un historien, trois siècles plus tard (1). Remarquable travail, qui analyse le projet politique que Louis XIV a porté - la constitution d'un appareil administratif d'Etat appuyé sur une forte culture royale -, mais aussi ses limites et ses échecs. A l'aube du siècle des Lumières s'ouvrait une ère nouvelle pour la monarchie française, puisque ni le Régent, ni Louis XV, ni Louis XVI ne voulurent reproduire le modèle incarné par leur parent.

         Ceux qui s'intéressent à cette époque avaient déjà à leur disposition le Dictionnaire du Grand Siècle que dirigea François Bluche (Fayard, rééd. 2005) ou le Dictionnaire de l'Ancien Régime coordonné par Lucien Bély (PUF, rééd. 2002). Ce dernier a réuni une douzaine de chercheurs pour publier, cette fois, le premier dictionnaire consacré à Louis XIV (2). Précieux ouvrage qui permettra aux passionnés de se rafraîchir la mémoire ou de parfaire leurs connaissances : rédigées à partir des découvertes les plus récentes, les entrées de ce volume explorent l'homme Louis XIV et son oeuvre à travers toutes leurs facettes. Voulant échapper à l'apologie, le propos, ici, est parfois critique à l'excès. Il a du moins le mérite de faire réfléchir, et laisse en tout cas place à l'admiration pour le « rêve de grandeur » qui animait le Roi-Soleil.

    Jean Sévillia

    (1) La Mort de Louis XIV. Apogée et crépuscule de la royauté, de Joël Cornette, Gallimard, 368 p., 21 €. 

    (2) Dictionnaire Louis XIV, sous la direction de Lucien Bély, Robert Laffont, « Bouquins », 1 408 p., 32 €.

    http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_article&id=423

  • Propagande de guerre, propagande de paix

    À partir de la façon dont nos médias ont relaté les conflits en Irak entre 1991 et 2003, ce film énumère les principes généraux de la propagande de guerre et ses prolongements en temps de paix.

    Des intellectuels étasuniens et européens, par le jeu de leurs regards croisés, nous permettent de comprendre les enjeux médiatiques -et idéologiques- des deux côtés de l’Atlantique.

    Un écrivain, Jean Bricmont, deux historiennes, Anne Morelli et Annie Lacroix-Riz, un expert militaire, le Général Forget, et une journaliste, Diana Johnstone, comparent ces thèmes de propagande en Irak avec ceux développés lors d’autres conflits, tels celui de 1914-18, les coups de force impunis hitlériens des années ’30, les guerres de Yougoslavie ou celle d’Afghanistan.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • KEYNES LU PAR PAUL JORION 2/2

    Le deuxième point (chapitre 15 et préc.) concerne la fixation des prix. L’auteur analyse jusque dans le détail les diverses hypothèses formulées par divers théoriciens de l’économie, soulignant que le problème est plus complexe qu’on ne le présente généralement, et qu’il n’y a pas qu’un seul mécanisme qui entre en ligne de compte. Je retiens un point essentiel (je crois) de cette analyse : le prix d’un bien ou d’un service ne dépend pas seulement de la « loi de l’offre et de la demande » (qui est tout sauf une loi), car un autre facteur intervient : le « rapport de force » (chapitre 14). 

    Il analyse longuement le statut et les implications du CDS (Credit-Default Swap) : il s’agit pour le prêteur d’une manière de s’assurer contre les « événements de crédit » et contre les éventuels « non-versements d’intérêts ». C’est un « instrument de dette », qui peut être échangé et qui dès lors, j’imagine, suit une cote. Interviennent alors, comme dans les assurances, les statistiques et le calcul des probabilités dans la fixation du taux d’intérêt et de la prime de crédit. 

    Il y a des choses, dans ce chapitre, qui m’échappent carrément, du genre : « Je n’ai encore évoqué jusqu’ici que la fonctionnalité a priori légitime du credit-default swap de constituer un marché de la prime de crédit implicite au taux d’intérêt d’un instrument de dette considérée comme un produit financier autonome » (p.231). Débrouillez-vous. Une carence lexicale doublée d’une carence syntaxique, je suppose. Je retiens seulement que plus le risque augmente, plus diminue la perception de ce risque par les acteurs du marché. J’imagine que cette infirmité est liée à la perspective de se gaver bientôt. Je verrais bien comme une table de jeu avec ses parieurs fiévreux autour. 

    A ce sujet, j’aime assez l’humour de Paul Jorion : quand il se met à expliquer ce qu’il considère comme l’ « usine à gaz » que Keynes a nichée au cœur de son maître-livre (Théorie générale …), il lance : « Le lecteur s’en sera déjà convaincu s’il est parvenu jusqu’ici dans sa lecture » (p.251, je souligne). 

    Tout ça pour dire que ce qu’on appelle complaisamment le « keynésianisme » ne constitue, aux yeux de l’auteur, que « la partie morte » de l’œuvre de Keynes, qui n’a, au demeurant, pas été écrite par lui mais par un nommé Hicks, dans un souci de simplification avalisé par le maître, qui voyait là l’occasion d’élargir son public. 

    Keynes était farouchement opposé à l’adossement de quelque monnaie que ce soit à quelque métal précieux que ce soit (étalon-or), et favorable à la « commodity money », que Jorion traduit par « monnaie marchandise ». Il appelait à la fondation d’une « Union monétaire internationale » (qui a inspiré la position britannique lors des négociations de Bretton Woods). L’auteur cite le biographe de Keynes, Skidelski : « Si les propositions de Keynes en 1919 avaient été appliquées, il est improbable que Hitler serait devenu chancelier allemand » (p.272). On dira : "avec des si ...". Certes, mais.

    Keynes, adepte de longue date du plein emploi (facteur de cohésion sociale) avertissait par ailleurs de la menace représentée par le chômage structurel, provoqué par les innovations technologiques. N’ai-je pas entendu récemment un économiste (Daniel Cohen) s’alarmer de la numérisation tous azimuts des tâches dans l’entreprise, au motif qu'elle « détruit les organisations ». Il résumait la pensée d’un de ces fanatiques de la numérisation à outrance en lui faisant dire que, si par hasard il faisait la même chose deux jours de suite, il fallait impérativement qu’il invente le logiciel qui supprimerait son propre poste de travail. On n’a pas fini d’inventorier les dégâts et merveilles d’une telle façon de concevoir le travail humain. 

    Pour conclure, je suis incapable de dire si ce livre permettra de refonder une « science économique » authentiquement digne du nom de « science », c’est-à-dire débarrassée de tous les oripeaux dogmatiques dont l’ont farcie les idéologues de l’ultralibéralisme « décomplexé ». Visiblement, ce n’est pas gagné. J’entendais encore ce matin (27/09) un certain Bujon de l’Estang s’efforcer, sur un ton pontifiant, docte et péremptoire, de ridiculiser les illuminés qui persistent à voir dans l’économie une « science molle », ce qu’elle est pourtant, très précisément, puisqu'elle n'a aucune capacité prédictive. 

    Paul Jorion n’est certainement pas un prophète. Tout au plus y a-t-il de l’utopie dans sa démarche : ce que remettent en question ses observations, ce n’est rien d’autre qu’un système, autrement dit un énorme ensemble infiniment complexe d'acteurs et de facteurs organisés par des relations de solidarité  : on ne fait pas bouger un tel ensemble avec le dos de la cuiller. Le rapport des forces en présence est incommensurable. Paul Jorion est un petit Poucet. Rien que la façon dont est enseignée l’économie dans les écoles et universités aurait de quoi rendre pessimiste : Jorion ne vient-il pas de se faire jeter, pour des motifs obscurs, de la chaire qu’il occupait à la « Vrije Universiteit Brussel » ? 

    Je signale que la plupart des « prix de la banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », décerné pour la première fois en 1969 (appellation faite pour susciter l’imposture du raccourci « prix Nobel d’économie ») ont été attribués, pour la plupart, à des idéologues de l’économie ultralibérale, dont les théories encombrent tous les manuels scolaires. C’est David contre Goliath. 

    Cela me fait penser à ces journalistes égarés qui parlent des « lobbies écologistes » qui agissent en sous-main à Bruxelles, et qui font semblant d’oublier que les quelques actions vertes en direction des institutions européennes pèsent d’un ridicule poids financier, idéologique et communicationnel face aux vrais poids lourds de toutes les influences stratégiques des grands groupes transnationaux, qui financent massivement des « think tanks » pour qu’ils produisent ad nauseam des argumentaires calibrés au quart de poil pour impressionner et enfumer les "staffs" qui entourent ceux qui signent les décisions (pardon pour la longueur de phrase). 

    Paul Jorion a sans doute raison. Certes, je ne suis pas en mesure de juger, mais quand je vois la mafia des économistes « officiels » se liguer contre « le premier qui dit la vérité » (Guy Béart), je n’hésite pas à lui accorder crédit. Là où il se trompe peut-être, c'est quand il pense qu'on pourrait sauver la situation. Je pose la question : peut-on croire que du travail reviendra en France ? Franchement, j'en doute.

    Je n'ai pas tout compris à son livre. J'en ai pris ce que j'ai pu ou cru comprendre. Bien que je sois assez pessimiste sur ce que l'avenir nous réserve, je lance à Paul Jorion cet appel : « Tenez bon ! ». 

    Voilà ce que je dis, moi.

    http://lantidote.hautetfort.com/

  • KEYNES LU PAR PAUL JORION

    Paul Jorion s'est appuyé les trente volumes des œuvres de John Maynard Keynes pour en avoir le cœur net sur les théories de cet économiste célébrissime. Cela a donné ce livre.

    JORION PAUL KEYNES.jpg1/2 

    Penser tout haut l’économie avec Keynes(Odile Jacob, septembre 2015). 

    Paul Jorion est aujourd’hui connu pour être l’un des très rares spécialistes de la pensée économique à avoir prédit, dès 2004, la désormais célèbre « crise des subprimes ». Je viens de lire son dernier bouquin : Penser tout haut l’économie avec Keynes

    Il paraît que le titre (compliqué : je ne comprends pas « penser tout haut ») prévu par l’auteur a été modifié par l’éditeur. Quoi qu’il en soit, c’est un livre passionnant, mais difficile pour qui n’a pas fait des études d’économie et, en l’espèce, d’économie financière. C’est mon cas. Et je redis que je déteste, dans n’importe quelle discipline du savoir, le spécialiste qui jargonne dans le seul but d’intimider le public ou le lecteur. 

    Ce n’est pas le cas de Paul Jorion, qui sait s’exprimer en français vulgaire (au sens latin), et dont j’apprécie le blog, en particulier, tous les vendredis, la vidéo astucieusement intitulée « Le temps qu’il fait ». C’est sur sa recommandation que j’ai lu récemment La Gouvernance par les nombres, d’Alain Supiot (voir ici même, 9 et 10 septembre), lecture importante que je me félicite d’avoir faite et que je le remercie d'avoir suggérée. 

    L’avantage décisif de Paul Jorion sur les économistes, c’est qu’il n’est pas économiste. Au départ, il est « anthropologue de l’économie », et c’est en tant que tel qu’il examine l’économie. Il est probable que s’il avait été élevé dans le sérail, il ne serait pas devenu le trublion de cette pseudo-science, le poil à gratter, ou le caillou dans la chaussure des tenants officiels de la « science » économique (systématiquement orthographiée entre guillemets, pour bien marquer ce qu’il en pense). 

    L’objectif de l’auteur, dans son livre sur Keynes, est double : 1) aller fouiller dans les œuvres du célèbre économiste (et dans diverses autres sources), pour exposer exactement dans ses détails et ses fondements la théorie qu’il a élaborée, et que thuriféraires et adversaires actuels font semblant de bien connaître ; 2) poser les bases d’une théorie enfin débarrassée des doctrines scientistes qui constituent aujourd’hui l’essentiel de l’économie qu’on enseigne dans les écoles et universités, et qui n’est rien d’autre qu’une idéologie dogmatique au service des puissants. 

    Pour résumer : qu’on en finisse avec un mythe « keynésien » que tout le monde brandit à tort et à travers comme étendard ou comme épouvantail (suivant qu’on est « de gauche » ou « de droite »), et puis qu’on arrive à entrevoir la possibilité de refonder la « science » économique sur le socle dont elle n’aurait jamais dû descendre : la politique.

    Toute l'imposture de la prétendue « science » économique est dans l'escamotage de toute considération politique dans ses corps de doctrine, et dans son auto-promotion au même rang que les "sciences exactes" : du fond des éprouvettes de son laboratoire, elle prétend se contenter de décrire des phénomènes d'ordre mécanique. Plus le mensonge est gros, plus ça passe.

    Jorion le dit bien dans une petite vidéo : pour Keynes, il n’y a pas de solution économique à un problème économique : affirmation magnifique ! Il ne cesse de dénoncer le passage prestidigitalesque de l' « Economie Politique » à la « science » économique, aux alentours de 1870, une « science » qui, fondée sur les mathématiques et le calcul différentiel, emmène le monde à sa perte tout en promettant le paradis. C’est la grande qualité de Keynes, qu’il souligne a contrario, de n’avoir jamais perdu de vue que ce n’est pas la société qui est faite pour l’économie, mais l’inverse. 

    Son objectif, dans ses recherches théoriques, a toujours consisté (Jorion ne cesse de le rappeler) à viser, sinon le consensus total, du moins le plus petit « dissensus » possible. L’idée semble tout à fait raisonnable et équilibrée : que l’on s’entende sur une façon de vivre ensemble (ah, « le vivrensemble » !) en limitant au maximum les occasions des inévitables oppositions et divisions. La philosophie économique de Keynes est d’inspiration humaniste, et l’auteur la fait visiblement sienne. 

    Paul Jorion n’est pas fasciné par le personnage, dont il analyse froidement aussi bien les traits de génie que les bourdes. Il analyse dans l'ordre les ouvrages de Keynes, soulignant les trouvailles les plus marquantes, retraçant les grandes étapes de son parcours intellectuel (et social : quand il est mort, il avait accumulé une fortune considérable), depuis ses études à Eton puis Cambridge et le groupe « Bloomsbury » où il évoluait, jusqu’à son grand œuvre : laThéorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936). A noter que Keynes avait dénoncé dès 1919, dans Les Conséquences économiques de la paix, les catastrophes qui devaient découler des conditions revanchardes faites à l’Allemagne après sa défaite. Mais Cassandre aussi prophétisait dans le désert. 

    Je ne vais pas tenter de résumer le livre de Paul Jorion, de toute façon ce serait raté. Je me contenterai d’évoquer quelques points de ce que je crois avoir compris : la difficulté rencontrée à la lecture semble moins liée à un jargon prétentieux qu’à l’extrême technicité (bien qu’il s’en défende : « Précisons, quitte à être un peu technique dans notre explication … » p.225) de considérations mettant en jeu des notions qui me sont tout sauf familières. Les deux thèmes principaux abordés par l’auteur, situés dans la deuxième partie (consacrée à la Théorie générale …, le grand livre de Keynes), essaient d’élucider, en se débarrassant des préjugés et dogmes en vigueur, comment sont fixés, d’une part les taux d’intérêt, d’autre part les prix. 

    Le premier point figure au chapitre 12 : « Keynes et le mystère du taux d’intérêt ». Comment se fixent les taux d’intérêt ? Pour parler franchement, je n’en sais rien. Pour parler plus franchement, ce que j’en sais tient à un slogan publicitaire d’il y a longtemps : « Votre argent m’intéresse ». Intuitivement, j’avais tendance à ajouter : « Parce qu’il me permet d’en gagner encore plus ». L’intuition m’indique que, si quelqu’un a de l’argent à me prêter, c’est qu’à la sortie, il ne sera pas appauvri. 

    L’analyse que fait Paul Jorion de ce « mécanisme » est infiniment trop subtile pour moi, dans un domaine dont j’ignore à peu près tout. Ce que je crois pouvoir retenir de ce chapitre, c’est que le prêteur s’approprie quelque chose à quoi, en toute justice, il n’a pas droit. Ensuite, que l’auteur dénonce l’imposture de Keynes qui, par un tour de passe-passe, donne soudain la priorité à la « préférence pour la liquidité » sur l’ « efficacité marginale du capital », tout cela ne me parle guère. Il explique quand même que Keynes, qui « se défendait contre les implications révolutionnaires de ses propres théories » (p.189), délaissait « une explication matérialiste au bénéfice d’une explication idéaliste » (p.190). Passez muscade. 

    Ce que je crois pouvoir retenir, c’est que Paul Jorion critique ici le théoricien, au motif qu’il truque lui-même sa théorie, et très sciemment, probablement en fonction de ses propres intérêts (de spéculateur avisé). Car jusque-là, il déroulait sa théorie selon une logique imperturbable. 

    Je ne m’étendrai pas. 

    Voilà ce que je dis, moi.

    http://lantidote.hautetfort.com/

  • [Angers] Cercle du 1er octobre

    Avant-hier s’est tenu le premier cercle de la section Angevine, toute la doctrine de l’Action Française a été exposée à une vingtaine de personnes. Ce premier rendez-vous, significatif pour la section par le nombre de personnes présente, n’a de cesse de rappeler le potentiel que représente notre ville en terme de Royalisme !