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culture et histoire - Page 1278

  • Julien Freund: les ravages de l'impolitique

    Ex: http://metamag.fr 

    Cet article est le premier d'une série animée par des enseignants, collaborateurs de MÉTAMAG, consacrée à nos  "grands hommes" et aux idées qui mènent le monde. Nous y accueillerons d'ailleurs tous les articles de nos lecteurs qui souhaiteront y participer. Un onglet supplémentaire  "Des idées et des hommes"  sera consacré à cette série lors du très prochain changement de maquette du site. Jean Piérinot.

    La victoire actuelle de l’oligarchie des criminels en col blanc est corrélative d’un effacement de la pensée politique en Europe, phénomène qui s’appuie sur la nomination de petits fonctionnaires dans les instances du pouvoir. L’impolitique permanente accompagne la chute de la République dans le néant. En suivant la pensée de Julien Freund, on soulignera trois aspects fondamentaux de cette crasse intellectuelle qui recouvre les cerveaux des collabos de l'Europe actuelle. 

    L’État et l’anti-éducation

    On sait que l’on doit aux socialistes et aux libéraux les décisions en faveur de l’éducation étatique. Au XIXème siècle, chacun a réclamé, au nom de l’égalité, l’éducation confiée à l’État. La pédagogie qui a fait couler beaucoup d’encre depuis les Grecs demeure néanmoins un mystère puisqu’il s’agit de la naissance d’un esprit. Comment transférer quelque chose d’une vie unique, celle de l’enseignant, vers une autre vie tout aussi spécifique, celle de l’élève? Nous ne sommes ni dans l’univers des liquides ni dans le domaine des solides. La pensée n'est pas liée seulement à celui qui la porte. Elle s’inscrit dans un paysage mental préexistant. Or, les dirigeants des États Européens veulent désormais que la vérité soit une bible que l’on récite. Le professeur, quant à lui, serait un complément du seul rapport au monde qui trouve grâce chez les tyrans modernes, le braiement systématisé dans les centrales multimédias. Il est évidemment impossible que réapparaissent des hommes de la trempe de Socrate ou Marsile Ficin(1433-1499) dans un univers où règnent l’esprit d’orthodoxie et l’obscurantisme contre ceux qui pensent. 

    Le savoir dépend aussi des structures institutionnelles qui le favorisent ou l’assèchent. Les recteurs deviennent des assassins de la pensée et leurs maîtres jouent le spectacle que Régis Debray a décrit sous le titre “histoire française de l'infamie : 1919-1978”, le faux clivage "culture versus barbarie". Toujours, il y a eu urgence. Les affreux, les méchants sont à la porte. Il est urgent de manifester l'attachement à la cause de l'homme, de la démocratie, de la vraie science. Aujourd'hui, on ne saurait voir émerger une relation Maître-disciple, liée à une orientation commune vers la culture. A ne plus vouloir produire que des bien-pensants, l’Etat fabrique des monstres.

    La double morale, preuve d’une mentalité primitive et sectaire

    Depuis l’origine de l’humanité, les petits groupes d’humains ont toujours pratiqué la double morale: la loi du groupe impose d’agir dans le sens de la puissance collective, par exemple ne pas tuer ni voler son semblable, alors que les règles s’inversent dans les relations avec les autres. De plus, les anthropologues ont prouvé que pour la quasi totalité des tribus primitives, le nom de la tribu et celui d’homme se confondent. L’humanité s’incarne dans la tribu. A notre époque, les religions monothéistes qui se réfèrent à l’ancien testament ont gardé cet aspect primitif, le transformant en un racisme théologique. On ne peut être surpris en conséquence de la manière dont ont évolué les relations sociales, ni de la transformation des relations internationales. Le pouvoir économique globalitaire pratique cette double morale de manière permanente. Le mensonge notamment est systématique. L'axe de l’inhumanité (Washington, Londres, Bruxelles, Tel Aviv, Riad, Doha) ne tient pas ses promesses à l’égard de quiconque est situé hors de son axe. Il n’y a là non plus aucune politique, mais de l’impolitique et du néant.

    La promotion des nuls 

    L’éthologie enseigne que les petits groupes de primates et de sapiens connaissent l’agressivité intra-spécifique qui détermine la soumission hiérarchique. Cette hiérarchie permet de faire fonctionner le commandement selon un critère de valeur. Les petits groupes dans lesquels les humains se connaissent déterminent facilement qui est l’alpha, le dominant face auquel chacun se prosterne. Dans les sociétés de multitudes, il est plus difficile d’organiser la soumission, c’est-à-dire de mettre en place une hiérarchie admise. L’occident actuel impose la hiérarchie riches - pauvres. Les riches sont la race supérieure, les élus d’un dieu qu’ils inventent pour justifier l’inhumanité. Il convient de faire accepter ces horreurs aux pauvres car les responsables politiques savent bien que la paix n’est possible pour eux que si chacun applaudit au spectacle qu’ils présentent ou financent. Dès lors, ils recrutent des affidés selon trois critères: reconnaître que les riches sont la race supérieure permanente et qu’ils doivent régner pour des siècles; adopter comme vérité révélée le cours d’économie tel que peut l’enseigner l’institut d’études politiques, car il a été traduit de manuels anglo-saxons, lesquels sont l’équivalent de l’ancien testament.; montrer sa capacité à appliquer la double morale, éradiquant le vivier d’où sont sortis régulièrement les grands hommes et de grandes œuvres. 

    Julien Freund termine son introduction sur l’impolitique en rappelant un principe général. On s’attaque aux faibles, c’est-à-dire ceux chez lesquels on soupçonne la carence dans la détermination et l’absence de courage et de fierté. De Juncker à Hollande, en passant par Merkel et autres pitres du théâtre européen, il en est exactement ainsi. La “World Al Capone Corporation” est lucide sur ses enjeux spirituels et matériels. Elle organise les conflits car elle sait qu’aujourd’hui les européens vont succomber définitivement. Les hommes et femmes placés à la tête des États vont se rendre sans honneur car ils sont lâches et las. Personne ne respecte les pleutres. Aucun discours niais sur l’humanité, sorti de l'antre de la bête biblique ne saurait modifier cet état de chose. La fin de l’Europe est désormais évidente et, partant, irréversible.

    Auran Derien

    Julien FREUND : "Politique et impolitique" , Collection Philosophie politique, Éditions Sirey, 1987, 426 pages.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/index-1.html

  • Vintur, le dieu lumineux des montagnes provençales

    Ex: http://tpprovence.wordpress.com/

    Le nom Vintur, présent uniquement en Provence, apparaît sur trois inscriptions votives datant du IIe siècle. La première a été découverte au XVIIIe siècle, à Mirabel-aux-Baronnies, dans la Drôme, sur le site de Notre-Dame de Beaulieu, par Esprit Calvet. Elle indique VENTVRI/CADIENSES/VSLM (1). La deuxième a été relevée à Apt, dans le Vaucluse, en 1700, par Joseph-François de Rémerville, qui nota : VENTVRI/VSLM/M.VIBIVUS (2). La troisième enfin, fut exhumée, également dans le Vaucluse, lors de fouilles effectuées en 1993 à la Chapelle Saint-Véran, près de Goult : seul VINTVRI restait encore lisible sur un fragment (3). Une question se pose alors : qui était ce mystérieux Vintur, honoré par ces inscriptions ?

    Apollon, le Bélénos gaulois

    L’on peut lire dans La Provence antique de J.P. Clébert : « Il y a aussi des dieux des sommets comme le fameux Ventur, dieu du vent, qui a donné son nom au mont Ventoux, et à celui de la Sainte Victoire (Vencturus) et probablement dieu Mistral » (4). De même, Patrice Arcelin, dans un article du magazine Dossier Archeologia sur les « Croyances et les idées religieuses en Gaule méridionale », précise à propos des divinités associées aux montagnes : « Les sommets ont également été l’objet de dévotion. On connaît plusieurs noms de divinités qui leur sont liés : le dieu Vintur, d’après une dédicace de Mirabel (Drôme) pour le mont Ventoux : le même nom se retrouve à Buoux dans le Luberon » (5).

    Comme souvent, le recours à l’étymologie permet d’éclaircir la question. C’est ainsi que Claude Sterckx explique : « Le théonyme Vintur(os) a été très peu étudié jusqu’à présent. L’alternance Vint/Vind apparaît bien attestée par la série de théonymes certainement apparentés : Vindios/Vintios-Vindonnod/Vintoros. Ils semblent tous basés sur l’adjectif gaulois Vindos : “ blanc, brillant, clair “ ». Interrogé par nos soins, Jean Haudry nous a précisé : « La présence de formes en vind- à côté des formes en vint- me semble favoriser le rattachement à l’adjectif vindos « blanc », mais le flottement entre t et d est surprenant: les diverses formes qui se attachent à vindos ont toujours nd. D’autre part, jene connais pas de formes en -ur- à côté de formes en -o-. L’étymologie de vindos est incertaine : le rattachement habituel à *weyd- « savoir », « trouver » n’est pas très bon pour le sens, le rattachement à *sweyd- « briller » serait préférable de ce point de vue, mais le *s de cette racine n’est pas un *s- mobile ».

    Pour sa part, Claude Sterckx conclut : « Vintur(os) serait donc à comprendre comme “le petit blanc“, “le petit lumineux“, et donc comme une épiclèse vraisemblablement de l’Apollon gaulois dont les autres désignations (Bélénos, Vindios, Albius) ont exactement le même sens (sans la finale hypocoristique) ». Avis partagé par tous ceux qui se sont penchés sur le cas Vintur.

    Le théonyme celtique Bélénos est attesté dans l’ensemble du monde celtique continental, puisque des inscriptions ont été retrouvées en Gaule cisalpine et transalpine, en Illyrie et en Norique. Mais c’est dans le sud de la Gaule, en Provence, que son culte était prééminent. Dans son ouvrage de référence La Religion des Celtes, de Vries indique qu’il était à l’honneur surtout chez les Salyens, des Celto-ligures installés précisément en Provence. Le fait que Bélénos soit, selon l’interprétation romaine, le nom de l’Apollon gaulois, divinité « solaire », a fait comprendre cet appellatif comme « le lumineux, le brillant ». Ainsi, selon de Vries, « l’Apollon gaulois a, lui aussi, d’étroits rapports avec le soleil ; son surnom de Belenus suffirait à l’indiquer » (6). On étymologise ensuite par des racines indo-européennes imaginaires, *gwel-« briller ». En réalité, comme le démontre Xavier Delamarre dans son Dictionnaire de la langue gauloise, le théonyme Belenos vient tout simplement de *belo, *bello, « fort, puissant » (7).

    Bélénos n’en est pas moins un dieu lumineux, dont les principales fonctions étaient la médecine et les arts. Il était honoré lors de la fête de Beltaine, qui marquait une rupture dans l’année, le passage de la saison sombre à la saison claire, lumineuse. Parmi ses surnoms plus spécifiquement gaulois, l’on remarque « Iovancocarus » (Juvent- : jeunesse), dieu rayonnant de jeunesse.

    En Irlande, Bélénos s’appelait Oengus, le Mac-Oc, c’est à dire le « dieu jeune », décrit dans les récits médiévaux comme « un jeune guerrier monté sur un cheval blanc ». Le Mac-Oc irlandais se nomme Madon au Pays de Galles : les contes gallois insistent sur son caractère solaire, car il est décrit comme « un jeune guerrier monté sur un cheval blanc ». On peut aussi assimiler Bélénos au dieu médecin de la mythologie irlandaise, Diancecht.

    Il faut aussi rapprocher Bélénos du dieu germanique Balder (vieil islandais Baldr), dieu de la jeunesse décrit dans l’Edda de Snorri Sturlusson, comme « si beau d’apparence et si clair qu’il en est lumineux ». Joseph Chérade Montbron soulignait, dès le XIXe siècle : « Il est probable que ce Balder est le même que le Belen ou Belenos qu’adoraient les Gaulois. Selon Rudbek, l’étymologie de Balder ou Belenos vient de Bella, se bien porter (…) De là Bol, Bold, Baal et Baldur, puissant, sain » (8). On retrouve là l’étymologie donnée par Xavier Delamarre.

    En outre, Bélénos est assimilé à l’Apollon du panthéon classique gréco-romain, dieu du chant, de la musique et de la poésie, mais aussi des purifications et de la guérison. Revenant chaque année au printemps du pays des hyperboréens, situé à l’extrême nord, il était le dieu de la lumière. Sa fonction éminemment solaire est confirmée par ses surnoms : « le blond », « le dieu aux cheveux d’or », « Phoibos », c’est à dire « le brillant », dont les Romains firent Phébus. A en croire l’hymne homérique, Apollon « a l’apparence d’un astre qui luit en plein jour. Des feux sans nombre jaillissent de sa personne, l’éclat en va jusqu’au ciel ». Dieu guérisseur, il était nommé, en Grèce, « Apotropaïos », « celui qui éloigne les maladies » ; à Rome, un premier temple lui fut érigé à la suite d’une épidémie, en 443 av JC et y port le nom d’Apollo Medicus (9). Dans son interprétation romaine du panthéon gaulois, César qualifiait ainsi Bélénos : « Apolinem morbos depellerre », soit « ils croient qu’Apollon chasse les maladies » (10).

    Sous le nom de Vintur, qui n’est qu’une épiclèse, c’est à dire une épithète par laquelle nos ancêtres désignaient le dieu dont le nom devait rester occulté, se cache donc le Bélénos gaulois, le Diancecht des Irlandais, l’Apollon des Grecs, l’Apollo Medicus des Romains.

    Le Mont-Ventoux

    J. Whatmough, dans The dialects of Ancient Gaul, suggère un apparentement entre le nom de Vintur et celui du Mont-Ventoux (11). Il est vrai qu’en Occitan provençal, Mont-Ventoux se dit Mont Ventor selon la norme classique ou Mount Ventour selon la norme mistralienne.

    Dès 1904, dans les Annales de la société d’Etudes Provençales, C.M. Clerc écrivait : « Le vrai nom du Mont Ventoux, sur les cartes du XVIIIe s est, non pas Ventoux, mais Ventour. Ce nom dérive indubitablement du nom d’une divinité, Venturius, à laquelle sont dédiées deux inscriptions romaines tracées, l’une à Mirabel, près de Vaison, l’autre à Buoux, au nord du Luberon. Il n’est pas impossible que cette divinité ait été non seulement celle du Ventoux, mais la divinité générale des montagnes de toute la région provençale, divinité d’origine celte ou plutôt ligure. Ce nom dérive, sans doute d’une racine analogue au latin Ventus ».

    Si le Ventoux doit bien son appellation à Vintur, celui-ci est nullement le dieu du vent ou du Mistral, ni un dieu local. En effet, il n’existe pas de divinités topiques dans la religion gauloise. Les Gaulois ne divinisaient pas leurs forêts, leurs fleuves ou leurs montagnes. Si le nom de Sequona est associé à la Seine, Matrona à la Marne ou Vosegos aux Vosges, c’est uniquement que ces lieux étaient consacrés à ces divinités et portaient leur nom…

    Le sommet du Mont-Ventoux, enneigé tout au long de l’hiver, et recouvert de pierres blanches le reste de l’année, a été consacré à Vintur, le dieu solaire, « le blanc », « le brillant », « le lumineux », en raison de sa blancheur persistance. Quant à la célèbre source du Groseau, au pied du Ventoux, elle a été considérée comme salutaire car protégée par le dieu guérisseur Vintur.

    La Sainte-Victoire

    De nombreux érudits ont rapproché la toponymie du Mont-Ventoux avec celle d’un autre géant de Provence, tout aussi fameux : la Sainte-Victoire.

    Passons rapidement sur la légende qui rattache l’appellation de la montagne à la victoire de Marius sur les Teutons, en 102 av JC. Elle remonte au XIXe s, et fut forgée de toutes pièces par quelques écrivains et journalistes locaux. Walter Scott, qui situe à la Sainte-Victoire un chapitre de son roman Charles Le Téméraire ou Anne de Geierstein, écrit en 1829, donne l’explication (?) suivante : « Le nom de la Montagne, écrit-il, avait été donné par suite d’une grande victoire qu’un général romain nommé Caio Mario avait remporté sur deux grandes armées de Sarrasins portant des noms ultramontains, probablement les Teutons et les Cimbres. En reconnaissance de cette victoire Caio Mario fit vœu de bâtir un monastère sur cette montagne et de le dédier à la Vierge Marie, en l’honneur de laquelle il avait été baptisé ». Défense de rire !

    Pour redevenir sérieux, notons que le nom de Sainte-Victoire est inconnu dans les documents avant le XVIIe s.  Le terme de « Victoire » est mentionné pour la première fois en 1653, quand un bourgeois d’Aix-en-Provence, Honoré Lambert, fait le vœu, au cours d’une grave maladie, de restaurer la chapelle et l’ermitage situés au sommet de la montagne, sous le nom de « Notre-dame de la Victoire », et de s’y retirer pour se consacrer à une vie de prière et de contemplation. On ne sait pas si, avec un tel nom, il s’agit de commémorer la victoire de Louis XIII sur les Protestants, ou la bataille victorieuse de Lépante contre les Turcs, même si la première hypothèse semble la plus plausible.

    Dans la période précédente, le nom de la montagne est « Venture » ou, sous une forme chrétienne, « Sainte-Venture » ou « Sainte-Adventure », cette appellation figurant encore sur des cartes du début du XVIIIe s, et il n’est question dans les textes que d’un chemin menant à Sainte Adventure (Itinere sancte Adventuro) en 1390, ou à Sainte-Venturie (Sancte Venturie) en 1345.

    D’où l’hypothèse émise par Camille Jullian, en 1899, dans les colonnes de la Revue d’Etudes Anciennes : « Sainte-Victoire vient d’un mot celtique, ou ligure, comme Venturi, Venturius ou quelque chose d’approchant. Le nom même de la montagne n’a jamais été Victoria. Lorsqu’on trouve son nom sous sa vraie forme locale et provençale, elle s’appelle Venturi, du latinVentur et Venturius comme le vrai nom et le nom primitif de Sainte-Victoire. Venturi, Ventoux, c’est tout un. Et dans le passé la distance entre ces deux mots diminue encore. Le Ventoux s’appelle dans les chartes Venturius, et à l’époque romaine,Vintur. Sainte-Victoire et le Ventoux ont donc porté, à l’origine, le même nom celtique ou ligure, nom fort approprié à des sommets d’où semblent partir nuages et vent ». Comme Camille jullian, Charles Rostaing et de nombreux érudits n’ont eu de cesse de rapprocher la toponymie de la montagne Sainte-Victoire de celle d’un autre sommet tout aussi célèbre : le Mont-Ventoux.

    Par ailleurs, l’on retrouve en Provence d’autres toponymes dérivant du théonyme gaulois Vintur. Charles Rostaing cite l’exemple du village de Venterol, dans les Alpes de Haute Provence, dont le nom dérive, selon lui, du dieu gaulois. Hypothèse confirmée par le site de construction de l’ancien village : un piton à 1185 mètres d’altitude (12).

    Jean-François Delfini, Grande Provence, hiver 2010, n°2.

    NOTES

    (1)  CIL 12, 1341.

    (2)  CIL 12, 1104.

    (3)  ILN 04, 143.

    (4)  J.P. Clébert, La Provence antique, II, Robert Laffont, 1966.

    (5)  Dossier Archeologia, juin 1979, n°35.

    (6)  De Vries, La Religion des Celtes, Payot, 1962, 45.

    (7)  X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, 2001, p. 62.

    (8)  J. Chérade Montbron, Les Scandinaves : poëme, Maradan, 1801, p. 522.

    (9) Tite-Live, IV, 25.3 ; XL, 51.6.

    (10) Jules César, De bello gallico, 6,7.2.

    (11)  J. Whatmough, The dialects of Ancient Gaul, Cambridge, 1970, p. 117.

    (12)  C. Rostaing, Essai sur la toponymie de la Provence (depuis les origines jusqu’aux invasions barbares), Laffitte reprints, Marseille, 1973, p. 295.

    http://www.grandeprovence.fr/

    http://vouloir.hautetfort.com/archives/category/tradition/index-6.html

  • Les races existent : le point de vue scientifique et médical

    Ce texte est extrait de « La grande Encyclopédie Médicale », parue en France aux éditions Unide (références complètes en fin de texte).

    Du point de vue zoologique, l’espèce humaine appartient à un seul genre ; tous les hommes ont en commun un certain nombre de qualités biologiques et intellectuelles et ils peuvent avoir une descendance avec n’importe quel autre spécimen du genre. À l’intérieur du genre, on peut distinguer un certain nombre de groupes ayant un ou plusieurs caractères distincts. Ces groupes sont les races ou « espèces » (dans l’espèce). Cependant, cette notion dépend du point du vue adopté par le chercheur scientifique pour les sélectionner les critères spécifiques et établir une discrimination raciale. On arrive par ce système à une grande confusion. Aussi, en 1951, l’Unesco a entreprit de définir clairement la notion de race : « Anthropologiquement, le terme « race » doit être réservé pour les groupes d’êtres humains présentant des différences corporelles nettement prononcées, déterminées pour la plupart par l’hérédité et les différenciant d’autres groupes ».

    Selon cette définition qui, notons-le, ne tient pas compte des caractères intellectuelles des races, l’hérédité a un rôle dominant dans le développement et la procréation des races puisque les chromosomes (gènes) sont porteurs des différents caractères transmis à la descendance selon les lois de l’hérédité. Au cours des temps, les caractères spécifiques d’une race peuvent avoir subi des changements car les lois de l’hérédité permettent des mutations et des variations. Les croisements entre individus appartenant à des races différentes peuvent faire apparaître de nombreuses formes intermédiaires.

    D’après de nombreux indices, l’hérédité ne se limite pas à des caractères physiques mais aux facultés mentales qui y sont soumises également.

    En laissant de côté les différences secondaires pour la plupart de caractère régional, on peut distinguer trois groupes de races d’après la couleur de leur peau et des cheveux et d’après de nombreuses autres caractéristiques. Ces trois groupes sont :

    • Le groupe leucoderme (europoïde à peau blanche) ;
    • Le groupe mélanoderme (négroïde à peau noire) ;
    • Et le groupe xanthoderme (mongoloïde à peau jaune).

    Pour certains, ils existent un quatrième groupe distinct : le groupe australoïde, mais généralement il est classé dans le groupe négroïde.

    Les trois principaux groupes de races présentent des caractères particuliers en des aires géographiques précises.

    Le groupe blanc

    La race blanche ou europoïde est dotée d’un système pileux assez abondant sur le corps, d’une chevelure bouclée ou flottante, un petit nez, les maxillaires supérieur et inférieur ne présentent pas de prognatisme comme signe distinctif. Chez les Européens du Nord, l’association d’une chevelure blonde et des yeux bleus est fréquente.

    Parmi les habitants de l’Europe on distingue la race nordique (dans le Nord et l’Ouest de l’Europe), la race Est européenne, la race alpine (en Europe Centrale), et la race méditerranéenne dans le bassin de la Méditerranée. Les europoïde ne résident pas uniquement en Europe et de nombreuses races appartenant à ce groupe n’ont pas la peau blanche. Au groupe leucoderme se trouvent rattachés : les peuples hamites et nilotiques d’Ethiopie et de la région du Haut-Nil, la race anatolienne en Turquie, race arménoïde en Arménie, la race touranienne dans le sud de l’Asie centrale, les peuples sémites d’Arabie, de Syrie et d’Afrique du Nord, enfin la race indo-afghane d’Afghanistan, de Perse, et de l’Inde du Nord.

    Le groupe noir

    Le groupe négroïde est caractérisé par une chevelure très crépue, une pilosité relativement éparse et rare sur la peau ; celle-ci est foncée allant jusqu’au noir prononcé ; les lèvres sont épaisses avec les maxillaires supérieur et inférieur plus ou moins proéminents. Dans le groupe mélanoderme plusieurs ethnies présentent un corps allongé avec les membres longs par rapport au thorax. Parmi les peuples mélanodermes, citons les ethnies soudanaises et bantoues, les races boschimane et hottentote dans le sud de l’Afrique, les Dravidiens de l’Inde du Sud, les Mélanésiens (en Océanie de l’Est) parmi lesquels on remarque les Négritos, de petite taille (aux Philippines). Les Pygmées d’Afrique équatoriale ont une place particulière, ainsi que les aborigènes d’Australie.

    Le groupe jaune

    Les caractères propres à la race mongoloïde (groupe xanthoderme) sont : une chevelure lisse, épaisse et raide, une pilosité rare sur le corps, une peau allant du jaune au brun, une face large avec des pommettes saillantes, et un pli caractéristique au-dessus des paupières donnant leur aspect aux yeux bridés. Le corps des peuples de race jaune est petit et massif avec membres courts par rapport au thorax. Le groupe xanthoderme comprend certes les Mongols, les Chinois et les Japonais, mais également les Indonésiens, les Polynésiens et, sur le continent américain, les Eskimos et les diverses tribus indiennes.

    Races-humaines-Encyclopedie-1981

    L’humanité peut donc être divisée en trois groupes de races. Cette répartition, très générale, oblige à adopter des subdivisions plus complexes parmi les sous-groupes raciaux dont l’évolution au cours de l’histoire de l’humanité a provoqué de nombreux mélanges.

    Une théorie ancienne distinguait un peuple indo-germanique parlant une langue indo-européenne. Depuis, on se fonda sur des critères biologiques plus commodes que la distinction d’après l’idiome commun.

    Les races humaines, pp. 1268-1270.

    La grande Encyclopédie Médicale

    Éditions Unide 1981 (Paris, France)

    http://la-dissidence.org/2015/10/03/les-races-existent-le-point-de-vue-scientifique-et-medical/

  • Rébellion: nouvelle radicalité

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    Editorial : Pour une nouvelle radicalité !

    Société : La vidéosurveillance - Argos Panoptès du monde moderne ( Marie Chancel)

    Politique : Réflexion sur l'organisation de l'immigration de masse ( Patrick Visconti)

    Ecologie : Entretien avec Nicolas Fabre sur le retour à la terre.

    International : Entretien avec Dari Douguina du mouvement eurasiste.

    Histoire : Déboulonnons le XVIII ème Siècle ( David l'Epée)

    Cinéma : Le Cinéma français et sa critique, entre “chien-de-gardisme” et schizophrénie ( D. Colin)

    Commande  4 euros (port compris) :

    Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02

    Contact : rebellion_larevue@yahoo.fr

  • L’homme héroïque n°2 – Conférence d’Ivan Blot

    Nouveau Thème : L’homme héroïque – ♦ Conférence n° 2  

    Le héros dans notre civilisation : héros tragiques et héros historiques

    AGIR POUR LA DÉMOCRATIE DIRECTE

    ET INSTITUT NÉO-SOCRATIQUE

                         73, rue de la Faisanderie 75116 PARIS.

    Courriel : atheneion@free.fr site web : www.democratiedirecte.fr


    PROCHAINE CONFÉRENCE

    Le Mercredi 7 Octobre à 19 h précises

         A l’association « Dialogue franco-russe »

             120 Champs-Elysées, 75008 PARIS

    Nouveau thème : L’HOMME HEROÏQUE

    Conférence n°2

    LES DECADENCES DANS L’HISTOIRE

    Le thème héroïque parcourt l’histoire de notre civilisation. Mais il y a des époques de décadences qui peuvent s’avérer fatales. Ce fut le cas pour la Grèce et la Rome antique. Nous vivons actuellement une période de décadence en Europe occidentale et singulièrement en France. Une période de décadence se reconnait au déclin des valeurs morales qui permettent la survie d’une société.

    Mais aux yeux de beaucoup, la décadence n’apparait pas. Certains croient même vivre une période de « progrès », se fiant au seul progrès matériel, technique et économique. Ils sont insensibles aux facteurs de mort qui les environnent (effondrement de la famille et de la natalité, invasion migratoire) et à l’appauvrissement intérieur des âmes (individualisme exacerbé, déclin du niveau culturel, absence d’idéal, mépris des racines).

    Heidegger appelle ce phénomène « l’oubli de l’être », qui fait que l’homme en vient à oublier son essence et sa vocation sur terre. Il ne vit plus que pour vivre des sensations éphémères : c’est l’homme « esthétique » de Kierkegaard qu’il oppose à l’existence éthique et à la vie spirituelle dans la perspective de l’éternité.

    En Grèce, l’idéal héroïque a commencé à être critiqué au Ve et au IVe siècle avant notre ère. Dans les comédies d’Aristophane comme  les Nuées, l’auteur met en scène le père et le fils, qui argumentent l’un contre l’autre. Le fils utilise sa raison pour démolir les traditions et la morale et pour justifier son abandon à ses instincts reptiliens chaotiques. Mais la Grèce conserve alors globalement ses vertus et elle ne s’effondre vraiment qu’avec sa défaite militaire contre Rome.

    Dans des auteurs romains comme Caton, puis Suétone ou Juvénal, on s’indigne de l‘effondrement de l’esprit civique de la Rome ancienne et de la dépravation des nouveaux Césars. L’historien Tacite oppose les vertus des Germains aux vices de la Rome décadente. Là aussi, outre la décadence, la défaite militaire est le signe de la mort d’une civilisation. La Rome occidentale est vaincue au Ve siècle par les envahisseurs germaniques. La Rome orientale, Constantinople est vaincue militairement par le Sultan Mehmet II Fatih (le conquérant) mais mille ans plus tard !

    Un scénario analogue à celui de Rome et de Constantinople est-il en train de se mettre en place ? L’Europe occidentale semble fatiguée de vivre. Elle résiste peu à l’invasion migratoire et se démilitarise toujours plus, espérant que les Etats-Unis garantiront sa sécurité éternelle.

    Par contre l’Europe orientale résiste moralement et la Russie connait une renaissance démographique, militaire, morale et spirituelle sans équivalent à l’ouest. Comme l’a écrit De Gaulle, « l’épée est l’axe du monde » et rien ne peut remplacer une défaite militaire intégrale. Ce dernier disait de l’Allemagne qu’on lui avait cassé les reins pour longtemps. Les Etats-Unis en profitent aujourd’hui.

    La disparition ou la marginalisation du modèle héroïque est caractéristique du phénomène de la décadence. Pour Heidegger, il faut être en veille pour pouvoir accompagner l’éclaircie de l’être quand elle se produira. Alors, l’homme redeviendra un homme véritable qui tel saint Georges réussira à vaincre le dragon par l’alliance de la force du cœur et de l’élévation de l’esprit.

    Au mercredi 7 octobre !

    Bien cordialement

    Ivan Blot 26/09/2015

    Programme des conférences 2015-2016

    L’HOMME HÉROÏQUE
    Un idéal pour une France et une Europe qui n’en ont plus

     Par Ivan Blot

    Conférence 1 : 22 SEPTEMBRE. L’histoire de nos héros : les héros tragiques d’Homère jusqu’à Schiller ; les personnages historiques de Jeanne d’Arc à Napoléon.

    Conférence 2 : 7 OCTOBRE. Les décadences dans l’histoire : la Grèce (Aristophane), Rome (Suétone), l’Europe et la France actuelle.

    Conférence 3 : 17 NOVEMBRE. Les héros de la Résistance : le général Dénikine, l’amiral Koltchak, le colonel von Stauffenberg, l’amiral Canaris, le général De Gaulle, l’amiral Thierry d’Argenlieu. Héroïsme et armée.

    Conférence 4 : 8 DÉCEMBRE. Héroïsme et philosophie : la pensée de l’être (Nietzsche, Berdiaev, Heidegger), la tradition (Burke, Hayek, Dumézil), la personne (Carlisle, Dostoïevski, Gehlen), Dieu et l’héroïsme (Jean Climaque, Pascal, Kierkegaard).

    Conférence 5 : 12 JANVIER. Le retour à la bestialité ; la mission et la tenue.

    Conférence 6 : 2 FÉVRIER. L’héroïsme et les vertus chrétiennes, cardinales et ordinales.

    Conférence 7 : 15 MARS. L’âme tripartite, les trois cerveaux et le héros éternel.

    Conférence 8 : 5 AVRIL. Le Gestell ou la personnalité étouffée par la masse.

    Conférence 9 : 24 MAI. Les trois fonctions de Dumézil et l’héroïsme ; Sombart, Shakespeare, etc.

    Conférence 10 : 21 JUIN. La spiritualité et l’héroïsme ; la chevalerie; la fuite du sacré ; les deux piliers chrétiens : courage et charité (à ne surtout pas dissocier).

    Toutes les conférences ont lieu à 19H à l’association « Dialogue franco-russe » 120 champs Elysées. 75008 PARIS.

    http://www.polemia.com/lhomme-heroique-n2-conference-divan-blot/

  • Les Mercredis de la Légitimité : Testaments des rois français, l’art de transmettre le pouvoir

    Vexilla Galliae et le Centre d'Etudes Historiques sont heureux de vous convier à la conférence du

    Mercredi 21 octobre 2015 à 19h00

    Placée sous le haut patronage de Monseigneur le prince Louis, duc d'Anjou

    «Testaments des rois français,

    L’art de transmettre le pouvoir »

    avec

    le docteur Michel Ferlet

    ____________________________________________

    Rendez-vous :  

    Maison des ingénieurs ETP - 15, Rue Cortambert - 75016 Paris

    Métro : ligne 6 ou 9 Trocadéro ou Rue de la pompe

    RER : Boulainvilliers

    Bus: 63, 32, 22

    Voiture : Parking possible au 78 rue de Passy – 75116 Paris

  • Napoléon : Pourquoi la chute ? Une autre histoire de Napoléon par Pierre LE VIGAN

    La chute ? C’est toute l’histoire de Napoléon Bonaparte que raconte de Villepin. Mais la problématique de la chute est bien centrale. Car il s’agit de voir, dès les succès, la naissance des failles, les premiers signes de possible échec. Des failles qui s’agrandissent de plus en plus, à mesure que, de la domination de la frange occidentale de l’Europe, Napoléon veut passer à la domination de l’Europe entière.

    Napoléon, c’est le grand écart entre la gloire et la fragilité. Voilà ce que montre, avec un incontestable bonheur d’écriture, Dominique de Villepin. L’ouvrage de l’ancien Premier ministre n’est pas inédit. Il regroupe utilement ses trois livres sur Napoléon. Si les sources historiques utilisées sont connues, l’intérêt du livre est le regard politique. Il est de montrer les faiblesses, vite croissantes, de la construction politique de Napoléon. Des faiblesses qui se sont accrues en fonction de nombre des inflexions que prend l’Empereur. 

    Villepin aide à comprendre les moments-clés où s’ouvrent les failles. Il faut ainsi faire remonter la fragilité de l’Empire, au plan extérieur, à la deuxième partie de la campagne de 1806 – 1807. Nous sommes au moment où la France, après avoir battu la Prusse, s‘engage en Pologne et en Prusse orientale, sans avoir pu ou voulu, par une paix modérée, dissocier la Prusse de la Russie. Et c’est l’accord bancal de Tilsit. L’alliance russe est un mirage car Napoléon n’y met pas le prix, refusant d’abandonner son soutien relatif à l’Empire Ottoman. Le moignon de Pologne créé en 1807 est aussi, d’emblée, une source de discorde à venir. Combien il eut été plus utile de laisser ce moignon à la Prusse, la laissant puissance oppressive des Polonais, situation inconfortable, et de lui prendre la Silésie au profit de la Saxe limitrophe. Renforcer les petites et moyennes puissances au détriment des grandes et ne pas charger la France de responsabilités territoriales excessives.

    L’alliance autrichienne, ensuite, après Wagram, – demi-victoire bien loin d’Austerlitz – est, elle aussi, un leurre. L’Autriche est trop diminuée territorialement pour considérer cette alliance comme autre chose qu’une temporisation. En outre, au plan intérieur français, le mariage autrichien marque un reniement des principes de la Révolution qui met Napoléon en porte à faux. L’homme qui avait stabilisé la Révolution devient tout autre chose : celui qui la renie. Le titre du chapitre de Villepin sur la période 1810 – 1811 est justement cela : le reniement. La création de la noblesse d’Empire en 1808 pouvait encore s’inscrire dans la ligne de l’élitisme républicain et de la récompense non héréditaire de la vertu. Le mariage autrichien marque par contre une rupture. Napoléon devient hanté par ce qu’il n’a pas : l’ancestralité. Celle-ci est pourtant ce que le peuple ne lui a jamais demandé.  Cela met Napoléon dans une situation parfaitement fausse.

    Le mariage autrichien et l’alliance qui l’accompagne prend, en outre, la place d’une autre politique étrangère. Depuis 1803, la France était en Allemagne la protectrice des petites nations. Parmi les principales de ces petites nations étaient la Bavière et la Saxe. Or, elles ne gagnent rien à l’alliance autrichienne mais au contraire y perdent. Après la paix de 1809 entre la France et l’Autriche, la Bavière perd le Trentin – Haut-Adige, au profit du Royaume d’Italie napoléonien. La Saxe ne règne que nominalement sur le Grand-Duché de Varsovie, agrandi en 1809. L’alliance entre la France et les petites nations, qu’un mariage avec une princesse de Saxe aurait pu symboliser en 1810, cède la place avec une illusion glorieuse d’alliance avec une puissance qui, à tort ou à raison, symbolise l’ordre ancien pour les Français. Villepin voit bien cela : en 1810, Napoléon n’écoute plus son peuple comme il le faisait au tout début de l’Empire.

    En Pologne, Napoléon en fait trop ou trop peu.  Pas assez pour recréer une Pologne, trop pour ne pas inquiéter la Russie, mais aussi l’Autriche. Si, en 1812, Napoléon s’assure l’alliance de la Prusse, il ne lui promet rien comme acquis territorial, ni la Lituanie, ni la Livonie, ni même la Courlande. Rien non plus de clair comme contrepartie de la participation militaire autrichienne. Envisager l’échange Galicie autrichienne contre Illyrie n’est pas un acquis pour l’Autriche. Il veut l’aide autrichienne sans vouloir pleinement une alliance, qui supposerait une égalité.

    Autre erreur : la politique du Blocus continental. L’idée d’une guerre économique contre la Grande-Bretagne comme moyen de l’affaiblir n’est évidemment pas idiote. Mais ses conséquences sont telles qu’elle oblige à une domination de toute l’Europe. L’affaire d’Espagne, catastrophique en ouvrant un deuxième front au Sud de la France, alors que l’Espagne était un allié contre l’Angleterre, relève en partie de cette stratégie de domination de toute l’Europe, et aussi de la perte du sens des réalités et des proportions par Napoléon.

    Ne rien vouloir lâcher vraiment sera aussi la cause de la perte du Grand Empire en 1813. Pourquoi laisser plus de 100 000 hommes de bonnes troupes à Dresde, Dantzig, etc. ? Dans le domaine de la diplomatie comme de l’art de la guerre, Napoléon perd le sens de la manœuvre et de la surprise. La campagne de 1812, sans un seul objectif politique clair, si ce n’est celui, illusoire, d’amener le Tsar à une nouvelle alliance, est caractéristique, tout autant que de la démesure, de ce que Napoléon n’arrive plus à choisir entre les options qui s’offrent à lui.

    Il croit pouvoir tout avoir : l’alliance autrichienne sans rien donner à l’Autriche, le soutien des Polonais sans leur donner l’indépendance, le soutien prussien sans contreparties aucune, la soumission des Espagnols au roi Joseph tout en annexant à l’Empire français une partie de l’Espagne (la Catalogne en 1812), etc.

    Les Cent-Jours cristallisent toutes les faiblesses de Napoléon. Époux délaissé par Marie-Louise, et, plus grave encore, son fils retenu en otage à Vienne, Napoléon est quand même prisonnier de cette fiction de « beau-fils » de l’Empereur d’Autriche qui lui enlève la possibilité d’un robespierrisme contrôlé et mesuré, qui, pourtant, s’imposait. Napoléon ne peut envisager la voie d’une « dictature populiste » (Stéphane Rials), ou encore d’un Empire républicanisé, ou jacobinisme impérial. Seule voie pourtant alors adaptée à sa situation. Ne pouvant et ne voulant s’appuyer sur le peuple, Napoléon tente de s’appuyer sur une bourgeoisie de marchands et d’intellectuels qui ne cherche qu’à se débarrasser de lui.  Perclus de doutes, il est caractéristique qu’il réfléchisse à la réception qui serait faite par l’Europe, liguée contre la France, à une possible régence d’Eugène de Beauharnais, pourtant resté en Bavière pendant les Cent-Jours. 

    Napoléon gagnera pourtant sa dernière bataille, celle de la mémoire, avec le Mémorial de Sainte-Hélèneet la légende d’un Empereur favorable au principe des nationalités, alors qu’il l’était si peu. Au-delà même de cela, le martyr de Sainte-Hélène amènera à ce qu’Heinrich Heine appellera, en 1826, la « canonisation de l’Empereur mort ». Revanche posthume.

    Pierre Le Vigan

    • Dominique de Villepin, La chute de Napoléon, Perrin, 1 532 p., 35 €.

    • D’abord mis en ligne sur Metamag, le 24 août 2015, et légèrement modifié pour la présente publication.

    http://www.europemaxima.com/