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culture et histoire - Page 1581

  • Chronique de livre: Vincent Cheynet "Décroissance ou décadence"

    Vous avez aimé la lecture de JC Michéa ? Alors vous aimerez la lecture de cet ouvrage singulier de Vincent Cheynet, rédacteur en chef du journal « La Décroissance ». Découvert au hasard de la lecture d’un article (lire ici), je l’ai acquis en même temps que « L’effondrement des sociétés complexes » de Joseph Tainter et « La guerre des monnaies » de Hongbing Song. Je ne peux d’ailleurs que vous conseiller ces deux autres ouvrages en plus de celui que je chronique en ce jour. En effet, aucune analyse politique ne peut aujourd’hui se dispenser d’une analyse économique, mais aussi d’une réflexion sur deux questions liées : les ressources et l’environnement (pour ne pas dire l’écologie).

    Premier élément notable, qui est une (bonne) surprise, de l’ouvrage qui nous intéresse ici, l’auteur se réfère à un certain nombre de publications des éditions « Le Retour aux Sources » avec qui le réseau MAS coopère. Nous pouvons ajouter à cela les ouvrages de Serge Latouche, penseur emblématique de la décroissance, de Jacques Ellul pour (entre autre) la critique de la société technicienne, l'illusion politique, les nouveaux lieux communs, de JC Michéa pour la critique du libéralisme (capitalisme), de la modernité et de la « gauche » et Joseph Tainter pour L’effondrement des sociétés complexes. L’auteur introduit d’autres auteurs dont, pour ma part, j’ignorais l’existence mais qui paraissent apporter une réflexion intéressante, je pense à Dwight MacDonald pour Le Socialisme sans le progrès (1946), Cédric Biagini, qui a écrit entre autreL’Emprise numérique. Comment Internet et les nouvelles technologies ont colonisées nos vies (2012) ou encore Ivan Illich et Bernard Charbonneau (ami de Jacques Ellul). Liste non exhaustive…

    Deuxième élément notable, l’auteur épingle tout le monde et exerce une critique de tous les partis, tous les bords, tous les auteurs ainsi que les milieux militants qui possèdent tous en leur sein des tares qui confinent d’ailleurs souvent à la pathologie. Ainsi vous observerez autant une critique d’Alain de Benoist, Laurent Ozon ou Alain Soral que de Jean-Luc Mélenchon, de Nicolas Hulot, des « écologistes », de la « gauche », des libéraux-libertaires, etc… Rien ne nous oblige à abonder dans le sens de l’auteur, cela va de soi, mais cela sous-entend que nous lisons quelqu’un à l’esprit clair et aux idées réfléchies et mûries et non un énième ersatz de pensée juvénile écolo-gauchiste.

    Troisième élément notable, le nombre assez impressionnant de sujets qui nous rapprochent : éloge de la verticalité, du rôle du père, de la famille, du Beau, de l’honneur, de la solidarité, de la mesure grecque ou encore le rejet de la « gauche » bobo, les libéraux-libertaires, du bougisme, du positivisme, du scientisme, de la démagogie, de l’argent-roi, de la presse du système … ce à quoi nous pouvons ajouter une position qui pourrait sembler iconoclaste sur l’austérité qui trouvera surement un écho chez certains camarades adeptes de l'ascétisme.

    La thèse centrale de l’ouvrage, pour ainsi dire, exprimée en quatrième de couverture, consiste à fustiger l’idéologie de l’illimité, et ses corollaires: le productivisme, le progressisme, le positivisme.... Pour l’auteur, le capitalisme repose sur la croissance illimitée. Le refus des limites serait une manifestation (de l’idéologie) de la croissance. Pour lui l’accumulation du Capital analysée par Marx correspond à la croissance et notre société est le produit de la croissance, de l’idéologie de l’illimité qui se manifestent dans le fonctionnement de notre société. « L’expansion de l’illimité est un fait anthropologique total » (p.119) «Soit l'inverse de la tradition gréco-latine pour laquelle l'hubris, la démesure, demeurait la faute majeure. » (p. 36) Par ailleurs, l'absence de limites conduit fatalement à l'indifférenciation. Ainsi l’auteur développe l’idée que le mariage homosexuel est un avatar de cette idéologie capitaliste de l’illimité, d’une société qui refuse non seulement les limites économiques mais refuse aussi de poser et d'accepter des limites biologiques, physiques ou sociales, de dire « non ». (pages 87-102). Il poursuit ici l’idée selon laquelle c’est la limite et le « non » qui permettent à l’être humain (à l’individu) de se construire (p.35-47). «La décroissance, c'est dire non. » (p.36) Les frustrations sont nécessaires pour parvenir à l’âge adulte, pour bâtir une société adulte et constituer un quelconque corps social. A ce titre, certains chrétiens seront positivement surpris par la proximité entre la pensée de l'auteur et certaines de leurs conceptions. C’est le refus des limites, incarné superbement par les libéraux-libertaires qui contribue au délitement de l’humanité et de toute forme de société. Il rejoint en cela l’analyse communément acceptée dans la plupart des milieux dissidents selon laquelle la gauche « libérale-libertaire » porte le même projet que la « droite » affairiste, que tout cela forme un tout, un système. La philosophie de l’auteur est plutôt opposée à Jacques Attali, son nomadisme et ses états-hôtels…

    A la fin de l’ouvrage l’auteur poursuit : «  L’immobilité et le silence sont devenus subversifs, car ils sont une incitation à réfléchir à notre condition. » (p. 177) En effet, dans une société qui fait l’apologie du bougisme, du festivisme, de l’agitation, du bruit ou de la vitesse à grand renfort de publicités et d’incitation à la consommation, rester chez soi dans le silence devant un bon ouvrage est presque devenu un acte authentiquement révolutionnaire (remarque personnelle). A ce titre le chapitre « QUE FAIRE ? » qui clôt son livre, débute par une citation de Dwight MacDonald, à méditer : « S’il est encore trop tôt pour définir ce qu’un radical pourrait FAIRE […] nous pouvons conclure sur quelques idées plus concrètes sur ce qu’il pourrait ÊTRE. Quelles sont les attitudes caractéristiques du radical en politique ? On pourrait les esquisser en cinq traits : 1. Le négativisme , 2. L’absence de réalisme, 3. La modération, 4. La limitation, 5. Le souci de soi. »  (p. 174) C’est chacun de nous qui porte en lui la capacité à changer le monde par sa façon de vivre, sa façon de consommer, etc… et ce quels que soient les sujets. Certains connaissent la célèbre citation de Jean Mabire « Nous ne savons pas si nous changerons le mondemais nous savons que le monde ne nous changera pas » et bien cette maxime est vraie seulement si nous faisons un travail sur nous-même. Nous devons changer par nous-même pour ne pas être changé par le monde. C’est pour cela que ce qu’on attend d’un militant ce n’est pas de la posture, mais un véritable travail sur lui-même. « L’habit de fait pas le moine » disaient nos grand-parents… De fait l’auteur écrit quelques pages incisives sur l’austérité, dont je vous conseille vivement la lecture (pages 162 à 173, 11 pages à lire, ça prend 10 à 15 minutes). Combattre l’esprit bourgeois, c’est combattre l’esprit d’accumulation, le toujours plus, la consommation à outrance, le gaspillage, vivre au dessus de ses moyens, etc… et donc aussi admettre qu'une bonne partie du peuple est totalement intégrée dans le système.

    D’autres sujets pourront soulever une véritable réflexion chez vous, comme par exemple la critique du survivalisme de Piero San Giorgio. Si Vincent Cheynet valide les analyses de l’auteur suisse, il rejette le principe des BAD, jugées individualistes et conformes à la mentalité anglo-saxonne, matrice du capitalisme (ce en quoi je suis parfaitement d’accord). Pour l’auteur on ne pourra s’en sortir que collectivement, par la force du groupe (je suis également d’accord sur ce point) et non en jouant la carte solitaire qu’il considère comme une manifestation de l’esprit capitaliste (pages 142-143).

    Vous lirez également des pages très amusantes sur l’art contemporain, que l’auteur passe au vitriol, y voyant une parfaite illustration de l’idéologie de l’illimité et de l’anti-conformisme devenant lui même un conformisme. Je me permets de vous citer deux extraits, pour le plaisir de lire :

    « Il ne faut pas comprendre « l’art » contemporain comme de l’art mais comme le symptôme le plus flagrant d’une société malade » (p. 123) Ou encore « Je demeure à penser qu’à l’aune de l’art contemporain, notre époque est terrifiante ». (p. 124)

    Dans cette partie, l’auteur dégomme au passage la musique techno avec une bonne citation de Cédric Biagini issue de Techno, le son de la technolopole : « A un monde de plus en plus industrialisé, déshumanisé, où triomphe la tyrannie technologique, il fallait nécessairement une bande-son : la techno ». (p. 121) Amusant de lire ça et de voir tous les prétendus anticapitalistes « bouger » sur la techno hardcore en prenant des produits chimiques (ils parlent eux-mêmes « d’acides ») dans les « rave-parties », terminologie angliciste très révélatrice. Mais les kékés de boîtes ou les gosses de riches avec leur projet X ne valent pas mieux. C’est toute une société qui a basculé dans le Néant et le Laid. Quand on refuse les limites, on finit forcément par tomber. Certaines barrières, comme celles que l’on trouve en haut des phares, ne sont pas là pour entraver notre liberté, mais pour nous protéger.

    L’auteur aborde bien d‘autres sujets, mais je pense en substance avoir livré quelques grandes lignes de son ouvrage, sans en révéler forcément toute la teneur. Un livre qui doit figurer dans les bibliothèques, qui apporte une véritable réflexion et aidera tout militant dissident ou radical à se construire et qui peut aussi contribuer à aiguiller les structures qui cherchent à s‘opposer au système libéral, notamment grâce à la profession de foi et à quelques propositions de l'auteur. Le tout pour 12 euros, c'est-à-dire un peu plus qu’une place de cinéma. On déplorera simplement que Vincent Cheynet refuse tout dialogue avec ce qu’on pourrait nommer les « décroissants de droite » comme Alain De Benoist, mais il l’a énoncé lui-même, dire « Non » et poser des limites est nécessaire. Pour ma part, je ne pense pas que ce soit au sein de notre petite sphère dissidente, d’où qu'elle soit, que nous devions nous dire « Non », mais c’est au Leviathan capitaliste qui est en train de nous tuer que nous devons nous opposer en proposant un modèle alternatif. Peut-être qu’un jour Vincent Cheynet franchira le Rubicon…

    Jean/C.N.C

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/04/21/chronique-de-livre-decroissance-ou-decadence-de-vincent-cheynet.htmlLire ou relire:

    Chronique de livre: Jacques Ellul, Anarchie et christianisme

    Chronique de livre: Jean-Claude Michéa, La double pensée

    Analyse: Le libéralisme réellement existant d'après Michéa (Scriptoblog)

    Analyse: Lordon progressiste, Michéa conservateur (Boreas)

     
  • Police impériale, guerre sociale

    La violence policière est une production rationnelle, structurée par des rapports de force économiques, politiques et sociaux, dont l’Etat assure la régulation technique. Elle est au centre d’une mécanique de gouvernement des indésirables et des misérables, des damnés et des insoumis. 

         L’Etat français déploie ses troupes et expérimente la guerre policière aux côtés d’autres armées impériales en ex-Yougoslavie, en Afghanistan ou en Libye. L’extension et la restructuration sécuritaire des grandes villes françaises constituent la dimension intérieure de ce phénomène à l’œuvre dans l’ensemble des grandes puissances impérialistes à travers le réseau des villes mondiales. « Avec leurs marchés boursiers, leurs technopoles, leurs salons de l’armement et leurs laboratoires d’Etat dédiés à la recherche sur les nouvelles armes, ces villes sont les cerveaux du processus actuel de mondialisation dans lequel la militarisation joue un rôle majeur » indique Stephen Graham. La géographie critique de l’impérialisme montre que le processus qui se développe sur le sol français procède effectivement d’un phénomène global. Les travaux de Lorenzo Veracini mettent en évidence l’emploi récurrent de techniques et d’imaginaires coloniaux dans les modes de gestion et de développement des villes mondiales d’Europe et d’Amérique du Nord. Ils mettent en question la « distinction classique entre le visage extérieur et le visage intérieur de la condition coloniale » dans les grandes puissances impérialistes. Stephen Graham fournit plusieurs observations décisives pour intégrer le cas français dans la situation globale. « Alors que les espaces et les réseaux de la vie urbaine sont colonisés par les technologies de contrôle militaire et que les notions de guerre et de maintien de l’ordre, de territoire intérieur et extérieur, de guerre et de paix, sont de moins en moins distinctes, on constate la montée en puissance d’un complexe industriel englobant la sécurité, la surveillance, la technologie militaire, le système carcéral, le système punitif et le divertissement électronique ». Graham précise : 

    Le fait que ces complexes industrialo-sécuritaires fleurissent parallèlement à la diffusion des idées d’organisation sociale, économique et politique chère aux fondamentalistes du marché n’a rien d’accidentel. Les inégalités extrêmes, la militarisation urbaine et l’obsession sécuritaire alimentées par le néolibéralisme se nourrissent mutuellement. 

    La conjugaison d’une industrie de la violence militaro-policière et de la restructuration urbaine semble elle aussi relever d’un processus global où les puissances impérialistes s’allient ou rivalisent entre elles. Kanishka Goonewardena et Stefan Kipfer parlent « d’urbicide » pour désigner la démolition systématique au bulldozer de maisons et de villes palestiniennes par l’Etat israélien, l’anéantissement de Falloujah et d’autres villes résistantes en Irak par la coalition occidentale, ou la démolition de campements, bidonvilles et quartiers populaires, partout dans le monde. 

         Mais les classes populaires ne se laissent pas balayer ou exploiter sans combattre. Nous avons vu comment, partout où elle frappe, la violence policière se montre incapable de soumettre les damnés complètement et durablement. Elle n’est pas la manifestation d’un Etat tout puissant mais celle d’un pouvoir illégitime que les insoumissions mettent dans l’impossibilité récurrente de gouverner sans contraindre. Ce pouvoir illégitime doit s’étendre et se renforcer pour ne pas s’effondrer et pour surmonter ces crises politiques et économiques. L’économiste Michal Kalecki a analysé dans les 1970 le phénomène de keynésianisme militaire qui consistait à restructurer le capitalisme sur la base des dépenses militaires, du développement de l’industrie et des marchés de la guerre et des armes. Nous pouvons considérer les aspects intérieurs de la restructuration contemporaine comme une forme de keynésianisme sécuritaire, un programme de résolution des crises du capitalisme, investissant dans l’industrie du contrôle, de la surveillance et de la répression. 

         L’impérialisme sécuritaire est conduit à poursuivre une expansion dangereuse pour lui-même. Son discours pacificateur est à la fois une propagande, une publicité et mise en scène ; ce système multiplie en réalité les champs de bataille et ses nouvelles prisons deviennent elles-mêmes des fronts de la guerre sociale. 

         Le géographe David Harvey observe ce phénomène sur la scène internationale : 

    La poursuite des politiques néolibérales au niveau économique [...] implique une poursuite si ce n’est une escalade de l’accumulation par des moyens différents, c’est-à-dire de l’accumulation par dépossession. Le développement permanent de la résistance globale, auquel le pouvoir étatique répond par la répression des mouvements populaires, est certainement son corollaire externe. Cela implique la prolongation du conflit de basse intensité qui domine l’économie mondiale depuis une vingtaine d’années, voire plus, à moins qu’une issue au problème de la suraccumulation globale puisse être trouvée. 

    Mathieu Rigouste, La domination policière

     http://www.oragesdacier.info/2014/04/police-imperiale-guerre-sociale.html

  • Les Royalistes sur France Culture

    Le Vendredi 17 avril dernier, les Royalistes sur France Culture

    Présentation de l’émission :

    Ils sont Orléanistes ou légitimistes, supporters de Jean de France ou de Louis-Alphonse de Bourbon, pro ou anti Maurras, de droite ou - plus rarement - de gauche… Si les royalistes de France sont encore divisés par d’historiques querelles, ...

    ...ils s’entendent sur un diagnostic (la République ne peut marcher telle qu’elle a été conçue) et sur une prescription (c’est une monarchie qu’il nous faut). Rencontre avec des fidèles au Roy, dans la cité des sacres et ailleurs...

    En plateau :

    - Yoann Cardot, jeune recrue d’Action française 

    - Pascal Beaucher, secrétaire général de la Nar (Nouvelle action royaliste, mouvement attaché à la monarchie constitutionnelle et marqué à gauche) 

    - Jean-Paul Gautier, professeur d’histoire, auteur de La Restauration nationale, un mouvement royaliste sous la Ve République (Syllepse)

    Ecouter ici

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Les-Royalistes-sur-France-Culture

  • La crise écologique et la menace de l’effondrement

    L’historien des sciences et philosophe Pierre Thuillier a publié en 1995 La grande implosion. Ce livre prémonitoire se présentait dans l’édition originale comme un dossier intitulé « Rapport sur l’effondrement de l’Occident 1999-2002 ». Il imaginait qu’en 2070 une commission d’enquête s’efforçait de comprendre comment la catastrophe avait pu se produire après tant d’avertissements. Sans remonter plus avant, en 1922 déjà, le grand Svate Arrhenius, l’inventeur du réchauffement climatique, dans une conférence faite à l’université de Paris, déclarait : « Le développement a été, pour ainsi dire, explosif et nous courons à une catastrophe. » 

         En empruntant résolument vers 1850 la voie thermo-industrielle, l’Occident a pu donner consistance à son désir d’épouser la raison géométrique, c’est-à-dire la croissance infinie, rêve qui se manifeste depuis 1750 au moins, avec la naissance du capitalisme et de l’économie politique. Toutefois, ce n’est que vers 1950, avec invention du marketing et la naissance subséquente de la société de consommation, qu’il peut libérer tout son potentiel créateur et destructeur. Ce faisant, il construit les structures de la catastrophe : 2050 pourrait marquer la fin de la société de croissance, voire de l’humanité. Le rêve sera devenu un cauchemar. L’astronome royal Sir Martin Rees, autour du livre Our Final Century, donne à l’humanité une chance sur deux de survivre au XXIe siècle. André Gorz nous avait pourtant prévenus en 1977 : « Nous savons que notre mode de vie actuel est sans avenir, que notre monde va finir, que les mers et les fleuves seront stériles, les terres sans fertilité naturelle, l’air étouffant dans les villes et la vie un privilège auquel seuls auront droit les spécimens sélectionnés d’une nouvelle race humaine. » 

         Epousant la raison géométrique qui préside à la croissance économique, l’homme occidental a renoncé toute mesure. Avec une hausse du PNB par tête de 3,5% par an (progression moyenne pour la France entre 1949 et 1959), on aboutit à une multiplication de 31 en un siècle, de 972 en deux siècles et de 30 000 en trois siècles ! Avec un taux de croissance de 10% – tel celui, actuel, de la Chine –, on obtient une multiplication par 13 780 en un siècle ! Et sur 2 000 ans avec seulement un taux de 2%, on arrive à 160 millions de milliards ! Croit-on vraiment qu’une croissance infinie est possible sur une planète finie ? l’hubris, la démesure du maître et possesseur de la nature, a pris la place de l’antique sagesse d’une insertion dans un environnement exploité de façon raisonnée. Le délire quantitatif a soudain fait basculer la situation suivant le théorème de l’algue verte. 

         Un jour, une petite algue est introduite dans un très grand étang. Bien que sa croissance annuelle soit rapide selon une progression géométrique de raison deux, nul ne s’en préoccupe jusqu’à ce qu’elle ait colonisé la moitié de la surface, faisant peser, dès lors, une menace d’entrophisation, c’est-à-dire d’asphyxie de la vie subaquatique. Car si elle a mis plusieurs décennies pour en arriver là, il suffira d’une seule année pour provoquer la mort irrémédiable de l’écosystème lacustre. « C’est pourtant l’idée de continuer sur le même chemin qui domine, remarque le journaliste Jean-Paul Besset. Pour assurer le bien-être de l’ensemble de l’humanité, la Banque mondiale a calculé qu’il faudrait que la production de richesses soit quatre fois plus importante en 2050. Avec une croissance moyenne de 3% par an, c’est possible, dit-elle. Il suffirait ensuite de rassembler les conditions politiques – bonne gouvernance, aide au développement, coopération technique, échanges commerciaux – pour que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes. Affirmation rigoureusement exacte du point de vue du raisonnement économique. Perspective totalement irréaliste du point de vue des capacités du vivant. Escroquerie intellectuelle, donc. Comment imaginer que le PIB mondial, qui était à 6 000 milliards de dollars en 1950, qui est passé à 43 000 milliards de dollars en 2000, puisse s’élever en 2050 à 172 000 milliards de dollars sans bouleverser plus encore les équilibres naturels, telle une mécanique vertueuse ? » Nous sommes arrivés au moment où l’algue verte a colonisé la moitié de notre étang. Certes, notre croissance n’est pas, Dieu merci, de 100 % par an, mais même avec des taux très faibles, si nous n’agissons pas très vite et très fort, c’est la mort par asphyxie qui nous attend bientôt. Le recul forcé du PIB mondial que l’on observe depuis 2008 est loin d’être suffisant, car il touche assez peu les activités les plus destructrices de l’environnement et la tentation est encore plus forte de chercher une relance de l’économie par une prédation accrue (gaz de schiste, bétonisation à tout va, déforestation, etc.). 

         L’histoire de la catastrophe annoncée a été écrite dans les deuxième et troisième rapports au club de Rome, moins médiatisés que le premier, mais tout aussi importants, sinon plus. On peut, bien sûr, être sceptique sur les travaux de futurologie, mais ceux-là ont le mérite d’être infiniment plus sérieux et solides que les habituelles projections sur lesquelles s’appuient nos gouvernants et les instances internationales. La modélisation repose, en effet, sur la théorie des systèmes de Jay Forrester (en l’occurrence, le modèle World 3). Elle présente deux aspects qui renforcent sa crédibilité : l’interdépendance des variables et les boucles de rétroaction. Or, selon le dernier rapport, tous les scénarios – sauf celui reposant sur une foi proprement « cornucopienne » (de la corne d’abondance) – qui ne remettent pas en cause les fondamentaux de la société de croissance aboutissent à l’effondrement. Le premier situe celui-ci vers 2030 du fait de la crise des ressources non renouvelables ; vers 2040 pour le deuxième, du fait de la crise de la pollution ; vers 2070 pour le troisième, du fait de la crise de l’alimentation. Les autres scénarios sont des variantes de ces trois-là. 

         Un seul est à la fois crédible et soutenable, celui de la sobriété qui correspond aux recommandations de la voie de la décroissance. Pourtant, la schizophrénie ou la dissonance cognitive des responsables reste totale. Ainsi, la publication du rapport Stern, tout aussi alarmiste, a inspiré de beaux discours à Tony Blair, Premier ministre britannique travailliste de l’époque : « Il ne fait pas de doute que les conséquences pour notre planète seront littéralement désastreuses pour un avenir proche. Il n’y a rien de plus grave, rien de plus urgent, rien qui n’exige plus des décisions. » Mais en conclusion de son homélie, M. Blair s’en est retourné comme si de rien n’était à ses guerres et à sa politique néolibérale prédatrice. Et nous voilà aujourd’hui entre le krach et le crash... 

         La catastrophe est déjà là. Nous vivons ce que les spécialistes appellent la sixième extinction des espèces, la cinquième s’étant produite au Crétacé, il y a soixante-cinq millions d’années, avec la fin des dinosaures et autres grosses bêtes, probablement à la suite de la collision d’un astéroïde avec la Terre. Toutefois, la nôtre présente trois différences non négligeables par rapport à la précédente. Premièrement, les espèces végétales et animales disparaissent à la vitesse de cinquante à deux cents par jour, soit un rythme de 1 000 à 30 000 fois supérieur à celui des hécatombes des temps géologiques passés. Deuxièmement, l’homme est directement responsable de cette déplétion actuelle du vivant. Troisièmement, il pourrait bien en être la victime... Si l’on en croit certains, la fin de l’humanité devrait même arriver plus rapidement que prévu, vers 2060, par stérilité généralisée du sperme masculin sous l’effet des pesticides et autres polluants organiques persistants cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques. La sixième extinction des espèces serait due à la surexploitation des milieux naturels, la pollution, le fractionnement des écosystèmes, l’invasion de nouvelles espèces prédatrices et le changement climatique. 

    Serge Latouche, L’âge des limites

     http://www.oragesdacier.info/2014/04/la-crise-ecologique-et-la-menace-de.html

  • Le survivalisme pour les femmes

    Note préliminaire :
    « J'ai commencé à écrire cet article il y a plusieurs semaines et avant d'avoir lu Femmes au bord de la crise, dePiero San Giorgio. Voilà bien longtemps que je voulais écrire sur le sujet et la sortie de ce livre m'a incité à finalement me commettre.
    Il se peut que je touche des sujets mentionnés dans ce livre, ou l'inverse, que je tienne des propos similaires à ceux qu'on y trouve, ou l'inverse, que j'aie des positions similaires ou opposées.
    Connaissant Piero comme auteur et comme ami, je sais qu'il ne fait jamais de travail bâclé et qu'au contraire ses écrits sont toujours extrêmement bien fouillés et documentés.
    Ayez seulement en tête que vous lisez ici un article et par conséquent, ce n'est pas le medium approprié pour faire de longs développements.
    Après avoir rédigé cet article je lirai "Femmes au bord de la crise" et je ferai dans les semaines à venir une revue de ce livre. » Vic Survivaliste.


    Le survivalisme tel que généralement représenté exerce une très faible attraction sur les femmes. À moins de chercher des informations sur le survivalisme, le homesteading (la vie de Base Autonome Durable ou BAD), la préparation, les informations qui touchent spécifiquement les femmes (la "littérature féminine") n'en parlent pratiquement pas, d'où les faibles possibilités qu'ont les femmes d'entrer en contact avec le survivalisme contemporain. Tout ce qui reste c'est l'idée que les médias mainstream en font: des trucs de red necks du Mid West états-uniens, avec des bunkers et des armes qui débordent des entrepôts.

    Dans un tel contexte les femmes ont peu accès à de l'information sur le survivalisme et quand elles y ont accès, elles sont rebutées par l'image qui s'en dégage.
    C'est tout à fait normal. Cela tient à nature de la femme comme à celle de l'homme. Attention ici : on aborde des généralités qui, je tiens à le préciser, supportent parfaitement bien des exceptions. 

    Postulats

    Contrairement à ce qu'on tente de nous faire croire à travers les médias et les groupes de pression, les hommes et les femmes ne sont pas pareils et il existe des sujets, des façons de faire et de penser, des approches qui touchent exclusivement ou principalement les hommes et des sujets, des façons de faire et de penser, des approches qui touchent exclusivement ou principalement les femmes.

    Question "philosophique": l'homme et la femme sont-ils égaux ? S'il ne sont pas pareils, ils ne sauraient être égaux. Hommes et femmes ont leurs forces et faiblesses respectives. S'ils ne sont pas égaux en revanche ils sont aussi importants l'un que l'autre, et cette importance est, à bon escient, constitutive d'égalité juridique.

    Examinons ces inégalités complémentaires.

    L'homme est généralement plus visionnaire (donc rêveur) que la femme. Il se projette plus facilement dans des situations fictives et envisage donc plus facilement des choses qui n'existent pas encore, que ce soient des inventions ou des situations.

    La femme quant à elle vit davantage dans le concret, dans le réel. Elle est plus tournée vers le bon fonctionnement des choses actuelles réelles.

    L'homme "objectivise" les choses, c'est à dire qu'il lui est plus facile de contempler une situation de loin, sans s'inclure alors que la femme les "subjectivise", c'est à dire qu'il lui est plus facile de se situer et de se positionner avec sa réalité dans une situation qu'elle envisage. 

    L'homme veut plus, la femme veut mieux. Dans l'achat d'une maison, l'homme regardera plus les potentialités alors que la femme s'attardera à l'état réel des lieux et ce qu'elle peut faire avec cet environnement. La femme a besoin de cohérence donc de stabilité, l'homme de possibilités.

    Précisions importantes : on a longtemps présentées les femmes comme étant des êtres irrationnels alors que des deux sexes, ce sont elles qui sont plus axées sur la cohérence! Il serait temps de remettre les pendules à l'heure.
    Anciennement l'homme blanc occidental de bonne famille était le cadre de référence et tout ce qui s'en éloignait était médiocre. La femme était conséquemment un homme diminué, donc médiocre. Mais ça c'était avant. Depuis qu'on a compris que l'homme et la femme pensent, ressentent et envisagent les choses différemment, il est enfin possible de disposer de deux échelles de "mesures", ayant chacune ses axes propres, donc de légitimer la pensée masculine ET la pensée féminine.
    Le mouvement féministe, surtout chez les radicales, tente d'inverser les choses et d'instaurer une échelle unique de comparaison qui soit féminine. C'est aussi stupide et idéologique que dans les temps anciens où c'était l'homme bien né qui était l'étalon de mesure.

    Un couple, une famille qui fonctionne bien, c'est un couple ou une famille qui agit de concert et pour cela, il faut une volonté commune et l'accord des deux. On ne va nulle part quand on ne va pas dans la même direction.
    Voilà les bases de ma réflexion, lesquelles sont fondées sur mes observations, mes lectures, mes recherches et mon expérience.
    Non la femme n'est pas un petit oiseau qui piaille des choses insignifiantes et non, l'homme n'est pas un adulte immature qui agit comme un enfant qui se croit invincible.

    Le faible attrait du survivalisme chez les femmes

    Les bases ayant été posées, regardons l'attrait du survivalisme chez les femmes.

    Le survivalisme attire traditionnellement moins les femmes au premier abord en ce qu'il est généralement dans la projection (pessimiste) vers l'avenir. On se prépare à une catastrophe naturelle. On se prépare à une crise économique. On se prépare à une épidémie. Tout cela est hypothétique et bien peu en adéquation avec la réalité du moment. Qui plus est ce discours survivaliste très années 1950 ou 1960 ne parle de que compenser la détérioration de nos modes de vie par des expédients. On échange la maison pour un bunker. Pas très attrayant pour les femmes.

    On peut être convaincu qu'un jour un astéroïde dévastateur frappera la Terre. Ça s'est déjà vu plusieurs fois dans le passé. Toutefois les probabilités que ça arrive à l'échelle d'une vie humaine sont minimes et pourtant il y a plusieurs survivalistes (très majoritairement hommes!) qui s'y préparent.

    Pour la femme qui allaite son bébé par exemple, ça ne soulève absolument aucune passion: elle est davantage préoccupée par son enfant avec qui elle a une relation quasi-fusionnelle que par un gros caillou qui peut-être un jour nous frappera, ou pas. L'enfant est là, dans le présent, et il doit boire, il doit être dans des couches propres et il doit être en santé. Le caillou attendra, la réalité concrète commande.

    La femme qui n'a pas encore eu d'enfant envisagera souvent le moment où elle en aura un et se révèle elle aussi généralement assez peu sensible à l'argument de l'astéroïde. Elle préfère appréhender sa vie présente et sa suite immédiate.

    Je grossis les traits mais c'est tout de même conforme aux différences de conception de la vie selon les sexes.

    Il y a pourtant des femmes survivalistes

    Oui! car elles sont tombées sur une définition intelligente du survivalisme, qui allie à la fois projection dans l'avenir et cohérence avec le présent.

    Il s'agit du survivalisme comme démarche de développement et de maintien de l'autonomie. Ce survivalisme, parfois appelé prepping ou "néosurvivalisme", allie la projection dans l'avenir et la sécurité du maintenant pour maintenant et plus tard.

    Ce survivalisme contemporain met l'accent sur l'adaptation du mode vie afin de réduire la vulnérabilité face aux défaillances des systèmes de support et non la simple mise en place de plans de secours une fois que les situations perturbantes sont arrivées.

    Il n'est plus question d'expédients pour "quand ça arrivera". Il est question d'aménager la vie actuelle, son confort, ses facilités, pas de les sacrifier. Car n'oublions pas une chose essentielle: les questions pratiques sont l'apanage des femmes. Si la vie des premiers colons peut faire rêver les hommes, les femmes elles demanderont si la machine à laver est comprise dans la cabane en bois rond au fond des bois, car l'homme n'aura généralement pas d'abord pensé à "des questions aussi superficielles". En survivalisme c'est la même réaction.

    Le survivalisme contemporain axé sur l'autonomie prône la vie "survivaliste" c'est à dire le plus autonome possible en tout temps et sans attendre d'événements perturbateurs. Cette vie "survivaliste" ne fait pas abstraction du confort et des facilités d'approvisionnements de toutes sortes, elle les maintient et mieux encore, les sécurise. Un mode de vie prévoyant qui assure le nécessaire pour maintenant et pour demain, voilà aussi qui parle aux femmes.

    Plus les années passent plus les gens réalisent la fragilité de nos systèmes. Les femmes n'y font pas exception car elles sont majoritairement les premières à constater la rareté grandissante de la nourriture, les prix plus élevés des denrées, la détérioration de la qualité de aliments, la cherté grandissante de la vie.

    Fanfaronnades et vulnérabilités, mais ça c'était avant

    Les hommes, c'est connu, aiment crâner. Contrairement à ce qu'on pense, ce n'est pas seulement pour impressionner les filles, c'est aussi pour se définir et surtout s'obliger à agir comme ils s'en vantent quand ils crânent. Un homme qui ne prétend jamais être capable d'affronter un criminel ne se sentira pas obligé de le faire le moment venu. Par contre celui qui le dit, se sentira obligé de passer par dessus sa peur et d'agir pour être en conformité avec ce qu'il dit de lui-même. Ces crâneries sont en fait une construction de l'identité masculine.

    D'un autre côté il est de bon ton de nos jours pour une femme de prétendre pouvoir se passer des hommes. En fait, elles ne peuvent le dire que parce que nous vivions dans des environnements sécuritaires et bien approvisionnés. Les femmes sont beaucoup moins portées à la violence brute ou aux affrontements. Que la situation sécuritaire ou économique se détériore et bien des femmes n'oseront plus sortir seules.

    L'ancienne forme du survivalisme, la forme originale, mettait beaucoup l'emphase sur "j'ai et je défends". La version contemporaine en revanche est fondée sur bien d'autres facteurs et d'autres valeurs dont la production alimentaire préalable à "la" catastrophe, le réseau social, l'échange des surplus, l'entraide, la coopération et bien évidemment l'autonomie familiale.

    Si l'ancienne forme de survivalisme rebutait les femmes la nouvelle au contraire leur parle car elle fait une place importante voire centrale à plusieurs dimensions féminines, dont beaucoup de côtés pratiques et de choses concrètes.

    Mais plus que tout ça, elles se sentent à leur place dans le modèle contemporain du survivalisme. Et quand je dis "à leur place", je ne sous-entends pas "à la cuisine". Elles se sentent à leur place dans l'ordre des choses, elles sentent que le survivalisme bien compris s'adresse à elles.

    Messieurs

    Je reçois à chaque mois une ou plusieurs questions de la part d'hommes survivalistes me demandant des trucs pour amener leur femme, conjointe, petite copine, à s'intéresser au survivalisme et à y investir du temps.

    Présentez-leur le survivalisme contemporain!
    Ma femme était très réticente face à la Préparation et si elle me laissait aller sans tenter de me décourager, elle n'en voyait pas fondamentalement le besoin. Puis...
    "Bon, d'accord, des réserves de nourriture à longue conservation, ce n'est pas du gaspillage puisqu'on va la manger quand même."
    "Bon, d'accord, stocker de l'essence ce n'est pas perdu, ça peut servir si on se retrouve encore dans une crise comme celle du verglas".
    "Bon d'accord, une arme à feu c'est pas mon truc mais si ça peut lui plaire, c'est un loisir comme un autre". Plus tard: "eh mais c'est cool, en plus je touche ma cible à chaque coup!"
    Après toutes ces années, ma femme ne se qualifie toujours pas de survivaliste mais elle ne manque pas une occasion de m'indiquer qu'elle a pensé à quelque chose qui améliorerait notre préparation. Pas survivaliste, ma femme? Ya right!
    Elle n'est pas survivaliste comme moi, elle l'est comme elle.

    C'est cela qu'il faut retenir.

    Nous avons même entre nous notre blague d'initiés: quand je veux acheter du matériel survivaliste un peu onéreux, je lui en parle et elle me répond souvent "d'accord mais ça vaut x paires de chaussures pour moi!". 

    J'en profite pour ajouter que même si beaucoup de féministes et de gauchistes épidermiques me méprisent et me haïssent avec la plus grande énergie, m'accusent de vouloir retourner les femmes à la cuisine, voire d'être un phallocrate batteur de femmes, etc., dans les faits, je suis un homme macho tel que défini par Alain Soral soit:

    « Gros con pitoyable dont on a dit depuis trente ans tout le mal possible, mais aussi : mâle pudique à l'ancienne qui respectait sa mère, protégeait sa femme et se sentait responsable de ses enfants, soit le contraire de la demi-fiotte actuelle, si fragile et toujours à sa propre écoute, dont les femmes avouent avoir de plus en plus de mal à se satisfaire... »

    Je reconnais être cela et plus : je suis aussi le cuisinier en titre de la maison qui prépare 90% des repas familiaux, ma femme n'a jamais lavé le plancher une seule fois (ou peut-être une fois mais certainement pas deux), je lave mes vêtements moi-même, je ne donne pas le bain à mes enfants mais j'ai initiée mon aînée aux armes à feu quand elle avait quatre ans et demi, sous étroite supervision évidemment mais je veux qu'elle apprenne à se défendre. Quant aux dépenses d'acquisition, je demande toujours à ma femme car nous avons un compte conjoint et que notre argent c'est l'argent de la famille, pas le mien ni le sien propre. Idem pour les grandes décisions familiales qui sont prises conjointement ou pas du tout. C'est la famille qui est impliquée, c'est la famille qui décide, enfin, les personnes en charge de cette famille. Oui j'exerce du leadership dans notre famille, c'est dans mon tempérament et dans ma nature, mais ma femme a un droit de véto. Parce qu'elle est une personne, parce qu'elle partage sa vie avec moi et qu'elle est la mère de mes enfants.

    Survivalisme au féminin

    Ça n'existe pas, pas plus qu'il n'existe de survivalisme "au masculin". Le survivalisme actuel fait part égale aux besoins et aux préoccupations typiques de l'homme et de la femme et c'est ce qui fait sa force: son équilibre. On voit par ailleurs aux USA une multitude de blogues survivalistes très intéressants et très populaires qui sont tenus par des femmes.
    Il est normal pour les hommes de s'intéresser aux aspects du survivalisme qui touchent plus les hommes. Toutefois ce n'est pas ainsi que vous attirerez des femmes dans le survivalisme.

    Quant aux femmes qui sont venues au survivalisme d'elles-mêmes malgré les odeurs et les apparences de testostérone, chapeau, vous êtes des visionnaires parce qu'il n'est pas facile de dépasser les apparences. 

    Maintenant, répandez vos convictions, les femmes doivent aussi se "survivaliser".

    Vic Survivaliste 
    (Vic Survivaliste est un analyste et un stratège en survivalisme)

    http://www.scriptoblog.com/index.php/blog/actu-site-et-amis-du-site/1398-le-survivalisme-pour-les-femmes

  • Qu’est-ce que le transhumanisme ? par Lucien Cerise

    Dans la culture populaire, le terme de « transhumanisme » est associé à des images de science-fiction comme le clonage, le mutant génétique, le cyborg, mi-homme/mi-robot, et toutes sortes d’utopies futuristes. Or, il semble bien que la réalité soit en train de dépasser la fiction. Des phénomènes de société ayant émergé récemment, comme la théorie du genre, le « mariage homo », la PMA et la GPA, l’antispécisme, s’inscrivent effectivement dans une logique transhumaniste. 

    Il est possible de définir le transhumanisme en quelques mots comme le projet de modifier la nature humaine durablement au point d’en sortir définitivement. Il s’agit d’aller « après » l’humain, de sorte à périmer l’espèce humaine, la rendre dépassée, obsolète. En ce sens, le vocable de « transhumain » est synonyme de « post-humain », mais le premier semble avoir gagné la compétition pour s’imposer dans l’usage courant. Une masse documentaire importante sur le sujet est accessible sur l’Internet ou dans des ouvrages grand public que l’on peut se procurer en librairies.

    Cette introduction se limitera à mettre en évidence la stratégie par étapes qui anime le transhumanisme et qui va s’imposer dans les années à venir, sur le modèle de la théorie de la confusion des genres ou du lobby LGBT, qui ont incubé pendant une quarantaine d’années discrètement et tissé leurs réseaux d’influence patiemment avant de se révéler ces derniers mois dans ce qu’il faut bien appeler une explosion de haine antihumaine coordonnée au niveau international. Ainsi, après un résumé de l’arrière-fond théorique et historique du projet transhumaniste, nous décrirons de quoi il retourne en pratique, soit les réseaux de pouvoir bien concrets et installés qui le soutiennent aujourd’hui.

    Le sociologue américain Vance Packard (1914-1996) publiait en 1977 l’un de ses ouvrages majeurs, intitulé The People Shapers, traduit en français l’année suivante par L’Homme remodelé. Cet auteur s’était fait connaître dès 1957 avec ce qui reste son ouvrage le plus célèbre, La Persuasion clandestine, dans lequel il analysait les techniques de manipulation subliminale appliquées dans le marketing.

    Vingt ans plus tard, sa perspective s’était donc élargie à un propos politique général, consistant dans la critique d’une approche scientiste de la question politique. À la fin des années 1970, la cybernétique et ses applications sociales avaient eu le temps de diffuser certaines idées, notamment que la société ou l’être humain sont des mécanismes comme les autres, justiciables d’une ingénierie permettant de les remodeler pour mieux les contrôler ou les améliorer selon un dessein précis. Vance Packard intitule ainsi son avant-propos : « La malléabilité de l’homme : une idée nouvelle. » Puis il met en exergue une citation de Skinner : « De ce que l’Homme peut faire de l’Homme, nous n’avons encore rien vu », qu’il commente ainsi :

        « Cette déclaration fracassante de Skinner relève de l’ambition autant que de la réalité. Mais il est vrai que des tentatives acharnées sont faites actuellement pour remodeler les individus et leur comportement. Leurs implications vont loin, et sont souvent inquiétantes. Des “ingénieurs de l’Homme” sont au travail dans toute une série de domaines. (…) Les psychologues du comportement comptent dans leurs rangs une armée de fougueux révolutionnaires. Le plus célèbre des behavioristes, B. F. Skinner, de l’université Harvard, a appelé de ses vœux une “technologie du comportement” parce que “nous avons besoin de réaliser de grands changements dans le comportement humain”. Quelques années auparavant, un groupe de ses disciples, essayant de décrire ce qu’est l’ingénierie du comportement, expliquait : “Nous pouvons mettre en place des techniques capables de produire en masse des êtres humains supérieurs… Nous disposons d’une technologie suffisante pour obtenir le type de comportement que nous désirons. »

    Nous sommes ici dans un constructivisme intégral. L’une des constantes de l’ingénierie sociale, dont le transhumanisme est un volet, est de considérer l’existence entière comme une construction. Tout ce qui est donné, tout ce qui est naturel, peut être déconstruit et reconstruit selon un nouveau plan. Pour le transhumanisme, tout peut donc être transformé et artificialisé sans dommages fondamentaux, bien au contraire, car cela doit permettre de se « libérer » d’une nature humaine jugée encombrante ou trop limitée.

    Ce schéma général de déconstruction-reconstruction de tous les aspects de la vie, Jean Baudrillard l’appelait le « crime parfait » pour dénoncer le fait que cela aboutirait en fait à un simulacre technologique du monde réel. Une illustration saisissante nous en est fournie dans la série de films Matrix, où le monde réel est détruit et réduit à un désert, et entièrement reproduit de manière virtuelle et sous contrôle dans un monde informatique simulé. Dans cette théologie constructiviste, l’univers entier est un édifice, un bâtiment, un « temple à reconstruire », où la place de « grand architecte » divin doit être occupée par l’Initié dès lors qu’il maîtrise les règles démiurgiques de la démolition contrôlée et de la reconstruction artefactuelle (destruction créatrice, « dissoudre et coaguler », Ordo ab chao, etc.).

    Cette filiation illuministe et cabaliste du transhumanisme a façonné le visage d’une modernité largement placée sous le règne de la quantité et du nombre. Or, de l’imaginaire artistique aux sciences exactes, l’artificialisation du vivant et sa réduction au quantitatif ne visent pas franchement à son émancipation mais bien plutôt à sa simplification, de sorte à en faciliter la gestion rationnelle, numérique, industrielle et standardisée.

    Pour fabriquer le consentement à cet appauvrissement de l’existence et de la biodiversité, ainsi qu’aux pathologies physiques et mentales qui en résultent, des sommes colossales sont investies dans tous les domaines de la société pour y impulser des tendances sociétales technophiles et humanophobes.

    Parmi les agents de conformité, passés et présents, on relève des initiatives comme les conférences Macy entre 1946 et 1953, le rapport Meadows du club de Rome en 1972 (point de départ médiatique de l’idée de décroissance démographique contrôlée), l’Association transhumaniste mondiale créée en 1998 (dont la branche française « Technoprog ! » a tenu son premier colloque à Paris en janvier 2011), des essayistes prévisionnistes tels que Jacques Attali, Timothy Leary, Douglas Rushkoff, Ray Kurzweil (informaticien ayant fixé la date de péremption de l’humain à 2045, quand la « singularité technologique » de l’intelligence artificielle aura dépassé celle de l’Homme), des médias spécialisés comme Wired Magazine ou LaSpirale.org (le webzine francophone pour les « mutants digitaux »).

    Ces initiatives sont chargées de diffuser des mèmes viraux tels que l’Humain 2.0 augmenté par la technologie, le piratage de l’esprit et du corps (bio-hacking, body-hacking, extropianisme), l’eugénisme par le clonage reproductif, la Procréation médicalement assistée (PMA), la Gestation pour autrui (GPA), l’utérus artificiel (ectogenèse), la banalisation de l’avortement et de l’euthanasie, les Organismes génétiquement modifiés (OGM) végétaux, puis les « chimères », c’est-à-dire le métissage génétique entre humains et animaux, et enfin les hybrides humain/animal/machine mis en scène par des artistes comme Matthew Barney et Enki Bilal (« Mécanhumanimal »).

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