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culture et histoire - Page 1580

  • Contes et légendes du communisme français : la légende patriotique (2)

    Certains de ces épisodes les plus légendaires se rapportent à une période que le PCF eut bien du mal à assumer quand, devenu en 1945-1946 premier parti de France par les suffrages, il revendiquait la direction du pays au nom de son patriotisme et de son indépendance à l’égard de Moscou. En effet, héraut de l’antinazisme jusqu’en juillet 1939, le PCF se trouva fort dépourvu quand fut venue l’alliance entre Hitler et Staline, le 23 août 1939. 

         Présenté comme un pacte de non-agression censé défendre la paix en Europe, on apprit en 1948 par les archives allemandes, confirmées et au-delà par les archives soviétiques après la chute de l’URSS, que ce pacte était assorti de clauses secrètes par lesquelles les deux dictateurs totalitaires se promettaient le partage de l’Europe orientale : la Pologne serait divisée par moitié, et les Etats baltes et la Bessarabie reviendraient à l’URSS. 

         C’est de fait ce pacte qui, libérant Hitler de la menace d’un second front à l’Est, l’engagea à attaquer la Pologne dès le 1er septembre 1939 et à donner ainsi le coup d’envoi de la Seconde Guerre mondiale. Le 17 septembre, l’armée rouge envahissait à son tour la Pologne qui était dépecée, et les partages étaient scellés par un second traité germano-soviétique, « d’amitié et de délimitation des frontières », le 28 septembre. 

    Les communistes français absolument stupéfaits face à ce virage à 180 degrés de la politique stalinienne, et si la masse des adhérents quitta sur la pointe des pieds, l’appareil demeura fidèle à Moscou et appliqua la politique imposée par Staline. 

         Désormais, le PCF devait combattre en priorité le gouvernement français, devenu « fauteur de guerre » pour s’être solidarisé avec la Pologne. Interdit par le gouvernement le 26 septembre 1939, le PCF plongea dans la clandestinité et diffusa une propagande pacifiste et prosoviétique – donc pro nazie – allant jusqu’à prôner l’antimilitarisme et le sabotage dans les usines de guerre. Etant donnée l’influence communiste dans les milieux ouvriers, cette attitude pesa sur le climat délétère qui régnait en France durant la « drôle de guerre » et devait aboutir à la défaite de juin 1940. 

    C’est dans ce cadre que le jeune député Maurice Thorez, qui avait été mobilisé et avait rejoint son régiment en septembre 1939, fut littéralement enlevé le soir du 4 octobre à son cantonnement, sur ordre de l’Internationale communiste, par une équipe de confiance qui le fit passer clandestinement, dès le lendemain matin, en Belgique. De là, Thorez et sa femme, sous passeports soviétiques, prirent tranquillement, fin octobre, un avion pour Stockholm d’où ils rejoignirent l’URSS où le couple passa toute la guerre, avant de rentrer en France en novembre 1944. Ce qui n’empêcha pas le PCF de faire croire que, durant toutes ces années, le secrétaire général du parti était « à son poste dans la lutte contre l’occupant nazi ». Encore fallait-il savoir que ce poste était... à Moscou. 

    Stéphane Courtois, Mythes et polémiques de l’histoire 

    http://www.oragesdacier.info/2014/05/contes-et-legendes-du-communisme.html

  • Contes et légendes du communisme français : la légende patriotique (2)

    Certains de ces épisodes les plus légendaires se rapportent à une période que le PCF eut bien du mal à assumer quand, devenu en 1945-1946 premier parti de France par les suffrages, il revendiquait la direction du pays au nom de son patriotisme et de son indépendance à l’égard de Moscou. En effet, héraut de l’antinazisme jusqu’en juillet 1939, le PCF se trouva fort dépourvu quand fut venue l’alliance entre Hitler et Staline, le 23 août 1939. 

         Présenté comme un pacte de non-agression censé défendre la paix en Europe, on apprit en 1948 par les archives allemandes, confirmées et au-delà par les archives soviétiques après la chute de l’URSS, que ce pacte était assorti de clauses secrètes par lesquelles les deux dictateurs totalitaires se promettaient le partage de l’Europe orientale : la Pologne serait divisée par moitié, et les Etats baltes et la Bessarabie reviendraient à l’URSS. 

         C’est de fait ce pacte qui, libérant Hitler de la menace d’un second front à l’Est, l’engagea à attaquer la Pologne dès le 1er septembre 1939 et à donner ainsi le coup d’envoi de la Seconde Guerre mondiale. Le 17 septembre, l’armée rouge envahissait à son tour la Pologne qui était dépecée, et les partages étaient scellés par un second traité germano-soviétique, « d’amitié et de délimitation des frontières », le 28 septembre. 

    Les communistes français absolument stupéfaits face à ce virage à 180 degrés de la politique stalinienne, et si la masse des adhérents quitta sur la pointe des pieds, l’appareil demeura fidèle à Moscou et appliqua la politique imposée par Staline. 

         Désormais, le PCF devait combattre en priorité le gouvernement français, devenu « fauteur de guerre » pour s’être solidarisé avec la Pologne. Interdit par le gouvernement le 26 septembre 1939, le PCF plongea dans la clandestinité et diffusa une propagande pacifiste et prosoviétique – donc pro nazie – allant jusqu’à prôner l’antimilitarisme et le sabotage dans les usines de guerre. Etant donnée l’influence communiste dans les milieux ouvriers, cette attitude pesa sur le climat délétère qui régnait en France durant la « drôle de guerre » et devait aboutir à la défaite de juin 1940. 

    C’est dans ce cadre que le jeune député Maurice Thorez, qui avait été mobilisé et avait rejoint son régiment en septembre 1939, fut littéralement enlevé le soir du 4 octobre à son cantonnement, sur ordre de l’Internationale communiste, par une équipe de confiance qui le fit passer clandestinement, dès le lendemain matin, en Belgique. De là, Thorez et sa femme, sous passeports soviétiques, prirent tranquillement, fin octobre, un avion pour Stockholm d’où ils rejoignirent l’URSS où le couple passa toute la guerre, avant de rentrer en France en novembre 1944. Ce qui n’empêcha pas le PCF de faire croire que, durant toutes ces années, le secrétaire général du parti était « à son poste dans la lutte contre l’occupant nazi ». Encore fallait-il savoir que ce poste était... à Moscou. 

    Stéphane Courtois, Mythes et polémiques de l’histoire 

    http://www.oragesdacier.info/2014/05/contes-et-legendes-du-communisme.html

  • Construire une Europe des nations, où chaque Etat sera souverain

    Gilles Lebreton, professeur de droit public à l’université du Havre, doyen de faculté, est tête de liste FN/RBM pour la circonscription Ouest. Il répond àPrésent. Extraits :

    L"Je suis resté en dehors de la politique jusqu’en 2000. A partir de cette année-là, j’ai consacré un peu moins de temps à l’université pour en dégager pour la politique. J’ai commencé par soutenir le Rassemblement pour la France (RPF) de Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Mais le parti est mort très vite, à la suite de divergences, en 2001. En 2002, j’ai rencontré Jean-Pierre Chevènement et l’ai soutenu pour la présidentielle. Mais, pour être franc, j’ai été déçu par lui au cours de sa campagne. Je suis donc parti une fois la campagne finie. Je suis souverainiste, j’étais donc en attente d’une personnalité forte. J’ai rencontré Marine Le Pen il y a un peu plus de trois ans, par hasard, chez un ami commun et le courant est très bien passé. Je suis rapidement devenu son conseiller sur les questions touchant à l’enseignement supérieur et à l’Europe. Et elle m’a fait l’heureuse surprise de me demander de mener la liste de l’Ouest. [...]

    L’Union européenne nous a déçus à maintes reprises et a prouvé son inaptitude à apporter la prospérité. Pire, elle nous plonge dans une crise sociale et économique. Le but n’est pas de nous replier sur nous-mêmes mais de mettre en place des liens de bon voisinage. Nous voulons construire une Europe des nations, où chaque état sera souverain. Notre modèle en la matière est Airbus. C’est le fruit d’un accord entre des gouvernements, tout en n’ayant rien à voir avec l’Union européenne.

    Quel est donc votre objectif en intégrant le parlement européen ?

    Le premier objectif est de former un groupe au sein du parlement européen. Pour ce faire, il nous faut 25 députés d’au moins sept nationalités différentes. Et nous avons une grande chance d’y arriver. Si nous pouvons constituer ce groupe, nous aurons plus de poids et aurons un vrai moyen d’action, en étant une minorité de blocage. [...]"

    Michel Janva

  • "Il naîtra de faux fascismes"

    « Il naîtra de faux fascismes. Car la démocratie est fourbue. Dans son agonie, elle aura des sueurs et des cauchemars : et ces cauchemars seront des tyrannies brutales, hargneuses, désordonnées. Il y aura des fascismes de l’antifascisme. Il y aura des « dictateurs de la gauche ». Et nous verrons s’élever au nom de la défense des républiques, des régimes qui auront pour maxime de refuser la liberté aux « ennemis de la liberté ». Nous le savons. Et c’est pourquoi nous savons aussi que c’est mensonge et vanité de définir le fascisme par des caractères extérieurs. La suppression de la liberté, les arrestations arbitraires, les camps de concentration, la torture qu’on prétend rejeter sur le fascisme, sont tout aussi bien et tout aussi souvent le propre des régimes dirigés contre le « danger fasciste ». Tous les caractères extérieurs par lesquels les adversaires du fascisme le définissent, ils se retrouvent ou peuvent se retrouver dans les régimes antifascistes : c’est qu’ils ne définissent pas le fascisme qui, finalement, est une manière de réagir, un tempérament, une manière d’être, incarnée dans un certain type d’hommes. 

    C’est ce type d’hommes, c’est cette attitude devant la vie qui, au fond, commandent toutes les réactions fascistes et les formes, diverses selon les peuples, que le fascisme a prises et prendra dans l’histoire. Là où ces hommes dirigent, là où leur esprit inspire l’action de pouvoir, il y a un régime fasciste. Au contraire, lorsqu’ ils sont persécutés ou combattus, quoi qu’on vous dise et quelque bruit que fasse la trique en tournoyant, reconnaissez les signes de la décomposition, de la décadence et le règne de l’or et des pharaons de l’étranger. Voulez vous reconnaître à coup sûr et instantané le faux fascisme ? Vous le reconnaîtrez à ces signes : il emprisonne au nom des droits de la personne humaine et il prêche le progrès, mais il respecte les milliards et les banques sont avec lui. Ne cherchez pas plus loin. Vous verrez quelques mois plus tard le faux fascisme faire la chasse au courage, à l’énergie, à la propreté. Il vous dévoilera ainsi son vrai visage. Il a besoin d’esclaves assez abrutis pour ne pas trop sentir leur collier. » 

    Maurice Bardèche. Qu’est-ce que le fascisme ?

    Source

    http://www.oragesdacier.info/2014/05/il-naitra-de-faux-fascismes.html

  • Nous voulons devenir grands

    « Le retour d’une Europe puissance est en effet le grand cauchemar de l’oligarchie cosmopolite »

    En France on aime les petits, en particulier depuis la Guerre de 1914. Le petit, alors, était notre « pioupiou », notre poilu en bleu horizon qui se battait dans les tranchées contre les Boches. Après la guerre de 1914-1918 les petits seront donc à l’honneur et on en mettra partout, notamment dans les titres des journaux.

    Malheureusement nous ne sommes pas remis de cette épidémie de « petitesse ». Pas un jour ne se passe sans que le gouvernement ne déclare se préoccuper avant tout des « petits salaires » et on a vu récemment le premier ministre s’intéresser aux « petites pensions ». N’oublions pas, bien sûr, les PME – petites et moyennes entreprises – qui font l’objet de tous les soins du discours politique depuis 40 ans. Cela ne suffit d’ailleurs pas puisqu’il faudrait se préoccuper aussi des Très Petites Entreprises, les TPE. Et bien sûr aussi des « auto-entrepreneurs ». Plus petit que moi tu meurs ! On n’oubliera pas aussi les « petits commerçants », les « petits exploitants agricoles » et les « petits porteurs ». Qui donc aujourd’hui ne revendique pas la qualité de « petit » ?

    Or cette attirance pour la petitesse a quelque chose de malsain à la longue.

    La petitesse, produit de l’égalitarisme

    Il s’agit d’abord d’une des nombreuses manifestations de l’égalitarisme qui ronge notre société depuis le XVIIIe siècle : se préoccuper des « petits », des « plus modestes » fait partie du fonds de commerce électoral de la classe politique, notamment « de gauche ». Dans un régime qui prétend réaliser en tout l’égalité, chacun devient le juge envieux de la situation de son voisin : il vaut mieux alors se déclarer petit ou pauvre que gros et riche, en particulier devant le fisc. Car les petits bénéficient des systèmes de redistribution mis en place après la seconde guerre mondiale.

    Or l’accent mis sur les petits – qui renvoie aussi à l’idéologie de la lutte des classes – a conduit à un effet collatéral imprévu : délaisser progressivement les véritables perdants du nouvel ordre économique et social à la fin du XXe siècle : les classes moyennes autochtones qui ne sont jamais assez « petites » pour profiter de la générosité publique qui bénéficie désormais massivement aux étrangers.

    Le mythe du village gaulois

    Ce culte égalitaire du petit donne écho à un mauvais travers de l’identité française : la préférence pour les divisions, pour le chacun pour soi, étendus à l’infini.

    Le modèle de cette petitesse, de ce « p’tit gars bien de chez nous », comme disait le présentateur radiophonique Jean Nohain dans les années 1950, c’est le village d’Astérix où tout le monde se querelle, se jalouse et se tape dessus, sauf le temps de s’en prendre aux Romains, les puissants de l’époque : dans ce seul cas tout le village s’unit !

    Car les petits n’aiment ni les grands, qu’ils jalousent, ni surtout les autres petits, qui pourraient les concurrencer dans le registre victimaire de la revendication « sociale ».

    Petits dans un monde de grands ?

    Donner la priorité obsessionnelle aux petits nous fait oublier que nous vivons désormais dans un monde qui voit, au contraire, se concurrencer et s’affronter de plus en plus les grands espaces économiques, les grandes civilisations et les grandes entreprises mondiales. C’est cela la réalité de la mondialisation.

    Par exemple, le discours en faveur des PME qui chez nous soutiendraient la croissance et l’emploi et qu’il faudrait pour cette raison soutenir en permanence et par tous les moyens, ne résiste pas à l’épreuve des faits. Les PME ne réussissent au mieux qu’à empêcher l’explosion totale du chômage : elles ne compensent ni la désindustrialisation massive ni les délocalisations ni les destructions d’emplois qui en découlent. Les PME innovantes, également soutenues par le contribuable, ne compensent pas le retard pris en matière de recherche et d’enseignement supérieur dans notre pays.

    N’en déplaise à une aimable légende, remise au goût du jour par le néo-libéralisme et par tous ceux qui dans notre dos préparent l’avenir à leur profit, dans le monde réel qu’il soit militaire, diplomatique, culturel ou économique, ce ne sont pas les petits qui gagnent mais les puissants, les grands et les forts.

    « Small is beautiful » prétendaient les grands cabinets de conseil américains à l’intention des Européens : mais l’Amérique s’est bien gardée de mettre en œuvre ses recommandations !

    Dans le monde réel, les légions romaines ont assez vite mis au pas le sympathique village d’Astérix.

    Le culte des petits

    La classe politique fait profession d’aimer les PME et de se soucier des « petits » en général, pour la même raison que la gauche prétend s’occuper des « bas salaires » : pour se trouver une clientèle électorale et pour cacher son impuissance devant le nouveau « mur d’argent » incarné aujourd’hui par les institutions financières et les grandes entreprises mondiales.

    Nous croulons, justement, sous le culte de ces innombrables « petits » parce qu’aucune volonté n’oblige les petits à devenir grands. Partout où le regard se tourne on constate un émiettement dramatique des efforts et des ressources, qui est devenu une spécificité « bien de chez nous » : mille-feuilles institutionnel des collectivités territoriales, accumulation de dispositifs publics concurrents jamais réformés, code des impôts devenu illisible à force de complexité, carte universitaire éclatée à souhait, déserts médicaux voisinant avec villes surmédicalisées, etc.

    La crise de légitimité de l’Etat est telle que plus aucune autorité n’impose le bien commun face à l’implosion de l’individualisme et de l’égoïsme catégoriels des « petits » et qui entendent bien le rester.

    Il est vrai qu’il faut faire des efforts et prendre des risques pour devenir grand. A-t-on oublié que si la France s’enorgueillit encore de grandes réalisations culturelles, industrielles ou scientifiques on le doit à la dure volonté de l’Etat et non au jeu spontané du doux commerce et des intérêts corporatistes ?

    Les nains européens

    Le culte du petit convient bien aussi à la situation présente des nains européens.

    Ceux qui ont placé les Européens en dormition veillent en effet scrupuleusement à ce que leurs sujets n’aient aucun rêve de grandeur, afin qu’ils somnolent le plus longtemps possible.

    Il suffit d’écouter ce que nous disent les médias ou de regarder la production cinématographique européenne pour s’en rendre compte : on ensevelit les Européens sous un océan de médiocrité et de petitesse. On apprend aux derniers hommes, comme disait Nietzsche, à rechercher leur « bonheur » dans le refus de tout ce qui peut dépasser leur morne horizon de ressource humaine et leur nombril.

    La rééducation des petits Européens

    Pour les Européens, plus de film, plus d’œuvre ou plus de littérature épiques.

    Pas question de promouvoir des œuvres qui véhiculent la foi, le sens de l’honneur, du sacrifice ou du dépassement de soi.

    Il suffit de passer dans le rayon histoire d’une grande librairie pour s’en rendre compte : tout se trouve réduit, concassé à l’échelle du plus petit dénominateur commun : l’individu qui souffre et, bien sûr, les « heures sombres de notre histoire » dont on ne saurait sortir.

    Pas de célébration qui ne verse dans la repentance et la honte de notre passé.

    Pas de héros européens offerts à l’admiration de la jeunesse. Les seuls « superhéros » ou autres « Xmen » autorisés sont des débiles américains bien-pensants.

    Mais l’oligarchie trouve que c’en est encore trop. Des armées de censeurs scrutent donc en permanence nos livres d’histoire, nos bibliothèques, nos écrans ou les livres que lisent (encore) nos enfants, pour en extirper tout ce qui pourrait rappeler aux Européens endormis le souvenir de leur grandeur et donc de leur identité. Bien entendu on camoufle ce vice révisionniste sous de beaux atours, comme : lutter « contre les stéréotypes », « contre le sexisme » et, bien sûr, « contre le râââcisme ». Le diable en rit encore.

    L’Europe des petits ou l’Europe des grands ?

    Le spectacle affligeant que donne aujourd’hui l’Union européenne illustre aussi cette tragique course à la petitesse dans laquelle l’oligarchie nous engage volontairement.

    L’Europe unifiée représentait une grande idée, une grande espérance pour les Européens, victimes de tant de guerres fratricides. C’était sans doute le seul véritable mythe du XXe siècle, le rêve d’une Europe unie, libre et indépendante, d’un imperium qui assurerait lui-même sa propre sécurité. Une Europe de l’Atlantique à l’Oural qui offrirait à sa jeunesse l’espoir de valoriser un continent aux richesses immenses. Un espace de prospérité et de puissance commune. Une Europe ouverte sur les autres civilisations, dans un dialogue d’égal à égal et non pas dans une relation de vassalité ni a fortiori d’invasion ou de négation de notre identité.

    Mais les oligarques n’ont eu de cesse de rabaisser ce grand rêve, de le déconstruire de l’intérieur méticuleusement, pièce par pièce. Le rêve d’Europe est devenu cauchemar bruxellois, au point que le retour aux nations paraisse aujourd’hui la solution !

    Le retour d’une Europe puissance est en effet le grand cauchemar de l’oligarchie cosmopolite. C’est pourquoi l’oligarchie encourage tout ce qui peut diviser les Européens, tout ce qui peut les empêcher de se sentir grands et de penser de nouveau en grand, et ensemble.

    C’est pourquoi elle a bâti l’Europe repoussoir de Bruxelles, l’Europe des marchands et des banksters pour conjurer l’apparition de la Grande Europe.

    Nous vivons dans un monde de petits parce que les nains nous gouvernent.

    Il est temps que se réveillent les héros et les grands Européens qui sauront terminer ce règne des petits.

     Michel Geoffroy, 29/04/2014

    http://www.polemia.com/nous-voulons-devenir-grands/

  • Les nouveaux espaces de liberté : les TAZ ou zones autonomes temporaires

    Il s’agit de se demander comment envisager la liberté politique alors que le cadre étatique n’apparaît plus approprié. Le philosophe Jacques Derrida nous indique une première piste nous autorisant d’esquisser une première débauche. Dans son approche déconstructiviste, il met en évidence le décalage, voire le malentendu existant de nos jours entre l’Etat et la démocratie, la seconde n’étant plus nécessairement le reflet du premier. Son point de départ à cet égard est le concept d’Etat-voyou apparu récemment dans les relations internationales, c’est-à-dire l’Etat qui confisque la souveraineté de manière despotique. Et c’est dans cette optique qu’il parle de l’avenir de la démocratie comme celui d’une société secrète : « Il sera difficile d’exclure tout rêve de démocratie à venir comme société secrète, société du secret. Partagé, bien sûr, mais comme tout secret en somme... ». En avançant le terme de « société secrète », le philosophe se réfère à l’idée de conjuration, de confrérie et met en exergue leur pouvoir et leur force face à la montée actuelle des contre-souverainetés et des contre-Etats (ce qu’il appelle la « voyoucratie »). Derrida expose en effet son concept de « démocratie comme société secrète » par analogie avec le contrepouvoir d’une confrérie clandestine mais populaire, c’est-à-dire une force organisée s’opposant à l’Etat-voyou bafouant le droit. Quelle que soit la difficulté de l’approche déconstructiviste déployée par l’auteur, on remarque néanmoins immédiatement toute la pertinence de cette observation dans le cadre de l’Etat pénal-carcéral et de l’affaiblissement de la citoyenneté ainsi que les perspectives qu’elle ouvre pour notre réflexion. Le propos de Derrida trouve son écho dans la pensée chinoise avec le proverbe, « les mandarins tirent leur pouvoir de la loi ; le peuple tire le sien des sociétés secrètes ». 

    En conséquence, lorsque le philosophe voit dans la démocratie une sorte de conjuration (au sens étymologique), il se rattache en quelque sorte au schéma des contre-sociétés tel que par exemple le mouvement communal au Moyen Âge, c’est-à-dire des groupes d’individus qui, en raison de leurs intérêts communs, décident de s’associer pour gérer leurs propres affaires et faire valoir leur point de vue vis-à-vis du cadre hiérarchique de l’époque (le féodalisme). La commune médiévale apparaît ainsi comme un lieu de décision collective autonome et une organisation d’auto-défense (interface armée/cité). Ceci fait d’ailleurs dire à l’historien William Mc Neill que le régiment moderne s’est substitué à la commune paysanne afin de redonner leur cohérence aux sociétés européennes quittant le Moyen Âge pour entrer dans les Temps modernes. 

    Si l’on transpose maintenant cette idée de contre-société ainsi que le modèle de la commune médiévale à la réalité actuelle, on s’approche alors de la notion d’autonomie. Cette dernière recouvre cependant plusieurs significations allant de l’autarcie économique à l’indépendance politique en passant par les projets autogestionnaires et les utopies anarchistes. Par autonomie ici, nous entendons une conception proche de celle élaborée par le philosophe Cornelius Castoriadis, à savoir la maîtrise de ses propres processus. Ainsi comprise, l’autonomie implique, autant que faire se peut, de ne pas dépendre de facteurs que nous ne contrôlons pas ou, autrement dit, de conserver l’emprise sur son environnement immédiat. De manière similaire, dans sa prospective sur les conditions de vie et les mœurs aux époques de déliquescence institutionnelle, Thierry Gaudin dégage une attitude de ce type en relevant que si un comportement humain est utile à la survie de l’espèce, il se maintiendra : « L’être autonome, individué, a une maîtrise suffisante de lui-même et de son environnement pour faire face aux difficultés. Le qualificatif ‘autonome’ signifie qu’il n’est pas dépendant de facteurs qui lui échappent ». 

    Une des leçons retenues au Japon lors de la catastrophe nucléaire de Fukushima va précisément dans cette direction. Face aux problèmes rencontrés à ce moment-là, face aux graves déficiences des pouvoirs publics et à leur difficulté à gérer la situation, voici la recommandation que l’écrivain Kenji Maruyama adresse à ses compatriotes : « Ce qu’il faut recommander aux Japonais, c’est d’être autonomes. Pour cela, il faut penser en tant qu’individu, ce qui nécessite d’avoir du courage et de ne compter que sur soi. Il faut essayer, autant que possible, de ne se fier qu’à son propre jugement et qu’à ses propres forces. Il faut étayer à partir de ce que l’on a vu de ses yeux et entendu de ses propres oreilles, et, quand d’autres forces que la sienne entrent en ligne de compte, il faut d’abord s’en méfier... » C’est toutefois la pensée anarcho-punk qui nous livre le concept le plus expressif en la matière – la TAZ (zone autonome temporaire). Celle-ci synthétise en effet assez largement les considérations précédentes tout en reflétant relativement bien le Zeitgeist de notre époque (fin des révolutions et des idéologies) : « La TAZ est comme une insurrection sans engagement direct contre l’Etat, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d’imagination) puis se dissout, avant que l’Etat ne l’écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l’espace. » Le père de ce concept s’est délibérément interdit de le définir : « Je crois qu’en extrapolant à partir ‘d’îles en réseau’, futures et passées, nous pourrions mettre en évidence le fait qu’un certain type ‘d’enclave libre’ est non seulement possible à notre époque, mais qu’il existe déjà. Toutes mes recherches et mes spéculations se sont cristallisées autour du concept de ‘zone autonome temporaire’ (en abrégé TAZ) »*. La TAZ est cependant souvent comparée aux utopies pirates, voire aux communautés cosaques traditionnellement égalitaires et démocratiques. De leur côté, les adeptes des TAZ se réclament de l’esprit de révolte de la flibuste et des flibustiers. En outre, dans le cadre de la société de l’information, le web en est aussi une composante importante : « Si la TAZ est un campement nomade, alors le Web est le pourvoyeur de chants épiques, des généalogies et des légendes de la tribu ; il a en mémoire les routes secrètes des caravanes et les chemins d’embuscade qui assurent la fluidité de l’économie tribale ; il contient même certaines des routes à suivre et certains rêves qui seront vécus comme autant de signes et d’augures. » D’ailleurs n’oublions pas que dans cette recherche des nouveaux espaces de liberté, il impose également de prendre en compte l’avènement de la société de l’information. Celle-ci vient apporter sa dimension à cette évolution en favorisant les petites structures, les formes d’organisation plates et « sans-tête ». 

    *Hakim Bey, TAZ : zone autonome temporaire 

    Bernard Wicht, Europe Mad Max demain ?

    http://www.oragesdacier.info/2014/05/les-nouveaux-espaces-de-liberte-les-taz.html