culture et histoire - Page 1579
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Documentaire - Le crepuscule des Celtes
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Gladius Vocis - Te souviens tu !
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Globalisation arbitraire ou dignité des peuples ?
Une des plus grandes confusions de notre époque est le fait que l’on confonde systématiquement l’être humain, c’est-à-dire le général, l’idée platonicienne, avec la personne, autrement dit le particulier. De là découle fatalement une multitude d’erreurs qui n’ont absolument rien à voir avec l’intelligence ni avec le niveau de culture. Cela donne plutôt lieu à une formidable cuistrerie quand celui qui s’évertue à prouver le bien fondé de ses idées sur une règle générale le fait en ignorant le particulier. Les règles universelles ne sont faites que pour s’adapter au particulier. Il n’existe pas de vérité omnipotente et intemporelle qui, surplombant la destinée humaine, viendrait arbitrairement donner sa bénédiction aux peuples de façon à les standardiser. Le christianisme a essayé, il n’y est jamais parvenu (Catholiques, Protestants, Orthodoxes, Anglicans, Baptistes, Calvinistes, etc.) ; le libéralisme s’y cassera forcement les dents. Ainsi, c’est ce qu’essaie tout de même de faire le capital apatride afin de s’assurer une meilleure domination. Très sournoisement, il est entré dans les esprits, c’est pourquoi il est monnaie courante de rencontrer ces progressistes défendant corps et âme la véracité de leur idéal pour lequel ils attachent tant de sentiments. C’est qu’ils sont avant tout convaincus des règles générales, peut-être parce qu’elles promettent plus, sans aucun doute parce qu’ils y trouvent leur avantage immédiat. Malheureusement pour eux, l’homme n’est ni un nombre ni une figure géométrique, il ne peut être régie par des lois mathématiques ; il n’est également pas une machine, ce qui rend à terme caduque toute approche mécanique et bornée. En vérité, le progressiste ressemble davantage à un petit enfant qui a bien appris sa leçon à l’école mais qui n’y comprend absolument rien à l’humanité. Et tant qu’il croira religieusement en sa doctrine basée sur des dogmes généraux, il demeurera l’idiot utile de la bien-pensance, et à travers elle des maîtres du capital apatride.
Si l’on croit si bénéfique de conserver l’allure effrénée des réformes et autres mesures de circonstances, ce n’est que pour donner l’illusion de réussite du système. En France, les institutions sont amorphes. En Europe, si l’Allemagne s’en sort mieux, ce n’est pas indéfiniment qu’elle générera de la croissance, véritable fruit sacrée des institutions "démocratiques". Cette croissance, basée sur des règles économiques générales ne peut être générée qu’à partir du moment où les accords internationaux lui sont profitables. Le fait que la demande de ses produits soit forte actuellement n’augure en rien le devenir économique de cette Nation ni de l’Europe. Ce qui est intéressant de constater, c’est que l’Europe, basée sur des règles économiques mondiales, est soumise à ces règles, quelles qu’elles soient, si elle veut conserver sa politique. L’Europe est soumise aux oukases de la politique économiques mondiale. On peut la piller, la spolier, malmener ses peuples, les insulter ou les vilipender, exploiter ses ouvriers et ses employés, tout est autorisé par la gouvernance mondiale afin que les institutions continuent leur travail à travers le grand marché universel commun. Aussi, pour cela les peuples doivent-ils être muselés et ne jamais se souvenir qu’il existe des règles particulières susceptibles de leur convenir davantage, donc de les protéger.
C’est vrai que protéger les peuples ne semble absolument pas important, et puis si on a les droits de l’homme pour défendre l’individu standardisé, cela suffit amplement, on peut alors se donner bonne conscience. Seulement, ces dogmes universels ne répondent une fois encore qu’à l’être humain dans sa globalité, et non à la personne. Il n’est donc pas surprenant que l’homme broyé dans le moule cosmopolite ne s’épanouisse plus, car il a l’impression que rien ne s’adresse à lui, et que plus il s’affaire frénétiquement dans son travail, plus il devient l’idiot utile que l’on considère comme une marchandise afin de nourrir l’agioteur international. Plus d’idéal, plus de transcendance, plus de lien avec son histoire, sa terre et sa race, il ne reste juste que les joies consuméristes, les désirs de profit et les espoirs d’une paix universelle. L’idée de bâtir ensemble a totalement disparu des esprits pour n’être plus qu’un bâtir pour soi.
Il n’est donc pas surprenant que la société Française ne s'épanouisse plus dans l'état actuel des choses et elle le fait d’ailleurs savoir en rejetant l'homme qu'elle à pourtant peu de temps auparavant placé à la tête de ses institutions. Si Hollande caracole avec environ 20% de gens satisfaits de lui, on ne peut pas dire qu’il y ait contentement social. Mais alors pourquoi notre société s'enorgueillit-elle encore des dogmes de ces mêmes institutions ? "Immobiliser les dogmes n'est pas immobiliser les pensées." Il faut parfois du courage pour remettre en cause ce qui est caduc ! Sinon on tourne éperdument en rond à travers les sempiternelles officines à la solde du capital apatride ! Depuis 1945, il n’y a eu que cela ! Et ce tournoiement laisse penser que soit le peuple est stupide soit qu’il n’a pas de courage. Contant de son droit de vote, nous sommes en droit de nous demander s’il est bien raisonnable de laisser une telle mascarade perdurer. En outre, s’il n’est aujourd’hui pas question de remettre en cause un tel droit, nous restons dans le notre en précipitant les choses avec la remise en cause des dogmes internationaux auxquels les pleutres et autres poltrons n’osent toucher.
Ainsi le premier d’entre tous, l’égalité, n’est pas autre chose pour le pleutre qu’un fétiche devant lequel il aime à s’agenouiller. En fait, l’égalité "démocratique" signifie qu’il faut chercher à former les individus supérieurs par les mêmes procédés que les médiocres en affirmant qu’il n’existe qu’un seul type d’individu standardisé. C’est qu’en vérité, comme il est impossible d’élever l’aliéné, le stupide et le faible au niveau du fort, l’esprit "démocratique" a fait le choix arbitraire d’amener tous les individus au plus bas niveau. Ainsi, le cinéma, la télévision, la radio, les journaux, l’art, le sport, la morale, l’éducation scolaire, les mœurs, tout est bon pour servir de propagande afin de dégénérer ce qui est la force de la personnalité. En outre, mieux vaut s’affirmer en tant que personnalité tout en reconnaissant l’inégalité des individus dans une Nation qui s’affaire à trouver la plus haute justice sociale en s’intéressant aux cas particuliers, que faire confiance aux Nations prônant l’égalité pour mieux ignorer la personnalité ainsi livrée aux appétits des agioteurs internationaux sans foi ni loi.
A priori, c’est d’une révision profonde des sensibilités qu’à besoin l’occident pour se redresser. Si j’ai parlé d’égalité, ce n’est pas la seule valeur à revoir. Le feu-follet qu’est la liberté ne fait guère mieux ; il faut rétablir la notion de devoir personnel et de devoir du sens commun, celle de responsabilité face à ses actes, celle d’abnégation et de partage. L’homme, s’il n’avait pas été travesti par des institutions prévaricatrices dans un brassage humain des plus hétéroclites, mais demeurait a fortiori dans une société réellement organique, doit rester avant tout un collaborateur qui vise le bien-être des siens en vue d’une destinée commune. De même que toute la morale est à revisiter ainsi que le sens moral ; aujourd’hui l’exotisme a ramené bien trop d’incivilités et les progressistes bien trop de niaiseries funestes pour un peuple aspirant à être maître de lui. Aussi notre travail n’est-il pas terminé, mais en projetant inlassablement nos idées raisonnables dans la société, l’hégémonie socialo-libérale se fissurera de plus en plus pour n’être plus qu’un rebut dans les temps à venir. S’il y a encore tant d’écervelés attachés à la grande croyance matérialiste à travers son dualisme libéral et social, c’est qu’ils le sont par des sentiments profonds. Mais il s’agit là d’une vérité temporaire. En attendant, martelons notre discours et nos idées, raisonnons avec qui veut raisonner, discutons, propageons, parce nous, nous avons fait le choix de n’être jamais soumis aux règles arbitraires du capital apatride, et qu’en vertu de ceci, il est de notre devoir de rétablir la dignité de notre peuple et son droit à disposer de lui-même.
Nicolas /C.N.C
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1954 61 les bombes H de la guerre froide (Documentaire ARTE)
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1954 61 les bombes H de la guerre froide (Documentaire ARTE)
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Champ de Mars - Goldofaf (Lotta Studentesca Music Project)
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1820 : "L'enfant du miracle"
Cette année-là, Louis XVIII, soixante-cinq ans, roi de France de jure depuis la mort de son neveu Louis XVII en 1795, roi effectif depuis 1814 (sauf de mars à juin 1815 pendant les funestes Cent Jours napoléoniens), avait mérité la reconnaissance des Français en empêchant quatre ans plus tôt, par sa prudence et sa détermination, le démembrement de la France, en activant l'évacuation des armées étrangères et en reconstituant, avec l'aide du baron Louis, les finances du pays. La restauration avançait dans tous les domaines. Comme le montre Jacques Bainville, le roi s'était toutefois fait illusion sur la possibilité en France d'un régime d'assemblées. En octroyant la Charte, il avait donné à la classe politique le goût d'oublier dans les jeux parlementaires le service de la France. Depuis le renvoi en 1816 de la chambre des députés à majorité royaliste, dite "chambre introuvable", et l'arrivée au pouvoir du "modéré" Decazes qui n'hésitait pas, au nom du juste milieu, à se servir de la gauche pour battre "l'extrême droite", le parti libéral se commettait avec une gauche s'affichant de plus en plus antidynastique. Il s'en était suivi toute une agitation de tribune, relayée par une presse fort turbulente, dont le rôle venait d'être encore accru fin 1819 par une loi fort libérale à son sujet.
Joie et espérance
De son côté le roi venait de mettre au pas la Chambre des pairs, considérée comme "ultra", tandis que l'élection à Grenoble de l'ancien évêque constitutionnel l'abbé Grégoire qui avait, certes non pas voté, mais réclamé la mort de Louis XVI, constituait une véritable insulte à la monarchie. Ouvrant quelque peu les yeux sur la fragilité de l'utopie du juste milieu, Decazes entreprit alors de modifier la loi électorale de façon à défavoriser la moyenne bourgeoisie tout acquise au libéralisme. Le projet de loi devait être déposé à la Chambre le 14 février 1820.
Or, dans la nuit du dimanche 13, le neveu du roi, le duc de Berry, fils du comte d'Artois, fut poignardé sur les marches de l'Opéra, rue de Richelieu, alors qu'il venait de raccompagner son épouse à sa voiture. L'assassin, vite rattrapé, se nommait Louis-Pierre Louvel, sellier aux écuries royales. Il déclara aussitôt qu'il avait voulu par son geste éteindre la « tige féconde et régénératrice » de la race « maudite » des Bourbons. Bien qu'il eût toujours dit qu'il avait agi seul, un véritable danger révolutionnaire se dessina jusque dans la rue les jours suivants, et l'on rendit Decazes responsable par son laxisme de la mort du prince.
Une mort d'autant plus catastrophique que l'autre neveu de Louis XVIII, Louis-Antoine, duc d'Angoulême (1775-1851), n'ayant pas eu d'enfant de son mariage avec sa cousine Marie-Thérèse-Charlotte (Madame Royale), fille de Louis XVI, tout l'avenir de la dynastie reposait sur le défunt Charles-Ferdinand, duc de Berry, né en 1778, qui avait épousé en 1816 Marie-Caroline de Bourbon, fille de François Ier roi des Deux- Siciles, née à Naples en 1798, et dont il n'avait pour le moment qu'une fille, Louise-Marie-Thérèse, née en 1819 (future duchesse de Parme). La branche aînée paraissait quelque peu étriquée, en comparaison avec la famille du fils de Philippe Égalité, Louis-Philippe, duc d'Orléans, qui, au Palais-Royal, tout près des Tuileries, ne cachait pas sa fierté des trois garçons que lui avait déjà donnés son épouse Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, nièce par sa mère de la reine Marie-Antoinette et tante de la jeune duchesse de Berry !
Toutefois le sinistre Louvel, condamné à mort le 6 juin 1820 et guillotiné le 7, mourut sans savoir que le prince, expirant en grand chrétien, avait demandé sa grâce. Il ne sut pas non plus que son forfait n'avait servi à rien : la duchesse de Berry était enceinte et Dieu voulut qu'elle accouchât le 29 septembre de la même année (jour de la Saint-Michel !) au Palais des Tuileries... enfin d'un garçon : Henri-Charles-Ferdinand-Marie-Dieudonné, duc de Bordeaux.
Avec les jeunes poètes Lamartine et Victor Hugo, avec tout Paris carillonnant, c'est tout le coeur de la France qui se mit à vibrer de joie et d'espérance. Decazes dut se retirer et les libéraux réduire pour un temps leurs exigences. Une souscription publique fut ouverte pour offrir à « l'enfant du miracle » le château de Chambord dont il devait porter le titre avec celui de roi Henri V, après son départ en exil en 1830 à l'âge de dix ans, avec son grand-père comte d'Artois devenu Charles X et son oncle duc d'Angoulême devenu Louis XIX, tous deux abdiquant pour ne pas avoir à faire couler le sang français lors d'une émeute préparée par une bourgeoisie qui n'incarnerait en rien le pays réel français. Quel malheur que ce prince jusqu'à sa mort à Froshdorf en 1883 fût si méconnu des Français dont, en vrai capétien, il aurait si bien compris les besoins – ses déclarations sur les ouvriers en font foi – face aux nouvelles féodalités du capitalisme sans frein !
Michel Fromentoux : L’Action Française 2000 n° 2749 – du 12 au 18 juin 2008
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Contes et légendes du communisme français : la légende « résistentialiste »
Dès 1943-1944, plus encore après la libération et jusque dans ces dernières années, le PCF s’est présenté comme le premier parti de la résistance à l’occupant. Premier par le nombre, mais aussi premier par la date de l’engagement. Pourtant, dès 1946 l’ancien président du Conseil, Edouard Daladier révélait que le PCF avait entretenu des relations avec les nazis au début de l’occupation, en juillet 1940, afin d’obtenir la légalisation de la presse, interdite en septembre 1939 par le gouvernement de... ce même Daladier, pour propagande défaitiste.
Bien entendu, le PCF, par la voix de son numéro deux, Jacques Duclos, démentit bruyamment ces informations, les mettant sur le compte d’une propagande anticommuniste « primaire ». Il ne manque pas d’insister sur « l’appel du 10 juillet », signé de Thorez et de lui-même, et qui inaugurait la résistance des communistes à l’occupant. Or, l’étude attentive de cet appel puis l’ouverture des archives de Moscou montrent au contraire, à cette date de juillet 1940, des relations du PCF avec les Allemands qui sont plutôt compromettantes pour un parti revendiquant la précocité de son entrée en résistance.
Le 14 juin 1940, alors même que les Allemands entrent dans Paris, Jacques Duclos et Fried y arrivent, venant de Belgique dans une voiture diplomatique. Le 18 juin, au moment même où le général de Gaulle lance à la BBC son premier appel à la résistance, une militante communiste, sur ordre de Duclos, se présente à la propagandastaffel – l’organe de la censure allemande – pour demander la reparution légale de L’Humanité. L’autorisation est accordée le 19 dans l’après-midi alors que le matin même L’Humanité clandestine a diffusé « le communiqué officiel publié par ordre de l’autorité militaire allemande » et que la veille elle appelait à la fraternisation entre ouvriers français et soldats allemands.
Pendant que les Allemands libèrent de prison les communistes emprisonnés par le gouvernement Daladier pour défaitisme, Otto Abetz, le représentant personnel de Hitler à Paris, reçoit à l’ambassade d’Allemagne, le 26 juin, une délégation communiste avec laquelle il engage des négociations politiques. Le lendemain, Duclos fait parvenir à Abetz un mémorandum qui propose « la répression énergique de toute action tendant à entraîner de nouveau le peuple français dans la guerre » et « la conclusion d’un pacte d’amitié avec l’URSS, qui compléterait le pacte germano-soviétique et constituerait un important facteur de pacification européenne ». Foin de la résistance et vive la pax totalitaria !
Les négociations vont se poursuivre avec Abetz jusqu’au milieu du mois d’août et Staline sera régulièrement informé par Duclos de leur évolution, avant de considérer que ce jeu de chat et de souris n’en vaut plus la chandelle. En attendant, les communistes parisiens, croyant à leur retour à la légalité, sont sortis au grand jour, ce qui permettra à la police de Vichy – après feu vert de l’occupant – de les arrêter par centaines en octobre 1940 et de les mettre en camps d’internement qui serviront bientôt de réservoirs d’otages. Non seulement le PCF est « entré en résistance » en cherchant une alliance avec l’occupant, mais sa politique de Gribouille a coûté l’arrestation et bientôt la vie à des centaines de ses militants fusillés comme otages. Nul doute que ce « retard à l’allumage » d’entrée dans la résistance ne fut pas étranger à l’espèce de frénésie antinazie qui, à partir de l’attaque allemande contre l’URSS, poussa Jacques Duclos, le chef du PCF dans la clandestinité, à développer à partir de juillet 1941 un discours ultra-patriotique, voire chauvin, qui allait aboutir à des slogans comme « A chacun son boche ! ».
Dès avant la libération, le PCF se vantait d’avoir été le premier à engager la lutte armée contre l’occupant, mais il oubliait de préciser dans quelles conditions d’improvisation, pour quels résultats et à quel prix !
Dès août 1941, Duclos lança les Jeunesses communistes dans un combat totalement irréaliste contre l’occupant, afin de rattraper le précieux « temps politique » perdu depuis septembre 1939, face au général de Gaulle et à l’ensemble de la résistance. Cette décision se traduisit, à l’été et l’automne 1941, par des actions armées et des sabotages contre l’armée allemande.
Très rapidement, elle entraîna d’abord des vagues massives de dizaines d’exécutions d’otages communistes – dont les 50 otages de Chateaubriand et le désormais fameux Guy Môquet – pour chaque soldat allemand blessé ou tué, puis par l’arrestation et l’exécution de dizaines de ces jeunes envoyés au sacrifice. Et tout cela pour six Allemands tués entre juillet 1941 et mars 1942, alors qu’au même moment Hitler perdait des centaines de milliers d’hommes sur le front de l’Est !
Mais Duclos avait démontré sa solidarité avec Moscou et le PCF allait pouvoir critiquer « l’attentisme » de l’ensemble de la résistance qui, sur les conseils du général de Gaulle, estimait que le moment de l’action armée n’était pas encore venu.
Pendant des décennies, le PCF a nié ces évidences, a continué de colporter ses légendes et a vilipendé les historiens qui mettaient au jour ces vérités. Mais aujourd’hui, après l’ouverture des archives de Moscou ou de la préfecture de police de Paris, ces légendes s’évanouissent en fumée, et comme à tout conte il faut une « morale », nous retiendrons celle-ci : « Tel est pris qui croyait prendre. »
Stéphane Courtois, Mythes et polémiques de l’histoire
http://www.oragesdacier.info/2014/04/contes-et-legendes-du-communisme.html
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Vive les camelots du roi
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Eric Rohmer, un cinéaste catholique d’avant-garde
par Arnaud Guyot-Jeannin
Disparu le 11 janvier 2010, Eric Rohmer a créé une œuvre cinématographique d’une rare qualité. Un coffret DVD, ainsi qu’un volume de ses nouvelles inédites et une biographie très complète viennent de sortir. Edifiants !
Cinéaste épris de classicisme français et de romantisme allemand, Maurice Schérer alias Eric Rohmer déconcerte ses contemporains – à fortiori des maurrassiens - par son approche littéraire du cinématographe. Il a mis en scène des films intimistes élevant l’esprit et l’âme par le truchement du verbe salvateur. « Au commencement était le Verbe » peut servir de formule évangélique – johannique – caractérisant le cinéma de « grand Momo » comme l’appelait son ami et scénariste Paul Gégauff. En effet, le catholicisme rohmérien est aussi ardent que ses personnages s’avèrent loquaces. D’ailleurs, en 1948, le jeune Schérer avait rédigé un texte axiomatique - anticipant son cinéma à la fois contemplatif et vitaliste – qui s’intitulait : « Pour un cinéma parlant ». Il s’en inspirera en publiant une « Lettre à Jacques Davila » (Les Cahiers du cinéma, mars 1990), auteur d’une comédie dramatique, La Campagne de Cicéron.
Une écriture pré-cinématographique
C’est justement entre 1940 et 1950 que Maurice Schérer écrit huit nouvelles, Friponnes de porcelaine, publiées aujourd’hui sous la forme d’un recueil. Or, le nouvelliste néophyte n’imaginait pas, non seulement, leur publication cinquante ans après, mais qu’elles serviraient comme prémices de certains de ses films. Rue Monge (1945) deviendra Ma nuit chez Maud (1968), Chantal, ou l’Epreuve (1949) constituera l’ébauche de La Collectionneuse (1965) etc. A les lire, nous constatons une juvénilité pure, immature même parfois, où certains grands thèmes filmiques ultérieurs ne figurent pas. S’il n’est pas question du pari de Pascal dans la première nouvelle, l’élitisme nietzschéo-libertaire du héros, dans la seconde, n’emporte guère la conviction. En revanche, l’écriture schérienne se caractérise par une fluidité remarquable alliée à une précision étonnante du découpage de l’ensemble. Indéniablement, il s’agit d’une écriture pré-cinématographique.
Les cahiers du cinéma
L’ouvrage très complet d’Antoine de Baecque et Noël Herpe, Eric Rohmer, est un modèle de biographie. Elle nous informe sur l’essentiel, mais aussi sur quelques détails intéressants concernant la vie très privée du Maître. Plus de cinq cents pages évoquent sa rigueur, son originalité et son indépendance au sein de La Nouvelle Vague. A cet égard, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, à partir de 1957, il en est évincé par François Truffaut et Jacques Rivette en 1963. Le premier se rattrapera en permettant financièrement à Rohmer de réaliser un peu plus tard, Ma nuit chez Maud.
Catholique d’abord !
La vision du monde d’Eric Rohmer est en symbiose avec son cinéma. Revendiquant son catholicisme, il réalise son premier long-métrage sous influence chrétienne, Le Signe du lion (1959-1962). Puis, il commet un chef d’œuvre qui pose excellemment les enjeux du pari de Pascal, Ma Nuit chez Maud (1968) avec Jean-Louis Trintignant, Françoise Fabian, Marie-Christine Barrault et Antoine Vitez.
Dans une veine toujours catholique, Eric Rohmer met en scène Perceval le Gallois (1978), d’après le roman inachevé de Chrétien de Troyes. Très théâtral et hiératique sur le plan purement formel, le film restitue un XII e siècle médiéval dans un grand dénuement. Quant au texte original, il est récité, notamment par Fabrice Luchini, en octosyllabes. L’acteur incarne originalement ce chevalier ascétique et christique avec une sorte d’illumination intérieure qui s’extériorise. Impression presque irréelle… Une lumière d’amour que seul un héros saint peut diffuser. Film difficile d’accès, il connut un échec à sa sortie…
Entre-temps, Eric Rohmer réalise des courts, moyens et long-métrages tels que La Boulangère de Monceau (1962), La Carrière de Suzanne (1963), L’Amour l’après-midi, (1972), puis La Femme de l’aviateur (1980) et Le Beau mariage (1981), où il plaide toujours subtilement en faveur du mariage et de la fidélité conjugale. Dans Les Nuits de la pleine lune (1984), il rappelle même le vieux dicton champenois résumant bien son point de vue de chrétien sédentaire : « Qui a deux femmes perd son âme/Qui a deux maisons perd la raison ».
Royaliste, traditionaliste et écologiste
Si Rohmer se proclame catholique, il s’affirme également « royaliste » (L’Anglaise et le Duc, 2001), « traditionaliste » (Triple agent, 2004) et « écologiste » (Les métamorphoses du paysage, 1964 ; L’ami de mon amie, 1987, avec la description des villes nouvelles ; le très écolo-ruraliste L’Arbre, le maire et la médiathèque, 1993 ; Comte d’Automne, 1998 ; le très pagano-chrétien, Les amours d’Astrée et de Céladon, 2006). A propos de l’écologie justement, il vote en faveur du candidat écologiste René Dumont en 1974 et se prononce pour son successeur à certains égards, Pierre Rabbi, qui échoue à proposer sa candidature aux élections présidentielles de 2002. Opposé à la frénésie productiviste et à la poubellisation de nos sociétés occidentales, Rohmer fait sien le slogan du candidat écologiste malheureux : « La croissance n’est pas une solution, elle est un problème ». Il ratifie aussi les formules qui proposent « l’insurrection des consciences » en se « libérant de la société de surconsommation », en « respectant la vie sous toutes ses formes » et en « remettant les pieds sur Terre », pour mieux regarder la lumière du Ciel…
Hostile envers le cosmopolitisme moderne, Eric Rohmer ne rend pas perceptible le phénomène de l’immigration dans ses films. Il a été accusé alors par certains critiques bien-pensants de négationnisme sociologique, voir de racisme. Des accusations auxquelles il faut répondre. Le cinéaste souhaitait faire un cinéma plaisant et arraché à toute forme d’indifférenciation identitaire. Rien ne lui était plus étranger que le nivellement moral et esthétique de la modernité tardive.
Un éloge cinématographique de la Création
Metteur en scène perfectionniste, Eric Rohmer nous présente sa vision du monde transcendantale de façon immanente. Le cosmos est instruit par la Providence. Ce qui paraît naturel peut revêtir une dimension surnaturelle. Ses personnages ont une attitude souvent légère, même lorsqu’ils se posent des questions complexes. Ils ne sont presque jamais pesants. Et leurs paroles sincères s’avèrent d’une fraîcheur vivifiante. Ils magnifient cette voie d’enfance si chère à Bernanos.
Rohmer a transposé à l’écran sa soif d’absolu dans l’amour de la Création et des créatures blessées, mais qui peuvent s’élever vers la surnature grâce à leur quête de vérité obtenant alors la vraie liberté.
Coffret intégral, 25 films en DVD + 2 DVD de courts-métrages, des dizaines d’heures de bonus inédits etc, 199, 90 euros.
Friponnes de porcelaine, Eric Rohmer, Stock, 296 p., 20 euros.
Eric Rohmer, Antoine de Baecque et Noël Herpe, Stock, 604 p., 29 euros.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Eric-Rohmer-un-cineaste-catholique