culture et histoire - Page 1586
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Âme suicidée - Goldofaf
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Jean-Louis Harouel : « La droite cultive des valeurs de durée »
Professeur de droit à l'Université de Paris II, Jean-Louis Harouel est l'auteur de nombreux ouvrages remarquables. Il publie aux éditions Jean-Cyrille Godefroy un nouveau livre intitulé Revenir à la nation, qui sortira en librairie à la mi-avril.
Monde & Vie: En politique, la distinction entre gauche et droite a-t-elle encore une signification ? Si tel est le cas, qu'est-ce qui différencie ces deux notions ?
Jean-Louis Harouel : Leur différence de nature oppose radicalement la droite et la gauche. Obsédée par les valeurs de progrès (moral, matériel, etc.), la gauche plonge ses racines intellectuelles dans les millénarismes, ces mouvements révolutionnaires se réclamant du Christ qui prétendaient instaurer le paradis sur la terre, généralement sous la forme du communisme ou d'un égalitarisme radical. Une fois sécularisé, le courant millénariste a produit la religion démocratique mais aussi les diverses variantes du socialisme et le communisme marxiste, facettes innombrables d'une religion de l'humanité dont l'actuel avatar est le culte intolérant des droits de l'homme, qui détruit les nations européennes au nom de l'amour de l'autre jusqu'au mépris de soi. Tout cela est nourri d'idées évangéliques devenues folles, selon la formule de Chesterton, car détournées de leur sens originel et coupées de la religion. C'est du post-christianisme.
Inversement, la droite cultive des valeurs de durée. Elles ont assuré la solidité des familles et de la société. Inspirant le droit pendant des millénaires, ces valeurs provenaient de l'Antiquité gréco-romaine, des coutumes germaniques et plus encore du Décalogue. La part décisive dans les valeurs de droite d'une tradition biblique aujourd'hui sécularisée et devenue souvent inconsciente fait que l'on peut parler à leur sujet de post-judaïsme.
Parmi les grandes idées qui ont été tantôt adoptées par la gauche et tantôt reprises par la droite, figurent la « nation » et le « nationalisme ». Comment a évolué la conception politique de la nation, depuis l'Ancien Régime ?
En France, la nation fut l'œuvre des rois. À partir du Moyen Age, la royauté a construit la nation autour de l'idée d'une préférence du Christ pour le Capétien - le plus chrétien de tous les princes - et par voie de conséquence pour ses sujets. Le roi de France est assimilé à David. Et la France, nation très chrétienne, est désignée comme le nouveau peuple élu. Dès le XVe siècle, la nation est la mère à laquelle on doit sacrifier sa vie, lorsque le roi l'ordonne. Car l'universalité de la nation s'incarne dans le roi. Elle n'est pas en elle-même source de légitimité politique. C'est la prédilection divine pour la France, exprimée par la sacralité royale, qui fonde le devoir de dévouement à la nation. Réunissant des Flamands et des Provençaux avec des Alsaciens, des Bretons et des Basques, venus s'agglutiner au vieux noyau capétien, la nation s'est construite dans un loyaUsme partagé envers la personne du roi de France. L'institution royale capétienne a été le ciment unificateur de ces éléments divers. Jusqu'au jour où la nation sera suffisamment affermie pour exister par elle-même et se débarrasser de la royauté qui l'a construite.
Voulant détruire l'autorité royale et révolutionner la société au nom d'idées que l'on peut dès ce moment qualifier de gauche, les hommes de 1789 avaient besoin d'une légitimité à opposer au droit divin du roi. Ils l'ont trouvée dans la nation. L'idée nationale est alors de gauche. Elle laïcise la vieille conviction d'être le peuple élu du Christ en une nouvelle croyance messianique : celle d'être la nation en charge de la rédemption terrestre du genre humain au moyen de la diffusion des droits de l'homme proclamés le 26 août 1789. Ce messianisme sécularisé engendrera l'impérialisme militaire de la France révolutionnaire puis impériale, avec les chocs en retour que l'on sait.
Pendant l'essentiel du XIXe siècle, l'idée de nation, tout comme celle pratiquement synonyme de patrie, appartient au registre des idées de gauche. Elle s'oppose à la conception traditionnelle héritée de l'Ancien Régime selon laquelle le dévouement envers la communauté nationale passe par l'incontournable loyalisme envers le prince - roi ou empereur - qui en est à la fois l'incarnation et le chef. C'est la conception de droite, selon laquelle on ne saurait invoquer l'idée nationale contre celui qui la personnifie. Au contraire, la gauche, en France comme dans toute l'Europe, ne songe qu'à délivrer les nations des princes qui les gouvernent, par la révolution et au besoin par la guerre. Il est indubitable que le nationalisme est né à gauche.
L'idée nationale passe brusquement à droite dans les années 1880. On invoque traditionnellement comme explication le traumatisme de Sedan et la perte de l'Alsace-Lorraine. Mais il y a à mon sens une explication plus profonde, qui est le passage au régime républicain. Dès lors qu'il n'y a plus de prince, le vieux loyalisme envers lui ne fonctionne plus, sauf dans le cercle étroit des fidèles aux dynasties exilées. Dans son ensemble, la droite est politiquement orpheline. Ne pouvant plus se réclamer du prince, le peuple de droite se réclame de la nation. Par réaction, autour de 1900, la gauche cesse de se référer à la nation et ne veut plus entendre parler que de patrie. Ce qui ne l'a pas empêché de lancer, notamment grâce à l'école et au service militaire, cet immense programme de nationalisation des masses qui fut l'œuvre majeure de la Bï République. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, la gauche n'est plus concernée par la patrie. Celle-ci a le grand tort d'être la terre paternelle, alors que la gauche n'aime plus que l'universel.
Aujourd'hui, la nation peut-elle résister au mondialisme auquel se sont converties de larges fractions de la « droite » et de la « gauche ». La nation française a-t-elle un avenir politique ?
La nation française a un grand avenir politique, un avenir qui sera très difficile à accomplir, mais qu'elle doit tout faire pour réaliser. Un avenir politique qui passe par le recentrage de l'État sur la nation et l'éclatement de l'Union européenne. Faute de quoi il n'y aura plus de France mais un lamentable Hexagoland à la dérive, noyé dans une prétendue Europe qui ne vise qu'à se dissoudre dans la mondialisation et tue à petit feu les nations européennes.
Propos recueillis par Eric Letty monde&vie avril 2014
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Camel Bechikh : "la France est ontologiquement catholique et européenne"
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Aucun homme ne décide de servir Satan, sans raison
Vendredi, dans le basilique St Pierre, le père Cantalamessa a donné l'homélie. Extrait :
"Judas a été choisi dès la première heure pour être l’un des Douze. En insérant son nom dans la liste des apôtres l’évangéliste Luc écrit « Judas Iscariote qui devint (egeneto) un traître » (Lc 6, 16).Donc Judas n’était pas né traître et il ne l’était pas au moment où Jésus l’a choisi; il le devint ! Nous sommes devant un des drames les plus sombres de la liberté humaine.
Pourquoi le devint-il ? Il n’y a pas si longtemps, quand la thèse de Jésus « révolutionnaire » était à la mode, on a cherché à donner à son geste des motivations idéales. Certains ont vu dans son surnom « Iscariote » une déformation du mot « sicariote », c’est-à-dire faisant partie du groupe de zélotes extrémistes qui prônaient l’emploi du glaive (sica) contre les Romains; d’autres ont pensé que Judas a été déçu de la façon dont Jésus suivait son idée du « royaume de Dieu » et qu’il voulait lui forcer la main, en le poussant à agir aussi au plan politique contre les païens. C’est le Judas du célèbre « Jésus Christ Superstar » et d’autres spectacles et romans récents. Un Judas pas loin d’un autre célèbre traître de son bienfaiteur : Brutus, qui tua Jules César, en pensant de sauver ainsi la république !
Ces reconstructions sont respectables quand elles revêtent quelque dignité littéraire ou artistique, mais elles n’ont aucun fondement historique. Les évangiles – seules sources dignes de foi que nous ayons sur le personnage – parlent d’un motif plus terre-à-terre :l’argent. Judas avait reçu la garde de la bourse commune du groupe; à l’occasion de l’onction de Béthanie il avait protesté contre le gaspillage du précieux parfum versé par Marie sur les pieds de Jésus, non pas par souci des pauvres, relève Jean, mais parce que « c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait » (Jn 12,6). Sa proposition aux chefs des prêtres est explicite: « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent » (Mt 26, 15).
Mais pourquoi être surpris par cette explication et la trouver trop banale ? N’est-ce pourtant pas presque toujours comme ça aujourd’hui ?Mammon, l’argent, n’est pas une idole parmi tant d’autres; c’est l’idole par antonomase : littéralement, « l’idole en métal fondu » (cf. Ex 34, 17). Et l’on comprend pourquoi. Qui est, objectivement, sinon subjectivement (autrement dit, dans les faits, si non dans les intentions), le vrai ennemi, le concurrent de Dieu, dans ce monde ? Satan ?Mais aucun homme ne décide de servir Satan, sans raison. S’il le fait c’est parce qu’il croit obtenir de lui quelque pouvoir ou quelque bénéfice temporel. Qui est, dans les faits, l’autre-maître, l’anti-Dieu, Jésus nous le dit clairement: « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent » (Mt 6, 24). L’argent est le « dieu visible », contrairement au vrai Dieu qui est invisible.
Mammon est l’anti-dieu car il crée un univers spirituel alternatif, donne un autre objet aux vertus théologales. La foi, l’espérance et la charité ne reposent plus sur Dieu, mais sur l’argent. Une affreuse inversion de toutes les valeurs se met en marche. « Tout est possible pour celui qui croit », disent les Ecritures (Mc 9, 23); or le monde dit : « Tout est possible pour celui qui a de l’argent ». Et, à un certain niveau, tous les faits semblent lui donner raison.
« La racine de tous les maux – disent les Ecritures - c’est l’amour de l’argent » (1 Tm 6,10). Derrière chaque mal de notre société il y a l’argent, ou du moins il y a aussi l’argent.Celui-ci est le Moloch de la Bible, auquel on sacrifiait les petits garçons et les petites filles (cf. Jr 32, 35), soit le dieu aztèque, auquel il fallait offrir quotidiennement un certain nombre de cœurs humains. Qu’y a-t-il derrière le commerce de la drogue qui détruit tant de vies humaines, l’exploitation de la prostitution, le phénomène des différentes mafias, la corruption politique, la fabrication et le commerce des armes, voire même – chose horrible à se dire – derrière la vente d’organes humains enlevés à des enfants ? Et la crise financière que le monde a traversé et que ce pays traverse encore, n’est-elle pas due en bonne partie à cette «exécrable avidité d’argent», l’auri sacra fames, de la part de quelques uns ?Judas commença par soutirer un peu d’argent de la caisse commune. Cela ne dit-il rien à certains administrateurs de l’argent public ? [...]
Comme chaque année, à l’approche de Pâques, j’ai voulu réécouter la « Passion selon saint Matthieu » de Bach. Il y a un détail qui me fait sursauter à chaque fois. A l’annonce de la trahison de Judas, tous les apôtres demandent à Jésus: « Serait-ce moi, Seigneur ? » « Herr, bin ich’s ? » Mais avant de nous faire écouter la réponse du Christ, annulant toute distance entre l’événement et sa commémoration, le compositeur insère un chœur qui commence ainsi: « C’est moi, c’est moi le traître ! Je dois faire pénitence ! », « Ich bin’s, ich sollte büßen ». Comme tous les chœurs de cette œuvre, celui-ci exprime les sentiments du peuple qui écoute; il est une invitation à confesser nous aussi nos péchés.
[...] Voilà à quoi l’histoire de notre frère Judas doit nous pousser: à nous rendre à celui qui volontiers pardonne, à nous jeter nous aussi dans les grands bras du crucifié. Dans l’histoire de Judas, ce qui importe le plus, ce n’est pas sa trahison, mais la réponse que Jésus lui donne. Il savait bien ce qui était en train de mûrir dans le cœur de son disciple ; mais il ne l’expose pas, il veut lui donner la possibilité jusqu’à la fin de revenir en arrière, comme s’il le protégeait. Il sait pourquoi il est venu, mais il ne refuse pas, dans le Jardin des oliviers, son baiser de glace, allant même jusqu’à l’appeler mon ami (Mt 26, 50). De même qu'il chercha le visage de Pierre après son reniement pour lui donner son pardon, qui sait s’il n’aura pas cherché aussi celui de Judas à quelque tournant de son chemin de croix! Quand sur la croix il prie: « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34), il n’exclut certainement pas Judas.
Alors, nous, que ferons-nous ? Qui suivrons-nous, Judas ou Pierre ? Pierre eut des remords de ce qu’il avait fait, mais Judas eut lui aussi un tel remord qu’il s’écria : « J’ai trahi le sang innocent !» et il rendit les trente pièces d’argent. Alors, où est la différence ? En une seule chose : Pierre eut confiance en la miséricorde du Christ, pas Judas ! Le plus grand péché de Judas ne fut pas d’avoir trahi Jésus, mais d’avoir douté de sa miséricorde. [...]"
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Ile De France - Pur Et Dur
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Bernanos et le sentiment de la patrie
« On a substitué au sentiment de la patrie la notion juridique de l’Etat. Aucun homme de bon sens ne saurait, naturellement, traiter l’Etat en camarade. On a volé aux Français sinon la Patrie, du moins l’image qu’ils en avaient dans le cœur. Se former une image de l’Etat n’est certes pas à la portée des pauvres diables. Autant leur demander de se faire une idée de l’Eglise sans le Christ et les Evangiles – sorte de spéculation réservée aux initiés maurrassiens. – On a volé la Patrie aux bonnes gens, et ce n’est pas là une expression poétique, car il serait très facile de la remplacer par quelque autre beaucoup plus terre à terre. Les bonnes gens ont de moins en moins l’occasion de prononcer le nom de leur pays avec un certain accent – celui qu’ils prenaient jadis pour répéter entre eux la phrase traditionnelle, l’exclamation familière à tous les pauvres types embêtés par les puissants de ce monde : « Ah ! si le roi savait ! » - « Si la France savait ! » est une espèce d’appel empathique à l’Histoire, totalement hors de la portée des pauvres types. « Si l’Etat savait ! » aurait plutôt un sens sinistre, car les pauvres types savent que l’Etat n’intervient jamais que pour réclamer la part du lion, ne s’agirait-il que d’une modeste croûte de pain.
On a volé leur patrie aux Français aux Français, on la leur a littéralement arrachée des mains, et si ce fait semble continuer à passer presque inaperçu des bourgeois, c’est qu’ils ont moins besoin que les bonnes gens d’une expérience concrète de la patrie, leur sensibilité est faite aux abstractions. Ils conviendront aisément, par exemple, qu’on a volé aux Français leurs provinces, mais ils ne se demanderont pas, ou ils se demanderont rarement, si l’on n’a pas privé ainsi les bonnes gens d’une fidélité intermédiaire indispensable. Qu’un cataclysme anéantisse demain, avec toute vie paroissiale, les curés, les petites sœurs et généralement tout ce qui permet à l’Eglise d’exercer son ministère de charité, ils trouveraient sans doute extraordinaire que le peuple perdît jusqu’au souvenir du nom chrétien, ils l’inviteraient gravement à méditer sur les fondements de l’Ordre catholique romain, à lire et à relire le célèbre préface de M. Charles Maurras.
On a volé leur patrie aux Français, je veux dire qu’on la leur a rendue méconnaissable. Elle n’évoque même plus pour eux l’idée d’honneur ou de justice – car l’Etat ne connaît ni honneur ni justice – elle a la face austère du Devoir, du Devoir absolu, de la Summa Lex, impitoyable aux pécheurs. La France ne ressemble plus aux Français, elle n’a ni leurs vertus ni leurs vices, ni aucun de ces défauts qui leur sont plus chers que leurs vices ou leurs vertus, elle ne parle même pas leur langage, elle ne dit rien, elle est l’idole muette d’un peuple bavard. L’Etat s’est substitué à la Patrie comme l’administration cléricale se serait substituée, depuis longtemps – si Dieu n’y mettait ordre – à la moribonde Chrétienté. Et les courtiers de ce troc, les légistes crasseux de la Renaissance, barbouillés de grec et de latin, ont mené l’opération avec toute la clairvoyance de la haine. Car ils haïssaient l’ancienne France, ils dédaignaient son idiome, ils méprisaient ses mœurs, ses arts, sa foi, ils l’eussent donnée tout entière pour la moindre des républiques transalpines – la France moderne a été faite par des gens qui tenaient l’ancienne en mépris ».
http://www.oragesdacier.info/2014/04/bernanos-et-le-sentiment-de-la-patrie.html
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Bernanos et le sentiment de la patrie
« On a substitué au sentiment de la patrie la notion juridique de l’Etat. Aucun homme de bon sens ne saurait, naturellement, traiter l’Etat en camarade. On a volé aux Français sinon la Patrie, du moins l’image qu’ils en avaient dans le cœur. Se former une image de l’Etat n’est certes pas à la portée des pauvres diables. Autant leur demander de se faire une idée de l’Eglise sans le Christ et les Evangiles – sorte de spéculation réservée aux initiés maurrassiens. – On a volé la Patrie aux bonnes gens, et ce n’est pas là une expression poétique, car il serait très facile de la remplacer par quelque autre beaucoup plus terre à terre. Les bonnes gens ont de moins en moins l’occasion de prononcer le nom de leur pays avec un certain accent – celui qu’ils prenaient jadis pour répéter entre eux la phrase traditionnelle, l’exclamation familière à tous les pauvres types embêtés par les puissants de ce monde : « Ah ! si le roi savait ! » - « Si la France savait ! » est une espèce d’appel empathique à l’Histoire, totalement hors de la portée des pauvres types. « Si l’Etat savait ! » aurait plutôt un sens sinistre, car les pauvres types savent que l’Etat n’intervient jamais que pour réclamer la part du lion, ne s’agirait-il que d’une modeste croûte de pain.
On a volé leur patrie aux Français aux Français, on la leur a littéralement arrachée des mains, et si ce fait semble continuer à passer presque inaperçu des bourgeois, c’est qu’ils ont moins besoin que les bonnes gens d’une expérience concrète de la patrie, leur sensibilité est faite aux abstractions. Ils conviendront aisément, par exemple, qu’on a volé aux Français leurs provinces, mais ils ne se demanderont pas, ou ils se demanderont rarement, si l’on n’a pas privé ainsi les bonnes gens d’une fidélité intermédiaire indispensable. Qu’un cataclysme anéantisse demain, avec toute vie paroissiale, les curés, les petites sœurs et généralement tout ce qui permet à l’Eglise d’exercer son ministère de charité, ils trouveraient sans doute extraordinaire que le peuple perdît jusqu’au souvenir du nom chrétien, ils l’inviteraient gravement à méditer sur les fondements de l’Ordre catholique romain, à lire et à relire le célèbre préface de M. Charles Maurras.
On a volé leur patrie aux Français, je veux dire qu’on la leur a rendue méconnaissable. Elle n’évoque même plus pour eux l’idée d’honneur ou de justice – car l’Etat ne connaît ni honneur ni justice – elle a la face austère du Devoir, du Devoir absolu, de la Summa Lex, impitoyable aux pécheurs. La France ne ressemble plus aux Français, elle n’a ni leurs vertus ni leurs vices, ni aucun de ces défauts qui leur sont plus chers que leurs vices ou leurs vertus, elle ne parle même pas leur langage, elle ne dit rien, elle est l’idole muette d’un peuple bavard. L’Etat s’est substitué à la Patrie comme l’administration cléricale se serait substituée, depuis longtemps – si Dieu n’y mettait ordre – à la moribonde Chrétienté. Et les courtiers de ce troc, les légistes crasseux de la Renaissance, barbouillés de grec et de latin, ont mené l’opération avec toute la clairvoyance de la haine. Car ils haïssaient l’ancienne France, ils dédaignaient son idiome, ils méprisaient ses mœurs, ses arts, sa foi, ils l’eussent donnée tout entière pour la moindre des républiques transalpines – la France moderne a été faite par des gens qui tenaient l’ancienne en mépris ».
http://www.oragesdacier.info/2014/04/bernanos-et-le-sentiment-de-la-patrie.html
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Jean-Louis Auduc, auteur de "Sauvons les garçons"
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Sortie du nouveau livre de Laurent Glauzy : « Les géants et l’Atlantide »
Sous-titré « révélations de l’archéologie interdite. », cet ouvrage de Laurent Glauzy (que nos habitués connaissent bien) et traitant d’un sujet insolite comporte 380 pages.
Il sort encore une fois des sentiers battus.
Il vient tout juste de sortir et est disponible ici.4e de couverture :
« La mythologie grecque et les légendes des Indiens de la Cordillère des Andes retracent les prouesses de géants détenant un savoir supérieur à notre technologie. La tradition orale des habitants de l’île de Pâques mentionne des hommes, à la taille peu commune, comme étant les constructeurs des statues moaï.
Laurent Glauzy apporte ici la preuve incontestable de l’existence d’êtres exceptionnels ayant mesuré jusqu’à plus de quatre mètres.
Cités à dix-sept reprises dans la Bible et décrits par saint Augustin au Vesiècle, par le père jésuite Athanase Kircher au XVIIe siècle, archéologue et linguiste de l’Église, ces ancêtres de l’humanité proviendraient de l’Atlantide, royaume mystérieux englouti en 1226 av. J.-C.
Par ailleurs, dans le Critias, Platon affirme que cette île, grande comme un continent, « n’est pas une fable, mais une histoire vraie ». Bien que d’innombrables documents lui soient consacrés par Fernand Crombette, égyptologue et spécialiste de copte ancien, par l’éminent géographe Étienne Félix Berlioux ou encore par le pasteur Jürgen Spanuth, un tel sujet n’occupe qu’une place mineure dans le champ scientifique.
À l’aide d’une bibliographie particulièrement dense, l’auteur expose pourquoi ces réalités, pourtant connues d’une élite occulte et maçonnique, ne sont pas divulguées au grand public, condamné à se rabattre sur des interprétations ésotériques ou fallacieuses, comme celle du darwinisme. Ces pages, riches en découvertes archéologiques, confirment l’inerrance des Saintes Écritures et s’attaquent aux mensonges de la préhistoire et au mythe de « l’homme des cavernes ». Elles réhabilitent le haut degré de civilisation atteint par les géants et les Atlantes de l’Antiquité.
Pour son plus grand émerveillement, le lecteur sera immergé dans l’univers secret des tunnels de l’époque maya, des énigmatiques pyramides de Bosnie-Herzégovine et des plaines chinoises du Qin Chuan.
Le présent ouvrage dévoile aussi le trésor incroyable du père missionnaire Carlos Crespi, qui recèle des plaques en or datant de plus de 2 000 ans, représentant des modèles réduits d’avions et encore bien d’autres mystères de l’archéologie interdite. »
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Salauds de prolétaires
Robert Redeker, professeur agrégé de philosophie, écrit dans le Figarovox que le terme de prolétaire a été abandonné par la gauche :
"La première explication à cette fin du prolétariat tient dans l'épuisement de la croyance en un sens de l'histoire. Est défunte la foi selon laquelle l'histoire s'orienterait dans le temps avec une boussole, qui lui indiquerait son nord et son orient. Elle restait présente jusque dans les pires moments: les révolutions et les guerres. Les fondements philosophiques et scientifiques de la croyance au progrès sont tombés en ruine. L'évolution de l'épistémologie, de l'ethnologie des sciences humaines, et la réflexion spécifiquement philosophique elle-même, ont précipité cette décadence dont Nietzsche le premier, en médecin de la civilisation, avait proposé un pronostic lucide. La découverte de la réalité du stalinisme et l'écroulement du système du communisme historique, ont mis fin à l'opinion selon laquelle le socialisme pourrait remplacer le capitalisme en constituant un progrès par rapport à lui.
Les mots prolétaire et prolétariat en sont venus à passer de vie à trépas aussi pour une autre raison:les prolétaires - comprenons: les prolétaires autochtones, européens - n'étaient pas au rendez-vous. Dans les années 70 une formule devenue cliché méprisant s'est répandue chez les intellectuels de gauche: «le peuple manque». Il n'est jamais au rendez-vous que la théorie a fixé pour lui.En mai 68, puis dans les années 70, les prolétaires, ces ingrats, ont manqué. On - c'est-à-dire les battus de mai - a commencé dès lors à le haïr, le peuple!On a commencé dès lors à le désaimer, le prolétaire. De héros, d'idole, de substitut du Christ pour assurer le salut de l'homme dans l'histoire, il devint leBeauf, il devint Dupont-Lajoie,il devint le sujet méprisé du populisme. La formule des bourgeois apeurés par les partageux d'autrefois était reprise, implicitement, par ceux qui allaient donner naissance au nouvel antiracisme: «salauds de pauvres!»Salauds de prolétaires au gros rouge qui tache! Salauds de souchiens pue-la-sueur! Ils n'ont pas voulu de la révolution, ces Dupont-Ducon!Eh bien nous nous tournerons vers d'autres! Pourquoi ne pas le remplacer, cet ingrat prolétaire autochtone, par de nouveaux levains de l'histoire?Pourquoi pas par le travailleur immigré? Par le sans-papier ? Par le jeune de banlieue? Pourquoi pas par le Rom? L'échec de mai 68 a causé la péjoration du peuple.
Ainsi, l'immigré devint le mime raté du prolétaire. Il en est perçu aussi comme la punition: la promotion de l'immigré est la punition infligée au prolétaire pour avoir manqué à son devoir historique!"