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L'écrivain Luc-Olivier d'Algange venait présenter au Cercle Aristote son dernier ouvrage sur la figure d'Ernst Jünger en compagnie de l'association Exil H.
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L'écrivain Luc-Olivier d'Algange venait présenter au Cercle Aristote son dernier ouvrage sur la figure d'Ernst Jünger en compagnie de l'association Exil H.

À la fin du XVIIIe siècle, dans son opéra La Flûte enchantée, Mozart représentait une apologie de la franc-maçonnerie naissante. Aujourd’hui, deux siècles plus tard, les francs-maçons relèveraient plus de l'opérette. Tamino et Pamina, Sarastro ou Papageno pourraient être députés, maires, présidents d'un conseil départemental, chefs d’entreprise et autres. Leur quête initiatique serait de se servir au lieu de servir et d’élever leurs âmes. Mais lorsque l’arrivisme et la médiocrité du combat politicard remplacent la fraternité dans une quête spirituelle, le but est dévié, l’âme est corrompue, elle se détourne des chemins initiaux.
Sur plus d’un point, je marque mon accord avec mon ami français Guillaume Faye. Nous avons effectivement besoin d’une utopie positive, d’autant plus que la définition de celle-ci correspond à celle du mythe, telle qu’elle nous a été léguée par Georges Sorel : le mythe est le but des efforts déployés. Le mythe est réalisable mais sa réalisation est difficile et exige beaucoup d’efforts pour arriver au succès dans la lutte, exige aussi le sacrifice de soi mais non pas avec cette joie triste des chrétiens dévorés par les lions, plutôt avec l’extase dionysiaque. Le mythe est une projection du pouvoir, générée par des hommes rares qui forgent une conception de l’avenir. Avant de vouloir, il faut créer un projet, susciter l’émergence d’une vision du monde.
Le mythe est donc un bon atout. Les sceptiques nous diront cependant que nos mythes n’inspirent plus que nous-mêmes. Et parmi ces mythes, il y a la conception fausse d’une Europe unie.
On note aussi la persistance, dans les arts, la littérature, la philosophie, la bande dessinée d’évidents courants païens, souvent inconscients. Car le Paganisme ne ressortit pas d’une dénomination, mais d’une attitude vitale spontanée, d’une vision du monde. John Boorman, Michel Maffesoli, et tant d’autres continuent une interminable lignée de Païens qui ne se définissent pas comme tels.
À mon avis, en dépit d’une évidente parenté des conceptions du monde, la grande différence entre le Paganisme hindou et celui des Païens d’Europe, c’est que le premier, n’ayant pas connu de discontinuité ni d’acculturation, est resté très proche des religiosités populaires de l’Antiquité européenne : on croit, réellement, au premier degré, à l’existence du panthéon divin. Il est impossible d’en revenir, en Europe, à cette posture.

Une crise sanglante, qui peut être mortelle pour notre civilisation, secoue le monde entier.
Nous en avons suivi le développement, non pas en malade qui, dans sa souffrance et la fièvre, gémit sur son lit de douleur et s'irrite contre le coup imprévu qui l'a terrassé, mais en médecin qui, de sang-froid, armé de son stéthoscope, cherche à découvrir les causes profondes du mal qu'il veut guérir.
Nous pouvons maintenant tenter un diagnostic, et essuyer de prévoir l'évolution de la maladie.
En un quart de siècle, notre génération a vu deux guerres mondiales. Dans la première, l'ancien Reich se proposait de conquérir sa « place au soleil ». Il voulait s'assurer, comme les autres, des zones de débouchés, des « chasses gardées » réservées à son industrie en plein développement. Ses concurrents, déjà trop à l'étroit, voulaient l'en empêcher. Ce fut une guerre impérialiste, comme tant d'autres.
Vaincu, il ne lui restait que la ruine et la défaite, avec un lointain espoir de revanche, qui n’intéressait que lui.

Pour moi — et cette approche surprend ou choque certains Païens — le Paganisme est non seulement associé à une esthétique de la “nature menaçante”, à une vision des divinités comme entités empreintes d’une certaine brutalité, d’une sauvagerie vengeresse (la “Chasse sauvage” entourée d’une aura de sortilèges et d’imprécations, le fantastique roman de Machen, Le Grand Dieu Pan où les Dieux antiques resurgissent, transfigurés et vengeurs, en pleine Angleterre moderne), mais aussi au déchaînement prométhéen de l’hubris technoscientifique — il ne s’agit pas ici d’en parler d’un point de vue socio-idéologique — qui m’a toujours semblé porteur d’une part majeure de l’âme païenne (qu’on songe à Vulcain-Hephaïstos, le Dieu des forges) dans la mesure où par la “technique-de-puissance”, à distinguer de la “technique-de-confort”, l’homme européen a toujours voulu inconsciemment concurrencer la puissance divine et se l’approprier.