
L’une de ces deux positions nie radicalement la société, l’autre l’affirme souverainement, et c'est avec une conscience tendant à la limite de l'extrême que Donoso Cortés ne voit guère de juste milieu à cette alternative : « Ou bien... ou bien… », soit la civilisation catholique, soit la civilisation philosophique, selon les mots de l’époque, c'est-à-dire la civilisation qui enseigne que la nature de l’homme est déchue ou la civilisation qui enseigne au contraire que la nature de l’homme est une nature parfaite et saine et que la solution du problème social réside dans la rupture avec tous les liens qui compriment et assujettissent la volonté humaine. « Entre ces deux civilisations, il y a un abime insondable, un antagonisme absolu » (lettre à Montalembert du 26 mai 1849). D'ou la nécessité polémique pour Donoso et non dogmatique comme le relevait Carl Schmitt - d'affirmer la radicale malignité de l’homme dans son Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme : « Si mon Dieu n'avait pas pris chair dans les entrailles dune femme, et s'il n'était pas mort sur une croix pour tout le genre humain, le reptile que j'écrase sous mon pied serait à mes yeux moins méprisable que l’homme. »

