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culture et histoire - Page 880

  • Le renouveau de la Russie

    6a00d83451619c69e201b8d2e09223970c-250wi.jpgDans l'Incorrect, Fabrice Sorlin dresse le portrait du renouveau en Russie. Extraits :

    "[...] Si la Russie connut un véritable renouveau spirituel dès la libéralisation de la religion en 1991, la période bolchévique laissa en revanche plus de traces dans certains domaines sociétaux. C’est le cas notamment de la GPA, faiblement utilisée quoique banalisée, et de l’avortement dont les chiffres sont encore très élevés. Apparue la première fois en 1995 dans un contexte d’instabilité politique et de chaos sociétal, la GPA fut autorisée comme « remède » à l’hiver démographique que traversait le pays et fut encadrée en 2012 par une loi. Cependant la GPA, qui en 2015, concernait 508 naissances, ne fait toujours pas l’unanimité en Russie. Plusieurs fois, des voix politiques se sont élevées pour dénoncer «cette violation flagrante des droits de l’enfant ». Durant l’été 2017 déjà, un projet de loi fut soumis à la Douma pour la faire interdire mais fut finalement rejeté. Reprise en mains par Anna Kuznetsova (mère de six enfants), conseillère aux droits de l’enfant auprès de Vladimir Poutine, cette loi va à nouveau être en discussion à la Douma prochainement. Et elle aura le soutien de l’Église orthodoxe russe, en première ligne depuis longtemps pour condamner cette pratique.

    L’avortement, quant à lui, fut utilisé comme moyen de contraception dès son autorisation en 1920, et se banalisa à tel point qu’en 1965, le ministère de la Santé russe enregistra un pic vertigineux de 5,5 millions d’avortements dans l’année. Ce chiffre diminuera progressivement pendant de longues années, mais c’est le double apport de l’influence de l’Église et du lancement d’une politique pro-famille efficace qui le réduira à son plus «bas» niveau jamais enregistré de 700 000 en 2017. Ce chiffre encore élevé s’explique en partie à cause des derniers soubresauts du matérialisme et du relativisme moral de la période bolchévique dans certaines mentalités. En Russie, la transmission des valeurs s’effectue en effet beaucoup par les grands-mères, très influentes dans une société russe matriarcale. Or, certaines d’entre elles encore marquées par cette époque où donner la vie était difficile, ont comme adopté cette phrase tristement célèbre de Lénine: «Pourquoi donner vie à la misère?» Elles influencent alors leurs petites filles en les décourageant souvent, et ce malgré les différentes solutions que l’État s’est efforcé d’apporter depuis plusieurs années.

    Ce mépris de la vie humaine affiché par les Soviétiques ne fut pas sans conséquence sur la démographie du pays qui, malgré un rebond notable ces dernières années, connut un véritable effondrement au cours de la décennie 1990-2000. Tout semblait alors indiquer un déclin irréversible de la population russe, ayant pour conséquence un affaiblissement progressif du pays et son incapacité à demeurer une puissance mondiale.

    Vladimir Poutine prend vite conscience de la nécessité de remettre les valeurs traditionnelles au centre de la société. Le 31 décembre 1999 déjà, le jour-même où le président Eltsine annonçait son départ, Vladimir Poutine alors encore premier ministre publie un texte dont la phrase suivante résonne comme un programme : « Le choix d’assurer les nécessaires dynamiques de croissance n’est pas seulement un problème économique. C’est aussi un problème [...] idéologique, spirituel et moral. Il me semble que cette dernière dimension est d’une importance particulière dans nos efforts actuels pour assurer l’unité de la société russe. » [...]

    Vladimir Poutine a d’abord œuvré à favoriser l’Église orthodoxe, ce qui a permis un réveil progressif de la foi se traduisant par une montée régulière de la pratique religieuse dans le pays. Par une loi votée en 2010, le gouvernement russe permit la restitution des biens spoliés par la révolution bolchévique. En 2012, il octroya près de 80 millions à l’Église orthodoxe et augmenta sa visibilité dans les médias. Ces mesures ont rapidement porté leurs fruits. Près de 3000 églises sont sorties de terre ces 10 dernières années, et si 17 % seulement de la population se considérait orthodoxe en 1989, ils sont 68 % en 2014.

    Ce renouveau religieux précède et accompagne la politique en faveur de la défense de la famille, mise en place sous la présidence de Dmitri Medvedev, poursuivie et même renforcée depuis le retour de Vladimir Poutine. Celui-ci a considéré le problème de la démographie comme une priorité nationale et déclara publiquement que désormais «la norme c’est 3»! Longtemps en chute libre, notamment pendant les années 90, passant de 1,89 en 1991 à 1,17 en 1999, le taux de fécondité est fortement reparti à la hausse pour atteindre 1,78 en 2016.

    Retour de l’Église et de la foi dans l’espace public, augmentation de sa visibilité et de son influence morale auprès de la population, politique nataliste incitative, mesures pro-vie : le chemin parcouru en 18 ans est immense. Cependant, parfaitement conscient du danger mortel que font peser les nouvelles «valeurs» occidentales fortement influencées par l’idéologie LGBT, le gouvernement a simultanément voté un certain nombre de lois pour en protéger les familles. Interdiction de la propagande homosexuelle devant mineur, fermeture des plus grosses plates-formes internet pornographiques, loi interdisant la vulgarité dans l’art et dans les films...

    Le 4 novembre 2016, Vladimir Poutine choisissait d’inaugurer lui-même, non loin du Kremlin, une statue géante de Vladimir 1er qui reçut le baptême en 988 et imposa le christianisme à la Russie. Deux ans plus tôt à Paris, place Vendôme, était installé avec la complaisance des autorités politiques un plug anal géant. À chacun son programme!"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • MÉMOIRES DE JEAN-MARIE LE PEN : LA PRESSE S’ATTAQUE À SES LECTEURS

    À défaut de pouvoir empêcher le succès de ses Mémoires, une certaine presse, qui n’est pas la plus objective, s’en prend aux lecteurs de Jean-Marie Le Pen en utilisant des procédés que la défunte Stasi n’aurait pas reniés. C’est ainsi que, dans sa version numérique du 2 mars, un quotidien recense « ce que les lecteurs de Jean-Marie Le Pen ont également acheté », d’après les indications données par le site Amazon.

    Dans un bandeau initial, ces cinq titres : Autres pamphlets, de Louis-Ferdinand Céline, Le Grand Remplacement, de Renaud Camus, Le Suicide français, d’Éric Zemmour, L’Ordre et le Désordrede Charles Maurras, Mon Testament politique et privé, d’Adolf Hitler. Un échantillon sans doute destiné à insinuer que les lecteurs de Le Pen sont tous d’incorrigibles fachos.

    Pour paraître faire un travail de journaliste, l’auteur de ce brillant article déclare avoir contacté Amazon, qui « n’a pas souhaité répondre à [ses] questions sur le fonctionnement de ces recommandations ». En revanche, il n’hésite pas à affirmer péremptoirement que « les thèmes défendus par l’homme politique controversé depuis des décennies semblent coller à ceux de ses lecteurs ».

    Et de préciser que Charles Maurras est un « antisémite d’extrême-droite assumé et Vichyste notoire », que même Marine Le Pen a pris ses distances avec les thèses de Renaud Camus, que son père qualifie la torture en Algérie d’« interrogatoires spéciaux » et autres amabilités pour discréditer ce ramassis de factieux.

    Il n’oublie pas d’écorcher L’Histoire de France de l’historien Jean-Christian Petitfils, cher « aux adeptes de l’identité nationale ». Bizarrement, il ne cite pas Notre patrie, de Charles Péguy, De Lattre, d’Ivan Cadeau, ni L’Archipel du goulag, d’Alexandre Soljenitsyne. Encore moins Rivière sans retour, film avec Robert Mitchum. Sans doute ces exemples ne s’adaptaient-ils pas suffisamment à sa démonstration simpliste ?

    Ce n’est pas parce qu’on lit un ouvrage d’Hitler qu’on est nazi, tout comme on n’est pas nécessairement marxiste parce qu’on lit Marx. Quant à Maurras, dont il rappelle avec délectation qu’il a été retiré du Livre des commémorations 2018, l’auteur de l’article ne l’a manifestement pas lu. Sans quoi il saurait qu’il fut profondément anti-allemand et hostile aux collaborationnistes.

    Ce qu’il y a de sûr, c’est que l’emploi de citations hors contexte ou de formules assassines ne suffit pas à faire un bon journaliste. Ce type de papier est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut garder quelque crédit : sectarisme, désinformation, amalgame, insinuation, voire délation. Tous procédés qui sont plus le propre des régimes totalitaires que de la liberté de l’esprit.

    La curiosité intellectuelle, ça existe ! Elle vaut toujours mieux que l’adhésion aveugle à la pensée unique, qui dispense de penser et de réfléchir.

    http://www.bvoltaire.fr/memoires-de-jean-marie-pen-presse-sattaque-a-lecteurs/

  • Aristote et le royalisme

    « L’homme est par nature un animal politique[1] »


    Aristote, chantre de la Loi naturelle, défenseur du gouvernement modéré et, depuis que les républicains ont pris en charge l’endoctrinement généralisé de la population, défenseur d’un amalgame honteux entre la République, la démocratie et le gouvernement constitutionnel.

    La république compte bien, mes amis, que nous nous contentions de gober les recensions qu’on fait d’Aristote pour nous convaincre que, depuis l’aube de la philosophie[2], on a largement considéré que Démocratie et république sont l’alpha et l’oméga de l’excellence politique.

    Cette lecture est partiale[3], évidemment, et emprunte davantage sa méthode d’interprétation à un régiment de chars Leclerc qu’à la subtilité requise pour la lecture d’un ouvrage.

    Alors tirons quelques grands principes de notre lecture, citations à l’appui :
    ⇒ La base de la société, de la cité, c’est la famille. Or celle-ci se rapproche du gouvernement monarchique : « Le pouvoir du chef de famille est une monarchie[4] »
    ⇒ La cité ne peut être bien gouverné par des hommes mauvais, ni ne peut être bien gouverné par des hommes bons et des lois mauvaises : « Il semble impossible qu’une cité ait une bonne législation si elle n’est pas gouvernée par les meilleurs mais gouvernés par les pires, et, de même, que soit gouvernée par les meilleurs celle qui n’a pas une bonne législation. Mais une bonne législation ce n’est pas d’avoir de bonnes lois auxquelles on n’obéit pas[5]. »
    ⇒ La tyrannie nait de régimes politiques dévoyés : « Car une tyrannie peut venir aussi bien d’une Démocratie débridée que d’une oligarchie, mais beaucoup moins des constitutions moyennes et celles qui sont proches[6]. »
    ⇒ Que le Roi veille à l’équilibre : « Ce vers quoi tend le roi c’est à être protecteur, de manière que ceux qui possèdent des richesses ne subissent aucune injustice et que le peuple ne subisse aucun excès. […] Le but du tyran c’est le plaisir, celui du roi le bien[7]. »

    Aristote, dans sa recherche de la « constitution excellente » ne prend pas fait et cause pour la royauté, il serait contraire à la vérité de le dire. 
    Mais dressant le portrait des différents régimes envisageables de son temps, il reconnait les mérites inhérents de la royauté et, parce que le Roi dirige entouré de conseillers, parmi les meilleurs, lui reconnait les vertus de l’Aristocratie associées à la vertu protectrice d’un Roi.

    Dans tous les systèmes qu’il passe en revue, la royauté est un de ceux les plus cohérents et les plus matures.
    Henri Foisches. 

    [1] Aristote, Les Politiques, Livre I- Chapitre II, Ed : Pierre Pellegrin, Flammarion, 1993. Toutes les citations suivantes sont issues de cette version.
    [2] Aristote (384-322 av. J.-C.) vivait au IVeme siècle avant J.-C., soit il y a vingt-quatre siècle.
    [3] C’est-à-dire ni totalement fausse, ni totalement vraie.
    [4] Aristote, Les Politiques, Livre I- Chapitre VII, p.108.
    [5] Aristote, Les Politiques, Livre IV- Chapitre VIII, p.304.
    [6] Aristote, Les Politiques, Livre IV- Chapitre XI, p.314.
    [7] Aristote, Les Politiques, Livre V- Chapitre X, p.388.

    http://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/2617-aristote-et-le-royalisme

  • JEAN-MARIE LE PEN : « ÊTRE PUPILLE DE LA NATION M’A PROFONDÉMENT MARQUÉ. IL ME SEMBLAIT QUE J’AVAIS PLUS DE DROITS ET PLUS DE DEVOIRS »

    Jean-Marie Le Pen vient de publier le premier tome de ses mémoires : « Fils de la nation ».

    Marin, président de la corpo, député poujadiste, officier de Légion, candidat à la présidentielle… Jean-Marie Le Pen dit, dans son livre, avoir eu « mille vies ». Bien des aspects en sont méconnus par le grand public qui ne connaît que l’homme politique « honni ». Jean-Marie Le Pen les évoque au micro de Boulevard Voltaire, multipliant les anecdotes et les rapprochant de l’actualité, avec cette verve et ce talent si particuliers que lui ont reconnus jusqu’à ses plus farouches adversaires. 

    http://www.bvoltaire.fr/etre-pupille-de-nation-profondement-marque-me-semblait-javais-plus-de-droits-plus-de-devoirs/

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [XIX]

    L'admirable série que nous réaliserions en mettant en images le Gil Blas de Lesage ... 

    Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LE RÈGNE DE LA QUANTITÉ S'ACHÈVE

    Il convient de revenir au précepte de Saint-Paul : « qui ne travaille pas ne mange pas ». L'allocation chômage fut conçue comme un expédient économique : il fallait, pour écouler les stocks permettre aux chômeurs de continuer de consommer. On a justifié ce qui n'était qu'une habileté tactique par des considérations morales. Des hommes qui perdent leur emploi recevraient ce droit d'être nourris, logés, blanchis aux frais de la nation. Ils n'ont aucun droit de ce genre. Par contre, en stricte justice, tout citoyen a droit au travail, le droit de faire vivre sa famille de son travail. L'imposture c'est de s'accommoder de la violation par la société de ces deux droits là, qui sont fondamentaux puisque liés à la nature de l'homo faber, sous prétexte qu'elle prend momentanément leur entretien à sa charge. Puisque ce n'est pas le travail qui manque mais l'argent pour le payer elle a le devoir de trouver cet argent. Ce qui suppose une réforme fiscale et une réorganisation du système bancaire, par le recours aux traites de travail. L'argent existe. Il ne s'agit que de mieux l'utiliser.

    Mais les évidences deviennent des utopies quand elles se heurtent à la résistance de corps sociaux assez puissants et si bien organisés qu'ils leur font écran. L'Etablissement a laissé proliférer une plèbe moderne, plusieurs millions de manœuvres aux écritures dans la fonction publique, les banques, les caisses d'épargne, les assurances. Ces gens ont un emploi. Officiellement, ils travaillent mais ce qu'ils font est soit inutile, soit nuisible, soit se ferait mieux à moindre frais par la machine. Assez mal payés, donc revendicateurs, ils ont obtenu, par un système de primes, d'avantages sociaux, de privilèges financiers, un sursalaire, d'ordinaire dissimulé.

    De jeunes français refusaient de devenir ouvriers d'usine. On ne le leur reprochera pas. Le système Taylor a disqualifié le travail manuel. Si l'on avait automatisé, on aurait pu, comme au Japon, attirer des bacheliers dans les ateliers. Le rendement financier, envisagé à court terme, poussait à con­server, aussi longtemps que possible des O.S., astreints à des tâches ennuyeuses, au milieu d'un bruit assourdissant que seuls les immigrés acceptaient. On a donc utilisé une partie des bénéfices obtenus grâce aux gains de productivité, non à moderniser l'industrie et à financer la recherche mais à créer ex nihilo, des emplois de bureau. De 1950 à 1982, on a systématiquement camouflé le chômage des jeunes en les utilisant d'une façon séduisante. En France, l'employé de bureau a toujours été mieux considéré que l'ouvrier. Faire de son fils un fonctionnaire est le rêve du travailleur manuel.

    Il se trouve qu'absurdement gonflée, la plèbe moderne est condamnée à disparaître. Les entreprises privées commencent à « dégraisser » leurs sièges sociaux. Les banques, les assurances, les caisses d'épargne qui sont nationalisées, la Sécurité Sociale aux mains des syndicats se débrouillent pour que l'introduction de l'informatique n'ait aucune incidence sur le niveau de l'emploi. La durée effective de travail ne dépasse pas trente heures par semaine. Elle est plus près de vingt-quatre dans certains établissements, l'absentéisme étant admis, parfois encouragé. Une partie du personnel « libéré » est affecté à l'accueil du public ou au renforcement des contrôles. Ce gaspillage de main-d'œuvre coûte cher. Obtenir que la semaine de 39 heures soit respectée, supprimer les postes inutiles provoquerait du chômage. Sans doute, du moins dans un premier temps. Mais les économies réalisées favoriseraient la relance des investissements en réduisant les charges sociales, les frais de banque ou d'assurances et, par l'effet de déversement, engendreraient des emplois. L'existence de centaines de milliers de parasites, dans le meilleur des cas improductifs, dans le pire anti-productifs constitue l'une des causes de la crise.

    Certains ministères devraient être purement et simplement supprimés, à commencer par celui de la culture. L'Etat exerce son mécénat de façon déplorable. Les divers régimes qui se sont succédé depuis 1789 ont fait la démonstration de la médiocrité de leur goût. Systématiquement, ils ont encouragé les pompiers d'arrière puis d'avant-garde au détriment des créateurs. Il s'est trouvé des amateurs, des marchands pour s'intéresser aux impressionnistes. Pas beaucoup mais qu'achetait donc l'Etat ? La meilleure façon, pour l'administration d'encourager les lettres et les arts reste encore de ne pas s'en occuper. Qu'un film, qu'une pièce connaissent le succès, les voici frappés de lourdes taxes, tandis que des troupes ringardes et des films minables sont arrosés de la manne ministérielle. Le principe égalitaire, qui pénalise la réussite pour secourir l'échec n'est jamais plus néfaste que dans le domaine culturel. L'on nous explique que l'Etat a le devoir de soutenir des œuvres ambitieuses, qui ne sauraient, d'elles-mêmes atteindre un public suffisant pour assurer leur rentabilité. Ce raisonnement se fonde sur l'idée qu'lin fonctionnaire, du moment qu'il appartient au ministère de la culture, possède un jugement esthétique supérieur à celui des contribuables. L'Etat qui s'est arrogé bien des monopoles s'approprie aussi, celui du goût. L'expérience, malheureusement, prouve qu'il est, comme la majorité des citoyens d'ailleurs, conformiste. Rien là que de normal. Au début, un créateur véritable n'est reconnu que par un petit nombre.

    Que l'Etat favorise donc le mécénat privé. Sur cent amateurs quatre-vingt-quinze se trompent. Ils préfèrent Rosa Bonheur à Manet. Il en reste cinq qui savent reconnaître le génie à l'état naissant. Ce qui laisse cinq pour cent de chances au créateur. L'Etat ne lui en accorde aucune.

    Devons-nous pour autant souhaiter, comme le font certains, que la culture soit livrée à la seule initiative privée ? Dans tous les domaines peut-être, sauf un, celui de l'audio­visuel. Les enjeux sont trop importants pour qu'il s'en désintéresse. En effet, nous entrons dans ce que l'on nomme, bien improprement, une société de communication. L'on entend par là non que les gens communiqueront de plus en plus entre eux mais qu'ils auront davantage de moyens, de « médias », à leur disposition.

    La libéralisation de la télévision risque de se révéler désastreuse, culturellement. Nous serons submergés de « séries » américaines ou, pis, brésiliennes, à bon marché. Il convient que l'Etat conserve au moins une chaîne, la confie à un professionnel sérieux - Il y en a encore quelques-uns —et lui accorde des fonds considérables. Cette chaîne devrait défendre la chanson française et produire, à - partir des grandes œuvres de la littérature française et européenne, des films de valeur que nous vendrions, à des prix relativement bas, aux télévisions francophones. Sur cette chaîne seuls les produits fabriqués dans notre pays, seraient autorisés à faire de la publicité. Gérée comme une entreprise privée, indépendante du pouvoir politique, cette chaîne se donnerait pour objectif non le taux d'écoute mais la qualité des programmes. On n'empêchera pas les gens de préférer un chanteur américain à l'adaptation d'un roman de Balzac. Par contre on peut acquérir, dans le monde, une réputation indiscutée. La B.B.C. y est bien parvenue. Il faudra, dans un proche avenir considérer les « biens culturels » sous l'angle économique. On exportera de plus en plus de disques, d'émissions de télévision et même de livres. Notre seule chance, compte tenu de l'étroitesse du marché national, reste d'utiliser notre réputation. Il faut jouer la carte de la qualité. Jamais nous ne réaliserons l'équivalent de « Dallas », une tentative récente le prouve. Par contre, imagine-t-on l'admirable « série » que nous réaliserions en mettant en images le « Gil Blas » de Lesage ?     A suivre  (A venir : Une machine à fabriquer des chômeurs).

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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