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islamisme - Page 396

  • Chronique de livre : Guillaume Faye "Comprendre l'islam"

    3671887558.jpgLe retour de l’Islam au premier plan de la scène mondiale est indéniablement l’un des événements majeurs du XXe et du XXIe siècles. Ce dernier est source de polémiques diverses, suscite rejet, parfois haine mais aussi l’inverse. D’un point de vue historique, les royaumes musulmans et l’empire Ottoman furent pendant de nombreux siècles l’ennemi (extérieur) de l’Europe, voyant cette dernière comme terre de conquête. Mais le voilà implanté chez nous depuis maintenant plusieurs décennies à cause des torrents migratoires se déversant sur notre continent ainsi que des politiques dites de « regroupement familial ». Ce phénomène, facilité par de nombreuses complicités, est considéré par certains comme un enrichissement culturel, par d'autres comme une invasion et même parfois comme une conquête, est-il à craindre ? A l’aulne des attentats du 7 janvier 2015 et de la tragédie du 13 novembre 2015, il est, à fortiori, légitime de se poser une telle question. Connaître et comprendre l’Islam s’impose donc comme une nécessité. Le dernier livre de Guillaume Faye qui s’appelle justementComprendre l’Islam arrive ainsi à point nommé.

    Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est au préalable impératif d’apporter quelques précisions concernant quelques-unes des positions et idées défendues par l’auteur. En effet, Guillaume Faye qui fut autrefois, à l’instar d’un Alain de Benoist, l'une des locomotives du GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne) est souvent considéré comme, au mieux, un provocateur, au pire un traitre. Au C.N.C. nous préférons mettre de côté les débats passionnels et passionnés pour nous concentrer sur les idées. Et bien que nous souscrivons à certaines d’entre elles, qui relèvent toutefois de l’évidence, d’autres nous posent déjà plus de problèmes. Comment en effet adhérer au libéralisme dorénavant et explicitement soutenu par l’auteur ? A ce titre il est d’ailleurs bon de préciser que Comprendre l’Islam est édité chez Tatamis, les éditions de Jean Robin, qui se définit justement comme un libéral-conservateur (sic). Concernant le positionnement de Guillaume Faye sur la Russie, le lecteur du C.N.C. ne sera pas surpris quant à notre exaspération envers sa « Russolâtrie » et nos doutes sur son concept d’ « Eurosibérie » (concept séduisant mais problématique développé dans son ouvrage L’Archéofuturisme, ouvrage stimulant et vivifiant au demeurant). Mais le point le plus problématique réside dans le philosémitisme pro-sioniste présumé de Faye. Et autant prévenir d’emblée que de ce côté-là les détracteurs de l’alter ego de « Skyman » ne vont pas être déçu à la lecture de ce livre !

    Quant à nous, notre position est simple : nous essayons avant tout de prendre de la hauteur sur le sujet. Nous ne suivons pas la monomanie des antisémites carabinés qu'ils soient « nostalgiques » ou « réconciliés » et nous rejetons les partisans d’une quelconque alliance avec le Sionisme et Israël, tactique de plus en plus répandue en Europe et défendue par certains partis ou hommes politiques dans le spectre des droites, souvent poutinolâtres par ailleurs. Si le nombre de juifs à des postes influents ou la politique de l’Etat d’Israël ne sont certes pas les préoccupations prioritaires des Français, à l’inverse de l’immigration, du chômage ou de l’Islam, il convient toutefois de ne pas se voiler la face sur le sujet. Par conséquence nous ne partageons pas du tout certaines affirmations développées par Guillaume Faye dans ce livre concernant les juifs, leur élite et Israël. Les points ayant été mis sur les « i », passons aux choses sérieuses.

    Comprendre l’Islam s’articule autour d’une thèse centrale qui veut que l’Islam opère un basculement « archéofuturiste », c’est-à-dire à un retour de l’archaïque dans le présent sous des oripeaux modernes. C’est le cas par exemple de l’Etat Islamique qui combine à la fois l’horreur takfiriste et le sens du spectacle (mise en scène, production vidéographique de qualité, etc.). En revanche, son but est demeuré inchangé : La Loi d’Allah doit s’imposer sur terre dans un régime politico-religieux totalitaire (l’Islam ne reconnait pas la séparation temporelle/spirituelle), le Califat. Cette domination s’opère en trois temps :

    1) Le « Dar al-Suhr » où le musulman n’est pas en position de conquête et se sert de la « taqiya » pour tromper son monde en attendant le moment propice pour agir.
    2) Le « Dar al-Arb » qui est la conquête en cour (en terme de lutte armée ou démographique).
    3) Le « Dar al-Islam » ou terre conquise par l’Islam et régie par la Charia.

    Pour Guillaume Faye, le choc civilisationnel (Occident contre monde musulman), la colonisation de peuplement et ses corolaires (grand remplacement du substrat ethnique européen et islamisation culturelle) ainsi qu’un risque terroriste en constante augmentation incarnent indubitablement les dangers liés à l’Islam. Jusqu’ici, le lecteur n’apprendra pas grand-chose car, pour peu que l’on habite dans une ville de taille moyenne ou dans une grande ville, il suffit de sortir de chez soi pour s’en rendre compte très vite. De l’Islam, on n’apprend en définitive pas grand-chose. Aucune explication sur les différences entre Sunnisme, Chiisme ou Soufisme par exemple… Faye, qui se réclame pourtant d’une méthode et d’un esprit que l’on qualifiera de scientifique par facilité de langage, n’étaye quasiment jamais ses affirmations de citations du Coran. Un manque de rigueur se fait sentir tout au long de la lecture du livre accompagné par de nombreuses redites inutiles. N’espérez donc pas comprendre et connaitre l’Islam de façon sérieuse et documentée... Une fois la lecture de Comprendre l’Islam achevée, on réalise que le titre aurait dû être « Comprendre pourquoi Guillaume Faye n’aime pas l’Islam ». Alors oui, les arguments se tiennent et on tombera d’accord à plusieurs reprises avec lui... mais le lecteur voulant se documenter sur l’Islam sera extrêmement déçu. Pour tout dire, ce livre est centré autour de Guillaume Faye. D’une part car sa vision de l’Islam est purement subjective et sert de prérequis, au lieu d’avoir une analyse objective, détaillée et sérieuse suivie d’une critique argumentée. Ensuite, et c’est là où ça devient véritablement n’importe quoi, le lecteur assistant à un réglage de compte en bonne et due forme.

    La couverture de Comprendre l’Islam est quasiment la même que celle deComprendre l’empire d’Alain Soral. A la vue des critiques à l’encontre du président d’Egalité & Réconciliation et de Dieudonné, on devine sans peine que ce mimétisme graphique est tout sauf un hommage. Par ailleurs, ces derniers ne sont pas les seuls à être durement écornés dans le livre. L’extrême-droite antisémite en prend pour son grade elle aussi. Et on arrive au gros problème de ce livre, à savoir le parti pris clairement et outrancièrement philosémite de Guillaume Faye qui confère parfois au ridicule. L’islam est comparé de manière récurrente au communisme mais surtout au nazisme. On découvre ainsi que Roger Cukierman, président du CRIF, est une source d’inspiration pour Guillaume Faye! Affirmer que l’Islam et le Nazisme seraient comparables mutatis mutandis tout en citant Carl Schmitt et sa conception de la désignation de l’ennemi tout au long de l’ouvrage est quand même sacrément cocasse ! Le sous-chapitre intitulé « Les juifs face à l’islamisation » aurait pu être écrit par Gilles-William Goldanel ou Meyer Habib. Pire, dans un sous-chapitre concernant la victimisation des palestiniens, Guillaume Faye va jusqu’à affirmer que : « les roquettes tirées sur les bourgs israéliens depuis les zones urbanisées de Gaza avaient pour unique but de faire réagir l’aviation et l’artillerie israéliennes dans l’espoir que, malgré toutes les précautions de Tsahal, des frappes collatérales fassent le plus grand nombre de victimes possibles ». Guillaume Faye oublie volontiers le nombre de résolutions de l’ONU bafouées par Israël mais peut-être que cette organisation de haute-autorité est un repère d’islamistes antisémites pratiquant la taqiya ?

    Synthétisons: ce livre est à éviter d’urgence si vous souhaitez comprendre l’Islam. Il ne vous apportera rien de concret. On ne peut pas en dire de même de l’auteur qui aura surement droit à son stand au prochain salon du livre du B’naï B’rith.Comprendre l’Islam est une déception et apparait comme le crépuscule d’un auteur autrefois brillant, maintenant reconverti dans un néo-conservatisme russolâtre et philosémite. Le Μηδὲν ἄγαν (Medèn ágan), cette « juste mesure » opposée à l’hubris et invoquée par Guillaume Faye dans certaines de ses œuvres, est définitivement mort et enterré.

    Donatien / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

  • 2016, année de tous les dangers

    La France commémorera cette  semaine le premier anniversaire de  la tuerie de Charlie hebdo, puis de l’hyper cacher, jalon sur la route menant de la sanglante équipée  de Mohammed Merah et  aux massacres du 13 novembre.Charlie Hebdo, il n’est certes pas le seul, continue aujourd’hui de filer sans grande intelligence la comparaison  entre méchants barbus fous d’Allah et odieux cathos frontistes.Deux familles mises sur le même pied d’égalité qui seraient bien décidées à museler nos libertés  françaises. Charlie Hebdo est aussi le vecteur, là aussi un parmi d’autres, du concept  d’ islamofascisme. Or comme le notait récemment le politologue  Nicolas Lebourg, «ce mot est un non-sens historique et intellectuel, récusé par la totalité des historiens du fascisme. Vouloir assimiler les deux phénomènes ne sert à rien et témoigne d’une incapacité à penser la violence, la radicalité et les sociétés fermées hors des totalitarismes européens du XXe siècle. Ils ne se rapprochent guère que dans leur conception de la société comme un tout organique, autoritaire et hiérarchisé ». Même analyse de son collègue Jean-Yves Camus : «ce qui me frappe chez les essayistes qui utilisent ce terme, c’est leur incapacité à penser un objet qui est le principal totalitarisme contemporain, autrement que par référence à un objet antérieur (…). Je veux souligner deux différences fondamentales entre islam radical et fascisme. D’abord les régimes islamistes s’inscrivent dans la logique du libéralisme économique. Ensuite l’Etat islamique n’a pas pour objectif de forger un homme nouveau mais de revenir à l’homme musulman des origines ».

    Il est vrai que même François Hollande est aujourd’hui accusé, jusqu’au sein du PS mais aussi par une partie de la droite, de vouloir attenter au pacte républicain, de  s’éloigner de l’homme socialiste des origines, de  la doxa progressiste, libérale-libertaire sur la nationalité.   Le Chef de l’Etat a ainsi renouvelé lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre, son souhait de déchoir de la nationalité française les binationaux coupables de terrorisme, emboitant le pas  sur ce thème  au FN.

    L’Obs a souligné sur son site que certains politiques, favorables à cette mesure,  appellent cependant «François Hollande et Manuel Valls à réformer la déchéance de nationalité, sans toucher à la constitution ». C’est le cas de  Paul Quilès, l’ancien ministre de François Mitterrand » qui «dans une pétition (…)  explique (que) ce projet de révision constitutionnelle ouvrirait la porte à des extensions dangereuses, déjà demandées par l’extrême-droite pour aller beaucoup plus loin».

    Le site du magazine  rappelle ainsi un tract diffusé lors de la campagne présidentielle de Marine en2012, intitulé Double nationalité : il faut en finir, qui « (proposait)  non seulement la suppression de la double nationalité mais aussi la déchéance de leur nationalité française pour les binationaux condamnés pour des faits délictuels ou criminels». Etaient visés ici, comme dans les programmes plus anciens du FN, les binationaux se rendant coupables de crimes particulièrement odieuxcontre les plus faibles  (femmes, enfants,  personnes âgées, handicapées…), mais aussi les gros  trafiquants de drogue.

    Plus largement, Bruno Gollnisch rappelle incidemment  pour sa part, dans un domaine connexe,  que  la possibilité même d’expulser dans son pays d’origine un criminel une fois sa peine achevée sur notre territoire fut supprimée par Nicolas Sarkozy lors de son quinquennat.Mais surtout que la question de la déchéance de  nationalité  envisagée aujourd’hui (a minima) par M. Hollande et une partie des élus de LRPS,  ne se poserait pas si l’on ne fabriquait pas à la chaine des Français de papier. Et ce,  au nom de l’inique droit  du sol,  d’un code de la nationalité qu’il s’agirait de réformer à la lumière des défis migratoires de ces dernières décennies…

    Autres défis, autres tensions lourdes de menaces, celles qui agitent ces dernières heures deux puissances rivales de longue date, l’Arabie saoudite wahhabite,  cet «Etat islamique (Daech)  qui aurait  réussi» selon la définition qu’en donne Eric Zemmour, et l’Iran chiite. Une hostilité réactivée  depuis que  le  cheikh Al-Nimr, 56 ans,  a été exécuté samedi, reconnu coupable de terrorisme, sédition, désobéissance au souverain et port d’armes  avec 46 autres personnes en Arabie saoudite.

    Le chiite Mohammed al-Nimr, qui avait étudié la théologie plus de dix ans en Iran,  était un opposant pacifique mais très critique  du régime saoudien. Il défendait avec un grand talent la cause de la minorité chiite vivant en Arabie saoudite allant même jusqu’à proposer son autonomie dans le cadre d’une scission territoriale.

    En septembre dernier, à Bruxelles, François Hollande s’était fendu d’une déclaration demandant  que l’Arabie saoudite renonce à la décapitation puis à la crucifixion d’un  neveu de Mohammed al-Nimr, à savoir  Ali al-Nimr, 21 ans,  condamné à mort le 27 mai 2014 pour avoir participé à des manifestations du Printemps arabe en 2012. Mais il était  resté muet, comme ses homologues européens et les Etats-Unis,  sur  la nomination de l’Arabie saoudite  à la tête d’une descommissions consultatives du   Conseil des droits de l’homme  de l’ONU !

    Dans un communiqué paru dimanche et émanant du  ministère des Affaires étrangères, la France  a «(déploré) profondément » les « exécutions » commises en Arabie saoudite…Bref, le service minimum tant est grande la volonté de ne pas froisser outre mesure «notre» «allié» saoudien  qui joue  le rôle trouble que l’on sait en Syrie (et dans nos banlieues). Arabie saoudite  de qui on attend  toujoursle gros chèque qui doit  régler le montant  des frégates Mistral que nous avons refusé, au mépris de nos engagements de livrer à la Russie, et  achetées finalement  officiellement par l’Egypte…

    La réaction de l’Iran à ces exécutions  a été autrement plus  vive.  L’Arabie « paiera un prix élevé pour ces politiques » a déclaré le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari. Téhéran a affirmé que «le gouvernement saoudien soutient d’un côté les mouvements terroristes et extrémistes et dans le même temps utilise le langage de la répression et la peine de mort contre ses opposants intérieurs ».

    La  manifestation organisée  dimanche après-midi devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran à l’appel de la branche estudiantine de la milice bassidji, qui dépend des Gardiens de la révolution,l’unité d’élite des forces armées iraniennes, a dégénéré.  L’ambassade saoudienne a été saccagée, le consulat saoudien dans la ville de Machhad (nord-est de l’Iran) a été lui aussi attaqué.

    Une quarantaine de personnes ont été arrêtées mais Ryad a aussitôt annoncé,  la rupture unilatérale de ses relations diplomatiques avec Téhéran. Le régime saoudien a « donné 48 heures aux membres de la représentation diplomatique iranienne pour quitter le pays». De quoi éloigner encore un peu plus, ce qui n’est pas pour déplaire  à beaucoup, la perspective, déjà bien hypothétique d’une coalition internationale regroupant notamment tous les pays de la région, pour lutter contre l’Etat islamique. 2016, année de tous les dangers…

    http://gollnisch.com/2016/01/04/2016-annee-de-tous-les-dangers/

  • SYRIE SYRIA - Hélicoptère américain protège un convoi de terroristes. Toyota flambant neuves.

  • Le pari risqué de l’Arabie saoudite après l’exécution d’un chef chiite

    L’imam chiite Nimr al Nimr, considéré comme une figure de la contestation saoudienne, et 46 autres condamnés à mort ont été exécutés samedi en Arabie saoudite, ce qui a soulevé une vague d’indignation dans la communauté chiite.

     En exécutant aussi bien des radicaux sunnites liés à al-Qaïda que quatre dignitaires chiites accusés de jeter de l’huile sur le feu en Arabie, les responsables saoudiens ont voulu adresser un message d’extrême fermeté à tous leurs ennemis, sans distinction confessionnelle. Mais en choisissant de liquider le cheikh Nimr al-Nimr, figure de la contestation chiite dans le royaume, l’Arabie a pris le risque d’aggraver dangereusement la guerre que se livrent chiites et sunnites à travers le monde arabe. Une guerre à laquelle Riyad pour les sunnites et Téhéran pour les chiites sont les principaux protagonistes, que ce soit en Syrie ou au Yémen, voire au Liban et en Irak.

    Les condamnations en provenance d’Iran - qui jure que Riyad « paiera un prix élevé » - du Bahreïn - où la majorité chiite est marginalisée par les sunnites au pouvoir alliés des Saoudiens - du Yémen - où Saoudiens et Iraniens se combattent par alliés interposés - mais aussi du Liban et d’Irak témoignent de ce fossé qui va encore se creuser, à un moment où le Moyen-Orient est déjà à feux et à sang.

    Le signal lancé par Riyad a plusieurs destinataires.

    En faisant exécuter le dignitaire chiite, l’Arabie donne des gages aux franges extrêmes de sa majorité sunnite attirée par Daech. Certains d’entre eux voient en effet l’Etat islamique comme « le meilleur défenseur » des sunnites face aux « hérétiques chiites » et à leur soutien iranien. Mais céder aux extrêmes est dangereux, y compris sur le sol saoudien.

    Si Riyad a durci sa position au printemps 2014 vis-à-vis des djihadistes locaux qui avaient été auparavant encouragé à aller mener la « guerre sainte » contre « le dictateur » Assad, le royaume reste encore le principal pourvoyeur de combattants étrangers en Syrie et en Irak, et pas seulement auprès de Daech, mais aussi auprès du Front al-Nosra, la branche locale d’al-Qaïda, et de certains groupes considérés comme « modérés » par la France ou la Grande-Bretagne comme les salafistes d’Ahrar el-Sham. [....]

    La suite sur Le Figaro.fr

    On attend toujours la réaction de M. Hollande (NDLR)

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Le-pari-risque-de-l-Arabie

  • Tariq Ramadan contre la liberté d’expression

    Paul Le Poulpe, Riposte laïque

    ♦ La liberté d’expression et de débat est au cœur de la pensée européenne et une condition de l’exercice démocratique. La critique de l’islam en fait partie, n’en déplaise à ceux qui veulent réintroduire au profit des Mahométans l’interdiction du blasphème. Le site Riposte laïque développe une critique de l’islam et notamment de la pratique de la taqiya qui mérite d’être prise en considération.

    Les tentatives pour le faire taire ne sont pas acceptables. Et les pressions du propagandiste musulman Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans, contre la liberté d’expression en France méritent d’être connues. C’est la raison pour laquelle nous publions ce dossier de Riposte laïque par solidarité avec les persécutés
    Polémia

    Décidément, Riposte Laïque continue à jouer dans la cour des grands. Après quatre plaintes de l’ineffable Cazeneuve, qui s’ajoutent à celles d’Anne Hidalgo, de Pierre Bergé et du policier Méric, voilà Tariq Ramadan qui s’invite carrément à la table des nouveaux inquisiteurs !

    Certes, nous n’en sommes pas encore à la plainte. C’est d’ailleurs une juriste, Claire Sambuc, et non une avocate, qui nous contacte (voir ci-dessous). Mais il faut lire l’argumentation développée au nom de Tariq Ramadan par cette femme pour mieux comprendre ce que cette requête a d’inquiétant, et surtout de liberticide.

    La juriste ose nous demander de retirer un article où Hamdane Ammar explique à nos lecteurs quelques particularités de l’islam que Tariq Ramadan oublie de nous dire. Nous sommes surpris, par ailleurs, qu’elle ne s’appuie que sur ce texte, car Riposte Laïque en a diffusé bien d’autres, qui ménageaient encore moins le petit-fils du fondateur des Frères musulmans.

    http://ripostelaique.com/lettre-a-tarik-ramadan-arrete-ta-takkya-tes-repere.html

    http://ripostelaique.com/Six-choses-que-l-on-ignore-au.html

    Selon l’argumentation que Claire Sambuc développe au nom du prédicateur, cela s’apparenterait à « un traitement automatisé de données personnelles », et tomberait, selon elle, sous le coup de la loi.

    Elle ose utiliser cet article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »

    Tariq Ramadan et sa juriste sont d’un culot inouï, car ils utilisent cette Déclaration qu’aucun pays musulman n’a signée, eux qui ne se reconnaissent que dans la Déclaration du Caire de 1990 qui conditionne la liberté d’expression au respect de la charia !

    Mais, surtout, il faut être d’une rare mauvaise foi pour utiliser cet article, sachant que la Déclaration des droits de l’homme ne fait pas office de loi, pour vouloir interdire de critiquer Tariq Ramadan, et à travers lui l’islam, au nom de « son honneur et de sa réputation » !

    Nous laissons nos lecteurs imaginer ce que deviendraient nos journaux si une telle phrase de la Déclaration des droits de l’homme s’appliquait en France. Tous les sites et tous les journaux seraient condamnés à la fermeture sous la multiplication de procès. Imaginons Marine Le Pen utiliser cet article de loi contre tous ceux qui « portent atteinte à son honneur ou à sa réputation »…

    Bien évidemment, nous n’avons pas l’intention d’obtempérer à cette « amicale » sollicitation teintée de menaces à peine voilées, et n’avons nullement l’intention de retirer cet article, ou de le désindexer.

    Nous sommes ravis de montrer à nos lecteurs le vrai visage de Tariq Ramadan : celui d’un musulman qui hait la liberté d’expression et utilise la démocratie de nos pays, qu’il méprise, pour vouloir interdire toute critique de l’islam.

    Par cette requête menaçante, à la finalité effrayante, il a tombé le masque. Il nous confirme qu’il est bien un agent des Frères musulmans et de l’Organisation de la Conférence islamique, en mission pour imposer le dogme mahométan en France et en Europe. Grâce à lui, nous avons une confirmation de plus que l’islam est incompatible avec les valeurs de notre pays.

    Quant à Claire Sambuc, qui met ses compétences au service des pires ennemis de nos valeurs démocratiques et féministes, nous la laissons face à sa conscience, le soir, quand elle se regarde dans une glace.

    Paul Le Poulpe
    22/12/2015

    Courriel envoyé par Claire Sambuc à Riposte laïque, le 22 décembre, à 16h 44 :

     Bonjour,

    Juriste au sein d’une agence e-réputation, je vous contacte au sujet de mon client, Monsieur Tariq Ramadan, par qui je suis dûment mandatée.

    En effet, le nom de mon client apparaît actuellement sur votre site lorsque vous effectuez la recherche « Tariq Ramadan » sur Google sous l’URL suivante : http://ripostelaique.com/ce-que-tariq-ramadan-oublie-de-vous-dire-sur-lislam.html

    Cet article est intitulé « Ce que Tariq Ramadan oublie de vous dire sur l’islam ».

    Le fait que cet article soit référencé par les moteurs de recherche associé au nom de Tariq Ramadan constitue un « traitement automatisé de données personnelles » au sens de la loi « Informatiques et Libertés » de 1978.

    Comme a pu le préciser la CNIL dans une de ses recommandations au sujet des données personnelles, le respect de la liberté d’expression ne doit pas avoir pour effet de dispenser ceux qui s’en prévalent de l’observation de certaines règles.

    Aujourd’hui, la présence de cet article dans les résultats de recherche des moteurs nuit considérablement à la réputation de Mr Ramadan. En effet, cet article l’assimile à un « marchand de mensonges », « un spécialiste de l’escroquerie individuelle ».

    Selon l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »

    Aussi, afin de préserver vos intérêts tout en respectant ceux de notre client, nous souhaitons vous proposer plusieurs solutions :

    • La suppression de cette page qui nuit à la bonne réputation de Monsieur Ramadan, ou, a minima :
    • La désindexation de cette url: avec cette méthode, votre article ne subirait aucune modification ou altération et sera toujours consultable depuis les archives de votre site. Seulement, lorsque le nom de notre client fera l’objet d’une recherche, celui-ci n’apparaîtra plus dans les résultats de recherche des moteurs.

    Nous vous remercions d’avance pour votre action et votre compréhension.

    Bien cordialement.

    Claire Sambuc / Juriste, 22/12/2015

    http://www.polemia.com/tariq-ramadan-contre-la-liberte-dexpression/

  • L’islam et la crise identitaire en France : comment et avec qui en sortir par le haut ? (troisième partie)

    Puisqu'il est question de religion et de République, la droite doit mieux épouser sa tradition chrétienne, et notamment catholique.
    Les derniers événements de 2015, après les attentats islamistes et la progression du Front national, imposent à la droite qui aspire au pouvoir et à la communauté musulmane en mal d’intégration de préparer des engagements précis et forts destinés à accélérer cette intégration et à prendre en compte les peurs.
    La gauche, qui navigue à vue et dont l’ADN idéologique est étranger à ces questions d’identité et de religion, et le Front national, tel qu’il est aujourd’hui, se montrent incapables de porter ce grand projet de refondation.
    C’est donc la droite qui devra le faire, mais à condition de renouer avec le meilleur de sa tradition, et avec le courage.
    Car, pour être entendue à la fois par la communauté musulmane au sens large, les électeurs du Front national et la France centriste de bonne volonté, la droite dispose de références qu’il est temps de réinvestir.

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  • « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux »

    Le philosophe et historien Marcel Gauchet revient sur les origines de la violence terroriste. Entretien avec Nicolas Truong. Le Monde 22 novembre 2015. L’intégralité de la version « abonnés ». À lire…
    Comment penser les attaques du 13 novembre et ce déferlement de haine ?
    Marcel Gauchet. Cette violence terroriste nous est spontanément impensable parce qu’elle n’entre pas dans nos grilles de lecture habituelles. Nous savons bien sûr que c’est au nom de l’islamisme que les tueurs agissent, mais notre idée de la religion est tellement éloignée de pareille conduite que nous ne prenons pas cette motivation au sérieux.
    Nous allons tout de suite chercher des causes économiques et sociales. Or celles-ci jouent tout au plus un rôle de déclencheur.
    C’est bien à un phénomène religieux que nous avons affaire. Tant que nous ne regarderons pas ce fait en face, nous ne comprendrons pas ce qui nous arrive. Il nous demande de reconsidérer complètement ce que nous mettons sous le mot de religion et ce que représente le fondamentalisme religieux, en l’occurrence le fondamentalisme islamique.
    Car, si le fondamentalisme touche toutes les traditions religieuses, il y a une forte spécificité et une virulence particulière du fondamentalisme islamique. Si le phénomène nous échappe, à nous Européens d’aujourd’hui, c’est que nous sommes sortis de cette religiosité fondamentale. Il nous faut en retrouver le sens.
    Les réactivations fondamentalistes de l’islam sont-elles paradoxalement des soubresauts d’une sortie planétaire de la religion ?
    Oui, il est possible de résumer les choses de cette façon. Il ne faut évidemment pas réduire la sortie de la religion à la croyance ou à la « décroyance » personnelle des individus. C’est un phénomène qui engage l’organisation la plus profonde des sociétés.
    La religion a organisé la vie des sociétés et l’originalité moderne est d’échapper à cette organisation. Or, la sortie de cette organisation religieuse du monde se diffuse planétairement.
    Si le fondamentalisme touche toutes les traditions religieuses, il y a une forte spécificité et une virulence particulière du fondamentalisme islamique
    D’une certaine manière, on pourrait dire que c’est le sens dernier de la mondialisation. La mondialisation est une occidentalisation culturelle du globe sous l’aspect scientifique, technique et économique, mais ces aspects sont en fait des produits de la sortie occidentale de la religion. De sorte que leur diffusion impose à l’ensemble des sociétés une rupture avec l’organisation religieuse du monde.
    On ne voit pas immédiatement le lien entre le mode de pensée économique et scientifique et la sortie de la religion, et pourtant il est direct. Aussi ne faut-il pas s’étonner que la pénétration de cette modernité soit vécue dans certains contextes comme une agression culturelle provoquant une réactivation virulente d’un fonds religieux en train de se désagréger, mais toujours suffisamment présent pour pouvoir être mobilisé. Mais attention, fondamentalisme n’est pas ipso facto synonyme de terrorisme. Ce sont deux choses qui peuvent fonctionner séparément.
    Ne pourrait-on pas voir au contraire dans ce fondamentalisme musulman un réarmement du religieux ?
    C’est une hypothèse que l’on peut parfaitement formuler. Elle me semble démentie par les faits. Les sociétés européennes sont à la pointe, pour des raisons historiques, de la sortie de la religion. Ce sont donc elles qui devraient le plus souffrir de ce manque. Or les Européens peuvent être tourmentés à titre personnel par des questions d’ordre spirituel et beaucoup le sont, mais cette recherche ne prend absolument pas la forme d’un mouvement politique. Bien au contraire.
    Le spirituel dans les sociétés européennes relève typiquement de la part la plus intime des individus. Il les éloigne de la visée d’une action sur la société. Alors que le vrai fondamentalisme est un projet politique d’inspiration révolutionnaire. Le projet de remettre la religion au pouvoir dans la vie des sociétés, dans le cadre de l’islam, est aisément symbolisé par le retour de la charia, loi embrassant tous les aspects de la vie collective.
    Le fondamentalisme est un projet radical de société et c’est là toute la différence. C’est pourquoi certains comparent le fondamentalisme à un totalitarisme, ce qui ne me paraît pas éclairant. La religion est autre chose que les idéologies totalitaires qu’on a pu voir à l’œuvre dans notre histoire.
    Il ne faut « pas faire d’amalgame », ne cesse-t-on de répéter. Or ces actes − perpétrés au cri d’« Allahou akbar » − ont-ils tout de même à voir avec l’islam et le moment historique qu’il traverse ?
    Evidemment. Pas d’amalgame signifie qu’il ne faut pas incriminer de façon indifférenciée l’islam et accuser tous les musulmans de participer à ce phénomène. Mais, dans l’autre sens, on ne peut pas dire que l’islam n’a rien à voir là-dedans.
    Je répète que le fondamentalisme n’est pas propre à l’islam, il se manifeste dans toutes les traditions religieuses du monde, sous des formes plus ou moins activistes. Toutefois, on est bien obligé de constater que le fondamentalisme islamique est particulièrement prégnant et vigoureux. C’est là que le phénomène fondamentaliste a son expression la plus forte sur la planète aujourd’hui. Il faut donc s’interroger sur ce lien entre l’islam et ses expressions fondamentalistes. C’est quelque chose que l’on ne peut pas séparer de l’état des sociétés musulmanes et de leur situation particulière, notamment dans la région moyen-orientale.
    Pourquoi l’islamisme prend-il cette forme si radicale aujourd’hui ?
    Le premier point dont il faut se souvenir pour comprendre l’islamisme, c’est la proximité de l’islam avec nos propres traditions religieuses, juive et chrétienne. Vu d’Orient, du bouddhisme et du confucianisme, l’Occident est très exotique, il est très loin, ce sont deux mondes différents.
    Vu de l’islam, il est religieusement proche, et la proximité est plus dangereuse que la distance. Dans la proximité, il y a de la rivalité et de la concurrence. Or le tronc monothéiste sur lequel se greffe l’islam le met dans une position très particulière. Il est le dernier venu des monothéismes et se pense comme la clôture de l’invention monothéiste. Il réfléchit les religions qui l’ont précédé et prétend mettre un terme à ce qu’a été le parcours de cette révélation. Cette proximité le met dans une situation spontanément agonistique vis-à-vis des religions d’Occident.
    Le spirituel dans les sociétés européennes relève de la part la plus intime des individus. Il les éloigne de la visée d’une action sur la société. Alors que le vrai fondamentalisme est un projet politique d’inspiration révolutionnaire
    Il existe un ressentiment dans la conscience musulmane par rapport à une situation qui lui est incompréhensible. La religion la meilleure est en même temps celle d’une population qui a été dominée par les Occidentaux à travers le colonialisme et qui le reste économiquement. Cette position ne colle pas avec la conscience religieuse que les musulmans ont de leur propre place dans cette histoire sacrée. Il y a une conflictualité spécifique de la relation entre l’islam et les religions occidentales.
    Pourquoi ce fondamentalisme fascine-t-il tant une partie des jeunes des cités européennes paupérisées ?
    Le message fondamentaliste prend un autre sens une fois recyclé dans la situation de nos jeunes de banlieues. Il entre en résonance avec les difficultés de l’acculturation de cette jeunesse immigrée à une culture individualiste en rupture totale avec ses repères, y compris communautaires, qui viennent de sa tradition religieuse. Une culture individualiste, qui à la fois fascine les plus ébranlés et leur fait horreur, et je pense que c’est le cœur du processus mental qui fabrique le djihadiste occidental.
    C’est un converti, qui s’approprie la religion de l’extérieur et qui reste souvent très ignorant de la religion qu’il prétend s’approprier. Son aspiration par ce premier geste de rupture est de devenir un individu au sens occidental du mot, en commençant par ce geste fondateur qu’est la foi personnelle.
    Dans une religion traditionnelle, la foi personnelle compte moins que les rites observés et ce ritualisme est essentiel dans l’islam coutumier. C’est avec ce cadre que brise l’adhésion intensément personnelle du fondamentaliste. En même temps, cette adhésion très individuelle est un moyen de se nier comme individu, puisque l’on va se mettre au service d’une cause pour laquelle on donne sa vie. Cette contradiction exprime une souffrance très particulière, liée à une situation sociale et historique très spécifique. C’est dans cette zone que se détermine la trajectoire de ces jeunes gens qui nous sont si incompréhensibles.
    Dans ces quartiers si spécifiques du Xe et XIe arrondissements de Paris, il y avait deux jeunesses qui se faisaient face…
    Oui, un premier individualisme parfaitement tranquille, sans questions et qui se vit dans une hypersocialisation, et un second qui est vécu par une jeunesse très contradictoire, à la fois très au fait de cette réalité et complètement déstabilisée par elle. Le choix des cibles est très peu politique, mais très révélateur de ce qui constitue l’enjeu existentiel de ces jeunes. Ils ont tiré sur ce qu’ils connaissent, sur ce à quoi ils aspirent tout en le refusant radicalement. Ils se détruisent de ne pas pouvoir assumer le désir qu’ils en ont.
    C’est pour cette raison que vous écrivez que « le fondamentalisme est en dépit de tout et malgré lui une voie d’entrée à reculons dans la modernité » ?
    Il ne constitue pas pour moi une menace capable de remettre en question la manière d’être de nos sociétés. Bien sûr, il peut tuer beaucoup de gens, faire des dégâts épouvantables et créer des situations atroces, mais il ne représente pas une alternative en mesure de nous submerger. Affrontons-le pour ce qu’il est, sans lui prêter une puissance qu’il n’a pas.

    Marcel Gauchet

    http://contre-regard.com :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuVEZkVZEkKVPjKHPf.shtml

  • Giorgio Agamben : « De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité

    Pour le philosophe italien Giorgio Agamben, l’état d’urgence n’est pas un bouclier qui protège la démocratie. Il a, au contraire, selon lui, toujours accompagné les dictatures. 
    On ne comprend pas l’enjeu véritable de la prolongation de l’état d’urgence [jusqu’à la fin février] en France, si on ne le situe pas dans le contexte d’une transformation radicale du modèle étatique qui nous est familier. Il faut avant tout démentir le propos des femmes et hommes politiques irresponsables, selon lesquels l’état d’urgence serait un bouclier pour la démocratie. 
    Les historiens savent parfaitement que c’est le contraire qui est vrai. L’état d’urgence est justement le dispositif par lequel les pouvoirs totalitaires se sont installés en Europe. Ainsi, dans les années qui ont précédé la prise du pouvoir par Hitler, les gouvernements sociaux-démocrates de Weimar avaient eu si souvent recours à l’état d’urgence (état d’exception, comme on le nomme en allemand), qu’on a pu dire que l’Allemagne avait déjà cessé, avant 1933, d’être une démocratie parlementaire. 
    Or le premier acte d’Hitler, après sa nomination, a été de proclamer un état d’urgence, qui n’a jamais été révoqué. Lorsqu’on s’étonne des crimes qui ont pu être commis impunément en Allemagne par les nazis, on oublie que ces actes étaient parfaitement légaux, car le pays était soumis à l’état d’exception et que les libertés individuelles étaient suspendues. 
    On ne voit pas pourquoi un pareil scénario ne pourrait pas se répéter en France  : on imagine sans difficulté un gouvernement d’extrême droite se servir à ses fins d’un état d’urgence auquel les gouvernements socialistes ont désormais habitué les citoyens. Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques. 
    Entretenir la peur 
    Cela est d’autant plus vrai que l’état d’urgence s’inscrit, aujourd’hui, dans le processus qui est en train de faire évoluer les démocraties occidentales vers quelque chose qu’il faut, d’ores et déjà, appeler État de sécurité (« Security State », comme disent les politologues américains). Le mot « sécurité » est tellement entré dans le discours politique que l’on peut dire, sans crainte de se tromper, que les « raisons de sécurité » ont pris la place de ce qu’on appelait, autrefois, la « raison d’État ». Une analyse de cette nouvelle forme de gouvernement fait, cependant, défaut. Comme l’État de sécurité ne relève ni de l’État de droit ni de ce que Michel Foucault appelait les « sociétés de discipline », il convient de poser ici quelques jalons en vue d’une possible définition. 
    Dans le modèle du Britannique Thomas Hobbes, qui a si profondément influencé notre philosophie politique, le contrat qui transfère les pouvoirs au souverain présuppose la peur réciproque et la guerre de tous contre tous : l’État est ce qui vient justement mettre fin à la peur. Dans l’État de sécurité, ce schéma se renverse : l’État se fonde durablement sur la peur et doit, à tout prix, l’entretenir, car il tire d’elle sa fonction essentielle et sa légitimité. 
    Foucault avait déjà montré que, lorsque le mot « sécurité » apparaît pour la première fois en France dans le discours politique avec les gouvernements physiocrates avant la Révolution, il ne s’agissait pas de prévenir les catastrophes et les famines, mais de les laisser advenir pour pouvoir ensuite les gouverner et les orienter dans une direction qu’on estimait profitable.
    Aucun sens juridique 
    De même, la sécurité dont il est question aujourd’hui ne vise pas à prévenir les actes de terrorisme (ce qui est d’ailleurs extrêmement difficile, sinon impossible, puisque les mesures de sécurité ne sont efficaces qu’après coup, et que le terrorisme est, par définition, une série des premiers coups), mais à établir une nouvelle relation avec les hommes, qui est celle d’un contrôle généralisé et sans limites – d’où l’insistance particulière sur les dispositifs qui permettent le contrôle total des données informatiques et communicationnelles des citoyens, y compris le prélèvement intégral du contenu des ordinateurs. 
    Le risque, le premier que nous relevons, est la dérive vers la création d’une relation systémique entre terrorisme et État de sécurité : si l’État a besoin de la peur pour se légitimer, il faut alors, à la limite, produire la terreur ou, au moins, ne pas empêcher qu’elle se produise. On voit ainsi les pays poursuivre une politique étrangère qui alimente le terrorisme qu’on doit combattre à l’intérieur et entretenir des relations cordiales et même vendre des armes à des États dont on sait qu’ils financent les organisations terroristes.
    Un deuxième point, qu’il est important de saisir, est le changement du statut politique des citoyens et du peuple, qui était censé être le titulaire de la souveraineté. Dans l’État de sécurité, on voit se produire une tendance irrépressible vers ce qu’il faut bien appeler une dépolitisation progressive des citoyens, dont la participation à la vie politique se réduit aux sondages électoraux. Cette tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle avait été théorisée par les juristes nazis, qui définissent le peuple comme un élément essentiellement impolitique, dont l’État doit assurer la protection et la croissance. 
    Or, selon ces juristes, il y a une seule façon de rendre politique cet élément impolitique : par l’égalité de souche et de race, qui va le distinguer de l’étranger et de l’ennemi. Il ne s’agit pas ici de confondre l’Etat nazi et l’État de sécurité contemporain : ce qu’il faut comprendre, c’est que, si on dépolitise les citoyens, ils ne peuvent sortir de leur passivité que si on les mobilise par la peur contre un ennemi étranger qui ne leur soit pas seulement extérieur (c’étaient les juifs en Allemagne, ce sont les musulmans en France aujourd’hui). 
    Incertitude et terreur 
    C’est dans ce cadre qu’il faut considérer le sinistre projet de déchéance de la nationalité pour les citoyens binationaux, qui rappelle la loi fasciste de 1926 sur la dénationalisation des « citoyens indignes de la citoyenneté italienne » et les lois nazies sur la dénationalisation des juifs. 
    Un troisième point, dont il ne faut pas sous-évaluer l’importance, est la transformation radicale des critères qui établissent la vérité et la certitude dans la sphère publique. Ce qui frappe avant tout un observateur attentif dans les comptes rendus des crimes terroristes, c’est le renoncement intégral à l’établissement de la certitude judiciaire. 
    Alors qu’il est entendu dans un État de droit qu’un crime ne peut être certifié que par une enquête judiciaire, sous le paradigme sécuritaire, on doit se contenter de ce qu’en disent la police et les médias qui en dépendent – c’est-à-dire deux instances qui ont toujours été considérées comme peu fiables. D’où le vague incroyable et les contradictions patentes dans les reconstructions hâtives des événements, qui éludent sciemment toute possibilité de vérification et de falsification et qui ressemblent davantage à des commérages qu’à des enquêtes.Cela signifie que l’Etat de sécurité a intérêt à ce que les citoyens – dont il doit assurer la protection – restent dans l’incertitude sur ce qui les menace, car l’incertitude et la terreur vont de pair. 
    C’est la même incertitude que l’on retrouve dans le texte de la loi du 20 novembre sur l’état d’urgence, qui se réfère à « toute personne à l’égard de laquelle il existe de sérieuses raisons de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et la sécurité ». Il est tout à fait évident que la formule « sérieuses raisons de penser » n’a aucun sens juridique et, en tant qu’elle renvoie à l’arbitraire de celui qui « pense », peut s’appliquer à tout moment à n’importe qui. Or, dans l’Etat de sécurité, ces formules indéterminées, qui ont toujours été considérées par les juristes comme contraires au principe de la certitude du droit, deviennent la norme.