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Interview de Jean-Marie Le Pen à

La Russie de Vladimir Poutine, désire se rapprocher de l’Europe mais l’occident, notion qui n’a plus grand intérêt pourtant, tout en gardant sa capacité de nuisance, lui tourne résolument le dos. De Chateaubriand à de Gaulle en passant par Kerillis ou par Bloy, la liste est longue pourtant des esprits qui voulaient ce rapprochement.

J’ai pensé interviewer Jean-Marie Le Pen pour <pravda.ru>, qui me fait l’honneur de publier des chroniques métapolitiques et symboliques, en anglais et en russe. Plusieurs de mes livres ont d’ailleurs été publiés en russe. J’invite mes lecteurs anglophones ou (pourquoi pas ?) russophones ou italophones à lire ce journal qui couvre d’un oeil original et politiquement averti l’actualité mondiale.

Jean-Marie Le Pen a eu la bonté de nous répondre en soulignant la proximité de vues de l’actuelle famille nationale-conservatrice et de la Russie. Cela rassurera tous les bons esprits et exaspérera tous les imbéciles, comme disait le bon Léon Bloy, qui attendait aussi les cosaques et le Saint-Esprit ! On verra...

Je reproduis les principales questions et les réponses stratégiques pour mes lecteurs francophones.

- Monsieur le président, quelles menaces, pour vous, ont remplacé la menace communiste ?

Aujourd’hui, la menace communiste, effondrée depuis 20 ans, a laissé place à une autre utopie mortifère : le mondialisme, nouvelle idéologie internationaliste et matérialiste qui n’a pour seul but que de maximiser les profits des grands capitalistes, au détriment des Etats-Nations et de leurs peuples.

A l’internationalisme socialiste qui a engendré ses héros a également succédé l’islamisme et ses martyrs. Toutes ces idéologies ayant en commun de saper les fondements de la civilisation helléno-chrétienne pour en substituer une nouvelle, qui n’est pas la notre.
- Après la réélection d’Obama, que pensez-vous de la civilisation américaine et de l’avenir de l’occident ?

La réélection d’Obama n’apporte ni ne retranche rien à la "civilisation" américaine. Les Etats-Unis sont une puissance en déclin économique (malgré l’exploitation du gaz de schiste) comme géostratégique. Les tenants de "l’Empire" dont elle est le centre s’évertuent à en retarder l’effondrement, en vain. Economiquement, elle ne cesse de s’endetter et la Banque fédérale américaine est d’ailleurs aujourd’hui la seule à acheter des bons du trésor américain en créant toujours plus de dollars, ce qui aboutira inéluctablement à l’effondrement du dollars. Militairement elle ne cesse de chercher à nuire au positionnement des autres puissances régionales telles que la Russie. On le voit aujourd’hui en Syrie où s’affrontent à l’ONU les conceptions russes et chinoises du respect des pouvoirs établis et le soutien américain et occidental des insurrections aux motivations le plus souvent extrémistes et dangereuses. Ces insurrections qui ont conduit au pouvoir en Tunisie, en Egypte, des islamistes et en Irak une anarchie et un éclatement ethnique complet. Si l’Occident continue à accepter en son sein des millions d’immigrés musulmans et à soutenir les islamistes dans les pays arabo-musulmans, l’avenir de l’Occident tout entier s’annonce sombre. Sa survie même est en cause.
- Pourquoi n’avez-vous pas soutenu Sarkozy au deuxième tour ?

Nicolas Sarkozy a tenu à deux reprises des discours proches de ceux du Front National pour faire venir à lui nos électeurs, avec un certain succès en 2007. Mais la politique qu’il a réellement menée durant les cinq ans de son mandat présidentiel a été radicalement opposée. Il affichait une volonté de limiter l’immigration : elle n’a jamais été aussi importante que sous sa présidence, il disait vouloir briser la délinquance mais elle n’a eu de cesse d’augmenter. Dans tous les domaines il a mené une politique contraire à l’intérêt des Français : augmentation des taxes, accroissement de l’intégration européenne... Dans ces conditions, pourquoi aurions-nous soutenu un Nicolas Sarkozy ?
- Quelle est votre opinion sur les repentances à répétition de M. Hollande ? Sur quoi déboucheront-elles ?

Les repentances de M. Hollande, par exemple en ce qui concerne la guerre d’Algérie, ne sont qu’un remerciement envers ceux qui l’ont fait élire : 90 % des Musulmans de nationalité française l’ont préféré à Sarkozy qui les a servi dans les faits mais présentait une image conservatrice. Ces repentances sont criminelles. D’une part, elles ne se basent sur aucun crime historiquement avéré, d’autre part, elles n’aboutissent qu’à faire haïr la France à des personnes issues de l’immigration. Ces repentances constituent des actes de sape de la conscience et de la fierté nationale.

- Monsieur le président, comment expliquez-vous l’agressivité de l’Europe vis-à-vis de la Russie ? La Russie est-elle pour vous une démocratie ?

Les Nations européennes ne cessent de décliner en tous les domaines. Elles ne voient pas d’un bon oeil le dynamisme géostratégique de la Russie que tous croyaient morte il y a quinze ans. L’Union européenne est une véritable oligarchie où la plupart des décideurs réels n’ont aucune légitimité démocratique et il est plus aisé à ce monstre institutionnel de donner des leçons de démocratie à la terre entière que de se les appliquer à lui-même ou de les faire appliquer à certains de ses membres. Sachez que la France, par exemple, ne compte que 2 députés du Front National sur 577 élus, alors que Marine Le Pen avait réuni près d’un électeur sur cinq. Si la Russie n’est pas une démocratie parfaite (en existe-t-il une d’ailleurs ?...), l’Europe n’a certainement pas de leçons à lui donner en ce domaine !
- Quel avenir commun voyez-vous entre la Russie et l’Europe ?

Pour ma part je milite pour la réalisation d’un ensemble harmonieux et animé par la volonté d’un destin commun sur l’ensemble de l’espace boréal, allant de Brest à Vladivostok. La Russie et les Europe centrale et occidentale ont de nombreux points communs et de nombreuses convergences d’intérêts. Face à un monde de plus en plus instable, en pleine explosion démographique alors que nous connaissons pour notre part un hiver démographique sans précédent et suicidaire, il est certain que notre civilisation européenne y trouverait un outil de salut. Mais il n’en va pas de l’intérêt de ce qui reste la première puissance mondiale, les Etats-Unis, ni des firmes internationales, il est donc évident que les castes aux pouvoir s’y opposeront de toutes leurs forces...
- Que faire face à l’atlantisme ?

J’ai été longtemps favorable à l’OTAN, à l’époque où les chars soviétiques étaient postés à 500 km des frontières françaises et où l’URSS professait un messianisme belliqueux soutenu au sein même des nations européennes par les partis communistes européens, véritables chevaux de Troie de ce système criminel.

Aujourd’hui, cette menace s’est effondrée d’elle-même, sous le poids de ses crimes, de ses mensonges et peut-être plus encore de son inefficacité économique.

L’atlantisme n’a donc plus de raison d’être et ne constitue qu’une organisation vouée à organiser la force de frappe militaire entre les forces américaines et leurs supplétifs européens. L’Otan n’est d’ailleurs intervenue depuis lors que contre la stabilité du monde : en Yougoslavie où l’islamisme et les mafias gouvernent désormais en Bosnie et au Kosovo, en Irak où depuis dix ans l’anarchie règne, en Lybie où Kadhafi (certes dictateur mais qui assurait tout comme Saddam Hussein en Irak) la stabilité de son pays. Il faut donc en finir avec l’atlantisme qui n’est devenu que le doux nom de l’impérialisme américain !

Vous me demandiez tout à l’heure pourquoi le Front National n’avait pas soutenu Sarkozy au second tour des dernières Présidentielles, j’ajouterai que c’est aussi parce qu’il avait procédé à la réintégration complète de la France dans l’OTAN alors que le général de Gaulle, à la fin des années 60 l’avait retiré du commandement intégré.
- Vous ne savez peut-être pas qu’il y a deux millions de musulmans à Moscou... L’Etat (russe) doit-il financer la construction des mosquées ? Que faire à cet égard en France ou en Russie ?

Ce n’est pas à moi de préconiser que l’Etat russe finance ou ne finance pas les lieux de cultes musulmans en Russie, je suis respectueux de la souveraineté nationale... En revanche, en France, j’y suis viscéralement opposé. L’Islam n’est pas qu’une religion, c’est aussi une civilisation, un système juridique bien souvent contraire à nos coutumes ancestrales et à nos lois séculaires. Favoriser le développement de l’Islam au sein de nos nations d’extraction chrétienne est un danger, car comme le pensait l’historien français Ernest Renan au XIXe siècle, « L’Islam a été libéral quand il était faible et violent quand il était fort ». Et si aujourd’hui des Musulmans peuvent vivre en paix avec des Chrétiens ou des incroyants dans nos pays, qu’en sera t’il quand, étant donné le rapport démographique qui joue en leur faveur, ils seront sinon majoritaires, du moins assez forts pour nous imposer de respecter leurs usages ? Nulle part dans l’histoire de l’Islam, quand ses adeptes étaient dominants, les minorités n’ont été respectées ni considérées comme ayant des droits égaux. C’est le Coran lui-même qui non seulement l’autorise mais même, l’impose.
- L’islamisation que vous dénoncez est-elle inéluctable ?

L’islamisation n’est que la conséquence de l’immigration massive que connaissent nos pays, en provenance d’Asie centrale pour la Russie, en provenance du Maghreb et de l’Afrique musulmane pour l’Europe de l’ouest. L’islamisation n’est donc pas inéluctable si nous cessons de faire entrer dans nos pays des millions d’immigrés musulmans supplémentaires tous les ans et si nous imposons à ceux qui sont présents de se conformer à nos us et coutumes. Et si cela ne leur convient pas, libre à eux de pratiquer leur mode de vie ailleurs...
- Les gens ne s’y habituent-ils pas ?

En France, la population commence à ressentir et à craindre cette islamisation parce qu’elle est de plus en plus rapide, visible et massive et qu’elle les touche dans leur vie quotidienne : femmes voilées dans la rue, manque de respect des libertés des femmes, interdiction du porc dans les cantines scolaires, construction de mosquées avec minaret... avec son cortège d’extrémistes qui, comme à Toulouse au printemps dernier, a assassiné au nom de l’Islam sept personnes dont trois enfants abattus par un terroriste...
- Que pensez-vous enfin de la politique occidentale en Libye ou surtout maintenant en Syrie ? Et de l’attitude russe ?

Cette attitude, comme je vous le disais tout à l’heure, est criminelle puisqu’elle substitue ou vise à substituer des régimes qui sont certes des dictatures mais qui apportent à leur pays stabilité et respect des minorités religieuses, notamment chrétiennes, par le chaos et l’avènement de dictatures islamistes qui ne laissent à ceux qui ne sont pas de la même confession le choix qu’entre la valise ou le cercueil... comme un des slogans des rebelles syriens le prouve : « les chrétiens au Liban et les alaouites au cimetière ». Mais les soutiens occidentaux de la subversion préfèrent alors se boucher les oreilles...

La politique russe en la matière est bien plus censée : elle respecte la souveraineté et l’intégrité des Etats tout en étant réaliste puisque préférant la stabilité au chaos.

Pravda, le 27/11/2012. Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info

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