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Mali – Opération Serval : vers une guerre longue

Rafale-Serval-StDizier-300x199.jpgC’est bien en raison de l’extrême faiblesse de l’armée malienne, en pleine décomposition depuis la débâcle de l’hiver dernier marquée par la perte du nord du pays, affaiblie par le putsch du capitaine Sanogo, que la France est intervenue militairement pour stopper l’inéluctable progression des bandes armées jihadistes du Sahel vers la capitale malienne. Sans soutien extérieur, le pays n’aurait pas pu tenir 48 heures de plus. D’ailleurs, les forces françaises à Bamako (environ 500 soldats) assurent aussi un rôle dans la stabilisation des institutions maliennes. C’est donc vers une guerre longue au Mali que François Hollande a engagé notre pays. Un conflit régional qui découle directement de la faute stratégique entreprise par son prédécesseur en Libye l’an dernier.

On notait en fin de soirée des scènes de liesse dans les villes maliennes, Bamako en tête, avec drapeau français ostensiblement affiché.

Après 24 heures quasi discontinue de frappes aériennes, la progression islamiste semble définitivement stoppée ; même si Ansar Dine dit contrôler la petite ville de Diabaly, dans la région de Ségou, aux abords du fleuve Niger, donc à l’ouest de la ligne de front présentée comme « stabilisée ». Il pourrait s’agir du résultat d’une incursion réussie par une colonne de jihadistes sur pick-up armés ces dernières heures.

D’après Sahara Medias, Ansar Dine a abandonné hier soir ses positions dans la ville de Tombouctou, tout comme le Mujao et AQMI ont abandonné leurs positions dans Goa. Ils vont désormais entamer une guérilla en brousse même si le coup a été rude pour eux. A Gao, plus de 150 combattants islamistes auraient été tués lors des bombardements. Les jihadistes fuient les raids mais ne se rendent pas : il faudra bien aller les chercher au sol ! Le bilan humain du côté des civils semble aussi très lourd selon Médecins sans frontières : on parle de plusieurs dizaines de tués et des centaines de blessés.

En tout état de cause, nous sommes à un tournant des événements : à Gao, évacuée par les islamistes, dès hier soir « des femmes ont tombé les voiles et des hommes ont sorti les cigarettes », selon une source civile locale. On a même assisté à des scènes de lynchage et de chasse aux islamistes restés en ville. Le chef de la police islamique, Alioune Touré, serait âprement recherché. A Kidal, au nord-est de Gao, sanctuaire d’AQMI, les bombardements ont été particulièrement durs. La principale base arrière d’AQMI dans le secteur se situe sur les hauteurs de l’Adrar Tigharghâr. Mais les jihadistes ont les moyens de résister : certains de leurs pick-up sont armés de canons antiaériens ZU-23/2, des ZPU-1/2/4 de 14,5 mm et sans doute de missiles sol-air portables (on évoque des Strela, des Igla-1 et aussi de redoutables Igla-S pris sur les stocks libyens).

Les renforts arrivent, mais la France n’a plus les moyens (1) d’engager avec ses propres capacités un guerre régionale contre un ennemi militairement inférieur, il lui a donc fallu  demander de l’aide à ses « alliés » de l’OTAN : un premier gros porteur britannique C-17 est arrivé en milieu d’après-midi d’hier sur la base d’Evreux et a embarqué un VAB sanitaire et un GBC-180 appartenant au 2e RIMa. Plusieurs dizaines de VAB sont arrivés en début de soirée, et doivent être embarqués, dans les heures qui viennent, à bord du C-17, mais aussi d’un Antonov-124 de location, et, dit-on, de C-5 Galaxy américains. Des drones d’observation de la CIA opèreraient au-dessus du Sahel afin de fournir des renseignements sur les mouvements de troupes et les concentrations islamistes. Déjà l’US Air Force assurerait une partie du ravitaillement en vol de nos appareils de combat… L’Espagne, le Canada et l’Allemagne pourraient aussi en être.

A Bamako, des éléments du 2e RIMa, du 21e RIMa, du 1er REC sont déjà sur place. Entre 800 et 1.000 hommes devraient au final constituer l’ensemble des troupes au sol déployées au Mali par la France, une force constituée d’éléments de plusieurs armes de mêlée : infanterie, artillerie, cavalerie blindée, génie et du renseignement.
En dehors des éléments du COS déjà dans la zone des combats et au contact de l’adversaire, il n’y a pas eu pour le moment de déploiement significatif de troupes françaises au sol. Depuis plusieurs mois, des forces spéciales, notamment des fusiliers commandos marine et des paras du « 13 », opèrent dans la zone pour des missions de renseignement et de localisation des otages.

L’Algérie sécurise sa frontière avec le Mali en dépêchant des troupes et des hélicoptères d’assaut (peut-être des Mi-28 russes, des appareils de dernière génération). Le but est d’empêcher des éléments d’AQMI et du Mujao d’accéder au territoire algérien, et d’en faire une base arrière. Mais on sait déjà qu’une partie de la logistique des islamistes se trouve dans le sud de l’Algérie (sur la position algérienne voir ici).

C’est vers un conflit régional long que nous nous dirigeons désormais. Si Paris parle de « force africaine », cette dernière mettra du temps à se constituer, si elle y parvient. Quant à l’armée malienne, ces restes ne survivent que grâce aux troupes françaises présentes sur place et aux raids aériens.

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