2012, victoire épineuse du socialisme mitterrandien au souvenir de ses 110 commandements. 75% et l’attaque des riches, une loi sur la spéculation financière en défiance du CAC 40, réforme bancaire, nouveau traité franco-allemand, euro-obligations, parité sociale : un discours de mots radicalement cinglant sur la politique européenne, pour finir à la laisse budgétaire de l’alliance anglo- allemande tel un hommage àla bataille de Camerone et l’armée mexicaine.
Outre le vote anti-Sarkozy, les 51,8 % sont tombés dans la fantasmatique d’un dogme avec comme ogre une finance qu’il fallait tuer, un Bourget aux couleurs PCF au rythme d’incantation à la Waldeck Rochet. « Mon ennemi c’est le monde de la finance ! » L’appel du « petit » contre les « gros », le candidat normal contre le président des riches et se retrouver à la City pour suivre les pas de Tony Blair ! On a vu mieux en régulateur des marchés.
2013, entre interventionnisme de la puissance publique, 150 000 emplois d’avenir, 60 000 postes supplémentaires dans l’éducation, l’encadrement des loyers, retour sur les allégements de l’impôt sur la fortune, la mythologie de gauche est confrontée à la réalité pragmatique d’un monde en vitesse accélérée. Mais comme un renvoi aux sources du premier sacre on achète l’approbation des fonctionnaires via une prime de quelques centaines d’euros avec ce fameux secteur tertiaire largement acquis à la cause de Mitterrand en 1981 et ses 62 % de votant au second tour. Cher prix de la transmission d’un patrimoine en dispersion. Plutôt cohérent si on se réfère à la volonté d’alourdissement de la fiscalité sur les successions.
Mais la réalité est tout autre. Depuis l’éclatement du vote populaire, socle du parti socialiste dans les années 80-90, c’est maintenant le système qu’incarnent François Hollande avec toute la classe politique de gauche comme de droite qui est la cible du « petit » peuple. À voir le profil des nouveaux adhérents au Front National, des encartés syndicalistes en mal de reconnaissance lassés de la paupérisation et la politisation du combat ouvrier, les dés sont relancés. Alors on accepte la stratégie du think-tank Terra Nova de faire du vote musulman un socle électoral pérenne, jusqu’au laxisme par rapport aux drapeaux maghrébins place de la bastille. Communautariste avez-vous dit ?
Le premier opposant de François Hollande se situe à sa gauche en la personne de Mélenchon. Jamais les grands patrons, ces barons du grand capital, n’ont eu de pouvoir d’ingérence à s’afficher en une des journaux nationaux et voir débarquer dix membres du gouvernement au congrès du MEDEF. François Hollande et ses ouailles se réinventant un destin de Social-démocratie dans les pas de Delors ou Mendès France, avec le réformisme Rocardien masquant l’inévitable : la politique de gauche est antinomique avec le XXIème siècle, il faut recentrer. Le normalien Hollande est devenu la cible « gros » du peuple de gauche.
À relire Charles Millon dans son ouvrage « Pour redressez la France, l’alternance vérité », constat d’une analyse des atermoiements socialistes de l’époque :
« Le piège du budget de 1986 : La loi de finances de 1986 votée par les socialistes en décembre 1985 en est l’illustration la plus évidente. Ce budget de 1986 a les apparences d’un budget de rigueur. Hélas il est truffé de chausses trappes : Il repose sur des hypothèses économiques optimistes, il comporte un déficit accru, bien qu’artificiellement réduit, il est marqué par l’électoralisme, il accroît les déficits sociaux. On prévoit un taux de croissance de 2,1% en volume. Ce n’est pas très élevé dans l’absolu, mais cette hypothèse n’est en rien étayée. »C’était en 1986.
12 février 2013, le pouvoir en place confirme la non-tenue des engagements initiaux des 3% de déficit public avec l’impossibilité d’une croissance à 0,8. Quand l’écran de fumée malien, en guise de guerre du général Sérillon, ne sauve plus les apparences, le bal des cocus est de complaisance avec la langue de bois. François Hollande et sa compagne préfèrent migrer en terre inconnue pour laisser la décadence de notre politique intérieure à la charge de ses « poilus » de première ligne.
Et à travers le retour du véritable « gros », c’est tout un système d’énarque qui revient au premier plan afin d’en tirer les ficelles du pouvoir dans l’ombre de la frustration. La revanche des défroqués, cette omnipotence du corps intermédiaire au garde à vous. 27 ans après, la Cour des Comptes vient de délivrer son verdict, cruel : la gauche n’a pas évolué depuis trois décennies.
Julien Martinez http://www.lebreviairedespatriotes.fr