La France et l’Angleterre ont décidé de faire un pas supplémentaire dans l’ingérence concernant la Syrie. Persuadées que leur grille de lecture idéologique doit s’imposer au monde entier, et sans considération poussée plus avant sur les enjeux géopolitiques et géostratégiques en présence, ni sur la fragile stabilité du Moyen Orient, Paris et Londres veulent armer les rebelles syriens contre l’État de droit d’un pays souverain et reconnu comme tel.
C’est ainsi que ces deux pays se sont accordés pour solliciter l’avancée de la prochaine réunion de l’Union européenne, afin de discuter de la levée de l’embargo sur les armes destinées la Syrie. Mais qu’à cela ne tienne, si l’Union européenne n’abondait pas dans leur sens, chacune des deux nations prendrait sur elle de livrer, à titre national, des armes aux rebelles. C’est ce qu’a annoncé en effet hier matin Laurent Fabius, chef de la diplomatie française -qui nourrit vraisemblablement une idée très singulière de la diplomatie.
La France et la Grande-Bretagne demandent « aux Européens, maintenant, de lever l’embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre« , a ainsi déclaré le ministre français sur France Info. Et pour justifier la livraison d’armes, avec ou sans l’accord de l’Union, Laurent Fabius de déclarer que la France, de toute façon, « est une nation souveraine« . Grosse blague. Quand on sait que la quasi totalité de ses prérogatives régaliennes, expression de sa souveraineté, ont été abdiquées à Bruxelles.
« On ne peut pas accepter qu’il y ait ce déséquilibre actuel avec d’un côté l’Iran et la Russie qui livrent des armes à Bachar et de l’autre des résistants qui ne peuvent pas se défendre« , s’est défendu Laurent Fabius. « Lever l’embargo c’est un des seuls moyens qui restent pour faire bouger politiquement la situation« , a-t-il estimé. Il reste que l’idéologie, fut-elle couverte des meilleurs sentiments, est un critère de discernement un peu fragile dans le cas d’une déclaration de guerre : à quelle alternative aboutirait la victoire des rebelles ? Cette question a-t-elle seulement été posée ? Ont-ils donc déjà oublié l’épisode de la Libye ? N’ont-ils donc aucun écho, à Paris, sur la nature religieuse de la rébellion, sur ces massacres perpétrés par les islamistes armés par l’Occident contre les chrétiens ?
A l’idéologue, nous préférerons toujours l’homme prudent.